Après les échanges séparés de Compaoré avec Gbagbo et Soro : De grosses questions et de gros nuages sur l`Apo

Dans sa volonté de lever toutes les incompréhensions entre le camp présidentiel et les Forces nouvelles, le président Blaise Compaoré, Facilitateur dans la crise ivoirienne, vient d`échanger avec le Premier ministre Guillaume Soro à Ouaga et le chef de l`Etat Laurent Gbagbo à Bobo Dioulasso. Au menu de ces consultations séparées, les sujets qui fâchent, le désarmement, la réunification du pays et la liste électorale. A l`analyse des déclarations qui ont sanctionné ce dialogue indirect ou semi-direct, des questions essentielles restent toujours sans réponse.

La première de ces questions concerne la forme. Pourquoi le président Compaoré a-t-il opté pour des échanges séparés, dans deux villes différentes et à des jours différents ?

Simple question de procédure ? Ou alors les divergences entre le chef de l`Etat ivoirien et son Premier ministre sont si profondes que, pour éviter des étincelles et un clash éventuel, le Facilitateur a été obligé de les recevoir séparément ? Ces questions méritent d`être soulevées dans la mesure où la procédure employée par Blaise Compaoré opère une sorte de rupture avec l`esprit du dialogue direct. Car à notre sens, il apparaissait plus logique que Gbagbo et Soro se retrouvent autour d`une même table en présence du Facilitateur pour exposer, débattre et dissoudre leurs incompréhensions au sujet des questions qui fâchent. Sur le fond même du contentieux entre les deux signataires, même si rien n`a transpiré des échanges en tête-à-tête entre Soro et Compaoré à Ouaga, l`on peut en revanche essayer de confronter ce qui ressemble aux acquis du huis-clos Gbagbo-Compaoré hier à Ouaga avec les positions défendues jusque-là par les Forces nouvelles. Le discours de Gbagbo au sortir de sa rencontre avec Compaoré est en totale symbiose avec ceux que tiennent les partisans du chef de l`Etat en Côte d`Ivoire. Gbagbo semble en effet avoir convaincu le Facilitateur sur sa vision de la réunification et de la sortie de crise. Avant les élections, il faut une " réunification totale " déclare Compaoré. Gbagbo renchérit pour dire que " la réunification comprend beaucoup de choses : le redéploiement des Forces douanières, militaires et du corps préfectoral ". Qu`est-ce que cela veut dire exactement ? Les Fds vont-elles se redéployer dans les zones Cno ? Avant les élections ? Cela est-il conforme à l`Apo et surtout à l`interprétation que se font les Forces nouvelles de la situation ? Compaoré a-t-il pu arracher quelque chose dans ce sens à Soro ? Les Fafn vont-elles accepter ce new-deal ? On sera situé très rapidement sur ces sujets. Puisque la fin du western est proche.

Akwaba Saint Clair