A la police, on a décidé de leur munir de mobylette pour qu’elles soient plus mobiles dans la régulation de la circulation. Mais ces ‘’sauterelles’’ semblent être confinées seulement dans les quartiers huppés, loin des grands embouteillages.
Après quelques heures de travail, elles se sont majestueusement déportées à l’ombre de l’immeuble situé en face du siège de l’Agence ivoirienne de presse (Aip) au Plateau. Là, ces jeunes filles de la police ont royalement pris place sur leurs mobylettes. Ces policières à la mobylette, exercent dans diverses communes. A Cocody, accompagnées de leurs coéquipiers, on les rencontre le plus souvent non loin de l’école de police ou au carrefour ‘’Duncan’’ aux Deux Plateau. Au niveau de Treichville, elles sont présentes au carrefour Solibra, au grand carrefour de Koumassi ou du côté de la statue Akwaba à Port Bouët. Mais ces jeunes filles dont la mission est ‘’d’apporter un appui aux éléments de l’Unité de régulation de la circulation (Urc) ne sont confinées que dans ces communes cités. A Yopougon et Abobo, ces motards sont complètement absentes. Cette équipe encore appelée sauterelle n’a apparemment pas encore eu la puissance de sauter jusqu’ à Yopougon ou à Abobo. C’est en tout cas le constat fait par l’ensemble de la population abidjanaise. «Nous les rencontrons quelquefois au carrefour Sainte Marthe à la 7ème tranche à Angré, et quelquefois à Cocody. Comme si cette équipe de filles à moto avaient été conçue tout juste pour les zones où il n’y a pas grand-chose à faire», soutient D. Amadou, enseignant du secondaire. Et pourtant, selon lui, on a beaucoup plus besoin d’elle dans les quartiers populeux où la circulation est dense aux heures de pointe. «Et généralement lorsqu’elles sont présentes, elles sont accompagnées d’hommes policiers. Toute chose qui donne l’impression qu’on ne leur fait pas confiance, qu’on ne les sens pas capables d’exercer leur tâche», lâche T. Mamadou, gérant de cabine à Adjamé. Un avis que ne partagent pas ‘’les sauterelles‘’. «Notre mission est d’apporter une aide aux agents de l’Urc. Il arrive que malgré la présence de ces agents, des embouteillages se créent. Nous qui sommes plus mobiles avec nos motos, allons alors chercher l’origine du bouchon afin de rendre la circulation plus fluide. C’est donc dire que nous travaillons partout et dans toutes les communes», explique la jeune dame sous le sceau de l’anonymat adossée à sa moto ce mardi aux environs de 11h. Des propos confirmés par une source proche de la cellule communication du ministère de la Sécurité. Selon cette source, cette brigade motorisée a reçu la même formation que les hommes.
Un corps à l’abri des communes turbulentes
«Et en plus, elles (ces jeunes filles de la police) ont appris à rouler la mobylette pour leur permettre d’être plus rapide. On ne peut donc pas les confiner comme vous le dites, seulement dans les communes de haut standing. Elles exercent dans toutes les communes», soutient la source. Et pourtant, les concernées elles-mêmes reconnaissent que depuis leur sortie en décembre dernier, elles n’ont pas encore exercé à Abobo. «Nous avons sillonné quasiment toutes les communes, mais nous n’avons pas encore été à Abobo. Certainement à cause de la violence qu’il y a dans ce quartier », essaie-t-elle d’expliquer. Cette dernière en profite pour raconter le calvaire qu’elles vivent avec les chauffeurs de Gbaka au niveau du carrefour de Williamsville et avec les jeunes coxers d’Adjamé. «Généralement, lorsque nous sifflons les chauffeurs de Gbaka, ils refusent d’obtempérer. Ce sont très souvent nos hommes (les policiers hommes, Ndlr) qui sont obligés d’intervenir avant que ces gens n’acceptent de nous remettre les pièces de leurs véhicules. Parce que nous sommes femmes, ils ne nous respectent pas. Heureusement qu’ils ne se comportent pas tous ainsi. Certain voient à travers nous l’autorité pendant que d’autres voient la femme, voire la fille. Ce qui complique quelquefois les relations entre les conducteurs de Gbaka et de Woro-worô et nous», explique la frêle policière. «Il y a moins d’un mois, des jeunes coxers nous ont encerclées au niveau de la base Cie des 220 logements. Nous n’avons eu notre salut que grâce à des éléments de la police criminelle qui passaient par là, et qui ont dû tirer un coup de feu en l’air», raconte une de ses collègues qui ne manque pas de dire qu’elle ne souhaiterait vraiment pas exercer à Abobo. «Nous exerçons déjà à Adjamé où nous voyons de toutes les couleurs, et nous n’en demandons pas plus», plaide-t-elle. Un plaidoyer qui ne semble pas déplaire aux hommes policiers qui confessent ne pas se sentir vraiment en sécurité avec ces femmes motards. «Déjà en tant qu’hommes, nous avons généralement des problèmes avec les conducteurs de transports communaux qui ne sont quasiment jamais disposés à remettre les pièces de leurs véhicules lorsque nous les arrêtons dans la circulation. Mais au moins entre hommes, il y a un minimum de respect. Mais avec les femmes, cela devient plus compliqué parce que les conducteurs ne voient pas la tenue, mais la femme. Et ne concevant pas qu’une femme leur demande les pièces de leur véhicule, ils se braquent dès le départ. Et face à cette attitude, nos filles deviennent aussi intransigeantes et quelquefois les discussions sont houleuses», avoue un sergent chef de l’Urc sous le sceau de l’anonymat. Ce sont certainement autant de préoccupations qui conduisent le ministère pour l’instant à confiner ces ‘’sauterelles’’ dans les communes sans grande histoire. Espérons que l’appui apporté aux éléments de l’Urc s’étendra à toutes les communes.
Touré Yelly
Après quelques heures de travail, elles se sont majestueusement déportées à l’ombre de l’immeuble situé en face du siège de l’Agence ivoirienne de presse (Aip) au Plateau. Là, ces jeunes filles de la police ont royalement pris place sur leurs mobylettes. Ces policières à la mobylette, exercent dans diverses communes. A Cocody, accompagnées de leurs coéquipiers, on les rencontre le plus souvent non loin de l’école de police ou au carrefour ‘’Duncan’’ aux Deux Plateau. Au niveau de Treichville, elles sont présentes au carrefour Solibra, au grand carrefour de Koumassi ou du côté de la statue Akwaba à Port Bouët. Mais ces jeunes filles dont la mission est ‘’d’apporter un appui aux éléments de l’Unité de régulation de la circulation (Urc) ne sont confinées que dans ces communes cités. A Yopougon et Abobo, ces motards sont complètement absentes. Cette équipe encore appelée sauterelle n’a apparemment pas encore eu la puissance de sauter jusqu’ à Yopougon ou à Abobo. C’est en tout cas le constat fait par l’ensemble de la population abidjanaise. «Nous les rencontrons quelquefois au carrefour Sainte Marthe à la 7ème tranche à Angré, et quelquefois à Cocody. Comme si cette équipe de filles à moto avaient été conçue tout juste pour les zones où il n’y a pas grand-chose à faire», soutient D. Amadou, enseignant du secondaire. Et pourtant, selon lui, on a beaucoup plus besoin d’elle dans les quartiers populeux où la circulation est dense aux heures de pointe. «Et généralement lorsqu’elles sont présentes, elles sont accompagnées d’hommes policiers. Toute chose qui donne l’impression qu’on ne leur fait pas confiance, qu’on ne les sens pas capables d’exercer leur tâche», lâche T. Mamadou, gérant de cabine à Adjamé. Un avis que ne partagent pas ‘’les sauterelles‘’. «Notre mission est d’apporter une aide aux agents de l’Urc. Il arrive que malgré la présence de ces agents, des embouteillages se créent. Nous qui sommes plus mobiles avec nos motos, allons alors chercher l’origine du bouchon afin de rendre la circulation plus fluide. C’est donc dire que nous travaillons partout et dans toutes les communes», explique la jeune dame sous le sceau de l’anonymat adossée à sa moto ce mardi aux environs de 11h. Des propos confirmés par une source proche de la cellule communication du ministère de la Sécurité. Selon cette source, cette brigade motorisée a reçu la même formation que les hommes.
Un corps à l’abri des communes turbulentes
«Et en plus, elles (ces jeunes filles de la police) ont appris à rouler la mobylette pour leur permettre d’être plus rapide. On ne peut donc pas les confiner comme vous le dites, seulement dans les communes de haut standing. Elles exercent dans toutes les communes», soutient la source. Et pourtant, les concernées elles-mêmes reconnaissent que depuis leur sortie en décembre dernier, elles n’ont pas encore exercé à Abobo. «Nous avons sillonné quasiment toutes les communes, mais nous n’avons pas encore été à Abobo. Certainement à cause de la violence qu’il y a dans ce quartier », essaie-t-elle d’expliquer. Cette dernière en profite pour raconter le calvaire qu’elles vivent avec les chauffeurs de Gbaka au niveau du carrefour de Williamsville et avec les jeunes coxers d’Adjamé. «Généralement, lorsque nous sifflons les chauffeurs de Gbaka, ils refusent d’obtempérer. Ce sont très souvent nos hommes (les policiers hommes, Ndlr) qui sont obligés d’intervenir avant que ces gens n’acceptent de nous remettre les pièces de leurs véhicules. Parce que nous sommes femmes, ils ne nous respectent pas. Heureusement qu’ils ne se comportent pas tous ainsi. Certain voient à travers nous l’autorité pendant que d’autres voient la femme, voire la fille. Ce qui complique quelquefois les relations entre les conducteurs de Gbaka et de Woro-worô et nous», explique la frêle policière. «Il y a moins d’un mois, des jeunes coxers nous ont encerclées au niveau de la base Cie des 220 logements. Nous n’avons eu notre salut que grâce à des éléments de la police criminelle qui passaient par là, et qui ont dû tirer un coup de feu en l’air», raconte une de ses collègues qui ne manque pas de dire qu’elle ne souhaiterait vraiment pas exercer à Abobo. «Nous exerçons déjà à Adjamé où nous voyons de toutes les couleurs, et nous n’en demandons pas plus», plaide-t-elle. Un plaidoyer qui ne semble pas déplaire aux hommes policiers qui confessent ne pas se sentir vraiment en sécurité avec ces femmes motards. «Déjà en tant qu’hommes, nous avons généralement des problèmes avec les conducteurs de transports communaux qui ne sont quasiment jamais disposés à remettre les pièces de leurs véhicules lorsque nous les arrêtons dans la circulation. Mais au moins entre hommes, il y a un minimum de respect. Mais avec les femmes, cela devient plus compliqué parce que les conducteurs ne voient pas la tenue, mais la femme. Et ne concevant pas qu’une femme leur demande les pièces de leur véhicule, ils se braquent dès le départ. Et face à cette attitude, nos filles deviennent aussi intransigeantes et quelquefois les discussions sont houleuses», avoue un sergent chef de l’Urc sous le sceau de l’anonymat. Ce sont certainement autant de préoccupations qui conduisent le ministère pour l’instant à confiner ces ‘’sauterelles’’ dans les communes sans grande histoire. Espérons que l’appui apporté aux éléments de l’Urc s’étendra à toutes les communes.
Touré Yelly