Sons discordants, incompréhension avec la base…
Ces plaies qui fragilisent le Rhdp
Si, d’un côté, l’on a salué le dialogue interne qui a conduit une partie du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) – le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) et le Rassemblement des républicains (Rdr) – à demander le report de la marche que projetait sa jeunesse, ce jour, il faut reconnaître que, d’un autre, cette manifestation remet au goût du jour la fragilité de l’alliance des houphouétistes.
«Décision sage », « sens de la responsabilité », « souci de préserver la vie des militants». Champ lexical bien flatteur pour saluer le Rassemblement des républicains (Rdr) d’Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) d’Henri Konan Bédié qui, devant le risque d’implosion que faisait planer sur la paix sociale, la marche annoncée par leur jeunesse, l’ont invité à la reporter. L’ « acte patriotique » et la « grandeur d’esprit » des deux hommes ont été suffisamment salués. Mais voilà ! Ces hourras et autres discours de félicitation ne suffisent pas à voiler une réalité : l’annulation de la marche a actualisé la question de la fragilité du Rhdp.
Des dissensions éloquentes
Le Mouvement des forces d’avenir (Mfa) d’Anaky Kobena et l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) de Mabri Toikeusse étant opposés à son report. Sur un sujet aussi important donc, les houphouétistes ne sont pas parvenus à adopter une position commune. Au fait, le dénouement de cette affaire est la conclusion logique du flou qui l’entourait depuis le début. A aucun moment, les houphouétistes n’ont été unanimes quant à l’objectif qu’ils visaient. Si pour certains il s’agissait, simplement, de réclamer à Laurent Gbagbo, une date pour des élections, pour d’autres, il fallait aller plus loin : le « chasser du pouvoir ». « Le 15 mai, quelque chose va se passer », n’ont cessé de menacer les défenseurs de cette position. Conséquence de ce revirement de situation, qui apparaît aux yeux des militants comme une trahison (car on leur avait dit que Laurent Gbagbo s’en irait du pouvoir), la perte de confiance aux leaders.
La marche avortée, de ce jour, n’est pas un cas isolé. Courant mois de février dernier, les houphouétistes avaient, de la même façon, excité à l’extrême leurs militants avant de suspendre, sans que ceux-ci n’y comprennent grand’ chose, leur mot d’ordre de manifestation. Cependant, à y voir de près, il n’y a rien d’étonnant dans ce qui se passe dans la maison des houphouétistes. Depuis sa création, l’idéologie réelle du Rhdp a interpellé plus d’un. Quelle pouvait être la nature d’un ménage avec le Rdr et le Pdci, sortis de l’école pacifiste d’Houphouet-Boigny et le Mfa, cousin idéologique du Front populaire ivoirien (Fpi) dont Anaky Kobena est un membre-fondateur ? La circonstance née de la présence d’un adversaire commun a certes motivé la création de l’alliance. Mais sans que les barrières idéologiques de départ ne disparaissent. D’où la difficulté d’accorder leurs violons sur certains points qui pourraient pourtant être l’arme fatale contre le candidat du camp présidentiel. Notamment la candidature unique. Cette approche de la conquête du pouvoir n’a pas fait l’adhésion au sein du groupe, les deux poids lourds du rassemblement (Rdr et Pdci) y étant opposés. Autre conséquence de la difficulté à harmoniser les points de vue, la lourdeur dans le fonctionnement du Rhdp. Une direction avec les quatre présidents, un directoire, puis… la base. Qui, elle, est trop loin des instances de décisions. Si au départ les militants à la base sont suffisamment motivés par le directoire (qui lui fait de la politique) pour agir, cela ne l’est pas du tout lorsqu’il s’agit pour le militant lambda (activiste et passionné) de freiner un mouvement enclenché. Il n’existe pas de circuit au sein du rassemblement qui lui permet de comprendre l’analyse que fait la direction d’une situation politique. D’où les mouvements de protestation suite à l’appel au report de la marche. Et, aussi longtemps que les « héritiers » d’Houphouet-Boigny ne doteront pas leur rassemblement d’un code clair de fonctionnement, leurs actions toucheront difficilement le but.
Bamba K. Inza
Ces plaies qui fragilisent le Rhdp
Si, d’un côté, l’on a salué le dialogue interne qui a conduit une partie du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp) – le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) et le Rassemblement des républicains (Rdr) – à demander le report de la marche que projetait sa jeunesse, ce jour, il faut reconnaître que, d’un autre, cette manifestation remet au goût du jour la fragilité de l’alliance des houphouétistes.
«Décision sage », « sens de la responsabilité », « souci de préserver la vie des militants». Champ lexical bien flatteur pour saluer le Rassemblement des républicains (Rdr) d’Alassane Ouattara et le Parti démocratique de Côte d’Ivoire (Pdci) d’Henri Konan Bédié qui, devant le risque d’implosion que faisait planer sur la paix sociale, la marche annoncée par leur jeunesse, l’ont invité à la reporter. L’ « acte patriotique » et la « grandeur d’esprit » des deux hommes ont été suffisamment salués. Mais voilà ! Ces hourras et autres discours de félicitation ne suffisent pas à voiler une réalité : l’annulation de la marche a actualisé la question de la fragilité du Rhdp.
Des dissensions éloquentes
Le Mouvement des forces d’avenir (Mfa) d’Anaky Kobena et l’Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d’Ivoire (Udpci) de Mabri Toikeusse étant opposés à son report. Sur un sujet aussi important donc, les houphouétistes ne sont pas parvenus à adopter une position commune. Au fait, le dénouement de cette affaire est la conclusion logique du flou qui l’entourait depuis le début. A aucun moment, les houphouétistes n’ont été unanimes quant à l’objectif qu’ils visaient. Si pour certains il s’agissait, simplement, de réclamer à Laurent Gbagbo, une date pour des élections, pour d’autres, il fallait aller plus loin : le « chasser du pouvoir ». « Le 15 mai, quelque chose va se passer », n’ont cessé de menacer les défenseurs de cette position. Conséquence de ce revirement de situation, qui apparaît aux yeux des militants comme une trahison (car on leur avait dit que Laurent Gbagbo s’en irait du pouvoir), la perte de confiance aux leaders.
La marche avortée, de ce jour, n’est pas un cas isolé. Courant mois de février dernier, les houphouétistes avaient, de la même façon, excité à l’extrême leurs militants avant de suspendre, sans que ceux-ci n’y comprennent grand’ chose, leur mot d’ordre de manifestation. Cependant, à y voir de près, il n’y a rien d’étonnant dans ce qui se passe dans la maison des houphouétistes. Depuis sa création, l’idéologie réelle du Rhdp a interpellé plus d’un. Quelle pouvait être la nature d’un ménage avec le Rdr et le Pdci, sortis de l’école pacifiste d’Houphouet-Boigny et le Mfa, cousin idéologique du Front populaire ivoirien (Fpi) dont Anaky Kobena est un membre-fondateur ? La circonstance née de la présence d’un adversaire commun a certes motivé la création de l’alliance. Mais sans que les barrières idéologiques de départ ne disparaissent. D’où la difficulté d’accorder leurs violons sur certains points qui pourraient pourtant être l’arme fatale contre le candidat du camp présidentiel. Notamment la candidature unique. Cette approche de la conquête du pouvoir n’a pas fait l’adhésion au sein du groupe, les deux poids lourds du rassemblement (Rdr et Pdci) y étant opposés. Autre conséquence de la difficulté à harmoniser les points de vue, la lourdeur dans le fonctionnement du Rhdp. Une direction avec les quatre présidents, un directoire, puis… la base. Qui, elle, est trop loin des instances de décisions. Si au départ les militants à la base sont suffisamment motivés par le directoire (qui lui fait de la politique) pour agir, cela ne l’est pas du tout lorsqu’il s’agit pour le militant lambda (activiste et passionné) de freiner un mouvement enclenché. Il n’existe pas de circuit au sein du rassemblement qui lui permet de comprendre l’analyse que fait la direction d’une situation politique. D’où les mouvements de protestation suite à l’appel au report de la marche. Et, aussi longtemps que les « héritiers » d’Houphouet-Boigny ne doteront pas leur rassemblement d’un code clair de fonctionnement, leurs actions toucheront difficilement le but.
Bamba K. Inza
