Reporters sans frontières dénonce le harcèlement "gratuit et inexplicable", depuis plusieurs semaines, du quotidien L'Expression par les forces de police ivoiriennes. Les autorités reprochent au journal sa couverture des manifestations de l'opposition en février dernier, à Gagnoa (centre-ouest du pays), et d'avoir envoyé des images des violences à la chaîne d'information française France 24.
Le 25 mai 2010, l'organisation s'est entretenue par téléphone avec le directeur de publication du journal, Dembélé Al Séni, lequel s'exprimait depuis les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST), à Abidjan. "Notre journal paie certainement le prix de son indépendance. Nous avons un crédit avéré sur la place. Je suppose que les autorités veulent que nous nous alignions, a-t-il confié. On nous pose toutes sortes de questions : qui finance le journal ? De quel bord politique sommes-nous ? Où obtenons-nous nos informations ? Quelles sont nos intentions ? Pourtant, aucun des faits présentés dans notre reportage n'a été démenti. La presse avait largement couvert les manifestations. Pourquoi s'en prendre ainsi à nous ?"
"Nous demandons aux autorités ivoiriennes, et notamment à la Direction de la surveillance du territoire, de fournir des explications sur les raisons de ces convocations à répétition. Le correspondant de L'Expression à Gagnoa a fait un travail sérieux de journaliste. Il est anormal que les responsables du journal soient ainsi inquiétés", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 25 mai, Dembélé Al Séni et David Gnahoré, correspondant de L'Expression à Gagnoa, ont passé la journée dans les locaux de la DST à Abidjan. Tous deux étaient attendus à 8 heures 30, ont été interrogés par le directeur de la DST, le commissaire César Negbé, et n'ont été relâchés que très tard dans la soirée. Les deux journalistes sont à nouveau convoqués le 26 mai, à 11 heures.
Le 7 mai, David Gnahoré avait déjà été convoqué à la préfecture de police de Gagnoa. Deux jours plus tard, il était entendu à la DST, son domicile était perquisitionné et son ordinateur portable confisqué. Celui-ci ne lui a toujours pas été rendu depuis.
Selon Dembélé Al Séni, les autorités accusent L'Expression "d'incitation à la violence" et de "diffusion de fausses informations". L'article incriminé, publié dans le numéro 196, en date du 20 février 2010, était intitulé "Gagnoa : La milice de Mama ouvre le feu, 5 morts, 19 blessés".
Par ailleurs, début mai, un autre journaliste de L'Expression a été convoqué à la brigade de recherche de la gendarmerie nationale pour un reportage sur une cache d'armes découverte près d'Abidjan.
Ambroise PIERRE
Bureau Afrique / Africa Desk
Reporters sans frontières / Reporters Without Borders
47, rue Vivienne
75002 Paris, France
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Le 25 mai 2010, l'organisation s'est entretenue par téléphone avec le directeur de publication du journal, Dembélé Al Séni, lequel s'exprimait depuis les locaux de la Direction de la surveillance du territoire (DST), à Abidjan. "Notre journal paie certainement le prix de son indépendance. Nous avons un crédit avéré sur la place. Je suppose que les autorités veulent que nous nous alignions, a-t-il confié. On nous pose toutes sortes de questions : qui finance le journal ? De quel bord politique sommes-nous ? Où obtenons-nous nos informations ? Quelles sont nos intentions ? Pourtant, aucun des faits présentés dans notre reportage n'a été démenti. La presse avait largement couvert les manifestations. Pourquoi s'en prendre ainsi à nous ?"
"Nous demandons aux autorités ivoiriennes, et notamment à la Direction de la surveillance du territoire, de fournir des explications sur les raisons de ces convocations à répétition. Le correspondant de L'Expression à Gagnoa a fait un travail sérieux de journaliste. Il est anormal que les responsables du journal soient ainsi inquiétés", a déclaré Reporters sans frontières.
Le 25 mai, Dembélé Al Séni et David Gnahoré, correspondant de L'Expression à Gagnoa, ont passé la journée dans les locaux de la DST à Abidjan. Tous deux étaient attendus à 8 heures 30, ont été interrogés par le directeur de la DST, le commissaire César Negbé, et n'ont été relâchés que très tard dans la soirée. Les deux journalistes sont à nouveau convoqués le 26 mai, à 11 heures.
Le 7 mai, David Gnahoré avait déjà été convoqué à la préfecture de police de Gagnoa. Deux jours plus tard, il était entendu à la DST, son domicile était perquisitionné et son ordinateur portable confisqué. Celui-ci ne lui a toujours pas été rendu depuis.
Selon Dembélé Al Séni, les autorités accusent L'Expression "d'incitation à la violence" et de "diffusion de fausses informations". L'article incriminé, publié dans le numéro 196, en date du 20 février 2010, était intitulé "Gagnoa : La milice de Mama ouvre le feu, 5 morts, 19 blessés".
Par ailleurs, début mai, un autre journaliste de L'Expression a été convoqué à la brigade de recherche de la gendarmerie nationale pour un reportage sur une cache d'armes découverte près d'Abidjan.
Ambroise PIERRE
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