Même à vitesse réduite, la locomotive régionale tire toujours l’économie de la zone. Mais face aux crises qui secouent le pays depuis 2002, ses voisins multiplient les échanges avec le Ghana et le Nigeria.
Quand la Côte d’Ivoire va, l’UEMOA va. Avec 35 % du PIB de l’ensemble des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (contre 40 % il y a quelques années), le pays d’Houphouët-Boigny est encore la locomotive de la sous-région. Malgré la crise qui le secoue depuis 2002, « il reste le principal fournisseur en produits manufacturés et alimentaires, mais aussi en électricité… de plusieurs autres États », indique Soumaïla Cissé. Le président de la Commission de l’Union n’a cessé de marteler lors du dernier sommet des chefs de l’UEMOA, qui s’est tenu à Bamako, au Mali, le 20 février, que « la Côte d’Ivoire dispose d’un potentiel extraordinaire et n’a pas perdu sa place de leader au sein de l’Union ».
Pour combien de temps encore ? Le commerce intracommunautaire est passé de 12 % à 15 % entre 2005 et 2009. Cette progression aurait pu atteindre 18 % sans la crise ivoirienne. « Les entreprises ivoiriennes n’atteignent plus le niveau de production nécessaire pour satisfaire la demande provenant des pays voisins », explique Christophe Dabiré, le commissaire de l’UEMOA chargé du marché régional. Le Burkina, le Mali et le Niger notamment, très dépendants des infrastructures de transport (notamment du port d’Abidjan) pour leurs importations et leurs exportations, se tournent vers d’autres pays non-membres de l’Union. Selon Christophe Dabiré, « 20 % à 25 % de leurs importations proviennent désormais des pays comme le Nigeria et le Ghana ». Qui sont autant de parts de marchés grappillées à Abidjan.
De fait, le Burkina renforce depuis quelques années ses liens commerciaux avec l’ancienne Gold Coast, plus stable au niveau politique et économique, et cherche à en faire un partenaire privilégié. Alors que plus de 80 % de ses exportations de bétail étaient absorbées par la Côte d’Ivoire avant la crise, le pays s’est réorienté vers le Ghana, dont il veut faire son principal débouché. Des rencontres d’affaires et des partenariats se sont multipliés dans ce sens ces dernières années. Pour le pays de Kwame Nkrumah, qui jusque-là s’approvisionnait en viande en Argentine, au Brésil et en Nouvelle-Zélande, il s’agit bien évidemment d’une aubaine. Les deux États parviennent à instaurer entre eux une dynamique commerciale qui s’accroît au fil des ans.
Gbagbo veut rassurer
Le Mali, dont le commerce avec la Côte d’Ivoire, son premier fournisseur devant la France, atteignait, avant la crise, 145 milliards de F CFA (plus de 220 millions d’euros), a lui aussi dû réorienter son trafic commercial vers d’autres pays. Et explore tant bien que mal de nouveaux corridors d’échanges avec la Mauritanie, la Guinée ou encore le Sénégal. Mais le manque d’infrastructures de transports dans ces pays fait obstacle.
Même situation au Niger, où les approvisionnements en hydrocarbures, matériaux de construction et denrées alimentaires (estimés à plus de 50 millions d’euros par an) s’effectuaient essentiellement en Côte d’Ivoire, son deuxième fournisseur. Mais, depuis, il se tourne, aussi bien pour ses importations que pour ses exportations de bétail, vers le Nigeria, l’autre poids lourd de l’Afrique de l’Ouest, deuxième puissance économique du continent en termes de PIB. Mais là aussi, des problèmes liés à la convertibilité du franc CFA et du naira (la monnaie nigériane), mais surtout à la sécurité, freinent les échanges. Conséquence : lorsque « l’économie ivoirienne redémarrera, ses voisins reviendront », estime Christophe Dabiré. Mais rien n’est sûr, car des pays comme le Mali et le Burkina ont définitivement basculé vers une stratégie de diversification de leurs échanges commerciaux. Une tendance qui n’a pas échappé aux dirigeants ivoiriens. Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le représentant spécial de Laurent Gbagbo au sommet de Bamako, est venu rassurer ses voisins sur les récents événements qui ont ravivé la tension dans le pays. Ce ne sont que « les derniers soubresauts d’une longue crise », a-t-il insisté. Il n’empêche, l’éléphant d’Afrique de l’Ouest est sérieusement affaibli.
Par Stéphane Ballong
Quand la Côte d’Ivoire va, l’UEMOA va. Avec 35 % du PIB de l’ensemble des huit pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (contre 40 % il y a quelques années), le pays d’Houphouët-Boigny est encore la locomotive de la sous-région. Malgré la crise qui le secoue depuis 2002, « il reste le principal fournisseur en produits manufacturés et alimentaires, mais aussi en électricité… de plusieurs autres États », indique Soumaïla Cissé. Le président de la Commission de l’Union n’a cessé de marteler lors du dernier sommet des chefs de l’UEMOA, qui s’est tenu à Bamako, au Mali, le 20 février, que « la Côte d’Ivoire dispose d’un potentiel extraordinaire et n’a pas perdu sa place de leader au sein de l’Union ».
Pour combien de temps encore ? Le commerce intracommunautaire est passé de 12 % à 15 % entre 2005 et 2009. Cette progression aurait pu atteindre 18 % sans la crise ivoirienne. « Les entreprises ivoiriennes n’atteignent plus le niveau de production nécessaire pour satisfaire la demande provenant des pays voisins », explique Christophe Dabiré, le commissaire de l’UEMOA chargé du marché régional. Le Burkina, le Mali et le Niger notamment, très dépendants des infrastructures de transport (notamment du port d’Abidjan) pour leurs importations et leurs exportations, se tournent vers d’autres pays non-membres de l’Union. Selon Christophe Dabiré, « 20 % à 25 % de leurs importations proviennent désormais des pays comme le Nigeria et le Ghana ». Qui sont autant de parts de marchés grappillées à Abidjan.
De fait, le Burkina renforce depuis quelques années ses liens commerciaux avec l’ancienne Gold Coast, plus stable au niveau politique et économique, et cherche à en faire un partenaire privilégié. Alors que plus de 80 % de ses exportations de bétail étaient absorbées par la Côte d’Ivoire avant la crise, le pays s’est réorienté vers le Ghana, dont il veut faire son principal débouché. Des rencontres d’affaires et des partenariats se sont multipliés dans ce sens ces dernières années. Pour le pays de Kwame Nkrumah, qui jusque-là s’approvisionnait en viande en Argentine, au Brésil et en Nouvelle-Zélande, il s’agit bien évidemment d’une aubaine. Les deux États parviennent à instaurer entre eux une dynamique commerciale qui s’accroît au fil des ans.
Gbagbo veut rassurer
Le Mali, dont le commerce avec la Côte d’Ivoire, son premier fournisseur devant la France, atteignait, avant la crise, 145 milliards de F CFA (plus de 220 millions d’euros), a lui aussi dû réorienter son trafic commercial vers d’autres pays. Et explore tant bien que mal de nouveaux corridors d’échanges avec la Mauritanie, la Guinée ou encore le Sénégal. Mais le manque d’infrastructures de transports dans ces pays fait obstacle.
Même situation au Niger, où les approvisionnements en hydrocarbures, matériaux de construction et denrées alimentaires (estimés à plus de 50 millions d’euros par an) s’effectuaient essentiellement en Côte d’Ivoire, son deuxième fournisseur. Mais, depuis, il se tourne, aussi bien pour ses importations que pour ses exportations de bétail, vers le Nigeria, l’autre poids lourd de l’Afrique de l’Ouest, deuxième puissance économique du continent en termes de PIB. Mais là aussi, des problèmes liés à la convertibilité du franc CFA et du naira (la monnaie nigériane), mais surtout à la sécurité, freinent les échanges. Conséquence : lorsque « l’économie ivoirienne redémarrera, ses voisins reviendront », estime Christophe Dabiré. Mais rien n’est sûr, car des pays comme le Mali et le Burkina ont définitivement basculé vers une stratégie de diversification de leurs échanges commerciaux. Une tendance qui n’a pas échappé aux dirigeants ivoiriens. Paul-Antoine Bohoun Bouabré, le représentant spécial de Laurent Gbagbo au sommet de Bamako, est venu rassurer ses voisins sur les récents événements qui ont ravivé la tension dans le pays. Ce ne sont que « les derniers soubresauts d’une longue crise », a-t-il insisté. Il n’empêche, l’éléphant d’Afrique de l’Ouest est sérieusement affaibli.
Par Stéphane Ballong