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Sport Publié le samedi 3 avril 2010 | Nord-Sud

Enquête - Les arbitres reviennent sur leurs premiers matches… : Les arbitres ivoiriens se racontent…

Ils sont appelés les hommes en noir. Ils sont toujours pris à partie au cours des rencontres de football. Incursion dans le milieu des arbitres. Comment devient-on arbitre ? Quel est le quotidien des arbitres ivoiriens en dehors des stades ? Comment préparent-ils leurs matches ? Enquête.


Qu’est-ce qu’un arbitre de football ? Eh bien, c’est une personne qui dirige le déroulement d’une rencontre. Il est assisté de deux arbitres assistants et d’un quatrième arbitre. Il applique les compétences et les obligations que lui accorde la Loi 5 du football. Très souvent voués aux gémonies, les arbitres luttent contre la médiocrité. Ici en tout cas, c’est la nouvelle mode et les vocations naissent tous les jours. On dénombre d’ailleurs actuellement un peu plus de 500 arbitres (tous grades confondus) inscrits à la commission centrale des arbitres (Cca) dirigée par Kouakou N’Dri. Avec leurs moyens modestes pourtant, nos arbitres se débrouillent plutôt bien.
Gogbeu Mamadou Chérif, 39 ans, est arbitre international ivoirien et se rend comme d’habitude au Stade Robert Champroux pour une énième séance d’entraînement. Il aime ce qu’il fait et veut être irréprochable lorsqu’il officie les matches de la Ligue 1. Dans le milieu, tout le monde le (re)connaît. En dehors de l’arbitrage, il est professeur d’éducation physique et sportive (Eps) dans les lycées et collèges. Garçon sans histoires, Chérif nous raconte comment il est devenu arbitre. « En 1989, j’étais au lycée de Guiglo. Un aîné qui appréciait mon gabarit, m’a conseillé d’arbitrer. J’ai donc commencé et, en 1991 je suis devenu arbitre régional. A ce jour, je totalise une centaine de matches en Ligue 1 », commence-t-il par dire. De son premier match de championnat national, il se souvient comme si c’était encore hier. « L’opposition Stella-CO Bouaflé a été mon premier test en Ligue 1 au Stade Robert Champroux. Le stade était plein à craquer. Rien à voir avec les matches de maintenant. J’avais le stress car il y avait beaucoup de personnes et beaucoup de bruit. Pour la première fois, j’étais en contact avec un véritable public», poursuit-il. Dans sa lancée, Gogbeu Mamadou Chérif explique comment il prépare ses matches : « Je ne fais pas de mystère autour de ma préparation de match. Si on me dit que je dois officier une rencontre, je mets certaines choses en place. Quand le match a lieu à l’intérieur du pays, il y a des dispositions à prendre. Personnellement, je fais toujours un tour à l’Eglise les dimanches avant d’aller aux réunions techniques… j’avoue qu’au début j’avais le stress avant d’arbitrer un match. Mais avec l’expérience, je suis relax ». Dembélé Denis, lui, a 32 ans et est déjà arbitre fédéral international. Il se trouve même en ce moment du côté du Cameroun où il officiera demain le match international entre Coton sport de Garoua et l’As Léopards de la Rd Congo. De sa voix fluette, il explique qu’il est informaticien de formation et exerce dans la zone portuaire. « L’amour est parti des aînés que j’ai observés tels que Ehouman Kabran (paix à son âme). Il a fait la ville d’Abengourou comme nous. Nous avions donc l’occasion d’échanger avec lui assez souvent. J’ai décidé de faire comme lui. Il m’a encouragé. Deux ans après, il a tiré sa révérence. En 1996-1997, j’ai commencé avec l’arbitrage. En 1998, j’ai eu mon premier grade. Et depuis 2009, je suis devenu arbitre international », nous a-t-il relaté. Voici comment Dembélé Denis prépare ses matches. « Avant un match, je me concentre spirituellement. C’est au seigneur que je confie les matches », a-t-il lâché. « Chaque jour, on apprend. On essaie de copier dans la manière des autres. J’ai des progrès à faire. Je dois toujours être lucide », répète-t-il frénétiquement. Instituteur à l’Inspection de Biétry, N’Dri Kouamé est venu à l’arbitrage naturellement. Depuis l’Ecole normale d’instituteur de Bouaké (Eni), en effet, il était dans le sport. « Lors de nos matches de football, c’est toujours à moi qu’on confiait le sifflet. Les choses sont venues comme ça », a-t-il confié.

La belle histoire de N’Dri Kouamé…

Son histoire avec l’arbitrage est spéciale. « A la fin d’un match que j’ai suivi à la télévision dans les années 1990, j’étais tellement outré par l’arbitrage médiocre que je n’ai pas pu dormir. Je me suis dit qu’étant jeune, je pouvais intégrer le milieu et faire avancer les choses au lieu de rester dans mon coin à me plaindre des arbitres. Kouakou Kouadio qui est à Abengourou m’a guidé. Je me suis rendu à l’antenne de Man du ministère de la jeunesse et des sports. J’ai expliqué que je souhaitais devenir arbitre. J’ai été conduit chez le responsable des arbitres de Man, Vléi Richard », s’est-il souvenu. Il raconte une anecdote. « Je me souviens de mon premier match de Ligue 1, Sporting-Séwé à Gagnoa en 2005. Le stade de la ville était archicomble avec une ambiance à vous couper le souffle. Ce match m’a beaucoup marqué car lors des contrôles de licences, il y a eu plusieurs joueurs qui ont été déshabillés. Le secrétaire de Gagnoa avait décelé des licences douteuses. Cela m’avait perturbé un peu. Au cours de la rencontre, à la 26è minute, j’ai expulsé le gardien du Séwé qui venait d’anéantir maladroitement une occasion de but de Gagnoa. Ça a été le déclic. Avoir le courage d’expulser un joueur, pour un premier match, n’est pas facile… », avoue-t-il. N’Dri Kouamé craint-il un public ? « (Sourires) Je ne préfère pas donner de nom. Mais de façon générale, le public (étant ce qu’il est) sait reconnaître le bon arbitre. Sur le terrain, nous avons des indices. Lorsque tout se déroule bien, il n’y a pas de contestations. Le public vous ignore. Là, vous comprenez que vous réussissez votre match », affirme-t-il. L’anecdote de Gogbeu Chérif, est quant à elle, très intéressante : « J’ai officié un match d’appui entre le CO Bouaflé et le Stade d’Abidjan au Stade Champroux. Je me souviens qu’en tant que premier assistant, j’ai complètement raté mon match. A tel point que j’ai eu un fan club dans mon dos. A chaque fois que je levais le drapeau, les supporters scandaient mon prénom Chérif, Chérif, Chérif… Après le match, j’ai été suspendu pour 4 matches. Cet épisode m’a marqué ». L’arbitrage nourrit-il son homme ? « Pour nous qui avons un travail, l’arbitrage ivoirien nourrit son homme. C’est un complément non négligeable. Personnellement, l’arbitrage me donne une certaine liberté financière. Vu que nous arbitrons régulièrement, même si ce n’est pas professionnel, nous parvenons à joindre les deux bouts… ».
Vléi Richard, ex-arbitre international, estime que plus que l’argent, les arbitres se font beaucoup de relations. « Le milieu sportif est un milieu d’ouverture. Doué Noumandiez, par exemple, est certes pharmacien mais n’était pas aussi connu avant de devenir arbitre… », a-t-il analysé.

Guy-Florentin Yaméogo
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