La décision du Cnp et du Cnca de ne pas attribuer la carte de journaliste professionnel et de professionnel de la communication continue de susciter les débats. Après la réaction de la commission qui a promis d’attaquer lesdites structures devant la chambre administrative, c`est le tour du président du Cnp de réagir. Hier, Eugène Dié Kacou, sur cette question, a expliqué que Guillaume Gbato se fourvoie. Mais s`agissant de la convention collective, le président du Cnp a fait savoir, dans cette interview, qu`elle sera bientôt appliquée.
Monsieur le président du Cnp, l`on constate un grand nombre de sanctions, de blâmes à l`encontre des organes de presse. Qu`est-ce qui explique cela ?
C`est parce que les entreprises de presse ne font pas leur travail. Les journalistes ne contrôlent pas ce qu`ils font. C`est assez embêtant, parce qu`un directeur de publication, ou un secrétaire général de rédaction, doivent tout contrôler d`abord avant la publication. Au niveau du Cnp, nous faisons des remarques, des sanctions et même nous téléphonons pour dire, il y a telle ou telle chose, le directeur de publication n`est pas au courant. Ils disent, non, on n`a pas vu passer le papier. Ils ne peuvent pas dire cela ! Ils sont responsables, parce que, selon la loi, ce sont les directeurs de publication et le journaliste qui répondent au tribunal. S`il y a autant de blâmes, autant de sanctions, c`est parce que la loi sur la presse n`est pas respectée. Nous sommes un organisme de veille, nous sommes obligés, tous les jours que Dieu fait, de lire tous les journaux et de répertorier ce qui ne va pas. Ce qui ne respecte pas la loi sur la presse et les règles d`éthique et de déontologie. Et c`est pourquoi, nous sanctionnons. S`il y a trop de blâmes, c`est peut-être parce que nous voulons sensibiliser. On devrait passer automatiquement aux sanctions de 2ème degré. A ce moment-là, il n`y aurait pas trop de blâmes. Il y aurait trop de suspensions de journaux, d`amendes. Peut-être que nous émettons autant de blâmes, autant d`avertissements, mais on devrait aller plus loin.
Qu`est-ce qui vous empêche de passer à la vitesse supérieure ?
Rien ne nous empêche de passer à la vitesse supérieure.
Monsieur le président, nous avons également le sentiment qu`il y a deux poids deux mesures. Quand il s`agit des journaux de l`opposition, vous tapez dur, quand c`est un journal proche du pouvoir, ce n`est pas le cas. Par exemple, récemment, un journal a écrit que le président Alassane Ouattara est un cancer pour la Côte d`Ivoire, il n`y a pas eu de réaction. Alors, qu`est-ce qui explique cela ? Est-ce que c`est nous qui nous trompons ?
Je crois que c`est vous qui vous trompez. Mais de bonne foi, parce que quand nous en voyons, nous sanctionnons, si ce n`est pas au niveau des sanctions du 2ème degré, vous, je le reconnais, vous êtes honnête, vous publiez même quand vous recevez des avertissements, des blâmes du Cnp. Mais, les ¾ des journaux ne sont pas honnêtes, parce que logiquement, ils devraient publier toutes les sanctions qu`on leur donne. C`est pour cela que vous ne vous a percevez pas qu`on sanctionne les gens. Pour ce dont vous venez de parler-là, il y a eu une sanction. Mais comme vous ne savez pas…Quelquefois aussi, vous ne faites pas attention. Quand ce sont des blâmes, même lorsque cela n`est pas adressé à votre journal, on vous l`envoie. Mais quand ce n`est pas vous, généralement, les gens ne font pas attention à cela. Je peux vous dire aussi qu`il n`y a pas deux poids, deux mesures. Nous avons sanctionné, il n`y a pas longtemps, Le Temps. Le premier qui a été sanctionné ici, ça a été d`abord Le National, ensuite Le Temps. Pour la suspension, vous avez vu tout le bruit qu`il y a eu. On n`a pas accusé le Cnp mais malheureusement Eugène Dié Kacou. On dit Eugène Dié Kacou est contre Laurent Gbagbo. Nous avons le dos large au Cnp. Nous avons sanctionné Le Nouveau Réveil, on dit on est contre Bédié, Le Patriote, on dit, on est contre Ouattara. Il n`y a pas eu que Le Temps. On l’a suspendu aussi Le Soleil d`Abidjan qui est progouvernemental. On a suspendu pour un mois. On a dit que nous étions contre Gbagbo. On a même dit que Gbagbo avait mis un serpent dans sa poche. Parce que j`ai été nommé par le général Guéi et un an après, le Président Gbagbo m`a reconduit. Ceux qui le disent pensent que parce que le Président Laurent Gbagbo m`a remis comme président du Cnp, les journaux qui sont pour lui, je ne dois pas les sanctionner, ce n`est pas vrai. Ce n`est pas ce qu`il m`a dit. Jamais il ne nous a donné des directives pour faire ceci ou pour faire cela. Ni le Premier ministre, ni le ministre de la Communication. Donc, nous sommes tranquilles ici. Nous avons le dos large, les gens tapent dedans, mais nous sommes tranquilles. On n`est pas contre quelqu`un, on n`est pas pour quelqu`un. Nous sommes pour la loi. Parce que c`est un problème d`éthique. Vous pouvez dire comme la loi ne vous interdit pas de faire cela, vous devez le faire, sans savoir si cela va entraîner des troubles dans le pays, par exemple. Vous le dites. C`est cela le problème d`éthique. Vous devez vous demander ce que cela va donner demain. Ou bien vous avez eu des informations qui peuvent mettre le trouble dans la population.
Monsieur le président, vous avez demandé à ce que les sondages de Sofres ne soient plus publiés. Il y a un journal qui ne vous a pas suivi. Le sondage a été publié et vous n`avez rien dit.
Tous les journaux qui ont publié les sondages, même Fraternité-Matin, ont été sanctionnés. Ainsi, Soir-Info, Le Temps, etc. Le Conseil s`est réuni parce que les gens s`imaginent que c`est Eugène Kacou qui s`asseoit avec son secrétaire général, Me Bourgouin, pour prendre les décisions. C`est le Conseil qui se réunit et qui statue.
Quelle est la composition de ce conseil?
Il y a du tout dedans. Il y a des journalistes.
Monsieur le président, un million de francs d`amende pour Fraternité-Matin, qui est de grande taille, 5 millions pour Le Nouveau Réveil qui est de petite taille. Comment expliquez-vous cela ?
Ce sont les mêmes fautes ! Vous ne pouvez pas donner une amende plus importante à quelqu`un d`autre pour une même faute. C`est la loi.
Avec tous ces bruits, quels sont vos rapports avec les entreprises de presse?
On a de bons rapports avec les entreprises de presse. Quand vous sanctionnez un, les autres sont heureux. Quand vous sanctionnez l`autre, les uns sont heureux. C`est comme cela. C`est la vie. Nous avons de très bons rapports. Personnellement, moi, je suis un ancien. J`ai 40 ans de métier, je suis en de bons termes avec tous. Nous faisons notre travail sans état d`âme. La loi sur la presse, tu la respectes, il n`y a pas de problème. Vous respectez le code d`éthique et de déontologie, il n`y a pas de problème. Tu ne respectes pas cela, il y a problème. Je sanctionne au premier degré, c`est au niveau du Cnp. Mais au 2ème degré, on réunit le Conseil et c`est lui qui prend la décision.
Si vous permettez, nous allons passer à un autre sujet qui est d`actualité. Il s`agit de l`attribution de la carte d`identité de journaliste professionnel et de professionnel de la communication. Nous avons appris que les titulaires du Brevet de technicien supérieur (Bts) ont été écartés. Ont-ils toujours accès à cette carte ? Puisque c`est le Cnp et le Cnca qui ont pris cette décision ?
Je ne devrais même pas vous le dire. Nous prenons la décision et puis avisons ceux qui ont droit à cela. Ce que je voudrais vous dire, la carte d`identité n`est pas indépendante. C`est le Cnp qui est indépendant, c`est le Cnca qui est indépendant. A la commission de la carte d`identité, c`est le Cnp et le Cnca qui ont nommé des gens qui siègent. Par exemple, M. Kah Zion qui y siège, l`est au nom du Cnca, Mme Sali Ouattara siège au nom du Cnp. Ils ne sont pas là-bas en indépendants. C`est une commission paritaire. S`il y a un problème, c`est le Cnp et le Cnca qui se mettent ensemble pour, selon la loi, le régler. Quand il y a eu un problème, le Gepci s`est adressé à nous par un courrier que nous n`avons pas considéré. Car nous n`avons pas nommé le Gepci. M. Kah Zion ne siège pas en tant que Gepci, mais en tant que Cnca. Mais, nous avons une lettre également de la commission qui nous informait de ce qui s`est passé, en réunion là-bas relativement au problème des Bts. A ce moment-là, nous avons siégé, Cnp et Cnca et nous avons pris la décision. C`est simple. C`est rétroactivement que les cartes ont été déjà données. J`ai été le premier président de la commission de la carte d`identité de journaliste professionnel et de professionnel de la commission. Je sais bien ce que je dis, ce que je fais. J`ai géré cela pendant cinq ou six ans. Et ceux qui avaient déjà eu la carte d`identité, on ne peut pas leur enlever la carte d`identité, parce qu`on la leur avait déjà donné. Ceux qui ne l`avaient pas en ce moment-là, dans la période de 2001-2005, on ne peut pas dire que parce qu`elle n`a pas été attribuée, de 1996 à 2001, à ceux qui avaient eu le Bts à ce moment-là, qui n`avaient pas postulé, on avait dit qu`on ne remettait pas la carte d`identité. La loi s`applique pour ceux qui avaient eu la carte d`identité. C`est-à-dire on leur redonne la carte d`identité. C`est le droit acquis. Ils ont la carte d`identité automatiquement. Ceux qui ne l`avaient pas et qui, aujourd`hui, postulent, ils sont obligés de respecter la loi qui dit, est journaliste celui qui justifie d`un diplôme d`une école de journalisme ou qui a une licence et qui a 2 ans dans une rédaction, celui qui a une maîtrise et qui fait un an dans une rédaction. L`histoire Gnamantêh, c`est nous qui l`avons tranchée. En plus de cela, ce que les gens ne savent pas, le tribunal peut nous consulter pour que nous lui donnions des informations. Ce sont les informations que nous avons données au tribunal l`autre fois qui ont montré que Gnamantêh est journaliste parce qu`il a une licence d`anglais, je crois, il a été professeur et il est à Le Nouveau Réveil depuis cinq ans. Il est journaliste professionnel et il avait présenté un dossier pour avoir une carte. Donc, c`est ça la loi aujourd`hui. On ne va pas dire que celui qui a le Bts il y a combien de temps, s`il n`a pas postulé à ce moment-là, c`est tant pis pour lui. Ceux qui avaient postulé à ce moment et qui avaient même moins que le Bts et qui ont eu la Carte au moment où la loi n`était pas la même, ils ont droit à la carte. C`est le droit acquis. On a reçu ici les membres de la carte d`identité. Nous avons reçu le président Franck Anderson et le secrétaire général du Cnca et le secrétaire général du Cnp. Nous avons reçu la présidente de la commission de la carte d`identité, nous avons reçu sa juriste qui était avec elle, qui s`est expliquée, qui a développé tout. Et nous avons prouvé à la juriste et à la présidente que ce problème de rétroactivité n`avait rien à y voir. Nous aussi, nous avons des juristes, de très bons juristes et on a tranché. Maintenant, ils ont le droit de faire un recours, mais le recours, c`est vers le Cnp et le Cnca.
Justement, le porte-parole de la commission Guillaume Gbato veut attaquer la décision
D`abord, nous ne le connaissons pas. Nous connaissons la présidente. Il parait qu`il est porte-parole. Dans les textes, il n`y a pas de porte-parole de la commission. Il veut attaquer, qu`il attaque, il se retrouvera face nous parce que s`il va à la chambre administrative, on va le renvoyer face à nous puisqu`il dépend de nous. Il se fourvoie. Guillaume Gbato parle trop. Je l`aime bien, il parle beaucoup mais je crois qu`il doit maitriser un peu plus les textes. Il n`est pas juriste.
Que deviendront ces titulaires du Bts qui étaient au commencement de la presse ivoirienne ?
S`ils y étaient au commencement, ils auraient postulé. Pour dire que dans une rédaction, il y a les journalistes professionnels et les autres.
Sur la question de la carte de journaliste professionnel, vous avez tranché. C`est bien. Mais quand il s`agit de la convention collective, les journalistes estiment que vous ne jouez pas franc jeu. Pourquoi la convention n`est-elle pas encore appliquée ?
Moi, je suis journaliste professionnel. Je suis sorti avec une maitrise en science de la communication. Ce n`est pas moi qui vais me battre pour que les journalistes soient mal payés. C`est nous qui nous sommes battus pendant 5 ans pour faire cette loi. Et c`est dans cette loi qu`on dit que les journalistes doivent être payés à la convention collective. On ne peut pas se dédire. On nous a confié le dossier, il faut que nous en discutions. C`est en cela que je dis que Guillaume Gbato est de mauvaise foi. Parce que le Gepci et le Synappci sont en discussion. Celui qui gère ce dossier, c`est Me. Bourgoin. Il les a reçus plusieurs fois et d`ailleurs, il est en train de trancher. La dernière réunion c`est aujourd`hui (Ndlr hier). Donc Gbato ne peut pas dire que le Cnp ne veut pas ceci ou cela. On est dans un pays de dialogue. Il ne faut pas oublier les gens de Gepci, ce sont des patrons de presse. S`ils disent demain qu`ils ne peuvent prendre que 3 ou 4 journalistes professionnels en jouant de la mauvaise foi, qu`est-ce que nous allons faire ? C`est pour ça qu`il faut discuter et pouvoir trouver le juste milieu. Le jour qu`on a signé la convention collective, j`étais présent, feu Diégou Bailly également. On était avec le ministre Savané. Ce sont eux qui ont signé la convention collective et se sont entendus que cette convention soit appliquée 2 ans après. Et à la fin des 2 ans, ils ne s`entendent plus. Nous, on fait la médiation. Et la médiation va se terminer. La solution pour la convention collective, on va la signifier dans quelques jours. Parce que la loi dit que les journalistes professionnels doivent être payés à la convention collective. Un point un trait. Mais ce que renferme la convention collective, c`est là-dessus que le Gepci et le Synappci ne sont pas d`accord. Mais il faut discuter parce que c`est le Gepci qui paye. Si les patrons de presse n`ont pas les moyens de payer, ils vont le dire et des gens vont se retrouver à la rue. C`est pour cela que nous faisons le dialogue.
Quels sont les avantages d`avoir une carte de journaliste professionnel ?
Quand nous étions là, il y avait de nombreux avantages, des avantages matériels. D`abord, il y a le fait que vous êtes journaliste professionnel. Parce que dans notre milieu, il y a tellement de truands. Est-ce que vous savez que l`ambassade de France a été obligée de nous écrire pour nous dire qu`elle ne sait plus à qui donner des visas ? Il y a un journal de la place qui, en une année, avait eu 50 visas pour 50 journalistes pour aller en France. Entre-nous, il y a combien de journalistes dans une rédaction ? Le journal faisait du trafic. Il prend de l`argent aux gens et leur donne une carte de journaliste. Il fallait régler tous ces problèmes. De notre temps, le billet d`avion était à moitié prix avec la carte, le transport à l`intérieur de la Côte d`Ivoire était à moitié prix. Même dans les restaurants. Et les gens se battaient pour la carte à cause de tout cela et aussi à cause du fait qu`on vous identifie. Un journaliste, ce n`est pas n`importe qui. C`est dommage que depuis 1990, les gens aient remis la profession dans cet état d`inconsidération du métier. Aujourd`hui, on ne considère plus un journaliste. Pourtant, on a les mêmes diplômes et quelquefois plus que d`autres personnes.
Interview réalisée par
Djè KM et Serges Amani
Monsieur le président du Cnp, l`on constate un grand nombre de sanctions, de blâmes à l`encontre des organes de presse. Qu`est-ce qui explique cela ?
C`est parce que les entreprises de presse ne font pas leur travail. Les journalistes ne contrôlent pas ce qu`ils font. C`est assez embêtant, parce qu`un directeur de publication, ou un secrétaire général de rédaction, doivent tout contrôler d`abord avant la publication. Au niveau du Cnp, nous faisons des remarques, des sanctions et même nous téléphonons pour dire, il y a telle ou telle chose, le directeur de publication n`est pas au courant. Ils disent, non, on n`a pas vu passer le papier. Ils ne peuvent pas dire cela ! Ils sont responsables, parce que, selon la loi, ce sont les directeurs de publication et le journaliste qui répondent au tribunal. S`il y a autant de blâmes, autant de sanctions, c`est parce que la loi sur la presse n`est pas respectée. Nous sommes un organisme de veille, nous sommes obligés, tous les jours que Dieu fait, de lire tous les journaux et de répertorier ce qui ne va pas. Ce qui ne respecte pas la loi sur la presse et les règles d`éthique et de déontologie. Et c`est pourquoi, nous sanctionnons. S`il y a trop de blâmes, c`est peut-être parce que nous voulons sensibiliser. On devrait passer automatiquement aux sanctions de 2ème degré. A ce moment-là, il n`y aurait pas trop de blâmes. Il y aurait trop de suspensions de journaux, d`amendes. Peut-être que nous émettons autant de blâmes, autant d`avertissements, mais on devrait aller plus loin.
Qu`est-ce qui vous empêche de passer à la vitesse supérieure ?
Rien ne nous empêche de passer à la vitesse supérieure.
Monsieur le président, nous avons également le sentiment qu`il y a deux poids deux mesures. Quand il s`agit des journaux de l`opposition, vous tapez dur, quand c`est un journal proche du pouvoir, ce n`est pas le cas. Par exemple, récemment, un journal a écrit que le président Alassane Ouattara est un cancer pour la Côte d`Ivoire, il n`y a pas eu de réaction. Alors, qu`est-ce qui explique cela ? Est-ce que c`est nous qui nous trompons ?
Je crois que c`est vous qui vous trompez. Mais de bonne foi, parce que quand nous en voyons, nous sanctionnons, si ce n`est pas au niveau des sanctions du 2ème degré, vous, je le reconnais, vous êtes honnête, vous publiez même quand vous recevez des avertissements, des blâmes du Cnp. Mais, les ¾ des journaux ne sont pas honnêtes, parce que logiquement, ils devraient publier toutes les sanctions qu`on leur donne. C`est pour cela que vous ne vous a percevez pas qu`on sanctionne les gens. Pour ce dont vous venez de parler-là, il y a eu une sanction. Mais comme vous ne savez pas…Quelquefois aussi, vous ne faites pas attention. Quand ce sont des blâmes, même lorsque cela n`est pas adressé à votre journal, on vous l`envoie. Mais quand ce n`est pas vous, généralement, les gens ne font pas attention à cela. Je peux vous dire aussi qu`il n`y a pas deux poids, deux mesures. Nous avons sanctionné, il n`y a pas longtemps, Le Temps. Le premier qui a été sanctionné ici, ça a été d`abord Le National, ensuite Le Temps. Pour la suspension, vous avez vu tout le bruit qu`il y a eu. On n`a pas accusé le Cnp mais malheureusement Eugène Dié Kacou. On dit Eugène Dié Kacou est contre Laurent Gbagbo. Nous avons le dos large au Cnp. Nous avons sanctionné Le Nouveau Réveil, on dit on est contre Bédié, Le Patriote, on dit, on est contre Ouattara. Il n`y a pas eu que Le Temps. On l’a suspendu aussi Le Soleil d`Abidjan qui est progouvernemental. On a suspendu pour un mois. On a dit que nous étions contre Gbagbo. On a même dit que Gbagbo avait mis un serpent dans sa poche. Parce que j`ai été nommé par le général Guéi et un an après, le Président Gbagbo m`a reconduit. Ceux qui le disent pensent que parce que le Président Laurent Gbagbo m`a remis comme président du Cnp, les journaux qui sont pour lui, je ne dois pas les sanctionner, ce n`est pas vrai. Ce n`est pas ce qu`il m`a dit. Jamais il ne nous a donné des directives pour faire ceci ou pour faire cela. Ni le Premier ministre, ni le ministre de la Communication. Donc, nous sommes tranquilles ici. Nous avons le dos large, les gens tapent dedans, mais nous sommes tranquilles. On n`est pas contre quelqu`un, on n`est pas pour quelqu`un. Nous sommes pour la loi. Parce que c`est un problème d`éthique. Vous pouvez dire comme la loi ne vous interdit pas de faire cela, vous devez le faire, sans savoir si cela va entraîner des troubles dans le pays, par exemple. Vous le dites. C`est cela le problème d`éthique. Vous devez vous demander ce que cela va donner demain. Ou bien vous avez eu des informations qui peuvent mettre le trouble dans la population.
Monsieur le président, vous avez demandé à ce que les sondages de Sofres ne soient plus publiés. Il y a un journal qui ne vous a pas suivi. Le sondage a été publié et vous n`avez rien dit.
Tous les journaux qui ont publié les sondages, même Fraternité-Matin, ont été sanctionnés. Ainsi, Soir-Info, Le Temps, etc. Le Conseil s`est réuni parce que les gens s`imaginent que c`est Eugène Kacou qui s`asseoit avec son secrétaire général, Me Bourgouin, pour prendre les décisions. C`est le Conseil qui se réunit et qui statue.
Quelle est la composition de ce conseil?
Il y a du tout dedans. Il y a des journalistes.
Monsieur le président, un million de francs d`amende pour Fraternité-Matin, qui est de grande taille, 5 millions pour Le Nouveau Réveil qui est de petite taille. Comment expliquez-vous cela ?
Ce sont les mêmes fautes ! Vous ne pouvez pas donner une amende plus importante à quelqu`un d`autre pour une même faute. C`est la loi.
Avec tous ces bruits, quels sont vos rapports avec les entreprises de presse?
On a de bons rapports avec les entreprises de presse. Quand vous sanctionnez un, les autres sont heureux. Quand vous sanctionnez l`autre, les uns sont heureux. C`est comme cela. C`est la vie. Nous avons de très bons rapports. Personnellement, moi, je suis un ancien. J`ai 40 ans de métier, je suis en de bons termes avec tous. Nous faisons notre travail sans état d`âme. La loi sur la presse, tu la respectes, il n`y a pas de problème. Vous respectez le code d`éthique et de déontologie, il n`y a pas de problème. Tu ne respectes pas cela, il y a problème. Je sanctionne au premier degré, c`est au niveau du Cnp. Mais au 2ème degré, on réunit le Conseil et c`est lui qui prend la décision.
Si vous permettez, nous allons passer à un autre sujet qui est d`actualité. Il s`agit de l`attribution de la carte d`identité de journaliste professionnel et de professionnel de la communication. Nous avons appris que les titulaires du Brevet de technicien supérieur (Bts) ont été écartés. Ont-ils toujours accès à cette carte ? Puisque c`est le Cnp et le Cnca qui ont pris cette décision ?
Je ne devrais même pas vous le dire. Nous prenons la décision et puis avisons ceux qui ont droit à cela. Ce que je voudrais vous dire, la carte d`identité n`est pas indépendante. C`est le Cnp qui est indépendant, c`est le Cnca qui est indépendant. A la commission de la carte d`identité, c`est le Cnp et le Cnca qui ont nommé des gens qui siègent. Par exemple, M. Kah Zion qui y siège, l`est au nom du Cnca, Mme Sali Ouattara siège au nom du Cnp. Ils ne sont pas là-bas en indépendants. C`est une commission paritaire. S`il y a un problème, c`est le Cnp et le Cnca qui se mettent ensemble pour, selon la loi, le régler. Quand il y a eu un problème, le Gepci s`est adressé à nous par un courrier que nous n`avons pas considéré. Car nous n`avons pas nommé le Gepci. M. Kah Zion ne siège pas en tant que Gepci, mais en tant que Cnca. Mais, nous avons une lettre également de la commission qui nous informait de ce qui s`est passé, en réunion là-bas relativement au problème des Bts. A ce moment-là, nous avons siégé, Cnp et Cnca et nous avons pris la décision. C`est simple. C`est rétroactivement que les cartes ont été déjà données. J`ai été le premier président de la commission de la carte d`identité de journaliste professionnel et de professionnel de la commission. Je sais bien ce que je dis, ce que je fais. J`ai géré cela pendant cinq ou six ans. Et ceux qui avaient déjà eu la carte d`identité, on ne peut pas leur enlever la carte d`identité, parce qu`on la leur avait déjà donné. Ceux qui ne l`avaient pas en ce moment-là, dans la période de 2001-2005, on ne peut pas dire que parce qu`elle n`a pas été attribuée, de 1996 à 2001, à ceux qui avaient eu le Bts à ce moment-là, qui n`avaient pas postulé, on avait dit qu`on ne remettait pas la carte d`identité. La loi s`applique pour ceux qui avaient eu la carte d`identité. C`est-à-dire on leur redonne la carte d`identité. C`est le droit acquis. Ils ont la carte d`identité automatiquement. Ceux qui ne l`avaient pas et qui, aujourd`hui, postulent, ils sont obligés de respecter la loi qui dit, est journaliste celui qui justifie d`un diplôme d`une école de journalisme ou qui a une licence et qui a 2 ans dans une rédaction, celui qui a une maîtrise et qui fait un an dans une rédaction. L`histoire Gnamantêh, c`est nous qui l`avons tranchée. En plus de cela, ce que les gens ne savent pas, le tribunal peut nous consulter pour que nous lui donnions des informations. Ce sont les informations que nous avons données au tribunal l`autre fois qui ont montré que Gnamantêh est journaliste parce qu`il a une licence d`anglais, je crois, il a été professeur et il est à Le Nouveau Réveil depuis cinq ans. Il est journaliste professionnel et il avait présenté un dossier pour avoir une carte. Donc, c`est ça la loi aujourd`hui. On ne va pas dire que celui qui a le Bts il y a combien de temps, s`il n`a pas postulé à ce moment-là, c`est tant pis pour lui. Ceux qui avaient postulé à ce moment et qui avaient même moins que le Bts et qui ont eu la Carte au moment où la loi n`était pas la même, ils ont droit à la carte. C`est le droit acquis. On a reçu ici les membres de la carte d`identité. Nous avons reçu le président Franck Anderson et le secrétaire général du Cnca et le secrétaire général du Cnp. Nous avons reçu la présidente de la commission de la carte d`identité, nous avons reçu sa juriste qui était avec elle, qui s`est expliquée, qui a développé tout. Et nous avons prouvé à la juriste et à la présidente que ce problème de rétroactivité n`avait rien à y voir. Nous aussi, nous avons des juristes, de très bons juristes et on a tranché. Maintenant, ils ont le droit de faire un recours, mais le recours, c`est vers le Cnp et le Cnca.
Justement, le porte-parole de la commission Guillaume Gbato veut attaquer la décision
D`abord, nous ne le connaissons pas. Nous connaissons la présidente. Il parait qu`il est porte-parole. Dans les textes, il n`y a pas de porte-parole de la commission. Il veut attaquer, qu`il attaque, il se retrouvera face nous parce que s`il va à la chambre administrative, on va le renvoyer face à nous puisqu`il dépend de nous. Il se fourvoie. Guillaume Gbato parle trop. Je l`aime bien, il parle beaucoup mais je crois qu`il doit maitriser un peu plus les textes. Il n`est pas juriste.
Que deviendront ces titulaires du Bts qui étaient au commencement de la presse ivoirienne ?
S`ils y étaient au commencement, ils auraient postulé. Pour dire que dans une rédaction, il y a les journalistes professionnels et les autres.
Sur la question de la carte de journaliste professionnel, vous avez tranché. C`est bien. Mais quand il s`agit de la convention collective, les journalistes estiment que vous ne jouez pas franc jeu. Pourquoi la convention n`est-elle pas encore appliquée ?
Moi, je suis journaliste professionnel. Je suis sorti avec une maitrise en science de la communication. Ce n`est pas moi qui vais me battre pour que les journalistes soient mal payés. C`est nous qui nous sommes battus pendant 5 ans pour faire cette loi. Et c`est dans cette loi qu`on dit que les journalistes doivent être payés à la convention collective. On ne peut pas se dédire. On nous a confié le dossier, il faut que nous en discutions. C`est en cela que je dis que Guillaume Gbato est de mauvaise foi. Parce que le Gepci et le Synappci sont en discussion. Celui qui gère ce dossier, c`est Me. Bourgoin. Il les a reçus plusieurs fois et d`ailleurs, il est en train de trancher. La dernière réunion c`est aujourd`hui (Ndlr hier). Donc Gbato ne peut pas dire que le Cnp ne veut pas ceci ou cela. On est dans un pays de dialogue. Il ne faut pas oublier les gens de Gepci, ce sont des patrons de presse. S`ils disent demain qu`ils ne peuvent prendre que 3 ou 4 journalistes professionnels en jouant de la mauvaise foi, qu`est-ce que nous allons faire ? C`est pour ça qu`il faut discuter et pouvoir trouver le juste milieu. Le jour qu`on a signé la convention collective, j`étais présent, feu Diégou Bailly également. On était avec le ministre Savané. Ce sont eux qui ont signé la convention collective et se sont entendus que cette convention soit appliquée 2 ans après. Et à la fin des 2 ans, ils ne s`entendent plus. Nous, on fait la médiation. Et la médiation va se terminer. La solution pour la convention collective, on va la signifier dans quelques jours. Parce que la loi dit que les journalistes professionnels doivent être payés à la convention collective. Un point un trait. Mais ce que renferme la convention collective, c`est là-dessus que le Gepci et le Synappci ne sont pas d`accord. Mais il faut discuter parce que c`est le Gepci qui paye. Si les patrons de presse n`ont pas les moyens de payer, ils vont le dire et des gens vont se retrouver à la rue. C`est pour cela que nous faisons le dialogue.
Quels sont les avantages d`avoir une carte de journaliste professionnel ?
Quand nous étions là, il y avait de nombreux avantages, des avantages matériels. D`abord, il y a le fait que vous êtes journaliste professionnel. Parce que dans notre milieu, il y a tellement de truands. Est-ce que vous savez que l`ambassade de France a été obligée de nous écrire pour nous dire qu`elle ne sait plus à qui donner des visas ? Il y a un journal de la place qui, en une année, avait eu 50 visas pour 50 journalistes pour aller en France. Entre-nous, il y a combien de journalistes dans une rédaction ? Le journal faisait du trafic. Il prend de l`argent aux gens et leur donne une carte de journaliste. Il fallait régler tous ces problèmes. De notre temps, le billet d`avion était à moitié prix avec la carte, le transport à l`intérieur de la Côte d`Ivoire était à moitié prix. Même dans les restaurants. Et les gens se battaient pour la carte à cause de tout cela et aussi à cause du fait qu`on vous identifie. Un journaliste, ce n`est pas n`importe qui. C`est dommage que depuis 1990, les gens aient remis la profession dans cet état d`inconsidération du métier. Aujourd`hui, on ne considère plus un journaliste. Pourtant, on a les mêmes diplômes et quelquefois plus que d`autres personnes.
Interview réalisée par
Djè KM et Serges Amani