Le village de Gomon dans le département de Sikensi (88 km d'Abidjan au nord d'Abidjan) était en ébullition le jeudi 15 avril dernier. Et pour cause, ce village Abidji a célébré avec ferveur, sa fête traditionnelle de réjouissance, le Dipri. Quatre vingt dix pourcent (90%) de la population forte, selon les organisateurs de 10.000 âmes, soit six quartiers sur huit (08), ont pris part à la fête. Ce sont les quartiers, Djidjabosso, Oyôroukpo, Okoudjè, Okomiambla, Ohondji et Anouman Obou. Et ce, sous la houlette et la bénédiction de son Chef de terre, très adulé par les populations, Nanan Pascal Mondon N'guessan. Ex-inspecteur de la jeunesse et des sports, Nanan Mondou est à la tête de ce village depuis près de 14 ans. Malgré les difficultés de locomotion, liées à la grève des transporteurs consécutive à l'augmentation du prix du carburant, les populations, surtout les jeunes et les cadres, ressortissants dudit village et ceux des villages voisins ont fait nombreux le déplacement. La veille, place a été faite à des festivités de joie de retrouvailles dans tout le village. Certains initiés, par petits groupes ou individuellement, se sont rendus au cimetière vers 18h45mn, pour demander la force et la puissance des maîtres du Dipri décédés. Après l'ouverture des rites de purification à la rivière sacrée "Kpôrou", située à une centaine de mètres de Gomon, rites sacrificiels fait par l'émissaire du chef de terre, Nanan Mondon vers 8h30mn, les initiés des différentes familles ou quartiers, se sont rendus à leur tour à la rivière sacrée. De retour de la rivière, les initiées, vêtus de blanc, tenant des feuilles vertes en main ou mastiquant des plantes dont le nom est tenu secret, arpentent les artères du village. Ils ont tous perdu l'équilibre, ils ne sont pas eux-mêmes. Le "Kpon ou l'esprit du Dipri les a tous transformés. Certains marchent en zig zag, le regard vif, les yeux rouges, les muscles contractés, les pas longs et irréguliers, laissant entendre des gémissements. Ou le nom des génies qui les habitent… Femmes, hommes, enfants sont dans la danse. Certains, portant des sortes de cordes de lianes en bandoulière et tenant des roseaux entre les lèvres, se roulent par terre et font des acrobaties de toutes sortes. Tandis que d'autres moins agités vont et viennent en se frayant un chemin dans la foule immense d'initiés, transpirant et recouverts de terre rouge pour la plupart. Vers 10h30mn, Nana Pascal N'guessan Mondon fait son entrée sur la place du village, sous un tonnerre d'applaudissements accompagnés des chants de louanges des femmes, prend place dans la tribune dressée à cet effet. Les hostilités se sont ouvertes avec l'arrivée du chef de terre, dépositaire à vie de la tradition Abidji de Gomon. Joseph Boni N'dri, planteur, la quarantaine, du quartier Oyôroukpo a extrait des balles de fusil de la jambe gauche de Alphonse Kouakou, originaire de Tanda, planteur et commerçant à Dabou (Irah), victime d'un accident de chasse, il y a un mois. Dans cette ambiance, Matthieu Kassi Etchê, jeune initié de 25 ans, cultivateur, du quartier Djidjabosso, après s'être donné une vingtaine de coups de poignard dans son ventre, a extrait un bout de sont intestin, sous les ovations du public. Après quinze minutes de soins, le jeune homme est venu présenter la plaie cicatrisée aux officiels. De même Gaston Brou du quartier Okomiambla a pondu des œufs par la bouche. Cet exploit a été très applaudi. Kadja Tita, 40 ans, du quartier Djidjabosso s'est piqué au total 100 coups de poignard dans le ventre et a cicatrisé sa blessure à l'aide d'une mixture à base de plantes et d'eau de la rivière sacrée, en trois (03) minutes. Extraordinaire ! Ce fut une concurrence de force et de puissance entre les différents quartiers. Au total, une vingtaine de personnes, tous des hommes, se sont ouverts le ventre. Dans l'après midi, ce fut un affrontement mystique pacifique entre les différents quartiers. En somme, le vrai Dipri de Gomon a drainé du monde et a tenu vraiment toutes ses promesses. Notons que deux quartiers, Atchassi et Ediman bosso, en rupture avec la chefferie traditionnelle et qui serait de connivence avec la Sous préfet Mlle Lydie Eponon N'glomman et le préfet Boni Kouadio, qui seraient proches du pouvoir Fpi, a fêté le Dipri le vendredi 09 avril dernier.
Serge Amany
Envoyé spécial
Serge Amany
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