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Art et Culture Publié le jeudi 1 avril 2010 | Nord-Sud

Canulars, petits lapins, farces, … La population se prononce sur le poisson d’avril

1-Mlle Kouamé Brou Catherine, (sans emploi):«C’est stressant !»

Actuellement mon chéri m’a appelée de Yamoussoukro pour me dire qu’il a enceinté une fille. Je prie Dieu pour que ce soit un poisson d’avril parce que cela me rend triste. Je suis inquiète. J’espère qu’il me rappelle pour me dire que c’est faux. Si c’est un poisson d’avril, je serai très contente. Il faut dire que c’est stressant.

2- M. Niamkey Jean Désiré, (technicien en bâtiment) :«Éviter les blagues aux inconnus»

C’est le curé de la paroisse Sainte Monique qui est dans mon viseur. Je vais lui dire qu’il sera nommé ministre de la communication. C’est le poisson d’avril que je lui réserve. Je suis le responsable des chorales de l’église, donc on se connaît très bien. Quand tu fais un poisson d’avril à quelqu’un qui ne t’est pas familier, cela peut créer des problèmes. Mon curé, lui, est déjà préparé.

3- M. Nezao Mathurin, (employé dans le bâtiment):«On ne doit pas se fâcher pour un poisson»

Le poisson d’avril est un jeu. Tu peux promettre à quelqu’un une chose qu’il attend depuis longtemps. Il espère avoir enfin cette chose, il y croit et tu lui dis le jour « j » que c’est un canular. C’est tellement intéressant comme jeu ! Et c’est sans ran­cu­ne surtout que cette personne ne s’attendait jamais à ce cadeau. La règle principale : nul n’a le droit de se fâcher pour un poisson, surtout en avril. Mais personnellement, je n’ai pas pensé à blaguer quelqu’un.

4- M. Ategbo Christian, (vulgarisateur) :«Attention, certains n’aiment pas»

C’est juste pour s’amuser et pour faire rire. Ce n’est pas fait pour énerver mais plutôt pour distraire. Il faut reconnaître que certaines personnes n’aiment pas les blagues. Elles peuvent même se bagarrer pour un petit lapin. C’est pourquoi il faut faire attention. On le fait le 1er avril. C’est aussi normal de le continuer le long du mois d’avril. Il n’ y a pas de date limite pour se faire plaisir entre amis. Il n’est pas exclu d’appeler des copains et leur faire croire qu’il y a un malheur chez eux, par exemple. Et, ce n’est pas mauvais.

5- Mlle Hillary Gbana, (étudiante) :«C’est juste pour le 1er avril»

Je n’ai pas encore été victime de ce jeu-là. Pendant que nous y sommes, je compte bien en profiter pour poser de petits lapins. A mon avis, il ne faut pas exagérer. Le poisson d’avril, c’est juste pour le 1er et non tout le long du mois.

6- M. Konaté Zié François, (comptable): «Les émotions fortes rendent malade»

En général, les farces du 1er avril sont liées à l’amour. Moi, j’ai été beaucoup surpris à ce niveau. Et j’aime bien ces surprises-là. On te fait parvenir , par courrier, une histoire pathétique, la rupture par exemple, et c’est comme si tu étais dans un cauchemar et à la fin, on dessine un petit poisson au bas du texte qui te soulage. On ne doit pas s’attendre à tout dans la vie. Ce genre de surprise est agréable. Quand une surprise arrive, comment la contenir ? C’est cela la vraie question. Tout le monde n’a pas la même capacité de maîtrise de soi face aux surprises désagréables. Les émotions peuvent prendre le pas et avoir une incidence sur la santé de l’individu. Il faut tempérer et ne pas laisser longtemps la personne errer dans le doute, car parmi nous il y a des émotifs. En plus, limitons-nous à la date que tout le monde connaît que de poser les lapins de manière continuelle.

7- M. Lohoury Jean-Louis, (étudiant) :«N’exagerons pas»

Je suis un grand farceur. C’est amusant d’en faire. Et c’est une manière de montrer à nos proches qu’on les aime, qu’on les adore. Mais en toute chose il y a des limites. Il faut gérer l’état d’âme de nos proches et ne pas pousser loin le bouchon. La blague qui ne dure pas est la meilleure. Sinon, cela finit par ennuyer et vous apparaissez comme un clown aux yeux des autres. Et comme nous sommes en Afrique, nous exagérons dans tout. Vous entendrez tout ce mois, des blagues de toutes sortes. Normalement, ces farces concernent le 1er avril seulement.

8- Mme Mortada Angèle, (menagère) :«Ma fille m’a eue»

Quand on exagère, ça effraie. Tu as peur, tu ne sais pas à quel saint te vouer. Et quand on te dit que c’est un poisson d’avril, ça fait un coup au cœur. Ma fille m’a eue l’année dernière. J’étais sortie et elle m’a appelée pour me dire que son petit-frère est tombé et qu’il s’est cassé un bras. Elle a même téléphoné à son père qui est à l’intérieur du pays pour lui annoncer la même nouvelle. J’étais effrayée et après, elle me dit que c’est un poisson d’avril. Cela m’a vraiment marquée comme canular.

Propos recueillis par Nesmon De Laure (stagiaire)
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