A propos de la marche du 15 mai - Konan Bédié : “La préparation a pêché par plusieurs points”

Henri Konan Bédié, le président du Pdci, était vendredi, l’invité de Radio France internationale. Nous vous proposons l’intégralité de cet entretien. RFI: Monsieur le Président, bonjour! Est-ce votre rencontre avec le président Laurent Gbagbo lundi dernier qui vous a conduit à reporter la marche du samedi dernier? Henri Konan Bédié : Je dis que, dans le report de la marche, Laurent Gbagbo ne nous a pas demandé d`annuler la marche. Bien sûr, en tant que chef de l`Etat, il a souhaité que les assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (Bad) se tiennent dans le calme et non dans les troubles. Les raisons que nous avons évoquées dans le report de la marche tiennent au fait que la préparation de cette marche a pêché par plusieurs points. Il fallait bien définir les objectifs de la marche, à savoir une marche pacifique et non insurrectionnelle, une marche pacifique et non marquée par la violence. RFI: Vous dites marche insurrectionnelle! C`est ce que voulaient faire les jeunes du Rhdp ? H.K.B. : C`est ce que j`ai dit à la conférence de presse tout à l`heure; les jeunes vous le confirmeront. Eux voulaient en découdre avec le pouvoir. Donc ils avaient envisagé une marche insurrectionnelle. Ce n`est pas accuser les jeunes de quoi que ce soit. Bien au contraire, je tiens à rendre hommage à leur détermination, à la fougue de leur jeunesse et à leur esprit de sacrifice. RFI: Alors, cette marche est reportée à quand ? Est-ce qu`elle va avoir lieu très vite après les assemblées annuelles de la Bad, c`est-à-dire début juin ou quand ? Il faut des conditions pour que la marche ait lieu. H.K.B : Les conditions, c`est la persistance des blocages. Mais, nous espérons que, dans la mesure où nous avons été en quelque sorte compréhensifs, en laissant les assemblées annuelles de la Bad se tenir sans trouble, le camp présidentiel comprendra qu`il faut mettre aussi de l`eau dans son vin, faire en sorte que les opérations du contentieux électoral se poursuivent, s`accélèrent de façon que, très rapidement, nous puissions déboucher sur une liste électorale définitive et sur une date certaine des élections. D`ailleurs, sur ce point, il faut dire que Laurent Gbagbo m`avait donné son accord. RFI: Monsieur le Président, le Rhdp, la coalition de l`opposition en Côte d`Ivoire existe-t-il encore ? H.K.B. : Mais, bien entendu! Vous n`avez pas enregistré de démission du Rhdp. Nos amis auraient souhaité que les marches soient maintenues, mais vous avez vu que ce serait méconnaître les difficultés réelles qui se présenteraient sur le chemin. RFI: Monsieur le Président, vous faites allusion aux deux autres leaders du Rhdp, Monsieur Anaky Kobenan et Monsieur Albert Mabri Toikeusse, qui n`ont pas signé le communiqué reportant la marche. Vous ont-ils parlé depuis mercredi ? Que vous ont-ils dit et que comptent-ils faire ? H.K.B. : Nous n`avons pas eu l`occasion de nous rencontrer depuis, disons, hier. L`un est parti à Dakar pour une mission et l`autre est à l`intérieur du pays. Mais le plus tôt que je saurai qu`ils sont de retour, nous reprendrons langue. RFI: Monsieur le Président, tout ceci n`aurait-il pas pu être évité, car, aujourd`hui, les dégâts sont importants. Les jeunes se sentent, certains trahis, voire humiliés, ils le disent. Certains disent qu`ils ont perdu la face. Comment faire pour réparer les dégâts? H.K.B. : Moi, je crois que nos jeunes sont en politique. Et, après la déclaration que je viens de faire, je crois que la sérénité reviendra dans les rangs. Propos recueillis sur RFI par Adjé Bruno (stagiaire)