Ils veulent transformer Abidjan en une ville morte. Mécontents des nouveaux prix du carburant en hausse, les opérateurs du secteur des transports projettent une grève illimitée à partir de lundi. En effet, les prix du carburant ont flambé depuis le 1er avril. Le super sans plomb est passé de 739 à 779 Fcfa, soit une hausse de 40 Fcfa. Le gasoil est monté à 645 Fcfa contre 615 Fcfa, soit une majoration de 30 Fcfa. «Nous constatons que le gouvernement n’est pas attentif à notre cri de cœur depuis la première augmentation du carburant, le 1er février. La dernière hausse intervenue au début du mois d’avril est insupportable pour notre secteur en proie à de nombreuses difficultés», a déploré Diabaté Losséni, porte-parole du Comité de crise des syndicats, acteurs et auxiliaires du transport (Ccsat) qui n’entend pas reculer si aucune solution n’est trouvée. Selon lui, les transporteurs avaient déposé un préavis de grève au mois de février sur la table du ministre de l’Energie et des Mines et du ministre des Transports pour manifester leur ras-le-bol face à la hausse continue des cours du carburant. Une situation qui a coïncidé avec le regain de tension politique dans le pays, d’autant que le chef de l’Etat avait dissous le gouvernement et la Commission électorale indépendante. «On a été reçus à cette occasion, par le porte-parole du président de la République Gervais Coulibaly qui nous a demandé de surseoir à la grève. En attendant que la situation politique s’apaise et qu’on ait un interlocuteur pour discuter», a expliqué le transporteur, au cours d’un échange téléphonique. Bien avant, sa structure a eu des entretiens avec les ministères susmentionnés «qui ont expliqué que la fixation des prix obéit désormais à un système automatique en tenant compte des fluctuations des cours internationaux du baril.» Pour Diabaté Losséni, cette raison ne saurait expliquer une flambée «aussi importante des prix du carburant.» C’est pourquoi, le Ccsat entend cette fois-ci, débrayer. «Ce matin (ndlr : hier), on a encore été reçu par le chef de cabinet du ministre Komoé qui n’a rien dit de nouveau. Selon lui, l’Etat n’a pas d’autres solutions. Donc, nous allons les amener à trouver une solution», a-t-il prévenu. Outre le problème du carburant, le porte-parole des transporteurs a estimé qu’ils sont encore victimes de tracasseries routières des Forces de défense et de sécurité (Fds). «On emprisonne certains de nos camarades parce qu’ils possèdent le permis à trois volet (ancienne formule). Nous avons demandé que ces permis atteignent leur date d’expiration. Les fds nous demandent également de fournir au cours du contrôle, des registres de commerce. C’est vraiment incroyable», a-t-il lâché avec stupéfaction. D’autant que ce document fait partie des pièces à fournir à l’Agence des transports urbains (Agetu) dans le cadre de la délivrance des cartes de transport. Pour lui, l’opération de lutte contre le racket enclenchée par le Gl Mangou le vendredi 2 avril, ne doit pas un coup d’épée dans la mer.
Cissé Cheick Ely