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Politique Publié le samedi 1 mai 2010 | Le Patriote

Report de la marche du 15 mai / Le directoire du RJDP à Désiré Tagro : "Nous maintenons notre marche"

© Le Patriote Par Emma
Presse - Les leaders des jeunesses du RHDP à la Tribune d`échanges du quotidien Le Patriote
Vendredi 30 avril 2010. Abidjan, Zone 4C. Siège du quotidien "Le Patriote". Karamoko Yayoro (JRDR), KKB (JPDCI) et les autres leaders des jeunesses du RHDP, face à la presse.
Une cinglante fin de non-recevoir. Le ministre de l’intérieur n’aura pas attendu longtemps pour avoir la réponse à sa demande de report de la marche des jeunes houphouetistes. Alors qu’il les attend le lundi prochain, les jeunes du RHDP ont devancé la rencontre en annonçant les couleurs. Invités, ce vendredi 30 avril, par la rédaction du Quotidien Le Patriote à se prononcer sur l’actualité sociopolitique, les leaders de la jeunesse du RHDP ont clairement exprimé leur volonté de ne pas faire droit à la proposition de Désiré Tagro. Cette opposition est, insistent-ils, sans appel. Ces jeunes qui disent recevoir « d’énormes pressions » de leurs bases qu’ils vont consulter dans les heures qui suivent, mettent la barre très haut. Désormais, la marche du 15 mai transcende les jeunesses de l’opposition. Elle concerne, ont-ils laissé entendre, l’ensemble des Ivoiriens qui réclament les élections. « Tagro, nous a fait une proposition que nous qualifions d’indécente. Il nous a demandé de reporter la marche. Mais, nous disons que la marche est maintenue. Le 15 mai prochain, partout en Côte d’Ivoire, et dans les villes de l’extérieur où se trouvent des Ivoiriens, on doit marcher », ont tenu à préciser Karamoko Yayoro, le président en exercice du Rassemblement des Jeunes pour la Démocratie et la Paix (RJDP) et ses camarades. Pour eux, la tenue des Assemblées annuelles de la Banque africaine de Développement que brandit le ministre Tagro comme prétexte pour faire reporter la marche, est un faux alibi. «Il ne s’agit pas d’aller contre les intérêts de la BAD. Parce que nous savons ce que cette institution représente pour la Côte d’Ivoire. Mais faut-il pratiquer la politique de l’autruche en taisant nos souffrances ou œuvrer à créer les conditions pour un retour définitif de la BAD en Côte d’Ivoire ? Nous voulons que la Banque revienne pour de bon dans le pays. Nous saisirons même le jour de la présence des délégués pour leur crier haut et fort notre désarroi », ont-ils fait savoir. Pour Kouadio Konan Bertin, vice-président du RJDP, l’argument avancé par le ministre de l’Intérieur ne tient pas la route. Car par le passé, selon lui, Laurent Gbagbo et ses partisans n’ont pas tenu compte des activités à caractère national pour mener leur combat politique. « Le Pape Jean-Paul II devait venir en Côte d’Ivoire pour l’inauguration de la Basilique de Yamoussoukro. Le président Houphouët-Boigny avait demandé à tous les Ivoiriens de s’associer à cet événement. Mais Laurent Gbagbo a préféré marcher et crier dans les rues « Houphouët voleur ». En 1998, le Premier ministre Kablan Duncan organisait le forum international «Investir » à Abidjan. Mais Laurent Gbagbo a marché. Aujourd’hui, il nous demande de reporter notre marche à cause des Assemblées annuelles de la BAD. Ce que nous demandons à Gbagbo, c’est une paix durable. Et pour y parvenir, la priorité des priorités, ce sont les élections », a asséné KKB. Kouadio Yao Séraphin, président de la jeunesse de l’UDPCI, a pour sa part, fait porter le chapeau du chevauchement des dates au FPI. « La BAD, en fixant ses Assemblées annuelles aux dates du 27 et 28 mai, pensait qu’il allait Y avoir les élections. Croyant naïvement qu’elle avait affaire à un Pouvoir sérieux. C’est la faute au FPI si nous en sommes là », a-t-il rectifié. Avant de demander aux militants de l’opposition et à tous les Ivoiriens épris de paix et de démocratie, d’être mobilisés pour la marche du 15 mai qui, selon lui, est irréversible. « Ce que nous allons demander à Tagro, c’est de prendre toutes les dispositions pour que la marche soit encadrée. Car c’est au pouvoir de prendre toutes les dispositions pour qu’il n’y ait pas de débordements », a-t-il indiqué. S’agissant des menaces de répression qui planent sur cette marche, Karamoko Yayoro s’est voulu clair : « Nous allons marcher jusqu’à la place de la République et il n’y aura rien ». Quant à KKB, il a ajouté ceci : « Quand le FPI était dans l’opposition, on n’a jamais tué pendant les marches. Pourquoi depuis qu’il est au pouvoir, on doit tuer pendant les marches. Gbagbo doit garantir nos vies ». En ce qui concerne le sens même de cette marche, le directoire du RJDP a rappelé qu’elle n’est pas à caractère insurrectionnel. Mais qu’elle est « la marche du dernier avertissement ». Car il s’agit, selon le directoire, d’arracher la date des élections à Laurent Gbagbo. « Tant que nous n’aurons pas nos cartes d’identité, les cartes d’électeurs, l’affichage de la liste définitive et une date définitive pour les élections, il n’aura pas de répit », a-t-il averti.

Le directoire du RJDP s’est également prononcé sur le processus électoral bloqué depuis bientôt six mois. Et particulier sur le mutisme de la Commission électorale indépendante. Pour Karamoko Yayoro, cette situation est due au fait que la CEI n’est pas véritablement indépendante. Car, selon lui, le chef de l’Etat l’empêche de travailler. Quant à KKB, il a demandé à la CEI et à son président de s’affranchir. Kouadio Séraphin, à son tour, a indiqué que le président de la CEI, Youssouf Bakayoko, doit faire en sorte que l’on sache que ce n’est pas la CEI, mais plutôt Laurent Gbagbo qui bloque le processus. Toutefois, les jeunes ont averti les membres de la CEI que l’histoire les jugera.

Sur la question du désarmement, le directoire du RJDP a demandé aux signataires de l’Accord politique de Ouagadougou de respecter les termes de leur propre accord. Pour ce qui est de l’audit de la liste électorale blanche réclamé par le camp présidentiel, les jeunes l’ont qualifié de « faux problème » du moment où la liste en question a fait l’objet de plusieurs croisements sous la supervision des différentes structures impliquées dans sa confection. Et surtout d’une certification de l’ONU. S’agissant de la question de la RTI, les membres du directoire du RJDP reconnaissent qu’après la marche du 26 janvier, les choses se sont empirées dans le traitement de l’information et l’accès équitable de l’information. Mais selon Diomandé Mamadou de la jeunesse du MFA, il s’agissait pour eux, en organisant cette marche de tuer la peur dans l’esprit de leurs militants depuis les massacres de mars 2004. Se prononçant sur la situation sociopolitique, le directoire a salué la grève des transporteurs qui, selon lui, démontre que lorsque le peuple est excédé, il n’attend pas ses leaders pour agir. Pour régler les problèmes de délestages, de la pénurie d’eau potable, de la cherté du carburant et de la vie, le RJDP estime qu’il faut une solution globale. « La question doit être réglée globalement. Quand on va changer le système, tout va changer », ont rassuré Karamoko Yayoro et KKB. C’est la raison pour laquelle le directoire du RJDP entend dans les jours à venir, rencontrer les forces vives de la nation (transporteurs, enseignants, syndicalistes et autres couches socioprofessionnelles) pour leur parler de la marche et les inviter à la soutenir. Au pouvoir en place, le directoire du RJDP a lancé un ultimatum. « Si jusqu’à la fin du mois de mai, il n’y a pas de date d’élections, nous allons mettre en place un nouveau cadre institutionnel sans Laurent Gbagbo. Et nous ne bluffons pas », a-t-il menacé pour terminer.

Jean-Claude Coulibaly
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