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Économie Publié le mardi 1 juin 2010 | L’expression

Adjamé - Le calvaire du pagne

Victimes des descentes intempestives des agents de la douane, qui leur soutirent de l’argent, et des abus des industriels locaux, les commerçants de pagne vivent la galère.
« Le commerce de pagne est devenu difficile, non seulement nous ne nous en sortons pas. Mais aussi nous devons subir les tracasseries des agents de douane et des confectionneurs de pagne installés en zone industrielle. Tout cela fait que je n’ai plus envie de continuer cette activité. » Cet aveu de découragement est d’un commerçant de pagne situé sur le boulevard Nangui Abogoua à Adjamé. Selon lui, des agents de la douane, accompagnés d’indics, font régulièrement irruption dans leurs magasins pour saisir des lots entiers de marchandises. Au motif qu’elles sont contrefaites. Ou encore que les motifs apposés sur les pagnes ne sont pas autorisés à être utilisés par d’autres personnes. « Récemment, ils ont saisi les pagnes d’une femme qui a dû débourser une forte somme avant de les récupérer. Cette saisie a participé à gonfler ses dépenses », ajoute le détaillant. Il ajoute que, les responsables d’usines situées en zone industrielle leur mènent aussi la vie dure. « Nous importons les pagnes de l’Inde et de la Chine, mais souvent ces gens viennent ramasser tous nos pagnes avec des policiers sans chercher à savoir», regrette-t-il. Pour lui, ces descentes sporadiques leur causent beaucoup de torts.

Frais de douane et business
Après chaque passage de cette « mafia » c’est à coup d’espèces sonnantes et trébuchantes qu’ils récupèrent leurs marchandises. Et souvent avec des pièces de pagne en moins. « Nous pensons que ces gens abusent de la notoriété qu’ils ont et du fait qu’ils ont des attaches au sommet de l’Etat », pense un autre commerçant. A les en croire, la demande nationale de pagne ne peut pas être satisfaite par les usines installées à Abidjan. « Pourquoi on leur refuse alors l’importation », s’interrogent-ils. Selon Baba Adamou, un autre marchand, les difficultés commencent au port. Les frais de douane qu’ils doivent régler avant que les conteneurs ne sortent du port sont, selon lui, régulièrement en hausse. Une situation qui oblige certains commerçants à se mettre à plusieurs pour amortir les coûts de transport et surtout de douane. Et ces factures oscillent souvent entre 10 et 11 millions Fcfa, voire plus. A ces taxes officielles viennent s’ajouter, disent-ils, des ‘’dessous de table’’. Le passage ‘’obligé’’ pour accéder facilement à leurs marchandises. « Si tu n’entres pas dans le contexte, tu risques d’attendre longtemps avant d’avoir tes pagnes», révèle un autre commerçant.

Une fuite de la clientèle
Dame Sangaré, désabusée, a perdu la passion de son activité. « Le commerce du pagne n’est plus ce qu’il était. Maintenant, nous nous débrouillons pour tenir le coup. Etant donné que c’est le métier qu’on a choisi », explique la grossiste. A cet effet, la demande assez forte de pagne à la veille des fêtes et autres occasions de réjouissance n’est plus qu’un vieux souvenir. Les revendeurs et particuliers qui venaient faire leurs achats à Adjamé se sont détournés vers Bouaké. A l’en croire, croire, cette ville tenue par les ex-rebelles est devenue la destination privilégiée des paysans avec qui ils faisaient de bonnes affaires. « Le pagne est moins cher là-bas, donc les gens y vont », souligne la dame. Revenant sur les ennuis policiers, Ibrahim pense que tant que les commerçants ne se mettront pas ensemble pour défendre leurs intérêts, ils seront toujours victimes d’abus. Ces excès sont dus, selon lui, au fait que la majorité des commerçants sont des illettrés. « Tout cela est de la distraction », dénonce Soumahoro Farikou, porte-parole du Collectif des commerçants et opérateurs économiques de Côte d’Ivoire, il n’est pas normal que les détaillants soient soumis à ces contrariétés. Il pense que les gouvernants doivent respecter leurs engagements. « Avant d’importer les pagnes, les commerçants ont reçu l’autorisation. Alors pourquoi faire des descentes dans leurs magasins pour les accuser de fraude », s’interroge-t-il. Sur la question des motifs contrefaits, Soumahoro Farikou explique qu’ils ont une durée de propriété de cinq ans. Il s’étonne alors que les industriels de la place revendiquent des dessins qui datent de vingt voire trente ans. Mais du côté de la Direction de surveillance et d’intervention de la Douane, la question fâche. Et les langues refusent de se délier. Seul un agent, sous le sceau de l’anonymat, nous explique que la plupart des vendeurs soutiennent la contrefaçon qui est en train de détruire l’économie du pays. Les descentes répondraient donc à une lutte contre le phénomène.
K. Anderson
Légende : Les commerçants de pagnes dénoncent les descentes intempestives de contrôleurs dans leurs magasins.


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