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Showbizz Publié le vendredi 19 mars 2010 | Fraternité Matin

Le neveu du défunt Jimmy Hyacinthe : La communauté villageoise de Béoumi réclame un festival de musical de Golly

Le 19 mars 1991, la Côte d’Ivoire tout entière apprenait avec stupéfaction, le décès de N’Goran Hyacinthe alias Jimmy, un virtuose de la guitare. En pareille circonstance, et comme les Ivoiriens savent si bien le faire, les rumeurs les plus folles et fantaisistes ont circulé. Chacun y allait de son commentaire sur les causes et circonstances du décès de l’un des meilleurs artistes du pays de l’époque. «A l’époque, on disait qu’il est mort dans les bras d’une femme dans un hôtel à Koumassi. Alors qu’il n’en était rien. Ce n’était que des idioties», précise Tiburce Koffi, un de ses compagnons artistiques.

Officiellement, il a été dit que le chanteur est décédé d’une crise cardiaque. Bref, Jimmy Hyacinthe a été inhumé à Afotobo, son village natal, le samedi 11 mai 1991, en présence du ministre de la Culture d’alors, Mme Henriette Dagri Diabaté. 19 mars 1991-19 mars 2010, cela fait donc dix-neuf ans que Jimmy a abandonné les siens sur la terre des hommes.

Il aura marqué les mélomanes, voire l’ensemble des Ivoiriens par sa valeur intrinsèque et la qualité de ses œuvres. Les superlatifs, jusqu’à ce jour, pour le juger ne manquent pas.

Guitariste, arrangeur, musicien, chanteur, Jimmy Hyacinthe avait ce don de détecter très vite les bons artistes auxquels il pouvait faire bénéficier de son doigté pour les arrangements. Puisque déjà, dès son jeune âge, entre 9 et 10 ans, il avait commencé à tutoyer les instruments. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que tous les produits qui sont passés entre ses mains ont connu des succès. De Aïcha Koné à Bébé Manga en passant par Dapley Stone, Paul Dodo, Nayanka Bell, il a réussi à imprimer sa griffe à leurs œuvres.

Héritier de la génération pop (années 1960-1970) dont il fut la figure la plus marquante en Côte d`Ivoire, il rompt totalement avec l`art d`Hendrix à la fin des années 1970. Il décide dans ses recherches d’accorder plus de place dans son art au patrimoine musical du terroir kôdê (sous-groupe baoulé). Il inscrivait par là, sa démarche artistique dans la droite ligne d`une véritable quête identitaire, à la suite d`Ernesto Djédjé, le roi du Ziglibity. Jimmy Hyacinthe qui faisait partie, en effet, avec Georges Diby, Ernesto Djédjé, des créateurs de génie dans l’histoire de la musique ivoirienne, a bercé les mélomanes avec des titres comme Liké fê, Nclôo, Maquis lô, Manfêlélé. Sa force résidait dans la pratique de plusieurs genres musicaux.

Autant il jouait avec dextérité la musique de variétés avec des artistes comme Anouma Brou Félix, les Sœurs Comoé, au sortir de l’Orchestre national, autant il s’illustrait de fort belle manière dans la pop music. Il a également joué du jazz. Tout cela a développé sa sensibilité et fortifié sa musique. Même s’il est avéré qu’il était un autodidacte. «Il a fait la meilleure école de l’apprentissage, celle de la rue. Il n’a pas fait de conservatoire de musique. Il ne savait pas écrire ni lire la musique. Mais, il savait déchiffrer les griffes», reconnaît Tiburce Koffi. Il a profité de son passage à l’Orchestre national dirigé par M. Pango pour toucher à tous les instruments et apprendre le solfège.

Reconnu comme maître du Goly, Jimmy Hyacinthe a signé de 1981 à 1990, quatre 33 tours : Maquis lô, Amouin sou ba, Rétro, 02 h du matin. Le cinquième intitulé «Golitique» est le dernier qu’il a enregistré au studio Jbz à Cocody. Cet album n’est jamais sorti puisque sa finition a coïncidé avec sa mort. Mais c’est avec «Maquis Lô» sorti en 1981 que l’artiste va connaître la gloire. Quatre titres de ce produit vont rencontrer l’adhésion du grand public. Il s’agit de Maquis lô (au maquis), un morceau qui plonge les Ivoiriens dans l’ambiance de cet espace de divertissement, Man fê lélé (j`ai longtemps souffert), un slow lyrique qui raconte le parcours social de l`orphelin ; Liké fê (douce chose), texte paillard et enfin, Aliê soutchin (le jour se lève), une plage musicale d`anthologie.

La musique a désormais des sonorités de jazz influencées par le style de Georges Benson. Le public a tellement bien adopté l’album qu’il figure parmi les meilleures ventes discographiques de 1981. Jimmy devient par la même occasion, lauréat au «Référendum ID.» L’appétit venant en mangeant, le musicien, dans son souci de valoriser le volet traditionnel, propose au public le Goly, dans une Côte d’Ivoire dominée à l’époque par la musique d’Afrique centrale avec le Makossa et le Soukouss. Il prend le pari de concurrencer ces sons même si Ernesto Djédjé l’avait déjà devancé sur ce terrain avec le Ziglibity.

Il reçoit le soutien financier de François Konian. Deux soirées ont lieu pour la présentation de son album Goly. La première se déroule au Centre culturel français (Ccf), le 8 janvier 1982. La seconde, à Bouaké, le 12 janvier au Centre culturel Jacques Aka, en présence de Henri Konan Bédié alors Président de l’Assemblée nationale. Il fait un tabac avec l’album. Et depuis lors, il est considéré comme l’homme du Goly. En 1987, il revient avec un album «Rétro.» Jimmy Hyacinthe s’est également caractérisé par la lutte pour la diffusion des œuvres des artistes ivoiriens sur les antennes de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) qui, selon lui, faisait la part belle à la musique zaïroise (aujourd’hui congolaise).

Il a même menacé de se mettre en grève entre 1979 et 1980 pour la libération des médias d’Etat. «Ce sont des revendications d’ordre syndicaliste qui étaient justifiées. C’est d’ailleurs grâce au combat de Amédée Pierre, Jimmy Hyacinthe et bien d’autres, que la musique ivoirienne à un bon quota de diffusion sur les antennes», indique Tiburce Koffi. Avant de faire la précision suivante : «Jimmy Hyacinthe, en posant cet acte, n’était pas xénophobe. Il était ouvert à toutes les autres musiques venant d’ailleurs. Il jouait dans de nombreux pays africains. En demandant un réajustement des choses, son objectif n’était pas de fermer la porte de la Côte d’Ivoire aux autres musiques du continent.

Il voulait tout simplement que nos artistes aient un pourcentage de diffusion plus élevé que les autres, comme cela se fait dans la plupart des pays.» Las de prêcher certainement dans le désert, Jimmy Hyacinthe décide d’aller aux Etats-Unis, où il compte collaborer avec l’Américain Earl Klugh. C’est à une semaine de son départ que la mort l’a fauché. Sa mort a laissé un grand vide dans le monde musical ivoirien.

ISSA T.YEO
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