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Politique Publié le mercredi 19 mai 2010 | Le Mandat

Processus de sortie de crise : Le grand chamboulement

Dans la crise ivoirienne, on va de surprise en surprise. Bien malin qui pourra dégoter une diseuse de bonne aventure qui pourra nous prédire l’avenir. Un avenir incertain. Tant les retournements sont nombreux. Avec les négociations autour du report de la marche des jeunes du RHDP, on est passé au chamboulement. Un grand chamboulement.

Le lundi 10 avril dernier, les Ivoiriens apprenaient avec grand étonnement que le chef de l’Etat Laurent Gbagbo se rendrait dans la mi-journée au domicile de l’ancien président et actuel chef de l’opposition Henri Konan Bédié. Surprenant pour un homme qui a toujours méprisé ses opposants. Il n’a jamais manqué l’occasion de lancer en public : Je n’ai pas d’opposants (…) Ils sont tous des idéologues. « Qu’il se déplace au domicile de son adversaire le plus irréductible, ne pouvait que surprendre.

Objectif clair et atteint

M. Laurent Gbagbo, cela est de notoriété, ne fait rien sans arrière-pensée. La marche du 15 mai était une bombe. En fin artificier politique, il lui fallait la désamorcer. Les méthodes classiques habituelles – menaces, soudoiements, enlèvements etc. – n’ayant rien donné de probant, à son corps défendant, il a choisi de se mettre au charbon. L’objectif était plus que clair pour lui : amener les responsables du Rassemblement des houphouëtises pour la démocratie et la paix (RHDP) à raisonner leurs jeunes et leur imposer un report de leur marche. Du fait de la tenue des Assemblées générales de la Banque Africaine de développement (BAD) à Abidjan courant mai. Ce report, M. Laurent Gbagbo l’obtiendra. Ceux de ses partisans qui avaient vite crié à l’humiliation se sont aussitôt ravisés passant à l’applaudimètre, vantant les mérites et qualités politiques de leur leader, Gbagbo. Les leaders du RHDP, pour leur part, étaient classés dans le tableau des poules mouillées.


Erreur politique ?

On ne saurait le dire pour le moment. Cependant, nombre d’observateurs ne manquent pas d’indiquer que la marche aurait dû se tenir. M. Sebré Jean, militant du Pdci soutient en colère : « Nous tenions le pouvoir. Les refondateurs avaient peur ». D’autres militants abondent dans le même sens. C’est que le RHDP détenait, avec la tenue des Assemblées de la BAD, un grand moyen de pression. « Ils ont lâché la proie pour l’ombre. Voilà que tout le monde se pose des questions sur l’avenir ». S’interroge Mme A Véronique. Des questions, les militants du RHDP (Pdci, Rdr, Udpci, Mfa) s’en posent beaucoup. Le prétexte de « la volonté d’éviter un bain de sang préparé par le pouvoir » leur est incompréhensible. La démobilisation prend de l’ampleur au fil des jours. L’inquiétude s’est installée même si les leaders tentent de colmater les brèches. M. Gbagbo, lui, peut se targuer de s’être offert son opposition.


Le grand chamboulement

Les accords politiques de Ouagadougou (Apo) ne sont plus qu’un emballage. La visite début mai à Abidjan, du président sénégalais Abdoulaye Wade, avait déjà sonné le glas de ces accords qui n’ont jamais fait l’unanimité. Le président Blaise Compaoré du Burkina savait, depuis, à quoi s’en tenir. Son homologue ivoirien se débarrassait de ses services. M. Wade n’a pas encore pris fonction, il s’est défendu d’être un médiateur, que le numéro un ivoirien s’est découvert un autre chemin : le dialogue inter-ivoirien. Tout un chamboulement. Il ne veut plus prendre l’avion pour se rendre où que ce soit. Il lui suffira de se rendre chez M. Bédié dans le voisinage de la résidence présidentielle pour obtenir ce qu’il désire. Les autres opposants, sous peine de passer pour des extrémistes, ne pourront que suivre. Le chamboulement est grand. Tout est désormais en faveur de M. Gbagbo. Il pourra aller et venir et se faire passer pour un grand démocrate. Ce, aux yeux de la communauté internationale. Il peut jouer entre son opposition politique et celle militaire (Forces nouvelles) selon les événements du moment. Qui en profite plus ?


Observateur, acteur et profiteur

Indéniablement, le premier ministre Soro Guillaume est celui qui profite, plus que quiconque, des fluctuations politiques ivoiriennes. Observateur averti, il regarde les candidats déclarés à la présidentielle s’empoigner dans l’arène. Il n’est pas candidat mais reste un acteur déterminant : superviseur des opérations électorales. En sus, il a un territoire qu’il contrôle. C’est d’un œil profiteur qu’il regarde ses « vieux pères » se battre. M. Soro est patient. Quand ils auront fini de se battre, il saura montrer ce qu’il leur a véritablement préparé.

Traoré B. TEGUERE
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