Un charlatan originaire du village de Mahounou-Kongodjan a semé le malheur parmi les siens, ce week-end, à Sakassou.
En arrivant ce samedi, vers 17 heures, à Mahounou-Kongodjan, petit village situé à 12 km de Sakassou, l`on est accueilli par une triste ambiance. Amertume et désolation sur certains visages, des larmes sur d`autres. Pas de comité d`accueil. Seuls quelques garnements ne sachant pas exactement ce qui s`est passé, vous regardent invariablement. Ils se souviennent avoir vu une ambulance faire des va-et-vient entre leur village et le chef-lieu du département. La quasi-totalité des villageois, le chef en tête, a été évacuée d`urgence pour être internée. Un ``Kômian`` (féticheur en Baoulé), N`goh Kanga, aurait convaincu ses parents de consommer une « mixture à base d`écorces d`arbres », pour extirper des sorciers de leurs rangs. Bilan de cette triste expérience : un mort, le cinquantenaire Kouassi Kouadio. Il n`a pas eu la chance de rejoindre à temps, comme les 117 autres victimes, les locaux de l`hôpital général de Sakassou. Mais, après consultation du médecin, Dr Bogui Anicet, qu`on retrouve sur place il n`a pu traiter que 104 personnes. A savoir 60 hommes dont le chef de village, N`guessan Kouamé, né en 1935, et 44 femmes. Les moins de 18 ans qui n`ont pas pris part au rituel, ont été épargnés.
Le film de l`intoxication
Selon le chef du village, le malheur arriva lorsque le ``Komian`` N`goh Kanga remit les pieds sur ses terres ancestrales à bord de son véhicule personnel. Comme le fils prodige qui a fait fortune dans les sciences mystiques, après le décès de son père, tué, dit-on, par des sorciers, le ``Komian`` était venu délivrer ses parents de la menace des bourreaux de son géniteur. Mahounou-Kongodjan, c`est le village paternel de N`goh. « Lorsqu`il est revenu, il nous a réunis en nous faisant savoir qu`il y a trop de sorciers dans le village. Et, qu`il fallait les dénicher et les expulser. Je lui ai dit : comme c`est toi qui les connais, alors aide-nous à les démasquer. C`est ainsi qu`il nous a réunis sur la place du village. Pour la réalisation de l`opération, on devait offrir un bœuf et verser la somme de 300.000 Fcfa. Nous avons accepté. Il a fait une mixture à base d`écorces, de feuilles ou de racines. Je n`en sais pas trop. Il a envoyé les jeunes chercher des plantes en brousse. Le tout a été mélangé avec l`eau plus un autre produit qu`il avait amené. Après quelques pas de danse au son de la guitare traditionnelle, pour montrer sa puissance et son savoir-faire, il a demandé qu`on boive la mixture. Un vase de nuit abandonné depuis belle lurette sur une tombe nous sert de gobelet. Le candidat qui passe doit payer 50 Fcfa. Celui qui aurait toussé ou vomi après avoir bu le médicament devait être considéré comme un sorcier. N`goh, le féticheur lui-même, ouvre le bal. Et, j`ai suivi avec mes notables. J`ai remarqué qu`à son tour, il a craché», relate le chef. N`goh a-t-il rejeté le liquide qu`il a avalé? Le vieux ne peut le confirmer. Après cette séance, le féticheur, selon les nombreuses victimes, a commencé à dandiner. Pareil pour tous ceux qui sont passés à la ``soupe``. Certains se plaignent de douleurs abdominales et de céphalées, d`autres vomissent à sortir leur estomac ou font des diarrhées. « Les vomissures rouges liées à la couleur rouge de la décoction a fait dire que les intoxiqués rejetaient du sang. Il n`en est rien », rassure le médecin. Pendant que chacun s`occupe de son état ou de son proche atteint, le féticheur tente de rejoindre son véhicule. Peine perdue, il en est empêché. L`homme parvient tout de même avec la panique générale à prendre la clef des champs. Selon des informations, il se serait confié aux soldats de l`Onuci. La brigade de gendarmerie de Sakassou a confisqué le véhicule. Alerté, l`hôpital général de Sakassou dépêche son ambulance pour le transfert des empoisonnés. Ils sont admis dans les pavillons d`hospitalisation. Des soins leur sont aussitôt administrés gratuitement. Le ministre de la Santé et de l`Hygiène publique se fait prestement représenter par celui du Commerce, Yapo Calice, qui est en mission dans la vallée du Bandama pour apporter la compassion, le soutien et le réconfort du gouvernement aux populations. Ce dernier, au nom du gouvernement, a offert 1 million Fcfa pour les médicaments. 500.000 Fcfa ont été également remis pour les obsèques de la victime décédée. La ministre de la Famille et des Affaires sociales, Jeanne Peuhmond Adjoua, fille du département, qui se trouvait dans la localité au moment des faits, a remis 100.000 Fcfa. Le maire, le préfet de la cité royale, ainsi que les Forces nouvelles ont compati aux souffrances des villageois. Lorsque nous quittions l`hôpital, le médecin Bogui nous a rassurés que « pour l`instant, la vie des personnes internées n`est pas en danger. Mais comme nous ne connaissons pas la nature du produit ingurgité, nous avons prélevé un échantillon qui sera étudié au laboratoire, afin de donner une suite à cette affaire », a conclu le médecin.
Allah Kouamé, envoyé spécial à Sakassou
En arrivant ce samedi, vers 17 heures, à Mahounou-Kongodjan, petit village situé à 12 km de Sakassou, l`on est accueilli par une triste ambiance. Amertume et désolation sur certains visages, des larmes sur d`autres. Pas de comité d`accueil. Seuls quelques garnements ne sachant pas exactement ce qui s`est passé, vous regardent invariablement. Ils se souviennent avoir vu une ambulance faire des va-et-vient entre leur village et le chef-lieu du département. La quasi-totalité des villageois, le chef en tête, a été évacuée d`urgence pour être internée. Un ``Kômian`` (féticheur en Baoulé), N`goh Kanga, aurait convaincu ses parents de consommer une « mixture à base d`écorces d`arbres », pour extirper des sorciers de leurs rangs. Bilan de cette triste expérience : un mort, le cinquantenaire Kouassi Kouadio. Il n`a pas eu la chance de rejoindre à temps, comme les 117 autres victimes, les locaux de l`hôpital général de Sakassou. Mais, après consultation du médecin, Dr Bogui Anicet, qu`on retrouve sur place il n`a pu traiter que 104 personnes. A savoir 60 hommes dont le chef de village, N`guessan Kouamé, né en 1935, et 44 femmes. Les moins de 18 ans qui n`ont pas pris part au rituel, ont été épargnés.
Le film de l`intoxication
Selon le chef du village, le malheur arriva lorsque le ``Komian`` N`goh Kanga remit les pieds sur ses terres ancestrales à bord de son véhicule personnel. Comme le fils prodige qui a fait fortune dans les sciences mystiques, après le décès de son père, tué, dit-on, par des sorciers, le ``Komian`` était venu délivrer ses parents de la menace des bourreaux de son géniteur. Mahounou-Kongodjan, c`est le village paternel de N`goh. « Lorsqu`il est revenu, il nous a réunis en nous faisant savoir qu`il y a trop de sorciers dans le village. Et, qu`il fallait les dénicher et les expulser. Je lui ai dit : comme c`est toi qui les connais, alors aide-nous à les démasquer. C`est ainsi qu`il nous a réunis sur la place du village. Pour la réalisation de l`opération, on devait offrir un bœuf et verser la somme de 300.000 Fcfa. Nous avons accepté. Il a fait une mixture à base d`écorces, de feuilles ou de racines. Je n`en sais pas trop. Il a envoyé les jeunes chercher des plantes en brousse. Le tout a été mélangé avec l`eau plus un autre produit qu`il avait amené. Après quelques pas de danse au son de la guitare traditionnelle, pour montrer sa puissance et son savoir-faire, il a demandé qu`on boive la mixture. Un vase de nuit abandonné depuis belle lurette sur une tombe nous sert de gobelet. Le candidat qui passe doit payer 50 Fcfa. Celui qui aurait toussé ou vomi après avoir bu le médicament devait être considéré comme un sorcier. N`goh, le féticheur lui-même, ouvre le bal. Et, j`ai suivi avec mes notables. J`ai remarqué qu`à son tour, il a craché», relate le chef. N`goh a-t-il rejeté le liquide qu`il a avalé? Le vieux ne peut le confirmer. Après cette séance, le féticheur, selon les nombreuses victimes, a commencé à dandiner. Pareil pour tous ceux qui sont passés à la ``soupe``. Certains se plaignent de douleurs abdominales et de céphalées, d`autres vomissent à sortir leur estomac ou font des diarrhées. « Les vomissures rouges liées à la couleur rouge de la décoction a fait dire que les intoxiqués rejetaient du sang. Il n`en est rien », rassure le médecin. Pendant que chacun s`occupe de son état ou de son proche atteint, le féticheur tente de rejoindre son véhicule. Peine perdue, il en est empêché. L`homme parvient tout de même avec la panique générale à prendre la clef des champs. Selon des informations, il se serait confié aux soldats de l`Onuci. La brigade de gendarmerie de Sakassou a confisqué le véhicule. Alerté, l`hôpital général de Sakassou dépêche son ambulance pour le transfert des empoisonnés. Ils sont admis dans les pavillons d`hospitalisation. Des soins leur sont aussitôt administrés gratuitement. Le ministre de la Santé et de l`Hygiène publique se fait prestement représenter par celui du Commerce, Yapo Calice, qui est en mission dans la vallée du Bandama pour apporter la compassion, le soutien et le réconfort du gouvernement aux populations. Ce dernier, au nom du gouvernement, a offert 1 million Fcfa pour les médicaments. 500.000 Fcfa ont été également remis pour les obsèques de la victime décédée. La ministre de la Famille et des Affaires sociales, Jeanne Peuhmond Adjoua, fille du département, qui se trouvait dans la localité au moment des faits, a remis 100.000 Fcfa. Le maire, le préfet de la cité royale, ainsi que les Forces nouvelles ont compati aux souffrances des villageois. Lorsque nous quittions l`hôpital, le médecin Bogui nous a rassurés que « pour l`instant, la vie des personnes internées n`est pas en danger. Mais comme nous ne connaissons pas la nature du produit ingurgité, nous avons prélevé un échantillon qui sera étudié au laboratoire, afin de donner une suite à cette affaire », a conclu le médecin.
Allah Kouamé, envoyé spécial à Sakassou
