Face au nouveau blocage du processus de sortie de crise, après la formation du gouvernement Soro II et le renouvellement de la Cei, les femmes du Rhdp (Ufpdci, Rfr, UF-Udpci, UF-Mfa), conduite spar la présidente Mme Dao Coulibaly Henriette, ont tour à tour rendu visite à YJ Choi, Boureima Badini, Youssouf Bakayoko, Philippe Mangou en vue de comprendre les nombreux obstacles qui freinent l’organisation du 1er tour de la présidentielle. Mme Dao Coulibaly dans cette interview accordée au “Nouveau Réveil” fait le point de ses différentes missions puis se prononce sur la participation des femmes à la grande marche de libération le 15 mai prochain.
Mme la présidente de l'Ufpdci, à la tête des femmes du Rhdp, vous aviez eu des échanges respectivement avec MM. Choi, Badini et le Cema, Philipe Mangou, dans le cadre d'une série de consultations. Que retient-on de ces différentes rencontres ?
Ensemble avec mes collègues du rassemblement des femmes houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), nous sommes allées rencontrer les différentes personnalités qui s'occupent de la crise politique que nous vivons. Nous avons rencontré MM. Choi, Badini, le président Youssouf Bakayoko de la Cei et le général Philipe Mangou, chef d'état major des Fanci. Nous sommes allées leur dire que nous voulons que les élections aient lieu. Que nous sommes fatiguées de cette situation de crise que nous vivons. Parce que la Côte d'Ivoire est tournée en décrépitude. Les hommes n'ont pas de travail, les malades meurent dans les hôpitaux, nos enfants ne vont plus à l'école. Au Nord, c'est la catastrophe. Ici, l'université ne représente plus rien car tout se fait à coups de machettes. Nous sommes, surtout, venues dire au chef d'état-major, de nous faire encadrer quand il y a des manifestations. Et, nous attendions qu'on mette en place ce qu'il faut pour aller aux élections. Mais, nous ne voyons rien venir. Le président de la CEI a été élu depuis le 25 février et jusqu'à ce jour, nous ne sentons pas les choses bouger. Le contentieux est au point mort. Tout ce qu'on entend, il faut qu'il y ait le désarmement, qu'il y ait la réunification, que les Cei locales soient refaites, qu'il y ait un audit des 5,300 millions d'électeurs sur la liste blanche. Et pourtant, cette liste avait été validée et que tous ceux qui y figuraient étaient tous des Ivoiriens ayant la qualité d'électeur. Nous ne comprenons pas toutes ces choses.
Quelles ont été les précisions du président de la Cei comme réponse à vos préoccupations ?
M. Youssouf Bakayoko nous a dit qu'il venait d'arriver dans la maison, il lui fallait un temps pour s'installer. Et même le jour de notre rencontre, ses agents étaient en séminaire initié par lui-même pour leur formation. C'était une mise à niveau pour ses collaborateurs puisqu'il y a eu des départs comme des arrivées au sein de la structure qu'il dirige. Quant à la liste des 5,300 millions, pas question d'un audit ainsi que les Cei locales qui ne connaîtront pas de renouvellement. Et que le contentieux reprendra là où il s'est arrêté. C'est ce que le président Youssouf Bakayoko nous a répondu.
Nous avions par contre noté que vos échanges avec le général Mangou ont été très vifs. Qu'est-ce qui a provoqué cela ?
Le général Philippe Mangou nous a dit qu'il est républicain mais ce qu'il nous a dit par la suite nous a fait sortir de nos pores. Parce que nous avions trouvé en lui un militant du Fpi et non un républicain. Il n'y a pas de raison qu'il protège une partie de la population et laisse une autre. Il a pour devoir de faire encadrer les gens quand l'opposition manifeste au même titre qu'il le fait pour le camp présidentiel. Malheureusement, il ne le fait pas et il y a toujours des morts quand l'opposition manifeste pour faute d'encadrement. Et il trouve à dire que les enfants du Président Bédié, du président Alassane, du secrétaire général Djédjé Mady sont en France, aux Usa quand ils font sortir les enfants des autres. Je lui ai répondu que lorsque le camp présidentiel fait sortir les enfants des autres, est-ce que les enfants de Gbagbo, de Dano Djédjé, d'Affi N'guessan sortent, qu'il me réponde.
C'est un discours militant qu'il tient donc le chef d'état-major ?
Oui, c'est ce que nous avions constaté. Parce que pour nous, un chef d'état-major est un responsable au même titre que le Président de la République, il a toute l'armée avec lui. Il nous a dit que nous voulions que ce qui s'est passé en Guinée se produise ici, raison pour laquelle Djédjé Mady et les différents présidents des partis du Rhdp voulaient qu'il y ait beaucoup de morts pour que la communauté internationale s'en saisisse.
Ce sont des intentions malveillantes qu'il voulait vous prêter ?
Justement puisqu'il est allé plus loin en ayant le sentiment que ce sont nos leaders qui nous ont envoyé avec des arrière-pensées. Mais nous lui avons dit que nous sommes venues de nous-mêmes en tant que femmes, en tant que mères de famille, des mamans, des épouses, des sœurs, nous avons mal au cœur. Nous ne comprenons pas le comportement de l'armée. Le comportement de la police, de la gendarmerie censées nous protéger, nous étonne. Que lui, Philippe Mangou, chef d'état major des armées, fasse bien son travail en donnant l'ordre à ses éléments de nous protéger ainsi que nos biens plutôt que de vouloir nous assassiner.
Quand un chef d'état-major tient de tels propos devant des femmes, devant une frange de la population, cela devient inquiétant !
Mais vous savez, nous sommes sereines, nous attendons qu'il fasse ce qu'on lui demande à notre prochaine sortie parce que nous nous préparons à agir et inutile de dévoiler tout son plan de bataille sur la voie publique. Mais nous attendons la réaction du chef d'état-major et de son armée.
Ces élections tant attendues par l'ensemble des Ivoiriens et qui, malheureusement, ne pointent pas à l'horizon, demeurent-elles un réel souci pour les femmes du Rhdp et quelles sont les dispositions préconisées dans ce sens. Puisque les Ivoiriens attendent beaucoup de leur opposition ?
Avec la trêve pascale, nous avions interrompu nos réunions qui reprennent très bientôt. Il y a eu aussi un décès, une grande militante de l'Udpci qui est pour nous une sœur est tombée. Maintenant que nous avons fini avec ses obsèques, nous pourrions reprendre nos activités avec la certitude que tout le monde répondra présent.
Quel est votre avis, vos sentiments sur la récente sortie du Président Gbagbo et de son Premier ministre, après deux mois de polémiques autour de la question du désarmement et de la réunification qui semblait les opposer. Surtout quand ils embarquent ensemble à bord d'un bateau pour une balade sur l'eau, pour réaffirmer aux Ivoiriens leur bonne collaboration ?
En tout cas, nous ne comprenons rien dans leur comportement. D'après le Premier ministre Guillaume Soro, ils allaient rencontrer les uns et les autres. Mais pour parler de quoi ? En tout cas, nous attendons pour voir. Parce que c'est vraiment dommage, on ne parle plus d'élections alors qu'il était dit que les élections auraient lieu fin avril-début mai. Mais franchement, pour le moment, on ne voit pas du tout les élections pointer à l'horizon.
Pensez-vous que c'est de la comédie qu'ils jouent les deux ?
Peut-être, mais nous ne les comprenons pas. Nous ne comprenons surtout pas le Premier ministre qui, dit-il, était venu pour organiser les élections. Cela fait trois ans qu'il est là, qu'il est Premier ministre. C'est vrai que la mise sur pied d'une liste provisoire demeure un acquis mais cela ne suffit pas du tout. Il faut que le processus se poursuive pour que la date des élections soit fixée. Parce que fin avril-début mai, c'est quand même vague. Aucune date précise pour les élections, ce qui ne rassure pas pour l'avancement des choses. Rien ne se passe de concret. Cette balade sur la lagune, nous avions même eu peur pour le premier ministre parce qu'on ne sait jamais. On ne comprend rien. Après une réunion, le Premier ministre est invité à une balade dont il ne sait pas grand-chose. De la lagune en mer, je le félicite pour son courage. Et nous, nous attendons la suite de la promenade.
En attendant la suite de la promenade, retenez que les élections n'auront pas lieu à la date indiquée. Alors, concrètement, qu'est-ce que vous revendiquez aujourd'hui de façon précise ?
Comme je l'ai dit, nous voulons que ces élections arrivent. Parce qu'il n'est pas normal que des élections se tiennent dans certains pays loin de nous qui sont en guerre et chez nous où règne un calme pratiquement apparent, il n'y ait pas d'élections. Même pas une date précise des élections. Alors comme je l'avais déjà dit, nous n'allons pas dévoiler ici notre plan de bataille. Retenez que beaucoup de choses se préparent et peut-être même que les femmes iront cette fois jusqu'au Burkina pour rencontrer Blaise Compaoré. Parce qu'il est le facilitateur dans cette crise.
Mme la présidente, est-ce que vous faites encore confiance aujourd'hui à la paire Gbagbo-Soro ?
Nous avions demandé un rendez-vous avec le Premier ministre Guillaume Soro et nous attendons cette rencontre pour lui dire ce que nous avons sur le cœur. Il nous répondra à cette occasion. Sinon en principe, le président et son Premier ministre doivent être complices.
Mais à chaque fois qu'il y a un enlisement dans cette crise, on dit que c'est une affaire des deux belligérants. Alors, qu'est-ce que vous allez dire au Premier ministre, au chef de l'Etat puisque c'est une affaire entre les deux belligérants ?
Quand nous allons rencontrer le premier ministre, nous saurons quoi lui dire et non le dire maintenant. Nous allons lui dire ce que nous pensons quand nous serons assises en face de lui.
Mme la présidente, les Ivoiriens pensent que l'opposition, pratiquement le Rhdp a les clés, a la solution de la crise ivoirienne. Vous aviez longtemps dit que c'est vous qui aviez construit ce pays et que vous ne voulez pas qu'il se déchire. Vous vous êtes retenus pour beaucoup de choses. Mais pensiez-vous être encore capables de faire bouger les choses comme vous le souhaitiez ?
Nous sommes capables et nous l'avions démontré. Ce pays a été construit par le Pdci pendant 40 ans. Nous avions réagi chaque fois qu'une situation se présente pour la normaliser. Souvenez-vous avec les audiences foraines, la crise de la Cei, la dissolution du gouvernement. Les gens nous reprochent d'être revenu dans le gouvernement. Mais nos leaders ont dit que notre priorité, c'était de rétablir la Cei dans sa forme initiale ; ce qui a été fait. Et même pour entrer au gouvernement, nous ne nous sommes pas conformés au délai de trois jours donné par le chef de l'Etat. C'est bien après que nous sommes entrés au gouvernement. Mais comme on l'a dit, nous sommes sereines et très confiantes.
Que peut-on attendre des femmes du Rhdp quant à la prochaine marche annoncée pour le 15 mai 2010 ? Est-ce que vous serez avec les jeunes, avec l'ensemble des Ivoiriens par rapport à cet évènement ?
Nous avions dit que tout mouvement qui serait entrepris, serait un mouvement d'ensemble. Comme je vous l'avais dit, avec la trêve pascale et le décès de notre sœur de l'Udpci, nous avions arrêté un peu nos réunions. Mais bien avant, des choses avaient été déjà pensées et avec la reprise de nos rencontres, nous allons les peaufiner mais souffrez que je ne puisse pas tout dévoiler ici et maintenant. Surtout quand on va en guerre, ce n'est pas prudent de dévoiler son plan de bataille. Merci pour l'occasion que vous nous donnez chaque fois que c'est nécessaire. Aujourd'hui, ce sont toutes les femmes de Côte d'Ivoire au-delà de celles du Rhdp, qui sont fatiguées de cette situation que nous vivons en Côte d'Ivoire. Voyez-vous où nous en sommes avec ce délestage qu'on nous disait être à sa fin. Aussi avec la grève des transporteurs depuis quatre jours. Le gouvernement a intérêt à vite résoudre ce problème parce que c'est impensable qu'un pays producteur de pétrole puisse connaître pareille chose. La vie est devenue assez chère ici dans la capitale économique et tous nous nous demandons à quoi cela aboutira.
Interview réalisée par
Patrice Yao et
Akwaba Saint Clair
Coll : Dieusmonde Tadé
Mme la présidente de l'Ufpdci, à la tête des femmes du Rhdp, vous aviez eu des échanges respectivement avec MM. Choi, Badini et le Cema, Philipe Mangou, dans le cadre d'une série de consultations. Que retient-on de ces différentes rencontres ?
Ensemble avec mes collègues du rassemblement des femmes houphouetistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), nous sommes allées rencontrer les différentes personnalités qui s'occupent de la crise politique que nous vivons. Nous avons rencontré MM. Choi, Badini, le président Youssouf Bakayoko de la Cei et le général Philipe Mangou, chef d'état major des Fanci. Nous sommes allées leur dire que nous voulons que les élections aient lieu. Que nous sommes fatiguées de cette situation de crise que nous vivons. Parce que la Côte d'Ivoire est tournée en décrépitude. Les hommes n'ont pas de travail, les malades meurent dans les hôpitaux, nos enfants ne vont plus à l'école. Au Nord, c'est la catastrophe. Ici, l'université ne représente plus rien car tout se fait à coups de machettes. Nous sommes, surtout, venues dire au chef d'état-major, de nous faire encadrer quand il y a des manifestations. Et, nous attendions qu'on mette en place ce qu'il faut pour aller aux élections. Mais, nous ne voyons rien venir. Le président de la CEI a été élu depuis le 25 février et jusqu'à ce jour, nous ne sentons pas les choses bouger. Le contentieux est au point mort. Tout ce qu'on entend, il faut qu'il y ait le désarmement, qu'il y ait la réunification, que les Cei locales soient refaites, qu'il y ait un audit des 5,300 millions d'électeurs sur la liste blanche. Et pourtant, cette liste avait été validée et que tous ceux qui y figuraient étaient tous des Ivoiriens ayant la qualité d'électeur. Nous ne comprenons pas toutes ces choses.
Quelles ont été les précisions du président de la Cei comme réponse à vos préoccupations ?
M. Youssouf Bakayoko nous a dit qu'il venait d'arriver dans la maison, il lui fallait un temps pour s'installer. Et même le jour de notre rencontre, ses agents étaient en séminaire initié par lui-même pour leur formation. C'était une mise à niveau pour ses collaborateurs puisqu'il y a eu des départs comme des arrivées au sein de la structure qu'il dirige. Quant à la liste des 5,300 millions, pas question d'un audit ainsi que les Cei locales qui ne connaîtront pas de renouvellement. Et que le contentieux reprendra là où il s'est arrêté. C'est ce que le président Youssouf Bakayoko nous a répondu.
Nous avions par contre noté que vos échanges avec le général Mangou ont été très vifs. Qu'est-ce qui a provoqué cela ?
Le général Philippe Mangou nous a dit qu'il est républicain mais ce qu'il nous a dit par la suite nous a fait sortir de nos pores. Parce que nous avions trouvé en lui un militant du Fpi et non un républicain. Il n'y a pas de raison qu'il protège une partie de la population et laisse une autre. Il a pour devoir de faire encadrer les gens quand l'opposition manifeste au même titre qu'il le fait pour le camp présidentiel. Malheureusement, il ne le fait pas et il y a toujours des morts quand l'opposition manifeste pour faute d'encadrement. Et il trouve à dire que les enfants du Président Bédié, du président Alassane, du secrétaire général Djédjé Mady sont en France, aux Usa quand ils font sortir les enfants des autres. Je lui ai répondu que lorsque le camp présidentiel fait sortir les enfants des autres, est-ce que les enfants de Gbagbo, de Dano Djédjé, d'Affi N'guessan sortent, qu'il me réponde.
C'est un discours militant qu'il tient donc le chef d'état-major ?
Oui, c'est ce que nous avions constaté. Parce que pour nous, un chef d'état-major est un responsable au même titre que le Président de la République, il a toute l'armée avec lui. Il nous a dit que nous voulions que ce qui s'est passé en Guinée se produise ici, raison pour laquelle Djédjé Mady et les différents présidents des partis du Rhdp voulaient qu'il y ait beaucoup de morts pour que la communauté internationale s'en saisisse.
Ce sont des intentions malveillantes qu'il voulait vous prêter ?
Justement puisqu'il est allé plus loin en ayant le sentiment que ce sont nos leaders qui nous ont envoyé avec des arrière-pensées. Mais nous lui avons dit que nous sommes venues de nous-mêmes en tant que femmes, en tant que mères de famille, des mamans, des épouses, des sœurs, nous avons mal au cœur. Nous ne comprenons pas le comportement de l'armée. Le comportement de la police, de la gendarmerie censées nous protéger, nous étonne. Que lui, Philippe Mangou, chef d'état major des armées, fasse bien son travail en donnant l'ordre à ses éléments de nous protéger ainsi que nos biens plutôt que de vouloir nous assassiner.
Quand un chef d'état-major tient de tels propos devant des femmes, devant une frange de la population, cela devient inquiétant !
Mais vous savez, nous sommes sereines, nous attendons qu'il fasse ce qu'on lui demande à notre prochaine sortie parce que nous nous préparons à agir et inutile de dévoiler tout son plan de bataille sur la voie publique. Mais nous attendons la réaction du chef d'état-major et de son armée.
Ces élections tant attendues par l'ensemble des Ivoiriens et qui, malheureusement, ne pointent pas à l'horizon, demeurent-elles un réel souci pour les femmes du Rhdp et quelles sont les dispositions préconisées dans ce sens. Puisque les Ivoiriens attendent beaucoup de leur opposition ?
Avec la trêve pascale, nous avions interrompu nos réunions qui reprennent très bientôt. Il y a eu aussi un décès, une grande militante de l'Udpci qui est pour nous une sœur est tombée. Maintenant que nous avons fini avec ses obsèques, nous pourrions reprendre nos activités avec la certitude que tout le monde répondra présent.
Quel est votre avis, vos sentiments sur la récente sortie du Président Gbagbo et de son Premier ministre, après deux mois de polémiques autour de la question du désarmement et de la réunification qui semblait les opposer. Surtout quand ils embarquent ensemble à bord d'un bateau pour une balade sur l'eau, pour réaffirmer aux Ivoiriens leur bonne collaboration ?
En tout cas, nous ne comprenons rien dans leur comportement. D'après le Premier ministre Guillaume Soro, ils allaient rencontrer les uns et les autres. Mais pour parler de quoi ? En tout cas, nous attendons pour voir. Parce que c'est vraiment dommage, on ne parle plus d'élections alors qu'il était dit que les élections auraient lieu fin avril-début mai. Mais franchement, pour le moment, on ne voit pas du tout les élections pointer à l'horizon.
Pensez-vous que c'est de la comédie qu'ils jouent les deux ?
Peut-être, mais nous ne les comprenons pas. Nous ne comprenons surtout pas le Premier ministre qui, dit-il, était venu pour organiser les élections. Cela fait trois ans qu'il est là, qu'il est Premier ministre. C'est vrai que la mise sur pied d'une liste provisoire demeure un acquis mais cela ne suffit pas du tout. Il faut que le processus se poursuive pour que la date des élections soit fixée. Parce que fin avril-début mai, c'est quand même vague. Aucune date précise pour les élections, ce qui ne rassure pas pour l'avancement des choses. Rien ne se passe de concret. Cette balade sur la lagune, nous avions même eu peur pour le premier ministre parce qu'on ne sait jamais. On ne comprend rien. Après une réunion, le Premier ministre est invité à une balade dont il ne sait pas grand-chose. De la lagune en mer, je le félicite pour son courage. Et nous, nous attendons la suite de la promenade.
En attendant la suite de la promenade, retenez que les élections n'auront pas lieu à la date indiquée. Alors, concrètement, qu'est-ce que vous revendiquez aujourd'hui de façon précise ?
Comme je l'ai dit, nous voulons que ces élections arrivent. Parce qu'il n'est pas normal que des élections se tiennent dans certains pays loin de nous qui sont en guerre et chez nous où règne un calme pratiquement apparent, il n'y ait pas d'élections. Même pas une date précise des élections. Alors comme je l'avais déjà dit, nous n'allons pas dévoiler ici notre plan de bataille. Retenez que beaucoup de choses se préparent et peut-être même que les femmes iront cette fois jusqu'au Burkina pour rencontrer Blaise Compaoré. Parce qu'il est le facilitateur dans cette crise.
Mme la présidente, est-ce que vous faites encore confiance aujourd'hui à la paire Gbagbo-Soro ?
Nous avions demandé un rendez-vous avec le Premier ministre Guillaume Soro et nous attendons cette rencontre pour lui dire ce que nous avons sur le cœur. Il nous répondra à cette occasion. Sinon en principe, le président et son Premier ministre doivent être complices.
Mais à chaque fois qu'il y a un enlisement dans cette crise, on dit que c'est une affaire des deux belligérants. Alors, qu'est-ce que vous allez dire au Premier ministre, au chef de l'Etat puisque c'est une affaire entre les deux belligérants ?
Quand nous allons rencontrer le premier ministre, nous saurons quoi lui dire et non le dire maintenant. Nous allons lui dire ce que nous pensons quand nous serons assises en face de lui.
Mme la présidente, les Ivoiriens pensent que l'opposition, pratiquement le Rhdp a les clés, a la solution de la crise ivoirienne. Vous aviez longtemps dit que c'est vous qui aviez construit ce pays et que vous ne voulez pas qu'il se déchire. Vous vous êtes retenus pour beaucoup de choses. Mais pensiez-vous être encore capables de faire bouger les choses comme vous le souhaitiez ?
Nous sommes capables et nous l'avions démontré. Ce pays a été construit par le Pdci pendant 40 ans. Nous avions réagi chaque fois qu'une situation se présente pour la normaliser. Souvenez-vous avec les audiences foraines, la crise de la Cei, la dissolution du gouvernement. Les gens nous reprochent d'être revenu dans le gouvernement. Mais nos leaders ont dit que notre priorité, c'était de rétablir la Cei dans sa forme initiale ; ce qui a été fait. Et même pour entrer au gouvernement, nous ne nous sommes pas conformés au délai de trois jours donné par le chef de l'Etat. C'est bien après que nous sommes entrés au gouvernement. Mais comme on l'a dit, nous sommes sereines et très confiantes.
Que peut-on attendre des femmes du Rhdp quant à la prochaine marche annoncée pour le 15 mai 2010 ? Est-ce que vous serez avec les jeunes, avec l'ensemble des Ivoiriens par rapport à cet évènement ?
Nous avions dit que tout mouvement qui serait entrepris, serait un mouvement d'ensemble. Comme je vous l'avais dit, avec la trêve pascale et le décès de notre sœur de l'Udpci, nous avions arrêté un peu nos réunions. Mais bien avant, des choses avaient été déjà pensées et avec la reprise de nos rencontres, nous allons les peaufiner mais souffrez que je ne puisse pas tout dévoiler ici et maintenant. Surtout quand on va en guerre, ce n'est pas prudent de dévoiler son plan de bataille. Merci pour l'occasion que vous nous donnez chaque fois que c'est nécessaire. Aujourd'hui, ce sont toutes les femmes de Côte d'Ivoire au-delà de celles du Rhdp, qui sont fatiguées de cette situation que nous vivons en Côte d'Ivoire. Voyez-vous où nous en sommes avec ce délestage qu'on nous disait être à sa fin. Aussi avec la grève des transporteurs depuis quatre jours. Le gouvernement a intérêt à vite résoudre ce problème parce que c'est impensable qu'un pays producteur de pétrole puisse connaître pareille chose. La vie est devenue assez chère ici dans la capitale économique et tous nous nous demandons à quoi cela aboutira.
Interview réalisée par
Patrice Yao et
Akwaba Saint Clair
Coll : Dieusmonde Tadé