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Art et Culture Publié le samedi 8 mai 2010 | Notre Voie

Bel Batista (Artiste ivoirien basé à Paris) : “Les politiciens doivent s’entendre pour la paix en Côte d’Ivoire”

En vacances à Abidjan, l’artiste ivoirien résidant en France, Bel Batista nous a accordé un entretien où il parle de son prochain album. Il a saisi cette lucarne pour lancer un appel à la classe politique ivoirienne en vue d’un retour définitif de la paix.

Notre Voie : Vous êtes en ce moment à Abidjan pour les derniers réglages de votre prochain album ?

Bel Batista : En fait, je viens régulièrement en Côte d’Ivoire depuis que je suis installé en France. C’est seulement cette fois que j’ai mis deux ans avant de revenir. Je suis donc là pour des démarches vers des artistes comme Amédée Pierre, Reine Pélagie, Maître Maîhyou, Aïcha Koné pour qu’ils me donnent de nouvelles idées pour peaufiner mon prochain album.


N.V. : Apparemment, ce sont des artistes qui ont un pied dans la tradition avec une ouverture sur la musique moderne. Est-ce un avant-goût de ce qui attend les mélomanes ?

B.B. : C’est vrai que je vais rester collé aux sonorités du terroir comme le gbégbé, l’alloukou, le gaou, mais avec des colorations coupé-décalé, mapouka, zouglou et zouk que j’aime beaucoup. Et ce volet sera piloté par mon fils Ricko Bijou, qui est auteur compositeur . Au niveau du look, je resterai toujours le même. C'est-à-dire BCBG, sans oublier la canne, qui fait aussi ma particularité auprès du public. Je voudrais vous rappeler que ce sont mes amis et moi, Benny Bezy, NST Cophie’s qui avons commencé le phénomène de la sape à Abidjan. C’est ce que vous appelez aujourd’hui le boucan. Cela me fait plaisir que les jeunes aient repris ce mouvement.


N.V. : L’album va comporter combien de titres ?

B.B. : Environ une douzaine de titres. Parce qu’il ne suffit pas de venir paraître, il faut aussi avoir des messages. Et j’en ai beaucoup à adresser aux Ivoiriens. Je demande par exemple à mes frères et sœurs ivoiriens de ne pas perdre espoir et de croire fortement en l’avenir radieux de notre pays. Les politiciens, pour leur part, doivent s’entendre pour un retour définitif de la paix en Côte d’Ivoire. Ils doivent taire leurs intérêts personnels pour s’accorder sur l’intérêt supérieur de la nation. Je rends aussi hommage au président de la République, Laurent Gbagbo, et à son épouse Simone pour le combat qu’ils mènent jusque-là pour la véritable liberté politique et économique de notre pays.


N.V. : Comment se fera la distribution de cette œuvre ? Parce que du fait de la piraterie beaucoup d’artistes préfèrent eux-mêmes assurer la distribution de leurs produits à partir de leur propre structure.

B.B. : Je crois que chacun doit faire son travail. Je ne peux pas à la fois chanter danser et distribuer. Je confierai certainement la distribution de l’album à une maison de distribution de la place. C’est vrai que la piraterie est un problème pour les créateurs. Mais il n’y a pas qu’en Côte d’Ivoire qu’on voit ce phénomène. Cela ne doit pas pour autant freiner la production. C’est pourquoi je suis heureux des dispositions pratiques qui ont été prises par le gouvernement ivoirien pour sévir contre les pirates.


N.V. : Vous êtes sociétaire du Bureau ivoirien du droit d’auteur (BURIDA) et à la SACEM. Comparativement aux années 80, comment se faisait la perception de vos droits d’auteur ?

B.B. : Au début des années 80, quand on prestait à la télévision nationale, bien qu’on le fasse pour égayer les téléspectateurs, on percevait nos droits sur place à la télé. Ensuite, feu le commissaire Adolphe Babi est venu en France et nous a dit qu’il y avait désormais le Burida. Nous avons donc adhérer. Mais depuis un moment, on ne comprend plus rien. Avant de passer à la télévision nationale, c’est nous qui, maintenant, devons débourser de l’argent. J’irai donc rencontrer l’ex-PCA du Burida, Valen Guédé, et l’actuel PCA du Burida, Gadji Celi, pour qu’on m’éclaire sur tout.


N.V. : Le président de la République à décidé de remettre le Burida aux artistes. Malheureusement, on entend des bruits de querelles encore dans votre milieu sur le contrôle de cette maison…

B.B. : Le président de la République nous a responsabilisés et je crois que ce serai dommage qu’il y ait des querelles. Tout le monde doit faire confiance à l’équipe qui a été élue démocratiquement par les artistes eux-mêmes. Il faut la laisser travailler. A la fin de son mandat, on pourra dire ce qu’on pense du bilan qu’elle aura réalisé.


N.V. : La FAAIF que vous avez créé pour faire la promotion des artistes à l’extérieur connaît aussi le même sort…

B.B. : Effectivement, les artistes Ivoiriens sont encore fragiles. C’est vrai que la Côte d’Ivoire est indépendante depuis bientôt 50 ans, mais elle est encore en mutation. Donc ça va venir. Je crois qu’il faut être indulgent avec eux et les laisser grandir d’eux-mêmes. Le grand frère Justin Stanislas, Adeliz, moi et plusieurs autres artistes avons créé “Les Crooners”. Ce sont les chanteurs de la musique fondamentale de la Côte d’Ivoire, mais sans exclure les jeunes. Sinon la FAAIF existe toujours et prend en compte toutes ces associations. Relativement aux Congolais et aux Camerounais qui s’entendent bien, les Ivoiriens sont encore fragiles. Mais tout finira par s’arranger. En tout cas, c’est mon souhait.


N.V. : Quels sont les activités que mènent les Crooners depuis leur création?

B.B. : En fait, il n’y a pas longtemps que le mouvement a été créé. Mais déjà, on a fait une conférence de presse à Paris avec les autres associations et on entend faire des concerts live et d’autres activités.


N.V. : Avez-vous prévu des activités à Abidjan ?

B.B. : Oui, un gala et d’autres choses. Mais vous serez informé au moment opportun.

N.V. : Et votre fils Ricko Bijou, son album est prévu pour quand ?

B.B. : Mon fils est perfectionniste. Sinon, pour moi, l’album mérite d’être sur le marché en ce moment. Je lui ai suggéré de le sortir maintenant mais il estime que ce n’est pas encore bien. Donc on attend, mais c’est pour bientôt.

N.V. : Quel est votre regard sur la crise socio politique quand on sait que depuis l’Europe vous n’avez pas toujours de bonnes informations ?

B.B. : Depuis bientôt 8 ans, nous avons écho de ce qui arrive à la Côte d’Ivoire et nous prions pour que notre pays retrouve la paix. Mais je crois qu’ayant connu l’enfer la Côte d’Ivoire redeviendra le paradis.

Entretien réalisé par Sérikpa Benson
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