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Société Publié le mardi 13 avril 2010 | Le Nouveau Réveil

Le pasteur Jacob Ediémou dit ses vérités au cardinal Bernard Agré : “En 2000, Guéi est allé à Toukouzou et il a vécu, en 2002, il est allé à la cathédrale et il est mort”

Le pasteur Jacob Ediémou, chef spirituel de l'église du christianisme céleste de Côte d'Ivoire, a souhaité user de son droit de réaction suite aux propos tenus dans le livre-entretien du cardinal Bernard Agré, repris par Le Nouveau Réveil, relativement au Forum des confessions religieuses. " Je n'ai pas confisqué la présidence du Forum, comme le prétend le cardinal Agré ", a démenti Jacob Ediémou Blin, hier, au cours d'un point de presse tenu au siège de son église à Port-Bouët-Vridi.

Révérend, sur la question de la présidence tournante du Forum des confessions religieuses, quelle est votre part de vérité ?
Je bénis Dieu. J'ai été toujours agressé dans ma mission et j'ai toujours eu la force de ne pas répondre. J'ai toujours considéré le cardinal Agré comme mon père parce qu'il était le sixième parmi les sept premiers abbés de Côte d'Ivoire. J'étais à Bassam, leur enfant de chœur quand j'allais à l'église catholique. Je demande pardon à Dieu puisque je suis obligé de rétablir les choses pour une raison toute simple : dans ma communauté, je fais l'objet de certains dénigrements et quand ces dénigrements viennent d'une personnalité issue d'une autre chapelle religieuse, cela m'interpelle. Je demande à Dieu de bénir le cardinal et de rétablir la vérité.

Quelle est la vérité sur le fait que vous avez confisqué la présidence du Forum des confessions religieuses ?
Celui qui a initié le Forum des confessions religieuses s'appelle Honoré Guié. Un matin, j'étais ici à l'église et il m'a dit qu'il voulait mettre sur pied le Forum et que l'église du christianisme céleste serait la bienvenue. Dans un premier temps, je ne voulais pas mais il a su me convaincre et je me suis dit que pour Dieu, j'irais. Quand je suis allé à la réunion, j'ai trouvé des hommes de Dieu dans la salle dont Mgr Dakoury. Ils m'ont dit qu'ils ont initié les discussions depuis 1994 et qu'en 1997, cela devrait prendre forme. Le jour où on devrait procéder aux élections, je me suis fait représenter par la présidente de notre église et par le président Appiah d'Abobo. On devrait tirer au sort et le sort est tombé sur notre église. C'était en novembre 1997. Cela devait être une présidence tournante de six mois. J'ai accepté mais je suis resté à ma base sans bouger. Jusqu'à ce que le coup d'Etat de 99 survienne. J'ai cru qu'il y avait un nouveau président depuis tout ce temps. Que non ! Mes pairs m'ont dit de continuer. Je précise qu'entre-temps, j'étais membre de la Médiature avec le cardinal Agré. On se voyait donc sur les deux fronts. C'est Honoré Guié qui a organisé les élections, je précise. Nous aussi, il y a des choses qu'on peut dire sur le cardinal Agré mais on ne le fait pas. L'occasion arrivera où on dira des choses sur chacun. Par la suite, les membres du Forum des confessions religieuses ont été nommés conseillers au Forum de la réconciliation nationale. Dieu a voulu qu'on soit témoins des grands événements qui ont marqué l'histoire récente de notre pays. Ma mission, pour moi, était, dès lors, terminée quand survinrent les événements de décembre 2000 liés au mot d'ordre de boycott des élections législatives par le RDR, quand le président Guié m'appelle pour me dire que la Côte d'Ivoire brûle et que le Forum devrait lancer un appel. Ce jour-là, le président Boni et Mgr Dakoury avaient appelé le président Idriss Koudouss qui leur avait fait savoir qu'il ne voulait pas sortir parce que souffrant. Quand je suis arrivé à la cathédrale du Plateau, tous étaient là sauf le président Koudouss qui, selon eux, devrait lire la déclaration puisque musulman. J'ai alors pris dans ma voiture Mgr Dakoury et le bishop Boni et nous nous sommes rendus au domicile du président Koudouss. Je lui ai dit " petit frère, le pays a besoin de toi, il faut que tu viennes ". C'est une question de relations parce que le président Koudouss, c'est lui qui m'a soutenu ici, quand j'étais combattu de toutes parts dans ma propre église. Le cardinal Agré était là. Je ne me suis jamais imposé comme il le prétend. On est toujours venu me chercher. Depuis le tirage au sort jusqu'à cette date. Entre-temps, il y a eu aussi le conflit. Mais tout le monde sait que le 19 septembre 2002, le général Guéi est allé se réfugier à la cathédrale du Plateau et il est mort. La première fois, en octobre 2000, il était allé se réfugier à Toukouzou et il a vécu. Ça aussi, on en parlera un jour. Quand le conflit a éclaté, il fallait aller à l'intérieur du pays. C'est encore le président Guié qui a fondé le collectif de la société civile pour la paix avec les quatre ONG que sont le Gerddhes, la Lidho, le MIDH et l'AIDD, en plus du Forum des confessions religieuses. On devait aller à Bouaké, à Man, à Korhogo, etc. Qui devrait partir ? Je me suis levé. Koudouss et Boni aussi, avec les ONG que j'ai citées. Le cardinal Agréa était là. Quand ce dernier a été nommé cardinal, la Présidence a donné les moyens et on a payé le billet de tout le monde pour aller au Vatican sauf celui d'Ediemou. J'ai payé moi-même mon billet. Le Forum n'a pas de budget. Je comprends qu'il en voulait à Ediémou mais Ediémou ne parlait pas parce qu'il est pour moi un père et en Afrique, on ne critique pas un père. Nous sommes allés au Vatican, on a dansé ensemble, on l'a tous félicité. Ce n'est pas bien de sa part de dire que j'ai confisqué le Forum.

Mais depuis cette date, votre mandat est terminé.
En 2004, je crois, on devait effectivement renouveler le bureau du Forum. La rencontre a eu lieu au centre Chapouly de Yopougon, chez les catholiques. Arrivé là-bas, j'ai été élu président après un consensus entre les trois candidats que nous étions. J'ai été élu pour deux ans. Notamment par la volonté du président Koudouss. A un certain moment, le cardinal a dit qu'il fallait que nous mettions tout le monde dans le Forum, ce qui était juste. Alors le ministre des Cultes, Gnonkonté, a donc initié un nouveau rassemblement avec les églises évangéliques. Y avait-il un plan pour positionner le cardinal Agré ? Une chose est certaine, on est allé au rassemblement à l'église méthodiste du Plateau. Il y avait Ayo, Dion, Gnelbien. Là, il y a eu un de nos frères évangéliques qui a dit que Dieu lui a dit qu'il fallait un changement à la tête du Forum. Il a ajouté que pour sa part, il fallait un catholique. Nous, nous avions la vraie révélation. Quand la révélation vient du diable, nous savons. En fin de compte, ils ont dit qu'il fallait non le cardinal Agré mais Mgr Mandjo. Quand ils ont fini leurs révélations qui viendraient de Dieu, Koudouss a suggéré qu'il y ait deux porte-parole, à savoir Mandjo et moi. Un Haut conseil a aussi été mis en place composé de sept personnes. Les gens ont-ils poussé les gens à dire qu'il faut un catholique ? Comment s'est-on retrouvé avec Mandjo et non avec le cardinal ? Dieu seul sait. A l'heure où je vous parle, Mgr Mandjo est indisponible. Et le porte-parole du Forum s'appelle Ediémou. Les gens ne comprennent pas le plan de Dieu. Tout cela, on le fait à la gloire de Dieu. Le Forum n'a pas de subventions et les membres n'ont pas de salaire. Il y a eu une promesse de financements du Canada qui voulait appuyer le Forum à la rédaction d'une charte qui serait la boussole de toutes les confessions religieuses en Côte d'Ivoire, une proposition du président Koudouss. Je n'ai jamais voulu faire quelque chose derrière le cardinal Agré. Chaque fois que je le contactais, il disait qu'il partait en France. Il est tellement allé en France que le délai accordé pour l'obtention de la subvention est passé. On ne s'est pas arrêté pour autant. On a touché des personnalités et on était en train de travailler sur ce projet quand le cardinal est parti à la retraite et l'archevêque Kutwa est arrivé.

Qu'est-ce qui vous oppose réellement au cardinal Agré ?
Je suis surpris de lire ce qu'il dit de moi. Parce que quand je vais chez lui, sa main est sur ma tête. Au moment où Lébry voulait présenter son livre, il est venu me voir pour dire d'être là-bas. J'y ai été. Le cardinal m'a embrassé. Je suis mal à l'aise. J'ai mis ma confiance en Dieu à travers ces papas-là. Je me demande une chose : pourquoi pendant tout le temps qu'il a passé au Forum, avec sa puissance, sa grandeur, son honnêteté, le cardinal ne m'a pas dit ouvertement de dégager au point où aujourd'hui, il déclare que je l'ai confisqué ?
Propos recueillis par P. Bengassou



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