Risques

Pendant un bon moment, on épiloguera sur la marche reportée de l’opposition ivoirienne. Durablement sans doute, les militants et sympathisants du Rassemblement des Houphouétistes pour la Démocratie et la Paix continueront de manifester leur mécontentement. A juste raison d’ailleurs ! Depuis plus d’un mois, ils s’étaient préparés à cette grande manifestation. Pour eux, après tant de publicité et de mobilisation, ce report était imprévisible. En quoi la tenue des Assemblées annuelles de la BAD pouvait être un frein à l’expression démocratique ? Ne fallait-il pas marcher pour montrer aux dirigeants de cette institution que la Refondation a installé un pouvoir autocratique en Côte d’Ivoire? En projetant de marcher, l’opposition ne savait-elle pas que la BAD tiendrait une réunion dans notre pays ? Pourquoi a-t-elle attendu que Laurent Gbagbo vienne la voir pour ajourner sa marche ? Pense-t-elle que le patron de la Refondation aurait fait pareille concession s’il était dans la posture de Ouattara et de Bédié ? Pas si sûr. A preuve, durant son parcours politique, il le disait sans sourciller : « le pouvoir gouverne, l’opposition s’oppose ». Pourquoi le RHDP refuse-t-elle d’assumer son statut ? Pourquoi des courants semblent la traverser ? La culture de paix de l’Houphouétisme est-elle synonyme de pacifisme ? Autant d’interrogations que se posent les militants et inconditionnels du RHDP. Des questions auxquelles les dirigeants se doivent de répondre. A trop vouloir faire preuve de maturité, de responsabilité et de sens prononcé pour l’Etat, face à un homme qui n’en a cure, et qui régente le pays depuis maintenant dix ans, le RHDP risque, à force de contorsions, de se mélanger les pédales. En quoi les Assemblées de la BAD sont-elles au dessus de la vie nationale si perturbée par une Refondation si destructive ? Le risque de démobilisation de ses militants est grand pour l’opposition. Qu’on ne s’étonne pas si dans quelques jours ou semaines, le régime sort un de ses grossiers sondages, pour nous dire qu’il gagnera la présidentielle dès le premier tour. Du moins, comme le personnage Koyaga, le grand chef viendra nous asséner que même « les bêtes sauvages » sont prêtes à faire irruption dans le jeu politique, pour faire le plein du vote en sa faveur

Bakary Nimaga