“Comment nos cœurs peuvent-ils être à la fête quand notre pays donne l’impression, jour après jour, de courir vers le chaos ? Comment célébrer l’Emmanuel, Dieu-avec-nous, quand nous avons l’impression que justement, Dieu n’est plus avec nous ? ». En tenant ces propos, à la célébration de la nuit de la Nativité, Monseigneur Jean-Pierre Kutwa, Archevêque d’Abidjan, ne croyait pas si bien le dire. En effet, ce vendredi 24 décembre 2010, malgré l’avancée de l’heure de la messe de 22 heures à 20h 30 mn, les chrétiens catholiques n’ont pas effectué massivement le déplacement à la cathédrale Saint Paul d’Abidjan-Plateau, pour la messe de minuit. C’est donc dans une cathédrale aux trois quart vide que Monseigneur Kutwa a livré son homélie. Un message qui n’était pas sans rapport avec la crise postélectorale que traverse la Côte d’Ivoire depuis le 28 novembre 2010. La célébration de la nuit de la Nativité qui, a-t-il souhaité, doit pouvoir être la renaissance de la nation ivoirienne. « Si l’Emmanuel est né de nuit, n’est-ce pas pour naître dans toutes les nuits de notre monde, de notre pays ? Nuit de la Côte d’Ivoire qui peine à sortir des turbulences dans laquelle elle se trouve depuis quelques années ; nuit des habitants de ce pays dont la cohésion sociale est mise à mal par tant d’incompréhension, nuit des pères et mères de familles qui ne savent plus à quel Saint se vouer tant l’avenir leur semble obscur », s’est-il interrogé. Loin de se laisser gagner par le découragement, Noël, a enseigné le prélat, est un temps nouveau pour les Ivoiriens, « un temps où une nouvelle chance nous est donnée de laisser dernière nous, toutes les situations de tensions, de méfiance réciproque, d’accusations gratuites, de calomnie, d’insécurité généralisée ». Pour l’homme de Dieu, « la crise sociopolitique que nous traversons, doit nous incliner davantage à revenir à notre Dieu, à montrer plus que jamais, que nous avons été créés à son image et à sa ressemblance dans l’amour ».C’est pourquoi, concluant son homélie, l’Archevêque d’Abidjan, va lancer un appel solennel aux deux protagonistes de la crise ivoirienne. « Permettez-moi d’en appeler à Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara. Que le seigneur fasse qu’ils empruntent le chemin de l’amour afin qu’ils nous donnent le cadeau divin qui est la paix ».
Dao Maïmouna
Dao Maïmouna