La veillée de la nuit de Noël de vendredi, à la cathédrale Saint-Paul du Plateau, avait un caractère de « ras-le-bol ». Salle à moitié vide, prières assez soutenues...Mgr Jean-Pierre Kutwa a exhorté les Ivoiriens à tenir bon. Cette fête arrive à un moment où, dit-il, la Côte d’Ivoire peine à sortir de la turbulence. «C’est une nuit des habitants de ce pays dont la cohésion est mise en mal, par tant d’incompréhensions. Nuit de la jeunesse qui peine à avoir des repères. Nuit de notre économie. (…) Ne voyant pas de solution, la tentation est devenue trop grande. Mais ne baissons pas les bras», a-t-il demandé. L’archevêque d’Abidjan a nommément interpellé Laurent Gbagbo et Alassane Dramane Ouattara à ramener vivement la paix dans le pays. «Acceptez de vous faire tout petit, entre les mains de notre Dieu. (…), encourage l’homme de Dieu. Par cette célébration solennelle de la nativité du Seigneur, nous entrons dans un temps nouveau, un temps où une nouvelle chance nous est donnée de laisser derrière nous, toutes les situations de tensions, de méfiance réciproque, d’accusations gratuites, de calomnies, d’insécurité généralisée ». Après cette énumération, l’archevêque d’Abidjan a enchaîné avec une poésie en prose : “C’est Noël chaque fois que l’homme accepte de ne pas ôter la vie à un autre homme. C’est Noël chaque fois qu’on dépose les armes et qu’on fait la paix. C’est Noël chaque fois que quelqu’un fait un geste pour donner une place à ceux qui n’en n’ont plus. C’est Noël, quand un homme politique vote une loi impopulaire mais créant de la solidarité, à condition de donner lui-même, le premier, l’exemple de réduire son salaire ou de partager ses cumuls de responsabilité”.
Raphaël Tanoh
Raphaël Tanoh