Alpha Blondy, artiste-chanteur, Messager de l’Onu : "Blé Goudé et Sidiki Konaté sont tombés dans l’ivoirité"

« Je viens vers vous, tremblant, vous dire mes pleurs et mes craintes…Il faut sauver l’Accord Politique de Ouagadougou qui, s’il meurt, il y aura une logique de réinstallation de la guerre. Il faut que les journalistes nous aident ». C’est en ces termes que Alpha Blondy a expliqué, le vendredi 16 avril au Café de Versailles, sa démarche pour une sortie vers la paix. Demandant aux journalistes de lui faire des propositions, l’artiste s’interroge : « Si l’Accord de Ouaga meurt, que me proposez-vous ? ». Aujourd’hui, le constat qu’il dit faire, après avoir pris le temps de lire les journaux ivoiriens, c’est que le climat est « dangereusement explosif et le terrain miné». Cela à cause de la réapparition du débat identitaire. « Charles Blé Goudé, Sidiki Konaté sont en train de tomber dans le piège de l’ivoirité. L’heure est très grave. L’ivoirité réapparaît. Vous êtes tous en train de tomber dans le piège des ivoiritaires. La guerre de l’ivoirité a crée les maux. On doit être plus intelligents que ça. Tous les politiciens parlent mais sous-estiment l’ivoirité qui est un couteau à double tranchant », s’est-il exprimé avant de s’indigner : « Au moment où on parle de la fin de la guerre de l’ivoirité voici que réapparaît le débat ivoiritaire. Si le climat reste ainsi, et qu’on va aux élections, c’est le peuple qui saigne ». Face à une « situation délicate où tout le monde est passionné», le Messager de l’Onu pour la paix se veut préventif : « la violence a commencé. La Côte d’Ivoire est à la lisière de la guerre. Ce qu’on a connu était l’échauffement. Nous sommes dans une trêve. Il faut tuer la guerre dans l’œuf. Eteignons d’urgence le feu. Nous avons le devoir de désamorcer la bombe. Ce n’est pas de la rigolade. Je parle de faits réels, il faut des solutions réelles. Tout le monde veut que je prenne position pour eux. Je suis désolé ! Je ne peux pas ». Alpha faisant un flash back sur le passé, admet son échec : « J’ai failli à ma mission. A force de dire des choses pour faire plaisir aux autres, on a oublié de dire la vérité. Le mea culpa, c’est que de mon vivant, la Côte d’Ivoire a connu la guerre. Je fais mon mea culpa. Il faut que vous fassiez le votre ».

Interpellant les uns et les autres, il conseille d’avoir des positions qui conduisent à l’apaisement et à la paix. Aux politiques, Alpha conseille autant du côté de Laurent Gbagbo que celui de Guillaume Soro que « les uns et les autres s’accordent pour qu’on avance ». C’est avoir des débats « saints sans faire saigner ». Alpha Blondy avait à ses côtés Bamba Alex Souleymane, Conseiller spécial du Premier Ministre Guillaume Soro.

Koné Saydoo