Diakité Ousmane, secrétaire exécutif du Conseil supérieur des imams en Côte d’Ivoire (Cosim) revient sur les missions du Bureau ivoirien du hadj et de la oumra (Biho). Il se prononce également sur les réserves des musulmans qui n’ont pas encore adhéré à ce projet.
Le Cosim a procédé le 24 avril à la mise en place du Bureau ivoirien du hadj et de la oumra (Biho). Quelles sont les missions de cette organisation ?
Le Biho, c’est d’abord une vision, ensuite une mission et enfin une ambition. Une vision qui veut que le hadj, étant le 5e pilier de l’Islam, son organisation doit être d’abord une activité de la communauté musulmane pour atteindre un certain nombre d’objectifs. D’un, que l’intérêt du pèlerin soit préservé et qu’il soit roi, au centre de tous les intérêts. Ensuite, que la Côte d’Ivoire ait une bonne réputation au rendez-vous universel qu’est le hadj. Troisièmement, que la communauté musulmane présente une bonne image.
Qui sont les animateurs de ce bureau ?
Le Biho étant une structure de mission, ses animateurs sont des personnes en mission. Son premier organe, c’est le Conseil des imams et des oulémas. A l’assemblée constitutive, de grands imams sont venus physiquement, ou ont envoyé des délégués, de toute la Côte d’Ivoire, pour marquer leur adhésion et leur accord. Les oulémas et les imams auront pour mission de veiller sur l’organisation, en faisant en sorte que les questions éthiques ne soient pas négligées, et que toutes les actions posées soient conformes aux règles de l’Islam. C’est une innovation. De mémoire d’organisateur, on a toujours vu des imams et oulémas à divers postes. Mais, c’est la première fois qu’ils sont regroupés dans un seul organe. Cet organe aura une fonction essentielle qu’est la formation des pèlerins dans les différentes régions. Le Biho a déjà en projet la création de centres permanents à travers le pays, de sorte que pendant toute l’année, les uns et les autres puissent venir dans ces centres pour apprendre comment faire le pèlerinage, en attendant qu’un jour, Dieu leur en donne les moyens.
Les membres de cet organe ont prêté serment sur le Coran. Quel est le contenu de leur engagement ?
Tous les hauts responsables du Biho ont prêté serment. La prestation de serment est une tradition en Islam. C’est un engagement qu’on prend vis-à-vis de Dieu, en présence de l’autorité musulmane. On s’engage à exécuter la mission qui nous a été confiée. On le fait fidèlement et loyalement, tant qu’on ne nous demande pas quelque chose qui soit en contradiction avec la religion musulmane. On s’engage à ne pas trahir. On s’engage surtout pour dire : Dieu est témoin de ce que je dis. Si je le fais bien, que les uns et les autres me soutiennent dans le bons sens. Si je le fais mal, qu’on me donne des conseils. Si je m’entête dans la faute, je m’expose non seulement aux sanctions prévues par le statut et règlement intérieur, mais aussi à la colère de Dieu.
Quels sont les autres organes du Biho ?
Il y a le Conseil d’administration composé de 15 membres. Des intellectuels, des musulmans dévoués et engagés. Il y a des compétences dans divers domaines : la santé, le transport aérien, l’administration, les finances, et d’autres domaines de compétence liés à l’organisation du hadj. Ils ont accepté de prêter serment devant Allah et devant le Cheikh des imams qui est la plus haute autorité musulmane de Côte d’Ivoire. Nous avons évidemment les commissaires aux comptes qui sont les contrôleurs.
Une longue liste de membres d’honneur a été aussi présentée.
Ces membres d’honneur ont pour mission d’apporter des aides morales et matérielles. Ce sont aussi des cadres compétents, connus pour leur intégrité et pour leur engagement dans la communauté musulmane.
Comment va se faire l’organisation du hadj par le Biho?
J’ai dit plus haut que le Biho est une vision. Elle voudrait qu’on s’organise. Cette structure n’est pas sortie du néant. C’est le résultat d’un processus qui a débuté en 2007. Le Cosim et beaucoup d’autres structures, ensemble, ont fait plusieurs propositions. On avait d’abord proposé que le gouvernement mette en place un cadre général de l’organisation des pèlerinages de toutes les confessions. Et, qu’au sein de ce cadre juridique général, chaque confession pouvait avoir la liberté d’organiser son pèlerinage. Le cadre général devait être fixé par l’Etat dans le cadre de son pouvoir régalien. Malheureusement, cette proposition n’a pas encore prospéré.
En ce qui concerne la communauté musulmane, le Biho est d’abord une autorité de régulation. Certains ont fait la comparaison avec le cas de la Fifa et des différentes fédérations de football. Les règles générales sont fixées, mais il faut une autorité de régulation. Le Biho est cette autorité qui fixe la règle et contrôle le respect des normes. Il peut porter des jugements. Par exemple, avant de donner le contrat de la restauration à un restaurateur, on lui présente les normes et le cahier des charges à respecter. Ensuite, le Biho fera une évaluation.
Le Biho peut être aussi amené à organiser le hadj. En ce moment, l’équipe d’organisation sera distincte de l’autorité de régulation. C’est une équipe opérationnelle que le Biho va surveiller. Voilà la particularité de notre vision qui n’avait jamais été mise en pratique. Il faut qu’il y ait une règle générale à laquelle tout ministre de tutelle pourra se conformer.
Comment le projet est-il accueilli par la tutelle ?
Nous attendons une réaction officielle. Mais, ce que nous apprenons déjà, et que nous savions avant même la création du Biho, c’est que les autorités ne seraient pas opposées que le hadj revienne à la communauté. Parce que c’est à la demande de cette communauté que l’Etat a pris le hadj en main depuis l’échec de 2006 bis, dont la responsabilité est pleinement partagée entre le gouvernement et les associations organisatrices. Vu la situation qui était dramatique, la communauté, par la voix du Cheikh des imams, Boikary Fofana, a demandé au chef de l’Etat d’intervenir. Mais, tout en demandant au chef de l’Etat d’intervenir pour nous aider, il lui a dit que la communauté allait réfléchir pour lui faire des propositions. Depuis 2007, nous faisons des propositions et chaque fois, nous attendons. Et, ce que nous avons entendu de façon officieuse, c’est que le gouvernement ne serait pas opposé à l’application de notre proposition, ce qui est notre souhait. Cela va aider le gouvernement et nous aussi. D’autant plus que nous nous sommes retrouvés devant des insuffisances pires que celles qu’on reprochait aux associations organisatrices.
Quelle est la position de la communauté elle-même ?
Elle a soif de la reprendre en main. Et cela, particulièrement pour le hadj puisque c’est le sujet dont nous parlons. Elle a accordé un accueil populaire et chaleureux à ce projet. D’abord, les imams. Ensuite, les associations musulmanes les plus représentatives étaient représentées à l’AG. Au moins, une centaine de structures étaient là. Je peux citer parmi les plus connues, la Ligue islamique pour la prédication en Côte d’Ivoire (Lipci), l’Association des jeunes musulmans (Ajmci), l’Association des élèves et étudiants musulmans (aeemci), les femmes, les Ong. Tous les Cheikhs tidjane étaient présents. Donc, la communauté, dans ses grands ressorts, était présente et est engagée à soutenir ce projet. Nous prions Dieu afin qu’il y mette sa baraka.
Certaines associations n’ont pas voulu répondre à votre appel. La Fipem qui est une fédération d’associations agréées pour l’organisation du hadj reproche au Cosim de ne l’avoir pas associée à l’initiative de la création du Biho. Que répondez-vous ?
Nous n’allons pas trop nous étendre sur cet aspect. Je voudrais dire simplement que personnellement, j’ai participé à plusieurs rencontres avec ces frères. On leur a dit que, dans toutes les activités organisées dans le monde, l’initiative vient de quelque part. Et, l’initiateur fait toujours ce qu’on appelle une proposition initiale. C’est ce que le Cosim a fait. En mars 2009, le Cosim a appelé toutes ces organisations en ces termes : venez pour que nous puissions réfléchir ensemble sur la façon dont nous pouvons jouer notre partition pour une organisation efficiente du pèlerinage à La Mecque. Elles ne sont pas venues.
Elles rétorquent en disant qu’en ce moment, elles étaient l’objet de dénigrements de la part du Cosim. Plusieurs imams les auraient accusés, pendant leur sermon du vendredi, d’avoir volé l’argent des pèlerins.
Dans la communication, chacun parle avec son tempéremment, et avec son niveau d’information. Mais, allons à l’essentiel. Un des droits du musulman sur son frère est que quand il l’appelle, le Prophète Mohamed recommande à celui qui est appelé de répondre. Si ton frère musulman tombe malade, il faut lui rendre visite. Et si par malheur, il venait à mourir, participe à ses obsèques. S’il a faim et que tu as plus de nourriture que nécessaire, il faut lui en donner. J’ai rappelé ce que je viens de vous dire, à ces frères, pendant l’une de nos rencontres, le jeudi qui a précédé le samedi de la création du Biho. Ils demandaient au Cheikh de reporter l’AG. Il leur a répondu ceci : depuis un an, je vous ai invités. Moi, votre frère, je vous invite et d’autres personnes vous demandent de ne pas répondre, et vous choisissez de les suivre.
Ces associations ont-elles eu un droit de regard sur les textes du Biho avant leur adoption ?
Pour vous en donner une preuve, je vous révèle que le président du Conseil supérieur islamique (Csi), el hadj Moussa Diabaté qui est à Grand-Bassam, a répondu à l’invitation du cheikh et a rendu témoignage devant ces frères. Un des arguments qui leur a été donné pour n’avoir pas participé à l’AG du Biho, c’est que le Cosim avait déjà tout préparé et que même le commissaire était désigné. S’ils venaient, ils arriveraient comme un cheveu sur la soupe. Le frère Moussa Diabaté a démontré que, lui, est venu au conclave qui a précédé l’AG et que nous avons passé plus de 30 minutes à discuter sur le nom de la structure. Avant de plancher, ligne par ligne, sur le projet de statut proposé par le Cosim. Et, les corrections se faisaient au vu de tous. L’imam Moussa Diabaté que vous pouvez interroger, a donc témoigné, pour dire que quand on dit que le Cosim avait tout préparé, ce n’est pas vrai.
Ne pensez-vous pas que leur attitude pourrait s’expliquer par une blessure profonde liée aux accusations de vol ?
Aucune voix officielle du bureau national du Cosim n’a traité quelqu’un de voleur, ou de ceci ou cela. Le Cosim n’est pas censée être forcement au courant de ces attaques. Après l’échec de 2006 bis, le compte était entre eux, responsables des associations organisatrices du hadj, et le gouvernement. Dans tous les cas, dans une société qui se veut rigoureuse et moderne, lorsqu’on échoue dans un projet, on ne peut plus se prévaloir d’être organisateur dans ce domaine. La rigueur devait pousser certaines associations à s’éloigner d’elles-mêmes de l’organisation du hadj, par dignité et par honnêteté. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Interview réalisée par Cissé Sindou
Le Cosim a procédé le 24 avril à la mise en place du Bureau ivoirien du hadj et de la oumra (Biho). Quelles sont les missions de cette organisation ?
Le Biho, c’est d’abord une vision, ensuite une mission et enfin une ambition. Une vision qui veut que le hadj, étant le 5e pilier de l’Islam, son organisation doit être d’abord une activité de la communauté musulmane pour atteindre un certain nombre d’objectifs. D’un, que l’intérêt du pèlerin soit préservé et qu’il soit roi, au centre de tous les intérêts. Ensuite, que la Côte d’Ivoire ait une bonne réputation au rendez-vous universel qu’est le hadj. Troisièmement, que la communauté musulmane présente une bonne image.
Qui sont les animateurs de ce bureau ?
Le Biho étant une structure de mission, ses animateurs sont des personnes en mission. Son premier organe, c’est le Conseil des imams et des oulémas. A l’assemblée constitutive, de grands imams sont venus physiquement, ou ont envoyé des délégués, de toute la Côte d’Ivoire, pour marquer leur adhésion et leur accord. Les oulémas et les imams auront pour mission de veiller sur l’organisation, en faisant en sorte que les questions éthiques ne soient pas négligées, et que toutes les actions posées soient conformes aux règles de l’Islam. C’est une innovation. De mémoire d’organisateur, on a toujours vu des imams et oulémas à divers postes. Mais, c’est la première fois qu’ils sont regroupés dans un seul organe. Cet organe aura une fonction essentielle qu’est la formation des pèlerins dans les différentes régions. Le Biho a déjà en projet la création de centres permanents à travers le pays, de sorte que pendant toute l’année, les uns et les autres puissent venir dans ces centres pour apprendre comment faire le pèlerinage, en attendant qu’un jour, Dieu leur en donne les moyens.
Les membres de cet organe ont prêté serment sur le Coran. Quel est le contenu de leur engagement ?
Tous les hauts responsables du Biho ont prêté serment. La prestation de serment est une tradition en Islam. C’est un engagement qu’on prend vis-à-vis de Dieu, en présence de l’autorité musulmane. On s’engage à exécuter la mission qui nous a été confiée. On le fait fidèlement et loyalement, tant qu’on ne nous demande pas quelque chose qui soit en contradiction avec la religion musulmane. On s’engage à ne pas trahir. On s’engage surtout pour dire : Dieu est témoin de ce que je dis. Si je le fais bien, que les uns et les autres me soutiennent dans le bons sens. Si je le fais mal, qu’on me donne des conseils. Si je m’entête dans la faute, je m’expose non seulement aux sanctions prévues par le statut et règlement intérieur, mais aussi à la colère de Dieu.
Quels sont les autres organes du Biho ?
Il y a le Conseil d’administration composé de 15 membres. Des intellectuels, des musulmans dévoués et engagés. Il y a des compétences dans divers domaines : la santé, le transport aérien, l’administration, les finances, et d’autres domaines de compétence liés à l’organisation du hadj. Ils ont accepté de prêter serment devant Allah et devant le Cheikh des imams qui est la plus haute autorité musulmane de Côte d’Ivoire. Nous avons évidemment les commissaires aux comptes qui sont les contrôleurs.
Une longue liste de membres d’honneur a été aussi présentée.
Ces membres d’honneur ont pour mission d’apporter des aides morales et matérielles. Ce sont aussi des cadres compétents, connus pour leur intégrité et pour leur engagement dans la communauté musulmane.
Comment va se faire l’organisation du hadj par le Biho?
J’ai dit plus haut que le Biho est une vision. Elle voudrait qu’on s’organise. Cette structure n’est pas sortie du néant. C’est le résultat d’un processus qui a débuté en 2007. Le Cosim et beaucoup d’autres structures, ensemble, ont fait plusieurs propositions. On avait d’abord proposé que le gouvernement mette en place un cadre général de l’organisation des pèlerinages de toutes les confessions. Et, qu’au sein de ce cadre juridique général, chaque confession pouvait avoir la liberté d’organiser son pèlerinage. Le cadre général devait être fixé par l’Etat dans le cadre de son pouvoir régalien. Malheureusement, cette proposition n’a pas encore prospéré.
En ce qui concerne la communauté musulmane, le Biho est d’abord une autorité de régulation. Certains ont fait la comparaison avec le cas de la Fifa et des différentes fédérations de football. Les règles générales sont fixées, mais il faut une autorité de régulation. Le Biho est cette autorité qui fixe la règle et contrôle le respect des normes. Il peut porter des jugements. Par exemple, avant de donner le contrat de la restauration à un restaurateur, on lui présente les normes et le cahier des charges à respecter. Ensuite, le Biho fera une évaluation.
Le Biho peut être aussi amené à organiser le hadj. En ce moment, l’équipe d’organisation sera distincte de l’autorité de régulation. C’est une équipe opérationnelle que le Biho va surveiller. Voilà la particularité de notre vision qui n’avait jamais été mise en pratique. Il faut qu’il y ait une règle générale à laquelle tout ministre de tutelle pourra se conformer.
Comment le projet est-il accueilli par la tutelle ?
Nous attendons une réaction officielle. Mais, ce que nous apprenons déjà, et que nous savions avant même la création du Biho, c’est que les autorités ne seraient pas opposées que le hadj revienne à la communauté. Parce que c’est à la demande de cette communauté que l’Etat a pris le hadj en main depuis l’échec de 2006 bis, dont la responsabilité est pleinement partagée entre le gouvernement et les associations organisatrices. Vu la situation qui était dramatique, la communauté, par la voix du Cheikh des imams, Boikary Fofana, a demandé au chef de l’Etat d’intervenir. Mais, tout en demandant au chef de l’Etat d’intervenir pour nous aider, il lui a dit que la communauté allait réfléchir pour lui faire des propositions. Depuis 2007, nous faisons des propositions et chaque fois, nous attendons. Et, ce que nous avons entendu de façon officieuse, c’est que le gouvernement ne serait pas opposé à l’application de notre proposition, ce qui est notre souhait. Cela va aider le gouvernement et nous aussi. D’autant plus que nous nous sommes retrouvés devant des insuffisances pires que celles qu’on reprochait aux associations organisatrices.
Quelle est la position de la communauté elle-même ?
Elle a soif de la reprendre en main. Et cela, particulièrement pour le hadj puisque c’est le sujet dont nous parlons. Elle a accordé un accueil populaire et chaleureux à ce projet. D’abord, les imams. Ensuite, les associations musulmanes les plus représentatives étaient représentées à l’AG. Au moins, une centaine de structures étaient là. Je peux citer parmi les plus connues, la Ligue islamique pour la prédication en Côte d’Ivoire (Lipci), l’Association des jeunes musulmans (Ajmci), l’Association des élèves et étudiants musulmans (aeemci), les femmes, les Ong. Tous les Cheikhs tidjane étaient présents. Donc, la communauté, dans ses grands ressorts, était présente et est engagée à soutenir ce projet. Nous prions Dieu afin qu’il y mette sa baraka.
Certaines associations n’ont pas voulu répondre à votre appel. La Fipem qui est une fédération d’associations agréées pour l’organisation du hadj reproche au Cosim de ne l’avoir pas associée à l’initiative de la création du Biho. Que répondez-vous ?
Nous n’allons pas trop nous étendre sur cet aspect. Je voudrais dire simplement que personnellement, j’ai participé à plusieurs rencontres avec ces frères. On leur a dit que, dans toutes les activités organisées dans le monde, l’initiative vient de quelque part. Et, l’initiateur fait toujours ce qu’on appelle une proposition initiale. C’est ce que le Cosim a fait. En mars 2009, le Cosim a appelé toutes ces organisations en ces termes : venez pour que nous puissions réfléchir ensemble sur la façon dont nous pouvons jouer notre partition pour une organisation efficiente du pèlerinage à La Mecque. Elles ne sont pas venues.
Elles rétorquent en disant qu’en ce moment, elles étaient l’objet de dénigrements de la part du Cosim. Plusieurs imams les auraient accusés, pendant leur sermon du vendredi, d’avoir volé l’argent des pèlerins.
Dans la communication, chacun parle avec son tempéremment, et avec son niveau d’information. Mais, allons à l’essentiel. Un des droits du musulman sur son frère est que quand il l’appelle, le Prophète Mohamed recommande à celui qui est appelé de répondre. Si ton frère musulman tombe malade, il faut lui rendre visite. Et si par malheur, il venait à mourir, participe à ses obsèques. S’il a faim et que tu as plus de nourriture que nécessaire, il faut lui en donner. J’ai rappelé ce que je viens de vous dire, à ces frères, pendant l’une de nos rencontres, le jeudi qui a précédé le samedi de la création du Biho. Ils demandaient au Cheikh de reporter l’AG. Il leur a répondu ceci : depuis un an, je vous ai invités. Moi, votre frère, je vous invite et d’autres personnes vous demandent de ne pas répondre, et vous choisissez de les suivre.
Ces associations ont-elles eu un droit de regard sur les textes du Biho avant leur adoption ?
Pour vous en donner une preuve, je vous révèle que le président du Conseil supérieur islamique (Csi), el hadj Moussa Diabaté qui est à Grand-Bassam, a répondu à l’invitation du cheikh et a rendu témoignage devant ces frères. Un des arguments qui leur a été donné pour n’avoir pas participé à l’AG du Biho, c’est que le Cosim avait déjà tout préparé et que même le commissaire était désigné. S’ils venaient, ils arriveraient comme un cheveu sur la soupe. Le frère Moussa Diabaté a démontré que, lui, est venu au conclave qui a précédé l’AG et que nous avons passé plus de 30 minutes à discuter sur le nom de la structure. Avant de plancher, ligne par ligne, sur le projet de statut proposé par le Cosim. Et, les corrections se faisaient au vu de tous. L’imam Moussa Diabaté que vous pouvez interroger, a donc témoigné, pour dire que quand on dit que le Cosim avait tout préparé, ce n’est pas vrai.
Ne pensez-vous pas que leur attitude pourrait s’expliquer par une blessure profonde liée aux accusations de vol ?
Aucune voix officielle du bureau national du Cosim n’a traité quelqu’un de voleur, ou de ceci ou cela. Le Cosim n’est pas censée être forcement au courant de ces attaques. Après l’échec de 2006 bis, le compte était entre eux, responsables des associations organisatrices du hadj, et le gouvernement. Dans tous les cas, dans une société qui se veut rigoureuse et moderne, lorsqu’on échoue dans un projet, on ne peut plus se prévaloir d’être organisateur dans ce domaine. La rigueur devait pousser certaines associations à s’éloigner d’elles-mêmes de l’organisation du hadj, par dignité et par honnêteté. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Interview réalisée par Cissé Sindou