« Le mystère de Pâques n’est autre chose que le passage à une autre vie ». Ce rappel a été fait dimanche dernier, jour de fête dans la communauté chrétienne, par l’archevêque d’Abidjan. Monseigneur Jean Pierre Kutwa qui, dans homélie, a dressé un tableau peu reluisant de l’état social, économique et politique de la Côte d’Ivoire, a exhorté les Ivoiriens à garder confiance: « Ne désespérez pas, car, comme dans un film, la fin de vos souffrances est proche ». Cette adresse du prélat arrive, faut-il le rappeler, dans un contexte de montée des tensions politiques. Les signataires de l’Accord politique de Ouagadougou sont à couteaux tirés. Les menaces se font de plus en plus présentes sur le processus de sortie de crise, et les Ivoiriens sont dans l’angoisse. Eux qui voient le quotidien devenir un calvaire. Les prix des denrées de première nécessité flambent tandis que les revenues pour le peu de travailleurs encore en activité dégringolent. Avec l’Archevêque, la plupart des intervenants dans les homélies de Pâques n’ont pas manqué de relever les travers et les dérives de la société ivoirienne. Une société où le mensonge et la corruption ont pris une place centrale. Les dirigeants sont pour beaucoup dans cette descente aux enfers du pays. La Côte d’Ivoire se meurt. Il faut la sortir de cet état de mort pour qu’elle retrouve la vie. Une autre vie, source d’espérance, un peu à l’image de ce que symbolise la Pâques pour le chrétien, avec la mort puis la résurrection de Jésus Christ. Ce même dimanche un autre chef religieux, le Cheick Aboikary Fofana, parlait aux fidèles. A travers la jeunesse musulmane de l’Ajmci, il a, lui aussi, dénoncé les maux qui minent le pays et invité la jeunesse à faire preuve d’audace. « Vous devez aller au combat, sans peur, et œuvrer pour la justice et le bien-être social », a dit le guide de la communauté musulmane. Ces sorties des chefs religieux permettent au pays de garder l’espoir, malgré tout.
D. Al Seni
D. Al Seni
