La dernière saison pluvieuse a laissé un mauvais souvenir aux Ivoiriens, plus particulièrement aux Abidjanais. En deux jours, les pluies diluviennes ont occasionné la mort de 19 personnes résidant dans des quartiers précaires. Alors que le prochain hivernage approche, aucune mesure de sécurité n’a été prise par le gouvernement. C’est donc dans l’angoisse la plus totale que les populations de ces quartiers attendent la pluie.
Au quartier Banco 3, le souvenir de la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 juin 2009 est encore dans tous les esprits. Cette nuit-là, 13 personnes sont mortes dans ce quartier précaire situé dans la commune d’Attécoubé, du faite de la forte pluie qui s’est abattue sur la ville d’Abidjan. Au total, la pluie torrentielle a fait 19 morts dans toute la ville et des milliers de victimes. Un an après ce qui a été qualifié de journée macabre, les choses n’ont pas véritablement changé dans ce quartier précaire. Les populations attendent le prochain hivernage dans l’anxiété. Comme pour toujours se rappeler du drame, aucun aménagement n’a été fait sur le site où s’est produit l’éboulement de colline entraînant la destruction des maisons situées en bas. Les débris des maisons sont tels qu’ils étaient il y a un an. L’espace est inoccupé. Ce vide n’est pas fait pour rassurer la famille Soré, les voisins immédiats de la cour ensevelie. Conscient du danger, le père Soré à pris ses précautions. Il a planté des gazons sur le flanc de la colline. Cette astuce, soutient-il, évitera un éboulement en cas de pluie. « Tant qu’il y a ces herbes, l’eau ne peut pas avoir de passage et par la même occasion, la colline ne peut se détacher pour tomber sur ma maison », nous confie t-il. Cependant, pour M. Soré, ce n’est pas la colline en tant que telle qui menacera sa quiétude, mais les personnes habitants sur la colline, qui en réalité est un talus. Il accuse ces dernières de jeter les ordures en bas de la pente. Et ce sont ces ordures emportées par l’eau de ruissellement, qui tuent les habitants des maisons taillées sur le flanc du talus dans leur sommeil. Toutefois, le père Soré reconnaît volontiers que le salut définitif de ce quartier où les maisons sont construites sans aucune réglementation, viendrait du traçage des voies et des travaux de canalisation. «Même si la route passe par ma cour, je suis prêt à l’accepter, pourvu que nous n’ayons plus à revivre le drame passé », lâche t-il. A Gobelet par contre, un autre quartier précaire logé dans un bas-fond de la prestigieuse commune de Cocody, les choses ont beaucoup évolué. La pluie du jeudi 11 au vendredi 12 juin 2009, rappelons-le, a causé la mort de trois personnes dont une femme et son bébé dans ce bidonville. Pourtant, un an après le drame, de nouvelles maisons ont poussé comme des champignons. Comme à Banco 3, le site où était construite la baraque qui s’est écroulée est toujours vide. Mais, autour, que de nouvelles habitations bâties cette fois-ci en dur. La plupart des habitants sont de nouveaux arrivés. Certainement que la pauvreté et le chômage galopant au pays, y sont pour quelque chose. Nouveau venu ou pas, toujours est-il que le drame passé a donné des idées sur les mesures de prévention aux habitants du quartier. C’est le cas pour les voisins de la famille tuée par la pluie. « Nous avons interpellé notre voisin sur les dangers qu’il encourait. Il avait creusé la terre pour construire et quand il pleuvait, l’eau sortait en bas de la maison. Mais il ne nous a pas écoutés, c’est ainsi que la pluie a fait tomber sa baraque. Nous, nous avons construit notre habitation en tenant compte de la pente où doit circuler l’eau. De cette façon, nous sommes à l’abri des éboulements », se rassure M Goua Réné, voisin des disparus. Toutefois, deux précautions valant mieux qu’une, M Goua annonce qu’il sera sur ses gardes. « Je ne dormirais pas. A n’importe quelle heure, je sortirai pour surveiller ma maison quand il pleuvra », déclare t-il.
A Gobelet, Banco 3 ou encore Boribana, un autre quartier précaire d’Attécoubé, les populations tiennent le même discours, quand on leur demande, si elles sont prêtes à partir. « Si j’avais les moyens, vous croyez que je serais ici ? J’ai une nombreuse famille. Cela fait 5 ans que je ne travaille plus. C’est ici que j’ai construit, où vais-je partir », s’interroge le vieux Soré. S’ils souhaitent quitter leur vie de misère, les habitants de ces quartiers ne sont pas pour autant prêts à le faire à n’importe quel prix. Ils ne veulent surtout pas des solutions proposées par le gouvernement. « L’année dernière, quand il y a eu le drame, le gouvernement nous a proposés de quitter le quartier pour aller habiter dans des stades ou des écoles. Nous avons posé la question de savoir pour combien de temps et après où allons-nous. Nous n’allons pas habiter des écoles éternellement. Ils dorment dans des villas et ils nous proposent des écoles. Nous volons des solutions durables », clament-ils. Comme quoi, la fin des quartiers précaires n’est pas pour aujourd’hui, surtout quand on sait que le gouvernement ne pourra déguerpir des habitants contre leur gré, s’il n’a de pas de solutions durables à leur proposer.
Dao Maïmouna
Au quartier Banco 3, le souvenir de la nuit du jeudi 11 au vendredi 12 juin 2009 est encore dans tous les esprits. Cette nuit-là, 13 personnes sont mortes dans ce quartier précaire situé dans la commune d’Attécoubé, du faite de la forte pluie qui s’est abattue sur la ville d’Abidjan. Au total, la pluie torrentielle a fait 19 morts dans toute la ville et des milliers de victimes. Un an après ce qui a été qualifié de journée macabre, les choses n’ont pas véritablement changé dans ce quartier précaire. Les populations attendent le prochain hivernage dans l’anxiété. Comme pour toujours se rappeler du drame, aucun aménagement n’a été fait sur le site où s’est produit l’éboulement de colline entraînant la destruction des maisons situées en bas. Les débris des maisons sont tels qu’ils étaient il y a un an. L’espace est inoccupé. Ce vide n’est pas fait pour rassurer la famille Soré, les voisins immédiats de la cour ensevelie. Conscient du danger, le père Soré à pris ses précautions. Il a planté des gazons sur le flanc de la colline. Cette astuce, soutient-il, évitera un éboulement en cas de pluie. « Tant qu’il y a ces herbes, l’eau ne peut pas avoir de passage et par la même occasion, la colline ne peut se détacher pour tomber sur ma maison », nous confie t-il. Cependant, pour M. Soré, ce n’est pas la colline en tant que telle qui menacera sa quiétude, mais les personnes habitants sur la colline, qui en réalité est un talus. Il accuse ces dernières de jeter les ordures en bas de la pente. Et ce sont ces ordures emportées par l’eau de ruissellement, qui tuent les habitants des maisons taillées sur le flanc du talus dans leur sommeil. Toutefois, le père Soré reconnaît volontiers que le salut définitif de ce quartier où les maisons sont construites sans aucune réglementation, viendrait du traçage des voies et des travaux de canalisation. «Même si la route passe par ma cour, je suis prêt à l’accepter, pourvu que nous n’ayons plus à revivre le drame passé », lâche t-il. A Gobelet par contre, un autre quartier précaire logé dans un bas-fond de la prestigieuse commune de Cocody, les choses ont beaucoup évolué. La pluie du jeudi 11 au vendredi 12 juin 2009, rappelons-le, a causé la mort de trois personnes dont une femme et son bébé dans ce bidonville. Pourtant, un an après le drame, de nouvelles maisons ont poussé comme des champignons. Comme à Banco 3, le site où était construite la baraque qui s’est écroulée est toujours vide. Mais, autour, que de nouvelles habitations bâties cette fois-ci en dur. La plupart des habitants sont de nouveaux arrivés. Certainement que la pauvreté et le chômage galopant au pays, y sont pour quelque chose. Nouveau venu ou pas, toujours est-il que le drame passé a donné des idées sur les mesures de prévention aux habitants du quartier. C’est le cas pour les voisins de la famille tuée par la pluie. « Nous avons interpellé notre voisin sur les dangers qu’il encourait. Il avait creusé la terre pour construire et quand il pleuvait, l’eau sortait en bas de la maison. Mais il ne nous a pas écoutés, c’est ainsi que la pluie a fait tomber sa baraque. Nous, nous avons construit notre habitation en tenant compte de la pente où doit circuler l’eau. De cette façon, nous sommes à l’abri des éboulements », se rassure M Goua Réné, voisin des disparus. Toutefois, deux précautions valant mieux qu’une, M Goua annonce qu’il sera sur ses gardes. « Je ne dormirais pas. A n’importe quelle heure, je sortirai pour surveiller ma maison quand il pleuvra », déclare t-il.
A Gobelet, Banco 3 ou encore Boribana, un autre quartier précaire d’Attécoubé, les populations tiennent le même discours, quand on leur demande, si elles sont prêtes à partir. « Si j’avais les moyens, vous croyez que je serais ici ? J’ai une nombreuse famille. Cela fait 5 ans que je ne travaille plus. C’est ici que j’ai construit, où vais-je partir », s’interroge le vieux Soré. S’ils souhaitent quitter leur vie de misère, les habitants de ces quartiers ne sont pas pour autant prêts à le faire à n’importe quel prix. Ils ne veulent surtout pas des solutions proposées par le gouvernement. « L’année dernière, quand il y a eu le drame, le gouvernement nous a proposés de quitter le quartier pour aller habiter dans des stades ou des écoles. Nous avons posé la question de savoir pour combien de temps et après où allons-nous. Nous n’allons pas habiter des écoles éternellement. Ils dorment dans des villas et ils nous proposent des écoles. Nous volons des solutions durables », clament-ils. Comme quoi, la fin des quartiers précaires n’est pas pour aujourd’hui, surtout quand on sait que le gouvernement ne pourra déguerpir des habitants contre leur gré, s’il n’a de pas de solutions durables à leur proposer.
Dao Maïmouna