Porte-parole des Forces Nouvelles, vous êtes depuis peu sous le feu de la rampe. Pourquoi avez-vous accepté de venir au premier plan ?
J’ai accepté de venir au premier plan, parce que c’est une mission qui m’a été confiée par le secrétaire général des Forces nouvelles. Pour moi, c’est une mission d’engagement et de responsabilités, parce qu’il s’agit de porter la parole d’un mouvement politique. Vous ne parlez pas en votre nom personnel, mais vous parlez au nom du mouvement et ce que vous dites engage tout le mouvement. Evidemment, c’est une lourde responsabilité, il faut savoir manier la langue, la manier avec soin pour ne pas déborder dans ce qu’on dit, pour ne pas dire des mots qui fâchent, mais le dire avec justesse. C’est très important.
Comment la femme, la mère de famille que vous êtes, allez-vous y prendre pour porter la parole d’un mouvement à la fois politique et militaire ?
C’est une question d’engagement. C’est vrai que cette responsabilité était au départ dévolue à un homme, mais aujourd’hui c’est une équipe qui est dirigée par une femme. C’est aussi cela les Forces Nouvelles. Il s’agit d’un engagement, donc que l’on soit un homme ou une femme, une fois que l’on est engagé, c’est ce qui compte. Bien sûr qu’une femme la portera difficilement qu’un homme, du fait des difficultés inhérentes à sa condition de femme, celle sur qui pèse l’éducation des enfants, celle qui a en charge la gestion du foyer. Cependant, des femmes y sont arrivées, je prendrai le cas de mes devancières qui sont à un niveau important de responsabilité. C’est le cas d’Hilary CLINTON, c’est le cas, plus proche de nous d’Henriette DIABATE. Ce qui montre bien que l’on soit homme ou femme, que l’on soit Porte-parole ou à un degré de responsabilité plus important, seul compte l’engagement.
Aujourd’hui, comme on le dit, vous êtes la coqueluche à Abidjan et à Bouaké, mais beaucoup s’étonnent et s’interrogent sur le début de cet engagement avec les Forces nouvelles. A quand remonte-t-il ?
D’abord, je viens d’apprendre que je suis la coqueluche, j’en suis étonnée. Mais c’est toujours un plaisir de se sentir appréciée pour ce que l’on fait. Je remercie ceux qui m’apprécient et également ceux qui ne m’apprécient pas. Parce que c’est dans l’adversité qu’on arrive à se redresser. Cela dit, je me suis engagée aux côtés des Forces nouvelles depuis 2002, lorsque modestement j’ai participé au côté du Secrétaire Général des Forces Nouvelles à préparer les Accords de Linas Marcoussis. Depuis, j’ai occupé diverses fonctions au sein des Forces Nouvelles.
C’est pour cette raison que vous êtes arrivée à Bouaké en 2002…
J’étais à Paris, parce que je suis avocate au Barreau de Paris et j’y ai un cabinet. Mais, j’ai quitté Paris après les négociations des Accords de Linas Marcoussis pour Bouaké. J’étais donc à Bouaké parmi tous ces hommes, j’ai sillonné le Nord, le Sud…
C’est dire que je suis engagée et quand c’est le cas, je ne le fais pas à moitié.
Vous êtes aujourd’hui à un certain niveau au sein des Forces Nouvelles, comment êtes-vous parvenue à vous insérer dans ce moule parmi tant d’hommes ?
Je suis une collaboratrice du Secrétaire Général des Forces Nouvelles et je pense qu’il connaît la capacité de tous ses collaborateurs et il sait de quel collaborateur il peut avoir besoin à un moment précis. Je ne suis pas arrivée là par hasard, mais c’est parce qu’il y a eu du boulot derrière. S’il a estimé nécessaire que je joue ce rôle, je le joue parce que, je l’ai dit, c’est une mission, un engagement et je ne peux pas m’y dérober. Je pense que c’est l’intelligence et la stratégie du Secrétaire Général des Forces Nouvelles qui lui permet, à un moment donné, de désigner les personnes qu’il veut. C’est donc le Secrétaire Général des Forces Nouvelles qui est lui le chef d’orchestre et sait à quel moment il faut sortir et à quel moment ne pas sortir. Donc nous nous jouons la partition dont il est le coordonateur.
Vos premières sorties sur la réunification et le désarment ont créé une polémique. Selon les Forces Nouvelles, que dit exactement l’Accord 4 ?
Si mes premières sorties ont fait sensation, je crois que c’est tant mieux. Quand on communique, il faut le faire et quand on sait que sa communication marche, c’est tant mieux. Le désarmement est assez ingénieux en Côte d’Ivoire ; il tient compte de la particularité de ce pays. A savoir que le désarmement doit concerner les deux états-majors. L’Accord complémentaire 4 à l’Accord Politique de Ouagadougou prévoit que le processus du désarment, de la démobilisation et de la réinsertion contient deux volets : la démobilisation, le démantèlement et la réinsertion pour la cible de population qui ne reste pas au sein de l’armée et ensuite il faut voir le regroupement et l’encasernement pour celle qui reste dans l’armée.
Dans le volet qui concerne la démobilisation et la réinsertion, le désarmement étant concomitant aux deux forces qui ont été reconnues ; du côté des Forces nouvelles, ce sont les ex-combattants qui doivent être démobilisés puis réinsérés. Du côté de l’armée dite de la zone gouvernementale, ce sont donc les groupes d’autodéfense et les milices qui doivent être démantelés et ensuite réinsérer dans le tissu socioéconomique. Leurs armes récupérées et rangées au râtelier sous la responsabilité du CCI et la supervision des Forces Impartiales. Ces opérations doivent se faire un mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle pour les ex-combattants des Forces Nouvelles et deux mois avant cette date, pour les groupes d’autodéfense et les milices.
Dans le second volet : les forces qui restent au sein de l’armée doivent être regroupées et encasernées aussi bien en ce qui concerne les Forces Nouvelles, à savoir les Volontaires pour l’Armée Nouvelle que les forces de la zone gouvernementale. Et ensuite la réunification des deux forces doit se faire un mois après la prestation de serment du nouveau président. Voilà ce dont-il s’agit.
Dans le cadre du regroupement et de l’encasernement, il faut réhabiliter les casernes, les équiper. Or ce n’est pas fait.
Du côté des forces du sud, comme je vous l’ai indiqué, il faut identifier les casernes, les réhabiliter et les équiper.
Ce n’est pas encore fait. Nous avons des difficultés financières à résoudre au niveau de la démobilisation, du démantèlement et la réinsertion, tant des ex-combattants FAFN que des groupes d’auto défense et des milices.
Nous avons enfin des difficultés financières qui sont un obstacle au déploiement des brigades mixtes du CCI dont la mission est de sécuriser le processus électoral. Tous ces engagements financiers, selon l’APO et ses accords complémentaires, sont imputables à l’Etat de Côte d’Ivoire qui ne les a pas respectés.
Comment voulez-vous donc parler de désarmement avant l’élection présidentielle ? Si vous pensez que le désarmement, c’est de permettre au dernier soldat de déposer son arme pour qu’on organise l’élection présidentielle, je pense que ce n’est pas réalisable. Je le redis, le désarmement ne concerne que la cible de population qui ne reste pas dans l’armée, mais rejoint la vie civile.
Citez-moi un seul pays dans le monde dans lequel le dernier soldat a déposé tout son armement pour pouvoir permettre d’organiser les élections. Ce n’est pas possible ! Je prends en exemple des pays comme l’Irak ou l’Angola. Jusqu’aujourd’hui, l’Angola est encore en train de réinsérer ses démobilisés, 18 ans après la guerre. En Irak, sous les feux et les bombes, on a organisé les élections présidentielles. Ce qui veut donc dire que l’on peut organiser l’élection présidentielle s’il y a la volonté de le faire.
Vous pensez que ce sont des exemples crédibles ?
Les élections en tout cas, ont été certifiées par les Nations Unies. Donc si ce n’est pas crédible, alors que les Nations Unies nous le disent.
Justement en parlant de concomitance, les groupements d’autodéfenses dont vous parlez ont été démantelés et désarmés. Or jusqu’ici, les Forces Nouvelles sont encore en arme. Est-ce que cela est normal ?
Là, c’est une information que vous venez de me donner. Moi j’ai les chiffres officiels. Sur plus de 37 mille personnes du côté des groupes d’autodéfense et des milices, il y a eu seulement que 17 mille qui ont été démobilisés et 1.064 réinsérés. Donc excusez-moi, je crois que vous n’avez pas les bons chiffres. Ils ne sont pas encore tous démobilisés. Du côté des Forces Nouvelles, sur 32.777 combattants profilés, 11.900 ont été démobilisés. Et sur les 11.900 démobilisés, 3.416 ont été réinsérés. Vous voyez donc la difficulté que les structures mises en place, le PNRC et le service civique, ont à démobiliser puis réinsérer ces personnes. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas de moyens financiers. Et quand ils n’ont pas de moyens financiers, qui est en cause? Mais c’est l’Etat, parce que c’est l’Etat effectivement qui est chargé de mettre à disposition les moyens selon l’APO et ses accords complémentaires. Donc voilà les difficultés pratiques que nous avons.
En déduire que les Forces nouvelles n’ont pas envie de désarmer, pour moi, c’est réellement du dilatoire.
En parlant d’armée du sud, je ne comprends pas bien. Vous parlez des FDS qui ont déjà quitté les lignes de front pour rentrer en caserne. Ce qui n’est pas le cas pour les Forces Nouvelles…
Vous me dites que les forces du sud ont quitté les lignes de front, mais il en est de même pour les FAFN, mais est-ce que pour autant les Forces de la zone gouvernementale sont encasernées ? Non ! Il n’y aucun élément indiquant qu’elles le sont. Pas plus que l’effectif à encaserner, ni d’ailleurs les sites d’encasernement.
Vous avez aujourd’hui le Cecos, les Crs qui sont déployées. On a dit que les forces doivent êtes encasernées de façon concomitante. Donc tout le monde doit rentrer en caserne. Il ne doit circuler sur l’ensemble du territoire que seules les forces qui sont chargées d’assurer la sécurisation du processus. Ce sont les brigades mixtes, à savoir un quota des Forces Nouvelles et un quota des forces du sud. Cela fait 8.000 soldats. Ces 8.000 éléments seront chargés d’assurer la sécurisation du processus. Ce sont seuls ces éléments qui devraient en principe être déployés sur tout le territoire national pour assurer la sécurisation du processus. Sauf qu’aujourd’hui, le CCI n’a pas les moyens financiers qui lui permettraient de pouvoir assurer la sécurisation du processus, ni en équipement, ni en logistique, pas plus que pour son fonctionnement. Donc comment voulez-vous qu’il puisse assurer la sécurisation du processus ?
C’est de cela qu’il s’agit. Il ne faut pas faire de la fuite en avant.
Les Forces Nouvelles ont toujours du mal à réunir les 4.000 hommes pour le CCI. A quoi cela est-il dû ?
Les Forces Nouvelles n’ont pas du mal à réunir l’effectif de 4.000 hommes. La liste des 4.000 hommes a été donnée au représentant du facilitateur et remis au facilitateur lui-même.
En parlant de moyens, l’Etat n’a pas encore retrouvé la totalité de son territoire. Est-ce que l’unicité des caisses, est une réalité, selon vous ?
L’unicité des caisses pour moi est une réalité. Je vais vous donner un exemple. Toutes les régies financières ont été redéployées en zone centre nord ouest. Deux banques du trésor ont été ouvertes, une à Bouaké et une autre à Korhogo. La douane évidemment a été déployée. Aujourd’hui, l’unicité n’est pas une fiction, c’est une réalité. Les taxes communales aujourd’hui sont récupérées par le trésor.
Mais les Forces Nouvelles sont encore sur les barrages lorsqu’on arrive dans les zones CNO et prélèvent de l’argent sur les cars. Vous justifiez cet état de fait ?
Je ne le justifie pas. J’explique seulement que les ex-combattants du côté des FAFN, ni les miliciens du côté de la zone gouvernementale qui ne restent pas dans l’armée ne sont pas pris en charge par l’Etat. C’est la conséquence regrettable de cet état de fait.
Pour vous donc, la réunification est faite ?
Pour nous, le redéploiement de l’administration est une réalité. Sur 24 mille fonctionnaires devant être redéployés dans la zone, 23 mille aujourd’hui le sont. Il n’en reste que mille. C’est vous dire que c’est une réalité. Tout le corps préfectoral a été redéployé. Les services sociaux de base, toutes les administrations des ministères sont aujourd’hui représentées dans les zones CNO.
Mais est-ce que ces personnes là sont en sécurité ?
Ces personnes à savoir le corps préfectoral sont en sécurité. Lorsqu’il y a eu les évènements récents, dans quels endroits avons-nous dénombré des morts ? Ce n’est pas en zone CNO. Bien sûr que les gens se sont attaqué aux symboles de l’Etat, mais ça été le cas aussi des parties du territoire dites sécurisées où on considère que l’autorité de l’Etat existe. Il y a eu des morts à Daloa et à Gagnoa. Ça c’est un constat. Vous savez que normalement, c’est le CCI qui est chargé d’assurer la sécurisation du processus, et la sécurité des personnes et des biens y compris le corps préfectoral comme je vous l’ai dit tantôt. Mais si le CCI n’a pas de moyens pour le faire, qui pallie à cela ? Ce sont donc les éléments des deux forces ; les FAFN et la force de la zone gouvernementale. Je vous assure que les éléments des Forces Nouvelles ont réussi à cantonner les débordements de la population qui était en train de manifester. N’eût été cet encadrement, les dégâts auraient été encore plus graves que ce que nous avons constaté.
A vous entendre, on peut donc organiser des élections présidentielles crédibles avec ce type de sécurité que vous vantez dans les zones CNO ?
Je n’ai jamais dit cela, je dis que pour moi la solution souhaitable est celle qu’on a prévue dans les accords de Ouagadougou, et donner les moyens au CCI d’assurer la sécurité du processus.
A cet effet le camp présidentiel s’offusque du fait que vous soyez restées amorphes lors de l’incendie des domiciles de Malick Coulibaly et de Gervais Coulibaly…
Nous avons condamné fermement ces actions et nous avons estimé que ce qui s’est passé était regrettable.
Ces attaques violentes et la polémique actuelle ne sont-elles pas les signes probants de l’échec de l’Accord de Ouaga trois ans après sa signature?
On ne peut pas dire que c’est un échec trois ans après parce que vous savez qu’on a eu des dates d’élections toujours repoussées pour des difficultés techniques parce que les moyens financiers faisaient défaut ou encore parce que les opérateurs techniques ne pouvaient pas faire leur travail convenablement. Aujourd’hui ne voyez pas les difficultés de l’Accord mais plutôt les progrès qu’il y a eu. Nous en sommes aujourd’hui à un pas de l’organisation des élections et ce qui nous conduirait à cette étape décisive est l’établissement de la liste électorale définitive.
Il suffit d’y mettre la volonté pour y aller.
En parlant de cette liste, êtes-vous d’accord qu’elle soit auditée comme le réclame le camp présidentiel ?
Les Forces Nouvelles ont donné leur position sur cette affaire en disant que les opérateurs techniques qui l’ont établie, l’ont faite avec l’aval de l’Etat de Côte d’Ivoire qui en avait défini les critères.
Mais cette position ne peut–elle pas évoluer avec la crise de confiance survenue sur l’affaire des 429 mille fraudeurs sous l’ère de Beugré Mambé…
L’audit ne s’impose pas et puis c’est un terme un peu dévoyé car on n’a pas les termes de référence de cet audit. Les opérateurs qui ont travaillé disent que la liste est fiable ; ils ont travaillé avec des critères approuvés par l’Etat. Donc comment pouvons-nous dire que la liste n’est pas fiable parce qu’il y a eu le cas des 429 milles personnes qui n’ont jamais été reversées sur la liste provisoire ?
S’il y a fraude que cette fraude soit établie pour que les personnes ne devant pas figurer sur la liste soient retirées.
Vous estimez donc que le FPI, le COJEP en somme le camp présidentiel veut retarder le processus de paix ?
Nous pensons qu’il n’y a pas de débat à faire autour de la liste ; je pense qu’il faut aller à l’essentiel et demander à la commission électorale de nous sortir la liste définitive. Donc si on veut s’attarder à réclamer ce qui est impossible parce que cela ne repose sur rien, on fait du dilatoire.
On vous accuse d’être une militante du RDR qui vient défendre les thèses du parti de Ouattara …
Si reprendre ce que la Sagem et l’INS ont dit à propos de la liste électorale, c’est être une militante du RDR, je ne sais pas où on va. Je vous renvoie à la clarification que j’ai faite à ce sujet.
Votre père Bamba Moriféré soutient le RDR pour la présidentielle, si bon sang ne saurait mentir, il est indéniable que vous le rejoindrez un jour au RDR n’est-ce pas ?
Mon père mène ses combats et moi les miennes.
Quels sont vos rapports avec un vieil ami de lutte de votre père à savoir le chef d’Etat actuel Laurent Gbagbo ?
A chaque fois que j’ai rencontré le chef de l’Etat Laurent GBAGBO dans le cadre des rencontres officielles, il a toujours eu des mots aimables à mon endroit. Mais ça n’empêche pas que je dise ce que je dois dire avec justesse car je me bats sur des principes. En tant que personne éduquée qui respecte les institutions, je ne tiendrai jamais des propos qui pourraient porter atteinte à sa personne.
Est-ce que votre liberté d’esprit ne finira pas lasser et gêner le Premier ministre ?
Ce n’est pas une liberté d’esprit, ce que je fais c’est de porter la parole des Forces Nouvelles. Et vous conviendrez avec moi que je ne fais que ce, pourquoi les Forces Nouvelles m’ont mandaté et le premier d’entre elles à savoir le Secrétaire Général Guillaume Soro. Jamais, je ne sortirai de mon rôle. Ce que je dis, c’est que Soro Guillaume et les Fores Nouvelles pensent. Donc au lieu de m’indexer, il faut plutôt répondre aux Forces Nouvelles en tant qu’entité. J’accepte les critiques seulement si elles sont fondées et constructives.
A quelques mois des élections quelles sont les chances du Président Gbagbo ?
Je pense qu’il a les mêmes chances que tous les autres candidats. Votre question me permet de revenir sur le débat portant sur la liste électorale parce qu’à mon sens ce débat le dessert. Ses partisans donnent l’impression qu’il n’a pas envie d’aller à l’élection présidentielle alors qu’il a dit qu’il fallait qu’on y aille.
Je me rappelle encore ses mots ‘’la guerre est finie, allons vite, vite aux élections’’. Que ses partisans lui permettent d’être réélu si tant est que les Ivoiriens veulent de lui, de sorte que sa légitimité ne lui soit pas contestée.
Le dernier remaniement ministériel a mis au goût du jour de profondes dissensions au sein des FN et d’aucuns estiment que Guillaume Soro s’est séparé des cadres avec lesquels il ne s’entendait plus. Qu’en est-il exactement ?
Je ne pense pas qu’il y ait des divergences pour qu’on puisse en parler. On a ramené les postes ministériels de 33 à 27 ; il a fallu effectivement faire une compression de postes. Certains ont perdu leurs portefeuilles ministériels mais je ne pense que cela soit synonyme de divergences entre les Forces Nouvelles.
Pour terminer, peut-on envisager une démission de Guillaume Soro au cas où la crise latente actuelle entre le camp présidentiel et vous s’accentue ?
Le Premier ministre Guillaume Soro mesure la responsabilité qui est la sienne. On ne peut pas être à un tel niveau de responsabilité et ne pas regarder la souffrance des Ivoiriens, ne pas se rendre compte que l’Accord de Ouagadougou est la seule issue de sortie de crise pacifique. Conscient de cela, le Premier ministre jouera sa partition jusqu’au bout. Pour l’heure, sa démission n’est pas à l’ordre du jour.
J’ai accepté de venir au premier plan, parce que c’est une mission qui m’a été confiée par le secrétaire général des Forces nouvelles. Pour moi, c’est une mission d’engagement et de responsabilités, parce qu’il s’agit de porter la parole d’un mouvement politique. Vous ne parlez pas en votre nom personnel, mais vous parlez au nom du mouvement et ce que vous dites engage tout le mouvement. Evidemment, c’est une lourde responsabilité, il faut savoir manier la langue, la manier avec soin pour ne pas déborder dans ce qu’on dit, pour ne pas dire des mots qui fâchent, mais le dire avec justesse. C’est très important.
Comment la femme, la mère de famille que vous êtes, allez-vous y prendre pour porter la parole d’un mouvement à la fois politique et militaire ?
C’est une question d’engagement. C’est vrai que cette responsabilité était au départ dévolue à un homme, mais aujourd’hui c’est une équipe qui est dirigée par une femme. C’est aussi cela les Forces Nouvelles. Il s’agit d’un engagement, donc que l’on soit un homme ou une femme, une fois que l’on est engagé, c’est ce qui compte. Bien sûr qu’une femme la portera difficilement qu’un homme, du fait des difficultés inhérentes à sa condition de femme, celle sur qui pèse l’éducation des enfants, celle qui a en charge la gestion du foyer. Cependant, des femmes y sont arrivées, je prendrai le cas de mes devancières qui sont à un niveau important de responsabilité. C’est le cas d’Hilary CLINTON, c’est le cas, plus proche de nous d’Henriette DIABATE. Ce qui montre bien que l’on soit homme ou femme, que l’on soit Porte-parole ou à un degré de responsabilité plus important, seul compte l’engagement.
Aujourd’hui, comme on le dit, vous êtes la coqueluche à Abidjan et à Bouaké, mais beaucoup s’étonnent et s’interrogent sur le début de cet engagement avec les Forces nouvelles. A quand remonte-t-il ?
D’abord, je viens d’apprendre que je suis la coqueluche, j’en suis étonnée. Mais c’est toujours un plaisir de se sentir appréciée pour ce que l’on fait. Je remercie ceux qui m’apprécient et également ceux qui ne m’apprécient pas. Parce que c’est dans l’adversité qu’on arrive à se redresser. Cela dit, je me suis engagée aux côtés des Forces nouvelles depuis 2002, lorsque modestement j’ai participé au côté du Secrétaire Général des Forces Nouvelles à préparer les Accords de Linas Marcoussis. Depuis, j’ai occupé diverses fonctions au sein des Forces Nouvelles.
C’est pour cette raison que vous êtes arrivée à Bouaké en 2002…
J’étais à Paris, parce que je suis avocate au Barreau de Paris et j’y ai un cabinet. Mais, j’ai quitté Paris après les négociations des Accords de Linas Marcoussis pour Bouaké. J’étais donc à Bouaké parmi tous ces hommes, j’ai sillonné le Nord, le Sud…
C’est dire que je suis engagée et quand c’est le cas, je ne le fais pas à moitié.
Vous êtes aujourd’hui à un certain niveau au sein des Forces Nouvelles, comment êtes-vous parvenue à vous insérer dans ce moule parmi tant d’hommes ?
Je suis une collaboratrice du Secrétaire Général des Forces Nouvelles et je pense qu’il connaît la capacité de tous ses collaborateurs et il sait de quel collaborateur il peut avoir besoin à un moment précis. Je ne suis pas arrivée là par hasard, mais c’est parce qu’il y a eu du boulot derrière. S’il a estimé nécessaire que je joue ce rôle, je le joue parce que, je l’ai dit, c’est une mission, un engagement et je ne peux pas m’y dérober. Je pense que c’est l’intelligence et la stratégie du Secrétaire Général des Forces Nouvelles qui lui permet, à un moment donné, de désigner les personnes qu’il veut. C’est donc le Secrétaire Général des Forces Nouvelles qui est lui le chef d’orchestre et sait à quel moment il faut sortir et à quel moment ne pas sortir. Donc nous nous jouons la partition dont il est le coordonateur.
Vos premières sorties sur la réunification et le désarment ont créé une polémique. Selon les Forces Nouvelles, que dit exactement l’Accord 4 ?
Si mes premières sorties ont fait sensation, je crois que c’est tant mieux. Quand on communique, il faut le faire et quand on sait que sa communication marche, c’est tant mieux. Le désarmement est assez ingénieux en Côte d’Ivoire ; il tient compte de la particularité de ce pays. A savoir que le désarmement doit concerner les deux états-majors. L’Accord complémentaire 4 à l’Accord Politique de Ouagadougou prévoit que le processus du désarment, de la démobilisation et de la réinsertion contient deux volets : la démobilisation, le démantèlement et la réinsertion pour la cible de population qui ne reste pas au sein de l’armée et ensuite il faut voir le regroupement et l’encasernement pour celle qui reste dans l’armée.
Dans le volet qui concerne la démobilisation et la réinsertion, le désarmement étant concomitant aux deux forces qui ont été reconnues ; du côté des Forces nouvelles, ce sont les ex-combattants qui doivent être démobilisés puis réinsérés. Du côté de l’armée dite de la zone gouvernementale, ce sont donc les groupes d’autodéfense et les milices qui doivent être démantelés et ensuite réinsérer dans le tissu socioéconomique. Leurs armes récupérées et rangées au râtelier sous la responsabilité du CCI et la supervision des Forces Impartiales. Ces opérations doivent se faire un mois avant la date fixée pour l’élection présidentielle pour les ex-combattants des Forces Nouvelles et deux mois avant cette date, pour les groupes d’autodéfense et les milices.
Dans le second volet : les forces qui restent au sein de l’armée doivent être regroupées et encasernées aussi bien en ce qui concerne les Forces Nouvelles, à savoir les Volontaires pour l’Armée Nouvelle que les forces de la zone gouvernementale. Et ensuite la réunification des deux forces doit se faire un mois après la prestation de serment du nouveau président. Voilà ce dont-il s’agit.
Dans le cadre du regroupement et de l’encasernement, il faut réhabiliter les casernes, les équiper. Or ce n’est pas fait.
Du côté des forces du sud, comme je vous l’ai indiqué, il faut identifier les casernes, les réhabiliter et les équiper.
Ce n’est pas encore fait. Nous avons des difficultés financières à résoudre au niveau de la démobilisation, du démantèlement et la réinsertion, tant des ex-combattants FAFN que des groupes d’auto défense et des milices.
Nous avons enfin des difficultés financières qui sont un obstacle au déploiement des brigades mixtes du CCI dont la mission est de sécuriser le processus électoral. Tous ces engagements financiers, selon l’APO et ses accords complémentaires, sont imputables à l’Etat de Côte d’Ivoire qui ne les a pas respectés.
Comment voulez-vous donc parler de désarmement avant l’élection présidentielle ? Si vous pensez que le désarmement, c’est de permettre au dernier soldat de déposer son arme pour qu’on organise l’élection présidentielle, je pense que ce n’est pas réalisable. Je le redis, le désarmement ne concerne que la cible de population qui ne reste pas dans l’armée, mais rejoint la vie civile.
Citez-moi un seul pays dans le monde dans lequel le dernier soldat a déposé tout son armement pour pouvoir permettre d’organiser les élections. Ce n’est pas possible ! Je prends en exemple des pays comme l’Irak ou l’Angola. Jusqu’aujourd’hui, l’Angola est encore en train de réinsérer ses démobilisés, 18 ans après la guerre. En Irak, sous les feux et les bombes, on a organisé les élections présidentielles. Ce qui veut donc dire que l’on peut organiser l’élection présidentielle s’il y a la volonté de le faire.
Vous pensez que ce sont des exemples crédibles ?
Les élections en tout cas, ont été certifiées par les Nations Unies. Donc si ce n’est pas crédible, alors que les Nations Unies nous le disent.
Justement en parlant de concomitance, les groupements d’autodéfenses dont vous parlez ont été démantelés et désarmés. Or jusqu’ici, les Forces Nouvelles sont encore en arme. Est-ce que cela est normal ?
Là, c’est une information que vous venez de me donner. Moi j’ai les chiffres officiels. Sur plus de 37 mille personnes du côté des groupes d’autodéfense et des milices, il y a eu seulement que 17 mille qui ont été démobilisés et 1.064 réinsérés. Donc excusez-moi, je crois que vous n’avez pas les bons chiffres. Ils ne sont pas encore tous démobilisés. Du côté des Forces Nouvelles, sur 32.777 combattants profilés, 11.900 ont été démobilisés. Et sur les 11.900 démobilisés, 3.416 ont été réinsérés. Vous voyez donc la difficulté que les structures mises en place, le PNRC et le service civique, ont à démobiliser puis réinsérer ces personnes. Tout simplement parce qu’ils n’ont pas de moyens financiers. Et quand ils n’ont pas de moyens financiers, qui est en cause? Mais c’est l’Etat, parce que c’est l’Etat effectivement qui est chargé de mettre à disposition les moyens selon l’APO et ses accords complémentaires. Donc voilà les difficultés pratiques que nous avons.
En déduire que les Forces nouvelles n’ont pas envie de désarmer, pour moi, c’est réellement du dilatoire.
En parlant d’armée du sud, je ne comprends pas bien. Vous parlez des FDS qui ont déjà quitté les lignes de front pour rentrer en caserne. Ce qui n’est pas le cas pour les Forces Nouvelles…
Vous me dites que les forces du sud ont quitté les lignes de front, mais il en est de même pour les FAFN, mais est-ce que pour autant les Forces de la zone gouvernementale sont encasernées ? Non ! Il n’y aucun élément indiquant qu’elles le sont. Pas plus que l’effectif à encaserner, ni d’ailleurs les sites d’encasernement.
Vous avez aujourd’hui le Cecos, les Crs qui sont déployées. On a dit que les forces doivent êtes encasernées de façon concomitante. Donc tout le monde doit rentrer en caserne. Il ne doit circuler sur l’ensemble du territoire que seules les forces qui sont chargées d’assurer la sécurisation du processus. Ce sont les brigades mixtes, à savoir un quota des Forces Nouvelles et un quota des forces du sud. Cela fait 8.000 soldats. Ces 8.000 éléments seront chargés d’assurer la sécurisation du processus. Ce sont seuls ces éléments qui devraient en principe être déployés sur tout le territoire national pour assurer la sécurisation du processus. Sauf qu’aujourd’hui, le CCI n’a pas les moyens financiers qui lui permettraient de pouvoir assurer la sécurisation du processus, ni en équipement, ni en logistique, pas plus que pour son fonctionnement. Donc comment voulez-vous qu’il puisse assurer la sécurisation du processus ?
C’est de cela qu’il s’agit. Il ne faut pas faire de la fuite en avant.
Les Forces Nouvelles ont toujours du mal à réunir les 4.000 hommes pour le CCI. A quoi cela est-il dû ?
Les Forces Nouvelles n’ont pas du mal à réunir l’effectif de 4.000 hommes. La liste des 4.000 hommes a été donnée au représentant du facilitateur et remis au facilitateur lui-même.
En parlant de moyens, l’Etat n’a pas encore retrouvé la totalité de son territoire. Est-ce que l’unicité des caisses, est une réalité, selon vous ?
L’unicité des caisses pour moi est une réalité. Je vais vous donner un exemple. Toutes les régies financières ont été redéployées en zone centre nord ouest. Deux banques du trésor ont été ouvertes, une à Bouaké et une autre à Korhogo. La douane évidemment a été déployée. Aujourd’hui, l’unicité n’est pas une fiction, c’est une réalité. Les taxes communales aujourd’hui sont récupérées par le trésor.
Mais les Forces Nouvelles sont encore sur les barrages lorsqu’on arrive dans les zones CNO et prélèvent de l’argent sur les cars. Vous justifiez cet état de fait ?
Je ne le justifie pas. J’explique seulement que les ex-combattants du côté des FAFN, ni les miliciens du côté de la zone gouvernementale qui ne restent pas dans l’armée ne sont pas pris en charge par l’Etat. C’est la conséquence regrettable de cet état de fait.
Pour vous donc, la réunification est faite ?
Pour nous, le redéploiement de l’administration est une réalité. Sur 24 mille fonctionnaires devant être redéployés dans la zone, 23 mille aujourd’hui le sont. Il n’en reste que mille. C’est vous dire que c’est une réalité. Tout le corps préfectoral a été redéployé. Les services sociaux de base, toutes les administrations des ministères sont aujourd’hui représentées dans les zones CNO.
Mais est-ce que ces personnes là sont en sécurité ?
Ces personnes à savoir le corps préfectoral sont en sécurité. Lorsqu’il y a eu les évènements récents, dans quels endroits avons-nous dénombré des morts ? Ce n’est pas en zone CNO. Bien sûr que les gens se sont attaqué aux symboles de l’Etat, mais ça été le cas aussi des parties du territoire dites sécurisées où on considère que l’autorité de l’Etat existe. Il y a eu des morts à Daloa et à Gagnoa. Ça c’est un constat. Vous savez que normalement, c’est le CCI qui est chargé d’assurer la sécurisation du processus, et la sécurité des personnes et des biens y compris le corps préfectoral comme je vous l’ai dit tantôt. Mais si le CCI n’a pas de moyens pour le faire, qui pallie à cela ? Ce sont donc les éléments des deux forces ; les FAFN et la force de la zone gouvernementale. Je vous assure que les éléments des Forces Nouvelles ont réussi à cantonner les débordements de la population qui était en train de manifester. N’eût été cet encadrement, les dégâts auraient été encore plus graves que ce que nous avons constaté.
A vous entendre, on peut donc organiser des élections présidentielles crédibles avec ce type de sécurité que vous vantez dans les zones CNO ?
Je n’ai jamais dit cela, je dis que pour moi la solution souhaitable est celle qu’on a prévue dans les accords de Ouagadougou, et donner les moyens au CCI d’assurer la sécurité du processus.
A cet effet le camp présidentiel s’offusque du fait que vous soyez restées amorphes lors de l’incendie des domiciles de Malick Coulibaly et de Gervais Coulibaly…
Nous avons condamné fermement ces actions et nous avons estimé que ce qui s’est passé était regrettable.
Ces attaques violentes et la polémique actuelle ne sont-elles pas les signes probants de l’échec de l’Accord de Ouaga trois ans après sa signature?
On ne peut pas dire que c’est un échec trois ans après parce que vous savez qu’on a eu des dates d’élections toujours repoussées pour des difficultés techniques parce que les moyens financiers faisaient défaut ou encore parce que les opérateurs techniques ne pouvaient pas faire leur travail convenablement. Aujourd’hui ne voyez pas les difficultés de l’Accord mais plutôt les progrès qu’il y a eu. Nous en sommes aujourd’hui à un pas de l’organisation des élections et ce qui nous conduirait à cette étape décisive est l’établissement de la liste électorale définitive.
Il suffit d’y mettre la volonté pour y aller.
En parlant de cette liste, êtes-vous d’accord qu’elle soit auditée comme le réclame le camp présidentiel ?
Les Forces Nouvelles ont donné leur position sur cette affaire en disant que les opérateurs techniques qui l’ont établie, l’ont faite avec l’aval de l’Etat de Côte d’Ivoire qui en avait défini les critères.
Mais cette position ne peut–elle pas évoluer avec la crise de confiance survenue sur l’affaire des 429 mille fraudeurs sous l’ère de Beugré Mambé…
L’audit ne s’impose pas et puis c’est un terme un peu dévoyé car on n’a pas les termes de référence de cet audit. Les opérateurs qui ont travaillé disent que la liste est fiable ; ils ont travaillé avec des critères approuvés par l’Etat. Donc comment pouvons-nous dire que la liste n’est pas fiable parce qu’il y a eu le cas des 429 milles personnes qui n’ont jamais été reversées sur la liste provisoire ?
S’il y a fraude que cette fraude soit établie pour que les personnes ne devant pas figurer sur la liste soient retirées.
Vous estimez donc que le FPI, le COJEP en somme le camp présidentiel veut retarder le processus de paix ?
Nous pensons qu’il n’y a pas de débat à faire autour de la liste ; je pense qu’il faut aller à l’essentiel et demander à la commission électorale de nous sortir la liste définitive. Donc si on veut s’attarder à réclamer ce qui est impossible parce que cela ne repose sur rien, on fait du dilatoire.
On vous accuse d’être une militante du RDR qui vient défendre les thèses du parti de Ouattara …
Si reprendre ce que la Sagem et l’INS ont dit à propos de la liste électorale, c’est être une militante du RDR, je ne sais pas où on va. Je vous renvoie à la clarification que j’ai faite à ce sujet.
Votre père Bamba Moriféré soutient le RDR pour la présidentielle, si bon sang ne saurait mentir, il est indéniable que vous le rejoindrez un jour au RDR n’est-ce pas ?
Mon père mène ses combats et moi les miennes.
Quels sont vos rapports avec un vieil ami de lutte de votre père à savoir le chef d’Etat actuel Laurent Gbagbo ?
A chaque fois que j’ai rencontré le chef de l’Etat Laurent GBAGBO dans le cadre des rencontres officielles, il a toujours eu des mots aimables à mon endroit. Mais ça n’empêche pas que je dise ce que je dois dire avec justesse car je me bats sur des principes. En tant que personne éduquée qui respecte les institutions, je ne tiendrai jamais des propos qui pourraient porter atteinte à sa personne.
Est-ce que votre liberté d’esprit ne finira pas lasser et gêner le Premier ministre ?
Ce n’est pas une liberté d’esprit, ce que je fais c’est de porter la parole des Forces Nouvelles. Et vous conviendrez avec moi que je ne fais que ce, pourquoi les Forces Nouvelles m’ont mandaté et le premier d’entre elles à savoir le Secrétaire Général Guillaume Soro. Jamais, je ne sortirai de mon rôle. Ce que je dis, c’est que Soro Guillaume et les Fores Nouvelles pensent. Donc au lieu de m’indexer, il faut plutôt répondre aux Forces Nouvelles en tant qu’entité. J’accepte les critiques seulement si elles sont fondées et constructives.
A quelques mois des élections quelles sont les chances du Président Gbagbo ?
Je pense qu’il a les mêmes chances que tous les autres candidats. Votre question me permet de revenir sur le débat portant sur la liste électorale parce qu’à mon sens ce débat le dessert. Ses partisans donnent l’impression qu’il n’a pas envie d’aller à l’élection présidentielle alors qu’il a dit qu’il fallait qu’on y aille.
Je me rappelle encore ses mots ‘’la guerre est finie, allons vite, vite aux élections’’. Que ses partisans lui permettent d’être réélu si tant est que les Ivoiriens veulent de lui, de sorte que sa légitimité ne lui soit pas contestée.
Le dernier remaniement ministériel a mis au goût du jour de profondes dissensions au sein des FN et d’aucuns estiment que Guillaume Soro s’est séparé des cadres avec lesquels il ne s’entendait plus. Qu’en est-il exactement ?
Je ne pense pas qu’il y ait des divergences pour qu’on puisse en parler. On a ramené les postes ministériels de 33 à 27 ; il a fallu effectivement faire une compression de postes. Certains ont perdu leurs portefeuilles ministériels mais je ne pense que cela soit synonyme de divergences entre les Forces Nouvelles.
Pour terminer, peut-on envisager une démission de Guillaume Soro au cas où la crise latente actuelle entre le camp présidentiel et vous s’accentue ?
Le Premier ministre Guillaume Soro mesure la responsabilité qui est la sienne. On ne peut pas être à un tel niveau de responsabilité et ne pas regarder la souffrance des Ivoiriens, ne pas se rendre compte que l’Accord de Ouagadougou est la seule issue de sortie de crise pacifique. Conscient de cela, le Premier ministre jouera sa partition jusqu’au bout. Pour l’heure, sa démission n’est pas à l’ordre du jour.