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Art et Culture Publié le mercredi 24 mars 2010 | L’intelligent d’Abidjan

Théâtre / La malice des hommes (Grande première) - Excellent et exceptionnel, selon l’auteur Jean Pierre Guigané

Aussi vraisemblable que l’histoire de « Son Excellence » puisse paraître, le spectateur lors de la grande première, le vendredi 19 mars 2010 à la salle Kodjo Ebouclé du palais de la culture de Treichiville, se demande si Jean Pierre Guingané l’auteur de la pièce « La malice des hommes » n’a pas eu à côtoyer un de ces différents – mais tristement célèbre – hommes d’Etat sur le continent africain. Sur la question, l’enseignant des Lettres Guingané a répondu : « c’est cela la force de la création. C’est une pièce que j’ai écrite ». Jouée par les comédiens de l’Actor Studio, Jean Pierre Guingané a découvert comme les nombreux spectateurs la mise en scène de son œuvre par Sidiki Bakaba. A la limite de l’émotion, l’homme de théâtre Guigané a trouvé « excellent et exceptionnel» sa pièce de théâtre, jouée à Abidjan. « Le spectacle est très dépouillé. Mon texte a été entendu. Sidiki Bakaba n’y a rien enlevé », a-t-il témoigné.
La pièce débute (20 H 39) par un texte tiré de « La malice des hommes » et lue en quatre minutes par Sidiki Bakaba dont on entend que la voix. L’histoire du lion et de la panthère qu’il raconte est symbolique dans la vie du personnage clé de la pièce : Son Excellence. Chef d’Etat, Son Excellence joue majestueusement et éloquemment par le comédien Mike Danon, règne sur des valeurs chères à son existence. Fils de lion (son père) et lui-même emporté dès le bas âge par une panthère, il aura pour totem ces deux animaux. Sidiki Bakaba présente un personnage à l’allure révolutionnaire et charismatique doté d’un esprit futé qui apprend vite les rouages du pouvoir. S’il faut “savoir autoriser le destin à prendre le repos“ comme dit Son Excellence, le prête qu’il devait être sinon le « premier pape africain », a troqué la soutane contre le treillis, par la force de son amour pour une femme, Margueritte. Celle-ci perd la vie dans le feu d’une mutinerie qui le conduit au pouvoir d’Etat. Le feu de l’amour s’éteint en lui. Et « depuis ce jour, on lui reconnaît cet air grave » qui colle à sa personnalité. Un personnage « démoniaque » qui « fonctionne » plutôt que de vivre selon le portrait que lui dresse Georgette (Laurraine Koffi). Georgette est doublement sa copine et l’épouse de Massi (homme de main du dirigeant), assassiné par Son Excellence parce qu’il en sait trop. Espionnage, manipulation, assassinat, complot et coups d’Etat déjoués meublent 25 ans de pouvoir absolu de Son Excellence. “Tuer n’a jamais rien résolu“, lui avoue Georgette « fatiguée de suivre aveuglement et de servir de bourreau », qui adopte la désobéissance – la seule à le faire – pour « retrouver son humanité de femme ». Son Excellence que tous (les gouvernants) veulent pour ami, voit son pouvoir faiblir parce que ne faisant plus peur. Malgré tout, il reste un modèle pour ces nombreuses femmes qui font porter à leurs progénitures son nom. Refusant malgré sa grande témérité le « dictat », selon son commentaire, des puissances étrangères parce que « chacun a la conception de la façon dont il veut gérer son pays », Son Excellence ne voit pas malheureusement d’autres alternatives pour lui que d’ouvrir son espace politique au multipartisme. Cette ouverture qui lui évite une implosion sociale qui peut lui être « bien dommageable».
Pour rester, cependant, maître de son jeu politique, il crée et finance les (ses) partis politiques indépendants et de l’opposition qui doivent, bien sûr, « faire semblant de s’opposer à lui ». Corruption, démagogie, népotisme sont les cartes qu’il abat face à la communauté internationale, pour masquer sa dictature. Un moyen pour déjouer la démocratisation au pays de la Rime. « Faites attention à ne pas ternir mon image. On pourrait croire que nous sommes dans une dictature… Soyez sages. Et nous serons un modèle de développement », sont ses consignes à Azar (Gbessi Adji) du Rassemblement de l’Opulence Républicaine (ROR), à ses neveux Binta (Lucie Yabré) et Zakar (Lago Gilles), tous des leaders politiques sans véritable poids. Sauf Binta, leader du Parti Mondial de la Verdure (PMV), qui prenant son rôle d’opposante au sérieux – selon le journaliste (Sidibé Moussa) – remporte le scrutin présidentiel.
Perdant dans un jeu où il se croyait maître incontesté, Son Excellence va, contre toute attente, accepter le résultat des urnes lui qui peut changer le cours des choses et d’une vie. Le même totem qu’il a en commun avec sa nièce Binta est ce qui milite en sa faveur. Alliant comique et tragédie, La malice des hommes reste, en plus de critiquer un mode de gestion sans partage – dictatorial, un appel à l’instauration de la paix, la démocratie dans le respect des droits de l’homme. Le spectacle est à l’affiche tous les vendredis depuis le 19 mars.
Koné Saydoo
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