Les rebelles ont pris les armes en Côte d’Ivoire en évoquant un problème identitaire à résoudre. Ou, plutôt, pour rélger le problème Alassane Dramane Ouattara. Aujourd’hui, grâce à l’article 48 de la Constitution ivoirienne, le président Laurent Gbagbo a fait de lui un éligible à la présidentielle. Plus besoin donc pour lui de prendre le pouvoir par la force des armes à travers un coup d’Etat. Enfin, c’est ce qui est logique et c’est ce à quoi tous les épris de l’alternance par la démocratie pensent. C’est tout le sens de l’accord politique de Ouagadougou qui doit consacrer le jeu démocratique. Et ce préalable semble être foulé au pied par les Forces nouvelles en reprenant à nouveau le discours du G7, la coalition des partis politiques et regroupements dont les Forces nouvelles sont membres et qui a connu quelques petits problèmes. Elles proclament, par la voix de son porte-parole Me Affoussy Bamba, que “le désarment n’est pas lié à l’organisation des élections”. Tenir un tel langage à une conférence de presse et quelques jours après un conclave à Bouaké, et une rencontre avec le PDCI est suspect. Très suspect même. Cela ressemble à une préparation des mentalités à avoir une élection en zone sous occupation des Forces nouvelles avec un fusil dans le dos ; ou à faire des électeurs de cette zone des morts en sursis pour ceux qui refuseraient cette autre forme de coup d’Etat. Car c’en est un. Et cette option peut-être qualifiée de plan D en ce sens que les premiers ont été la rébellion, l’accord de Marcoussis et les pétitionnaires frauduleux de Mambé. Aussi, pour faire passer ce plan D en douceur, Me Affoussy Bamba, avocat de son état, veut faire croire que le désarmement comme condition à des élections ne figure pas dans l’accord politique de Ouagadougou. Bien difficile d’avaler cette couleuvre ! Le troisième chapitre portant sur la réforme de l’armée parle pourtant bien d’un programme national de désarmement, de démobilisation et de réinsertion pour les militaires… Ignorer cela, c’est renier cet accord librement signé par Soro Guillaume, tout en mettant à mal le processus de sortie de crise et le processus électoral. Car il est difficile en Côte d’Ivoire d’accepter d’aller aux urnes sous la menace des armes, même si cela semble avoir pour but de faire plaisir à un homme qui refuse les urnes : Alassane Dramane Ouattara. Il a déjà obtenu beaucoup sous Laurent Gbagbo sans oublier sa candidature à la présidentielle qui peut faire de lui, le nouveau président de la Côte d’Ivoire, si tel est le désir des ivoiriens. Alors pourquoi vouloir faire du forcing à son profit ? Dans tous les cas, la constitution ivoirienne n’étant pas suspendue, il ne peut y avoir d’élections tant qu’une partie du territoire national est annexée. Et comme l’autorité de l’Etat ne s’exerce pas sur tout le pays, la gymnastique des Forces nouvelles est vaine et Alassane Dramane Ouattara gagnerait à battre campagne car le désarmement est un préalable pour les élections. Herman Bléoué bleoueherman@yahoo.fr
Politique Publié le mercredi 24 mars 2010 | Notre Voie