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Politique Publié le samedi 15 mai 2010 | Notre Voie

Marche reportée de la jeunesse du RHDP Soro Manassé (ex-combattant des FN) : “Ne vous laissez pas manipuler par les politiciens véreux”

Soro Kazié Manassé est un ex-membre combattant des Forces nouvelles. Il a décidé , aux côtés d’un groupe d’amis, tous ex-combattants comme lui, de participer de façon plus active au processus de sortie de crise. Il lance, dans cet entretien, un appel à la jeunesse. Notre Voie : Les jeunes du RHDP avaient décidé de marcher le 15 mai prochain pour, disent-ils, faire partir le président Laurent Gbagbo du pouvoir et obtenir une date pour l’élection présidentielle. Qu’en pensez-vous ? Soro Kazié Manassé : Le RHDP est une organisation politique en pleine activité, qui s’est fixé un certain nombre d’objectifs, en l’occurrence l’accession au pouvoir d’Etat. Je n’ai aucun pouvoir pour juger ses méthodes et stratégies destinées à les amener à atteindre leurs objectifs, pourvu que tout se fasse en respectant une certaine éthique en termes de droit, de démocratie et de paix, dans l’intérêt supérieur de la nation. En un mot, je n’ai rien contre l’organisation d’une marche par une structure politique officiellement constituée. Ce que je déplore, c’est l’esprit guerrier et pernicieux qui souvent inspire et motive ces leaders politiques qui manipulent à souhait, mieux, sacrifient sur l’autel de leurs ambitions politiques, une certaine jeunesse pourtant pleine d’avenir.

N.V : Pensez-vous que cette marche portait en elle des dangers pour la paix en Côte d’Ivoire ?

S.K.M : Je pense que quand une marche est organisée pour déloger de force un Président démocratiquement élu, comment voulez-vous qu’elle ne mette pas en péril la paix sociale ? C’est à croire que ces leaders politiques à la tête du RHDP n’ont encore rien tiré de cette tragédie sans précédent que notre cher pays a vécu et continue de vivre. Tout ce qu’ils recherchent, c’est de persister dans la même logique de défiance pour en finir avec une longue liste de morts à mettre sur le compte du président Laurent Gbagbo, en vue de le mettre en difficulté. En clair, ces jeunes sont poussés à la mort en vue d’en tirer des dividendes politiques. Ce sont plutôt ces leaders, au crépuscule de leur vie, qui devaient se livrer en sacrifice pour leurs enfants, petits enfants et arrière petits enfants. Quel paradoxe ! Ce scénario catastrophe qui consiste à sacrifier la jeunesse est une bien vieille pratique de certains partis politiques de l’opposition.

N.V : Quelle est votre analyse au stade actuel du processus de paix conduit par le chef de l’Etat et son premier ministre ?

S.K.M : Comme tout le monde ne cesse de le dire “ qu’on ne sort pas d’une guerre comme si on sortait d’un super marché”. Il est à rappeler que la Côte d’Ivoire sort d’une crise profonde, et aujourd’hui le Président Atendu la main au premier ministre qui était son adversaire d’hier et il a eu à signer des accords et à faire des compromis pour que nous allIons à la paix. Il faut que les ivoiriens prennent en compte les avancées considérables et les efforts fournis malgré toutes les difficultés que cela comporte. Je pense que ce n’est plus le moment de situer les responsabilités des uns et des autres. Ce qu’il y a à comprendre maintenant, c’est que les ivoiriens sont fatigués de souffrir. Ces derniers temps, il y a un événement qui m’a beaucoup marqué et ça c’est produit aux Etats-Unis : Une alerte à la bombe. Le peuple américain s’est mis ensemble pour exprimer son ras-le-bol. Ppersonne n’a exprimé sa joie malgré les divergences d’opinions (entre Démocrates et Républicains). On a pas entendu : “C’est bien fait pour le président Obama”. Alors, pourquoi chez nous, certains leaders pensent qu’il faut créer le maximum de problèmes à la côte d’ivoire et aux Ivoiriens, entraver le programme de gouvernance de ceux qui sont au pouvoir.

N.V : En tant que ex-combattant des forces armées des Forces nouvelles FAFN que pouvez-vous dire aux jeunes sur les dangers d’une telle marche pour la paix en côte d’ivoire ? S.K.M : Vous savez, il est temps que nous jeunes, prenons conscience, en ouvrant les yeux. Cela fait maintenant 10 ans que nous sommes trompés et utilisés par les hommes politiques qui nous envoient sur des champs de bataille avec des mots d’ordre qui nous mettent face à la république. Pour avoir été au cœur de cette guerre, j’ai vu des atrocités. Il y a eu des morts, des mutilés à vie, des viols, des maladies incurables…Ça suffit ! Il est temps que chacun s’inscrire résolument dans la paix, la démocratie et le développement. Je demande donc aux jeunes ivoiriens, à mes frères que j’aime, de ne plus se laisser manipuler par ces politiciens véreux, qui n’attendent qu’une aide extérieure pour accéder au pouvoir par la force. Si l’extérieur nous aide à accéder au pouvoir, l’extérieur nous exploitera et nous continuerons à nous appauvrir. Jeunes ivoiriens du Nord, du Sud, de l’Est, de l’Ouest et du Centre, arrêtons de nous laisser abuser. Mettons fin à cet épisode macabre. Un sage me disait une fois : “dans ce monde quand on a des projets ce qu’il faut économiser le plus c’est la vie” parce que la vie est très précieuse et elle n’appartient à aucun parti politique voire à un individu quel que soit ce qu’il nous promet. Donc il est important chers camarades de dire non à ces trompeurs, à ces assoiffés de pouvoir qui n’ont aucun programme pour sortir notre génération de ces maux que nous connaissons.

N.V : Vous êtes le porte-parole d’un mouvement des ex-combattants. Comment se porte votre mouvement ?

S.K.M : Le mouvement se porte bien. N.V : Pensez-vous jouer un rôle important dans le processus de sortie de crise ?

S.K.M : Oui, à partir du moment où nous avons été des membres actifs, nous sommes aussi responsables de tout ce qui arrive à notre pays. Donc il est de notre devoir, en tant qu’ex-combattant et Ivoirien, de nous mettre ensemble autour du président de la république et du premier ministre pour travailler à ramener la paix. En travaillant pour qu’il y ait la confiance entre nous-mêmes (les ex-combattants), entre les fils et filles de la côte d’ivoire, à promouvoir les valeurs républicaines et la non violence pour que plus jamais un enfant de ce pays prenne une arme contre son frère quelle que soit la raison.

N.V : A quoi pourrait ressembler votre appui au processus de paix notamment dans son volet réunification de la côte d’ivoire ?

S.K.M : Les saintes écritures nous enseignent qu’un royaume divisé ne peut subsister. La côte d’ivoire ne saurait rester longtemps coupée en deux. Nous reconnaissons que beaucoup a été fait dans le processus de redéploiement de l’administration et de la réunification mais il reste encore un bon chemin à parcourir. Je trouve inadmissible que d’un côté le chef de la rébellion soit nommé chef du gouvernement, exerce en toute quiétude dans la partie sud du pays et que de l’autre côté, il y ait encore quelques restrictions. Sans cette restauration de l’unité du pays aux plans géographique, administratif, politique, et économique, rien de sérieux ni de durable ne peut se faire. Tout ne serait que pure hypocrisie. C’est donc conscients de cet état de fait que nous jeunes Ivoiriens, qui avons joué un rôle dans cette rébellion et qui sont des laissés pour-compte, avons décidé de nous retrouver au sein d’une organisation avec comme objectifs : de promouvoir la non violence en aidant les uns et les autres à se détourner des armes en cultivant la paix, à respecter les valeurs républicaines, à participer à ramener la confiance entre nous, et à aider à la réinsertion au plan intellectuel et professionnel de tous nos camarades ex-combattants.

N.V : Que pouvez-vous apporter comme espoir à vos camarades ex-combattants ?

S.K.M : Vous savez, des jeunes comme moi, tous ex-combattants, nous avons compris qu’il nous faut tirer les leçons de notre passé. Et nous mettre au travail en nous donnant la main afin d’aider nos camarades qui ont perdu tout espoir de vivre. Parmi nous, ils sont des centaines qui sont en exil, loin de leurs parents. Certains sont mutilés à vie alors que d’autres ont abandonné leurs études. Nous nous sommes donné un temps de réflexion pour trouver des solutions idoines à nos problèmes.

Interview réalisée par Coulibaly Zié Oumar
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