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Politique Publié le mardi 27 avril 2010 | Nuit & Jour

Crise ivoirienne : Le sésame financier des pays limitrophes

© Nuit & Jour Par DR
Accord politique de Ouagadougou - Le Président Blaise Compaoré, Facilitateur
« Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu ». Pas un seul ivoirien qui ne soit aujourd’hui d’avis avec le sage qui, comme pour prévenir ses concitoyens contre les dangers des mésententes, n’avait de cesse de tenir ces propos. Félix Houphouët-Boigny, c’est de lui qu’il s’agit, avait aussi tiré sur plusieurs sonnettes d’alarme, dont les sons sont malheureusement demeurés dans les méandres des échos… C`est-à-dire très loin des tympans des concitoyens d’Eburnie. Pour avoir banalisé ces paroles prémonitoires du Bélier de Yamoussoukro, en concevant leur avenir, comme bon leur a semblé, ceux-ci paient cash le prix de leur négligence. Perdus entre doute, désespoir et incertitude, les Ivoiriens partagent néanmoins un regrettable sentiment : le remord. Ils regrettent en effet d’avoir transformé ce beau et bon pays en une contrée de toutes les turpitudes. Autrefois terre de la prospérité absolue, la Côte d’Ivoire continue certes de recevoir du monde, mais qu’elle enrichit en s’appauvrissant. Il s’agit des innombrables intervenants dans sa crise, pour qui ce processus est un sésame financier. Il y a d’abord les pays limitrophes, qui accueillent depuis 2002 une grande partie des produits du sol et du sous-sol ivoirien… qu’ils exportent à leur tour vers le reste du monde. A la faveur de cette crise qui perdure, les pays limitrophes de la Côte d’Ivoire sont devenus producteurs-exportateurs de produits qu’ils n’ont jamais plantés, ni extraits de leurs sols. Avec la bénédiction des Ivoiriens décidément d’accords que sur leur désaccord, ces pays participent désormais aux échanges portant sur le café, le cacao, le soja, l’or, le diamant et même sur le bois, etc, tout pays désertiques qu’ils sont. Parce que la Côte d’Ivoire a volontairement décidé d’observer un temps d’arrêt dans tous les aspects de sa vie, ces pays sont en chantiers, fonçant tout droit vers un développement durable certain. Opérés par les Ivoiriens eux-mêmes, ce transfert de produits et de fonds a suscité dans lesdits pays, une floraison de banques commerciales, dotant leurs circuits économiques de la fluidité monétaire indispensable à la bonne marche des affaires. N’eut été le formidable réseau routier créé par Félix Houphouët-Boigny, ces pays auraient détourné l’ensemble des transporteurs de la sous-région qui profitent cahin caha des installations des deux ports ivoiriens. C’est qu’entre temps, ils ont créé des autoroutes menant aux ports de Tema (au Ghana), de Lomé et de Conakry, malheureusement trop distants donc trop couteux. C’est donc fort logiquement que lors de l’élection il y a quelques années du Gouverneur de la BCEAO, ces pays avaient convoité ce poste, contestant officiellement la suprématie économique sous-régionale du pays d’Houphouët-Boigny.

La ruine du voisin comme facteur de développement

Même si elle suscite des constats regrettables et légitimes, l’attitude des pays limitrophes n’est que normale, et pour cause. Dans leur course vers les Objectifs mondiaux du développement (OMD) de 2015, les pays et les régions se concurrencent, et personne ne se fera hara-kiri. Les seules à accuser et même à blâmer étant les Ivoiriens eux-mêmes, pour avoir dévié de la trajectoire pour eux tracée par leur père spirituel à tous, Félix Houphouët-Boigny. Pour avoir abandonné la dynamique de construction amorcée par ce dernier, ils ont offert leur pays en pâture à leurs voisins, qui se partagent alors le gâteau sans pitié. Normal donc qu’en s’immisçant dans la résolution de la crise ivoirienne, leurs dirigeants œuvrent plutôt et en catimini, à la pérennisation de celle-ci. Préoccupés à se refaire sur le plan international leurs blasons ternis chez eux, ces médiateurs ( ?) profitent donc à satiété des incessants rebondissements enregistrés par le processus. Normal que pour eux, la ruine de la Côte d’Ivoire soit un facteur de développement, la seule qui leur permettent vraiment d’attirer l’attention des décideurs de la planète. De là à affirmer que les Ivoiriens sont eux-mêmes responsables du déclin plus que décennal de leur propre pays, il n’y a qu’un pas que le monde a franchi depuis longtemps, convaincu que la plus grande part de responsabilité revient aux politiciens ivoiriens, d’accords que lorsqu’il s’agit de se partager le denier public.

Franck Boyo
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