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Politique Publié le vendredi 14 mai 2010 | Le Patriote

Première page : Et demain ?

C’est l’image politique de cette fin de semaine. Il y a quelques heures encore, la Côte d’Ivoire retenait son souffle. Suite à la volonté de la Jeunesse houphouétiste de protester dans les rues, pour exiger du chef de l’Etat, qu’il s’engage dans la voie des élections, l’opposition a montré, à la face du monde, l’image d’un front désuni. En fin de compte, la déclaration sanctionnant les trois jours de conciliabules autour de cette marche, n’a été paraphée que par deux des quatre leaders du Rassemblement : Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié. Cela donne, bien évidemment, un très mauvais signal aux militants du RHDP. D’autant plus que depuis le 18 mai 2005 qu’il a été créé, ce mouvement a toujours donné l’image d’une opposition forte et soudée autour des idéaux de paix pour la conquête du pouvoir d’Etat.

Le boycott par les présidents Mabri Toikeusse et Anaky Kobenan du communiqué final de la dernière réunion du présidium, est le symbole d’un malaise, de plus en plus, grandissant qui gagne non seulement les directions des quatre partis mais aussi les bases qui, désorientées ne savent plus où donner de la tête. Le vin est tiré, il faut le boire. La marche du 15 mai est désormais de l’ordre du passé. Le RHDP est aujourd’hui à la croisée des chemins. En effet, face à un Laurent Gbagbo qui freine des quatre fers, face à l’éventualité d’organiser les élections, que faut-il faire ? Là se trouve la problématique à laquelle doivent répondre, hic et nunc, Henri Konan Bédié, Alassane Ouattara, Mabri Toikeusse et Anaky Kobena. Les leaders du RHDP se doivent de privilégier l’intérêt supérieur et refuser de verser aussi bien dans le sensationnel que dans le dilatoire. Les enfants d’Houphouët-Boigny doivent se retrouver pour vaincre ensemble ou périr ensemble. S’unir pour faire respecter les engagements qu’ils ont pris devant la Nation ivoirienne. Et cela, pour eux est un devoir sacré. A la vérité, Laurent Gbagbo ne leur laisse aucune alternative. Il leur faudra batailler dur pour lui arracher non pas une date, mais le premier tour effectif de l’élection présidentielle qui, comme un serpent de mer, est toujours annoncé, mais n’a jamais sorti la tête de l’eau. Combien de fois, l’échéance électorale ivoirienne n’a-t-elle pas été reportée par la seule volonté du camp présidentiel et de son Chef ? Le RHDP a suffisamment fait preuve de son patriotisme, de sa bonne foi et de son sens élevé de l’intérêt national en privilégiant le dialogue pour une sortie de crise pacifique et les élections apaisées. Mais, cette disposition d’esprit à privilégier le dialogue est prise par Laurent Gbagbo comme une impuissance. Ses partisans d’ailleurs, s’en donnent à cœur joie, qui claironnent à tout moment : « il n’y a rien en face », parlant de l’aptitude des opposants à mettre en place, une stratégie efficiente pour atteindre leur objectif qui est l’obtention du premier tour de l’élection présidentielle dans les plus brefs délais.

En tout cas, aujourd’hui, même dans les propres directions, beaucoup doutent de la capacité du RDR, du PDCI, de l’UDPCI et du MFA de réussir face à Gbagbo, tant il est, qu’ils ont clairement opté pour l’accession au pouvoir par les urnes. Laurent Gbagbo se trouve dans la logique du dilatoire. Tout semble indiquer que l’opposition se contente de cette situation actuelle. Elle ne veut et ne souhaite aucune épreuve de force avec le Pouvoir. Cela découle du reste d’une fausse lecture. Il ne faut pas brouiller les cartes. Ici, on a cette fâcheuse tendance à culpabiliser les victimes plutôt que les coupables. C’est sur cette inversion des valeurs que le système Gbagbo est bâti : le tueur, tortionnaire qui se sait impuni, devient un héro qu’il faut craindre.
En politique, les compromis ne fonctionnent qu’en situation de mutuelle confiance entre acteurs. Le RHDP s’est fermement adossé à cette conception qui apparaît de plus en plus inopérante pendant que l’usage de la violence dans le champ politique fait partie de la culture politique du FPI.
A la longue, il y a un risque. Il se passe beaucoup de choses révoltantes dans le pays qui, ailleurs, emporteraient depuis, le Pouvoir en place. La vie coûte excessivement cher, les prix du carburant augmentent de façon exponentielle. Les hôpitaux sont devenus des mouroirs. L’école et l’université sont dans un tel état de décrépitude qu’ils n’ont jamais atteint depuis l’indépendance. Les entreprises voient leur chiffre d’affaires chuter du fait du délestage.

La répression et la peur ont creusé dans les esprits, de profonds sillons. La Côte d’Ivoire, visiblement, marche complètement à l’envers. Quoi qu’il en soit, les opposants ivoiriens doivent se donner les moyens d’atteindre leur fin. La mise en place d’une dynamique pour le Sursaut national, est devenue, plus qu’une nécessité, une obligation. Qu’il s’appelle Front pour les élections urgentes (FEU) ou Front de refus de la dictature (FRD), ce mouvement national qui transcendera candidats à l’élection, partis politiques, syndicats, ONG et organisations de la société civile, pour mettre au cœur de ses préoccupations, la sortie de crise, aura le mérite d’isoler celui ou ceux qui, depuis huit ans, empêchent la Côte d’Ivoire de redécoller.

Autour de nous, des exemples sont là, à profusion, pour étayer l’argumentaire de la nécessité des élections comme porte de sortie de la crise. La Mauritanie, le Soudan, bientôt la Guinée, le Niger et Madagascar sont autant de cas qui devraient faire réfléchir. Demain, le RHDP n’aura d’autre défi que celui de réorienter sa lutte pour l’obtention du premier tour de la présidentielle, selon ses propres exigences, c’est-à-dire le 15 juillet au plus tard. Au risque de se décrédibiliser à jamais et de donner raison à ceux qui pensent qu’il n’est qu’un géant aux pieds d’argile

PAR CHARLES SANGA
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