Pr Alhassane Salif N`diaye, porte-parole du directoire du Rhdp : “Mady n`a fait qu`exécuter des décisions qui viennent de nos leaders”

Ne craignez-vous pas qu`on amène un mandat d`amener au président du directoire, qu`on amène une cohorte d`hommes en tenue pour prendre le Pr Djédjé Mady ?

Je répondrai par non. Il n`est vraiment pas envisageable dans la logique des faits que nous voyons ici débarquer des gendarmes pour venir manu militari prendre notre président pour je ne sais quelle destination. C`est impensable. Le mandat d`amener, je pense, n`étant pas juriste, intervient lorsque quelqu`un qui a commis une infraction se dérobe à la justice. A l`heure qu`il est et malgré les élucubrations de Ange Kessi, il n`a pas su cerner l`infraction qu`a commise le président du directoire. Car en fait, de quoi s`agit-il ? D`une affaire qui s`est passée, il a sélectionné Gagnoa. Mais ça s`est également passé à Divo et ailleurs. Il sait pertinemment que le procureur civil de Gagnoa a été saisi de cette affaire, que la procédure suit son cours. Nous comprenons difficilement qu`il y ait une juridiction parallèle de surcroît militaro-politique qui se met en place pour essayer de conduire une enquête qui, j`allais dire, n`a pas de sens. Certes, en Côte d`Ivoire aujourd`hui, il n`y a pas d`Etat, de principe. D`où la compréhension que j`ai de votre inquiétude. Tout est maintenant possible en Côte d`Ivoire. On peut effectivement, hors des règles, hors de la Constitution, hors de la loi et dans l`impunité souvent totale, faire ce que vous craignez.

Mais Djédjé Mady, c`est le président du directoire. Le directoire, c`est quatre partis politiques.

Alors, il faudrait vraiment ces escouades de gendarmes pour venir nous entraîner avec un mandat de dépôt.

Qu`en est-il de l`action des avocats qui ont saisi le procureur militaire par écrit ?

L`image que je vais donner, c`est celle qu`on utilise en Afrique. Quand la tête est là, le genou ne porte pas le chapeau. Mais j`ai cru lire dans les classiques il y a trente ans, que lorsque le bras a failli, on punit la tête. Le président Alphonse Djédjé Mady, porte-parole du Rhdp, n`a fait qu`exécuter des décisions qui viennent de nos leaders, ce après la réunion conjointe des bureaux politiques du 19 février. Quand le bras a failli, on punit la tête. Ceux qui devraient être invités parce qu`on a peur de dire convoquer, c`est le président Bédié, le président Ouattara, le président Anaky, le président Mabri. Et puis, il doit être témoin d`évènements qui se sont déroulés à Gagnoa où il n`était pas. Qu`attend-on de lui ? On dit, " il a dit par tous les moyens, opposez-vous ". Dans mon exposé liminaire, j`ai dit que cette phrase in extenso a été prononcée par quelqu`un ici avec les conséquences qu`on sait. Donc, il ne faudrait pas tomber dans le burlesque. L`affaire est politique pour des raisons qu`eux seuls savent. J`ose dire qu`un colonel major, peut-être par zèle, attend que deux étoiles lui tombent sur les épaules.

Vous l`avez dit, le président du directoire du Rhdp a été invité et non convoqué par le procureur militaire. Quel sens donnez-vous à l`expression invitation ? Et si c`est pour une simple invitation, pourquoi refusez-vous que Pr Djédjé Mady aille devant Ange Kessi ?

Nous sommes habitués dans la terminologie juridique, à savoir que quelqu`un est convoqué. Dans le cas d`espèce, le document qu`on a dit clandestinement déposé ici, parlait d`invitation. Vous m`invitez, laissez-moi la liberté de répondre favorablement ou non à votre invitation. Pour l`instant, Djédjé Mady est en train de savoir si l`invitation de son cher ami Ange Kessi vaut la peine d`être honorée.

Conclusion

J`ai été très honoré par le directoire de venir prononcer cette conférence de presse. Depuis environ une demi-heure, je suis le porte-parole du directoire. Lorsqu`on m`invitera dans 48 heures pour dire pourquoi je suis porte-parole et pourquoi j`ai dit ce que j`avais à dire, je suis sûr qu`avec les militants du Rhdp, vous m`accompagnerez chez celui qui aura l`outrecuidance de m`appeler à une quelconque invitation comme cela a été pour le Pr Alphonse Djédjé Mady. Soyons sérieux. Une mission a été confiée au Commissaire du gouvernement. Là aussi, j`ai lu quelque part, " ne vous prenez pas au sérieux ". Or, il se prend au sérieux. J`ai lu, ne vous prenez pas au sérieux, mais faites sérieusement ce qu`on vous a confié comme mission. Dans cette affaire comme dans d`autres qui jalonnent notre quotidien, il y a un excès de zèle et la crainte de voir petit à petit hélas, certains éléments de l`armée faire de la politique et maladroitement. Parce que la main, chez eux, porte l`arme, mais je crains que leur cerveau également soit bourré de bombe.
Merci.

Propos recueillis par Paul Koffi