En dehors de l’enfouissement ou de l’incinération des déchets plastiques, il existe l’option de la valorisation pour lutter contre l’insalubrité.
Il existe essentiellement deux grandes familles de plastiques dont les thermoplastiques qui représentent 80% des déchets plastiques. Ils ont la particularité de fondre sous l’action de la chaleur et de reprendre leur rigidité en refroidissant. Cette propriété permet de les recycler sous forme de matière première. La famille des thermoplastiques comprend entre autre le polyéthylène, le polychlorure de vinyle (PVC) et le polypropylène qui sont utilisés dans la fabrication des emballages. Les déchets plastiques sont d’origine diverses : déchets de transformation, emballages usagés de l’industrie et des centres de grande distribution, contenues d’automobiles hors d’usage, déchets d’ordures ménagères, etc. En Côte d’Ivoire, plusieurs structures interviennent dans la gestion des déchets en général : ministère de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine, de la Santé, l’Anassur, l’Ande, le District d’Abidjan, etc. Malheureusement, elles semblent dépassées par l’ampleur de la tâche. Aujourd’hui, un programme de la Banque mondiale se charge du ramassage des ordures. Il s’agit du programme d’urgence d’infrastructures urbaines (PUIUR). De manière générale, Il n’existe pas une politique véritable de gestion des déchets. Officiellement, les déchets sont réceptionnés par le centre d’enfouissement technique d’Akouédo, où ils sont sensés finir leur vie. Mais en réalité, c’est une tout autre voie qu’empruntent les déchets et plus précisément les plastiques.
La pré-collecte, tri et lavage des plastiques
La valorisation des déchets plastiques passe par une première étape qui fait intervenir les pré-collecteurs qui sont des récupérateurs installés dans les différents lieux de déversement des déchets. Le principal endroit fréquenté à Abidjan demeure la décharge d’Akouédo. Dès leur arrivée, les déchets plastiques sont systématiquement ramassés par un nombre important de travailleurs de fortune. Des femmes, des hommes et même des enfants d’origine modeste, qui ont fait de cette activité leur fonds de subsistance. Les objets ramassés sont soit vendus directement à des intermédiaires qui vont les nettoyer, laver et les revendre par la suite aux industriels, soit transportés aux alentours de la zone industrielle de Yopougon ou de Koumassi pour être lavés et vendus directement aux entreprises de fabrication d’objets plastiques. Les intermédiaires achètent les produits à un prix variant entre 50 et 100 le kg puis les revendent deux fois plus cher. En dehors des récupérateurs exerçant dans les décharges, il y a des personnes ambulantes qui récupèrent des chaussures plastiques usagées contre la somme de 25 F la paire ou en échange de récipients plastiques, ou encore à 150F le kg. Appelés communément « samalakoro », ces derniers vont livrer leurs marchandises à des grossistes qui les achètent un peu plus cher pour les revendre par la suite. Dans la majorité des cas, c’est un processus qui va du collecteur à l’industriel en passant par l’intermédiaire (les laveurs sont le plus souvent les récupérateurs eux-mêmes). Mais souvent, les déchets plastiques ramassés, surtout les bouteilles, sont nettoyées, lavées et vendus directement sur le marché à des personnes exerçant des activités commerciales nécessitant l’emballage bouteille.
La transformation industrielle
La majorité des objets en plastiques sont fabriqués à partir de thermoplastiques comme le polystyrène ou le polyéthylène. Mais, l’approvisionnement en ces matières chimiques s’avère cher, ce qui entraine un coût de production élevé chez les usiniers. Pour y faire face, certains industriels se sont alors lancés dans la récupération et le recyclage de ces déchets. Entrainant ainsi l’essor du recyclage des déchets plastiques. Depuis belle lurette.
Le recyclage
L’usine est par excellence le lieu de recyclage final des déchets plastiques. Ce processus est la valorisation matière. Il peut se faire de manière mécanique ou encore de façon chimique. Le recyclage mécanique consiste à refondre la matière pour fabriquer des produits commercialisables. Les déchets sont relavés, broyés pour obtenir une poudre qui sera plus tard directement transformée en produit fini. Ce procédé est simple quand les plastiques sont de la même composition. Dans l’usine TIP sarl, en zone industrielle de Yopougon, les 200 tonnes de déchets plastiques achetés chaque mois sont de préférence en matière polyéthylène non mélangés à d’autres analyses. En effet le recyclage pose problème quand les plastiques sont de compositions différentes puisqu’ils ne sont pas compatibles entre eux. Les températures de transformation sont en effet différentes et le mélange de plusieurs plastiques entraine une diminution de la qualité des caractéristiques mécaniques du produit final. La transformation chimique est aussi une option mais elle n’est pas très développée en Côte d’Ivoire parce que chère. Elle consiste à décomposer les macromolécules constitutives des polymères en matières réutilisable. Les matières plastiques sont dépolymérisées sous l’effet de la chaleur et/ou d’un composé chimique. Selon le procédé utilisé, la valorisation permet de revenir au monomère de départ ou aux produits pétrochimiques de base.
Plusieurs entreprises procèdent à la valorisation des plastiques en Côte d’Ivoire. En dehors de TIP SARL, on peut citer Kim-Plastique et CI-plast (société de transformation de matières plastiques). La dernière cité a été le lauréat d’un prix octroyé par l’Université d’Abobo Adjamé pour ses efforts dans le domaine du recyclage. Elle a en effet été reconnue comme l’une des meilleures entreprises en matière de collecte et de recyclage d’articles aussi bien domestiques qu’agricoles. Deux zones industrielles sont essentiellement concernées, il s’agit de Yopougon et de Koumassi. Les produits finis sont très variés : ustensiles de cuisine ou bâches utilisées comme toiture lors des nombreux cérémonies qui ponctuent la vie quotidienne (fêtes, funérailles), chaussures, emballages, les sacs poubelles, seaux, pelles, etc. En fait, avec les déchets plastiques, on peut reproduire les mêmes objets. Il est possible de fabriquer aussi du matériel agricole. C’est particulièrement le cas de CI-PLAST qui produit les sachets pépinières et les tasses d’hévéas.
Au delà de la lutte contre l’insalubrité auquel contribue le recyclage, c’est une véritable économie qui est mis en marche, une filière qui nourrit plusieurs acteurs de la société ivoirienne. Les industriels réduisent leurs coûts de production tout en effectuant des plus values sur le marché. Chaque jour, une grande quantité de déchets plastiques recyclés se retrouve en effet devant les consommateurs. En amont, se trouvent des centaines de récupérateurs voire des milliers qui se nourrissent à travers ces déchets plastiques. C’est pourquoi l’Etat gagnerait à s’impliquer dans l’organisation du secteur.
Par Marius Nouza
Marius.nouza@jde-ci.com
Il existe essentiellement deux grandes familles de plastiques dont les thermoplastiques qui représentent 80% des déchets plastiques. Ils ont la particularité de fondre sous l’action de la chaleur et de reprendre leur rigidité en refroidissant. Cette propriété permet de les recycler sous forme de matière première. La famille des thermoplastiques comprend entre autre le polyéthylène, le polychlorure de vinyle (PVC) et le polypropylène qui sont utilisés dans la fabrication des emballages. Les déchets plastiques sont d’origine diverses : déchets de transformation, emballages usagés de l’industrie et des centres de grande distribution, contenues d’automobiles hors d’usage, déchets d’ordures ménagères, etc. En Côte d’Ivoire, plusieurs structures interviennent dans la gestion des déchets en général : ministère de l’Environnement, de la Salubrité Urbaine, de la Santé, l’Anassur, l’Ande, le District d’Abidjan, etc. Malheureusement, elles semblent dépassées par l’ampleur de la tâche. Aujourd’hui, un programme de la Banque mondiale se charge du ramassage des ordures. Il s’agit du programme d’urgence d’infrastructures urbaines (PUIUR). De manière générale, Il n’existe pas une politique véritable de gestion des déchets. Officiellement, les déchets sont réceptionnés par le centre d’enfouissement technique d’Akouédo, où ils sont sensés finir leur vie. Mais en réalité, c’est une tout autre voie qu’empruntent les déchets et plus précisément les plastiques.
La pré-collecte, tri et lavage des plastiques
La valorisation des déchets plastiques passe par une première étape qui fait intervenir les pré-collecteurs qui sont des récupérateurs installés dans les différents lieux de déversement des déchets. Le principal endroit fréquenté à Abidjan demeure la décharge d’Akouédo. Dès leur arrivée, les déchets plastiques sont systématiquement ramassés par un nombre important de travailleurs de fortune. Des femmes, des hommes et même des enfants d’origine modeste, qui ont fait de cette activité leur fonds de subsistance. Les objets ramassés sont soit vendus directement à des intermédiaires qui vont les nettoyer, laver et les revendre par la suite aux industriels, soit transportés aux alentours de la zone industrielle de Yopougon ou de Koumassi pour être lavés et vendus directement aux entreprises de fabrication d’objets plastiques. Les intermédiaires achètent les produits à un prix variant entre 50 et 100 le kg puis les revendent deux fois plus cher. En dehors des récupérateurs exerçant dans les décharges, il y a des personnes ambulantes qui récupèrent des chaussures plastiques usagées contre la somme de 25 F la paire ou en échange de récipients plastiques, ou encore à 150F le kg. Appelés communément « samalakoro », ces derniers vont livrer leurs marchandises à des grossistes qui les achètent un peu plus cher pour les revendre par la suite. Dans la majorité des cas, c’est un processus qui va du collecteur à l’industriel en passant par l’intermédiaire (les laveurs sont le plus souvent les récupérateurs eux-mêmes). Mais souvent, les déchets plastiques ramassés, surtout les bouteilles, sont nettoyées, lavées et vendus directement sur le marché à des personnes exerçant des activités commerciales nécessitant l’emballage bouteille.
La transformation industrielle
La majorité des objets en plastiques sont fabriqués à partir de thermoplastiques comme le polystyrène ou le polyéthylène. Mais, l’approvisionnement en ces matières chimiques s’avère cher, ce qui entraine un coût de production élevé chez les usiniers. Pour y faire face, certains industriels se sont alors lancés dans la récupération et le recyclage de ces déchets. Entrainant ainsi l’essor du recyclage des déchets plastiques. Depuis belle lurette.
Le recyclage
L’usine est par excellence le lieu de recyclage final des déchets plastiques. Ce processus est la valorisation matière. Il peut se faire de manière mécanique ou encore de façon chimique. Le recyclage mécanique consiste à refondre la matière pour fabriquer des produits commercialisables. Les déchets sont relavés, broyés pour obtenir une poudre qui sera plus tard directement transformée en produit fini. Ce procédé est simple quand les plastiques sont de la même composition. Dans l’usine TIP sarl, en zone industrielle de Yopougon, les 200 tonnes de déchets plastiques achetés chaque mois sont de préférence en matière polyéthylène non mélangés à d’autres analyses. En effet le recyclage pose problème quand les plastiques sont de compositions différentes puisqu’ils ne sont pas compatibles entre eux. Les températures de transformation sont en effet différentes et le mélange de plusieurs plastiques entraine une diminution de la qualité des caractéristiques mécaniques du produit final. La transformation chimique est aussi une option mais elle n’est pas très développée en Côte d’Ivoire parce que chère. Elle consiste à décomposer les macromolécules constitutives des polymères en matières réutilisable. Les matières plastiques sont dépolymérisées sous l’effet de la chaleur et/ou d’un composé chimique. Selon le procédé utilisé, la valorisation permet de revenir au monomère de départ ou aux produits pétrochimiques de base.
Plusieurs entreprises procèdent à la valorisation des plastiques en Côte d’Ivoire. En dehors de TIP SARL, on peut citer Kim-Plastique et CI-plast (société de transformation de matières plastiques). La dernière cité a été le lauréat d’un prix octroyé par l’Université d’Abobo Adjamé pour ses efforts dans le domaine du recyclage. Elle a en effet été reconnue comme l’une des meilleures entreprises en matière de collecte et de recyclage d’articles aussi bien domestiques qu’agricoles. Deux zones industrielles sont essentiellement concernées, il s’agit de Yopougon et de Koumassi. Les produits finis sont très variés : ustensiles de cuisine ou bâches utilisées comme toiture lors des nombreux cérémonies qui ponctuent la vie quotidienne (fêtes, funérailles), chaussures, emballages, les sacs poubelles, seaux, pelles, etc. En fait, avec les déchets plastiques, on peut reproduire les mêmes objets. Il est possible de fabriquer aussi du matériel agricole. C’est particulièrement le cas de CI-PLAST qui produit les sachets pépinières et les tasses d’hévéas.
Au delà de la lutte contre l’insalubrité auquel contribue le recyclage, c’est une véritable économie qui est mis en marche, une filière qui nourrit plusieurs acteurs de la société ivoirienne. Les industriels réduisent leurs coûts de production tout en effectuant des plus values sur le marché. Chaque jour, une grande quantité de déchets plastiques recyclés se retrouve en effet devant les consommateurs. En amont, se trouvent des centaines de récupérateurs voire des milliers qui se nourrissent à travers ces déchets plastiques. C’est pourquoi l’Etat gagnerait à s’impliquer dans l’organisation du secteur.
Par Marius Nouza
Marius.nouza@jde-ci.com