Où va l`opposition politique ivoirienne ? Que veut-elle au juste ? Quels moyens, mécanismes ou stratégies déploie-t-elle de façon cohérente, constante et soutenue pour arriver à ses fins ? En un mot, quel est le plan de l`opposition regroupée au sein du Rhdp pour faire plier Gbagbo dont l`aversion pour les élections ne fait plus l`ombre d`aucun doute ?
Après-demain, nous serons en mai 2010 et cela fera cinq mois que le train du processus électoral est stationné en gare. Plus rien n`a bougé après l`affichage de la liste électorale provisoire et l`ouverture du contentieux électoral. De temps à autre, l`opposition crie, proteste, condamne, menace, mène quelques actions sporadiques et puis la vie continue. On espère que Laurent Gbagbo et son Premier ministre vont enfin se résoudre à organiser ces élections qu`ils ont promises au peuple, dix mois après la signature de " l`accord historique " de Ouagadougou le 4 mars 2007. Les deux têtes de pont de l`exécutif ivoirien jouent tellement bien leur jeu, avec la caution des Forces de défense et de sécurité, que personne ne semble se rendre compte que nous perdons le temps à ne rien faire et que chaque seconde, chaque minute qui passe, blesse notre pays, que nous nous enfonçons davantage.
Le Rhdp, ces derniers jours, est encore monté au créneau pour préparer une opération de protestation et de contestation grandeur-nature. Pour exiger des élections. Contrairement aux manifestations éclatées et non coordonnées de février dernier, le directoire du mouvement houphouétiste a envoyé 20 missions de sensibilisation et de remobilisation de ses bases.
Mais jusqu`où le Rhdp est-il prêt à aller ? Le Rhdp est-il conscient que ce qui est en jeu ici, c`est sa propre crédibilité face à l`opinion publique nationale et internationale ? Sait-il au moins à quoi il s`expose s`il sortait perdant du rendez-vous du 15 mai ?
Les Ivoiriens sont certes fatigués et déçus du régime de M. Laurent Gbagbo, mais il faut faire en sorte qu`ils ne soient pas autant fatigués et déçus des hésitations de l`opposition. Une opposition qui fait beaucoup de bruit mais qui pose très peu d`actes. Une opposition lourde dans son fonctionnement, qui n`anticipe pas souvent et qui est lente dans ses réactions. Une opposition qui n`est pas suffisamment aux aguets, qui n`est pas naturellement et suffisamment opportuniste. Aujourd`hui, il ne s`agit plus de crier que Gbagbo a peur ou qu`il ne veut pas organiser les élections mais il faut le contraindre à organiser ces élections. Comment ? Cela relève de la stratégie et cela doit se faire avec le plus grand sérieux, avec la grande attention. On ne peut pas en effet reprocher au Rhdp de n`avoir pas fait suffisamment preuve de responsabilité et de patience dans ce processus de sortie de crise. Parfois contre le gré de ses militants, les leaders du Rhdp ont dû accepter l`inacceptable, poser des actes qu`on pourrait qualifier de compromission, ils ont reculé, sacrifié des cadres, accepté qu`on souille à vie la réputation de certains de leurs cadres pour des fautes qu`ils n`ont pas commises. Tout cela a été fait pour, dit-on, préserver la stabilité du pays et surtout dans l`espoir que les élections seront enfin organisées.
Mais le résultat aujourd`hui est lequel ? On continue de discuter sur le sexe des anges à la Primature pour savoir comment relancer le contentieux électoral. Sans apparemment se soucier du temps qui passe. Cela peut en effet se comprendre, parce que ceux qui discutent et qui décident n`ont pas les soucis de ceux qui attendent les décisions. Ils vivent dans l`opulence, ils ne manquent de rien, leurs enfants sont à l`abri du besoin. Ils se surprennent parfois à dire que les Ivoiriens souffrent mais en réalité, ils ne savent pas ce que cela veut dire. Ils ne connaissent pas le stress de ce père de famille qui peine à trouver de quoi nourrir, soigner et scolariser ses enfants dans une conjoncture économique rendue encore plus difficile par les hausses intempestives du prix du carburant et du coût de la vie.
Les Ivoiriens sont en danger et ils ont besoin de délivrance. Gbagbo peut avoir ses raisons de ne pas vouloir des élections tout de suite. Soro Guillaume peut avoir des raisons de ne pas trop s`agiter pour ces élections et de suivre tranquillement le cours des choses. Mais le Rhdp a-t-il des raisons de vouloir que les choses traînent encore davantage ? Tous les responsables, tous les leaders du Rhdp se sont-ils assis pour échanger et se mettre d`accord sur ce qu`ils veulent faire à partir du 15 mai prochain ? Tous sont-ils prêts à se mobiliser comme un seul homme pour dire à Gbagbo, stop ça suffit ? Car si Gbagbo continue de faire les déclarations qu`il fait, s`il continue de narguer l`opposition, s`il continue de préparer son cinquantenaire plutôt que de s`atteler à vite organiser ces élections, c`est parce que quelque part, l`attitude même de cette opposition l`y encourage. La situation est suffisamment grave. Les leaders du Rhdp ont le devoir de se parler et de se rencontrer souvent. Les échanges téléphoniques ne suffisent plus. Ils ont le devoir d`impulser une dynamique au directoire et aux militants de base. Ils doivent se mettre devant dans l`élan de remobilisation des troupes. Faire une grande réunion, avec des mots d`ordre clairs avant d`envoyer des missions sur le terrain.
Hier, il devrait se tenir à la Primature une réunion des experts pour harmoniser les documents en vue de la relance du contentieux. Cette séance de travail n`a pas eu lieu. Personne n`en sait les raisons. Même ceux qui doivent y participer ne savent pas quand elle aura lieu. Avant l`arrivée des experts de l`Onu récemment en Côte d`Ivoire, Gbagbo et Soro ont forcé leur agenda pour se réunir un dimanche et nous faire la promesse qu`ils ont aplani leurs divergences et que le processus serait relancé immédiatement. C`était le 11 avril dernier. Rien n`a bougé. Le 22 avril, Wade est venu à Abidjan pour une médiation sans la caution de Compaoré. Résultat, zéro pointé. Demain, Gbagbo invitera Konaré, Faure Gnassingbé ou le président béninois à venir parler à cette opposition qu`on infantilise ainsi. Et certainement que pour honorer le statut de digne fils d`Houphouët-Boigny, on ira s`asseoir devant ces chefs d`Etat pour expliquer toute la misère que Gbagbo impose à ce pays. Mais enfin !
Akwaba Saint Clair
Après-demain, nous serons en mai 2010 et cela fera cinq mois que le train du processus électoral est stationné en gare. Plus rien n`a bougé après l`affichage de la liste électorale provisoire et l`ouverture du contentieux électoral. De temps à autre, l`opposition crie, proteste, condamne, menace, mène quelques actions sporadiques et puis la vie continue. On espère que Laurent Gbagbo et son Premier ministre vont enfin se résoudre à organiser ces élections qu`ils ont promises au peuple, dix mois après la signature de " l`accord historique " de Ouagadougou le 4 mars 2007. Les deux têtes de pont de l`exécutif ivoirien jouent tellement bien leur jeu, avec la caution des Forces de défense et de sécurité, que personne ne semble se rendre compte que nous perdons le temps à ne rien faire et que chaque seconde, chaque minute qui passe, blesse notre pays, que nous nous enfonçons davantage.
Le Rhdp, ces derniers jours, est encore monté au créneau pour préparer une opération de protestation et de contestation grandeur-nature. Pour exiger des élections. Contrairement aux manifestations éclatées et non coordonnées de février dernier, le directoire du mouvement houphouétiste a envoyé 20 missions de sensibilisation et de remobilisation de ses bases.
Mais jusqu`où le Rhdp est-il prêt à aller ? Le Rhdp est-il conscient que ce qui est en jeu ici, c`est sa propre crédibilité face à l`opinion publique nationale et internationale ? Sait-il au moins à quoi il s`expose s`il sortait perdant du rendez-vous du 15 mai ?
Les Ivoiriens sont certes fatigués et déçus du régime de M. Laurent Gbagbo, mais il faut faire en sorte qu`ils ne soient pas autant fatigués et déçus des hésitations de l`opposition. Une opposition qui fait beaucoup de bruit mais qui pose très peu d`actes. Une opposition lourde dans son fonctionnement, qui n`anticipe pas souvent et qui est lente dans ses réactions. Une opposition qui n`est pas suffisamment aux aguets, qui n`est pas naturellement et suffisamment opportuniste. Aujourd`hui, il ne s`agit plus de crier que Gbagbo a peur ou qu`il ne veut pas organiser les élections mais il faut le contraindre à organiser ces élections. Comment ? Cela relève de la stratégie et cela doit se faire avec le plus grand sérieux, avec la grande attention. On ne peut pas en effet reprocher au Rhdp de n`avoir pas fait suffisamment preuve de responsabilité et de patience dans ce processus de sortie de crise. Parfois contre le gré de ses militants, les leaders du Rhdp ont dû accepter l`inacceptable, poser des actes qu`on pourrait qualifier de compromission, ils ont reculé, sacrifié des cadres, accepté qu`on souille à vie la réputation de certains de leurs cadres pour des fautes qu`ils n`ont pas commises. Tout cela a été fait pour, dit-on, préserver la stabilité du pays et surtout dans l`espoir que les élections seront enfin organisées.
Mais le résultat aujourd`hui est lequel ? On continue de discuter sur le sexe des anges à la Primature pour savoir comment relancer le contentieux électoral. Sans apparemment se soucier du temps qui passe. Cela peut en effet se comprendre, parce que ceux qui discutent et qui décident n`ont pas les soucis de ceux qui attendent les décisions. Ils vivent dans l`opulence, ils ne manquent de rien, leurs enfants sont à l`abri du besoin. Ils se surprennent parfois à dire que les Ivoiriens souffrent mais en réalité, ils ne savent pas ce que cela veut dire. Ils ne connaissent pas le stress de ce père de famille qui peine à trouver de quoi nourrir, soigner et scolariser ses enfants dans une conjoncture économique rendue encore plus difficile par les hausses intempestives du prix du carburant et du coût de la vie.
Les Ivoiriens sont en danger et ils ont besoin de délivrance. Gbagbo peut avoir ses raisons de ne pas vouloir des élections tout de suite. Soro Guillaume peut avoir des raisons de ne pas trop s`agiter pour ces élections et de suivre tranquillement le cours des choses. Mais le Rhdp a-t-il des raisons de vouloir que les choses traînent encore davantage ? Tous les responsables, tous les leaders du Rhdp se sont-ils assis pour échanger et se mettre d`accord sur ce qu`ils veulent faire à partir du 15 mai prochain ? Tous sont-ils prêts à se mobiliser comme un seul homme pour dire à Gbagbo, stop ça suffit ? Car si Gbagbo continue de faire les déclarations qu`il fait, s`il continue de narguer l`opposition, s`il continue de préparer son cinquantenaire plutôt que de s`atteler à vite organiser ces élections, c`est parce que quelque part, l`attitude même de cette opposition l`y encourage. La situation est suffisamment grave. Les leaders du Rhdp ont le devoir de se parler et de se rencontrer souvent. Les échanges téléphoniques ne suffisent plus. Ils ont le devoir d`impulser une dynamique au directoire et aux militants de base. Ils doivent se mettre devant dans l`élan de remobilisation des troupes. Faire une grande réunion, avec des mots d`ordre clairs avant d`envoyer des missions sur le terrain.
Hier, il devrait se tenir à la Primature une réunion des experts pour harmoniser les documents en vue de la relance du contentieux. Cette séance de travail n`a pas eu lieu. Personne n`en sait les raisons. Même ceux qui doivent y participer ne savent pas quand elle aura lieu. Avant l`arrivée des experts de l`Onu récemment en Côte d`Ivoire, Gbagbo et Soro ont forcé leur agenda pour se réunir un dimanche et nous faire la promesse qu`ils ont aplani leurs divergences et que le processus serait relancé immédiatement. C`était le 11 avril dernier. Rien n`a bougé. Le 22 avril, Wade est venu à Abidjan pour une médiation sans la caution de Compaoré. Résultat, zéro pointé. Demain, Gbagbo invitera Konaré, Faure Gnassingbé ou le président béninois à venir parler à cette opposition qu`on infantilise ainsi. Et certainement que pour honorer le statut de digne fils d`Houphouët-Boigny, on ira s`asseoir devant ces chefs d`Etat pour expliquer toute la misère que Gbagbo impose à ce pays. Mais enfin !
Akwaba Saint Clair