Les conflits sociaux, les crises militaro-politiques, en Afrique mobilisent la presse française qui y consacre régulièrement du temps et de l’espace, plus souvent que les conflits sociaux wallon-flamand en Belgique, l’autonomie corse en France, ou l’impasse politique de Nicolas Sarkozy. Sur les ondes des radios, et dans les colonnes des médias français, les informations africaines sont traitées comme des ‘’faits divers’’, comme devant une cour d’assises. Je ne fais pas de procès à la presse française, mais, je constate tout simplement que mes confrères français n’ont pas la même attitude devant les informations en provenance des Etats-Unis, du Royaume d’Espagne, d’Allemagne, de la Belgique que celles en provenance d’Afrique. La presse française met rarement en difficulté l’Américain Barack Hussein Obama, la chancelière Allemande Angela Merkel ou le roi d’Espagne Juan Carlos comme dans un box des accusés. Cependant, il est très facile pour les radios et télévision françaises d’interviewer le malien Amadou Toumani Touré, le tchadien Idriss Deby, ou le principal opposant togolais Gilchrist Olympio ou encore le gabonais Jean Ping, président de la commission de l’union africaine et tout cela dans un réquisitoire sévère comme devant une cour d’assises. Ce que les médias français ‘’n’osent’’ faire avec Nicolas Sarkozy, le Premier ministre Russe Vladimir Poutine, où encore le chef d’Etat-major des armées américaines. Au regard de ce ‘’deux poids, deux mesures’’ bouleversant sur le traitement des informations, la presse française préfère l’Afrique, ou elle peut tout dire, tout écrire sur la République démocratique du Congo, la Côte d’Ivoire, le Tchad, le Soudan, la Guinée-Conakry avec des informations traitées dans toute la sévérité, ou parfois mal collectées. Pauvre Afrique ! Et les chefs d’Etats d’Afrique, la classe politique du continent, continueront à ‘’s’afficher’’ dans les colonnes des journaux étrangers, ou accorderont des interviews exclusives aux chaînes de radio et télévision européennes. Je m’apitoie parfois sur le sort de l’Afrique, et des informations ‘’véhiculées’’ à propos du continent. Les médias étrangers connaissent peu le terrain africain, et ignorent la responsabilité d’une information mal traitée, et mal orientée sur les populations africaines à 80% analphabètes, qui débouchent sur des drames. Cela fait parfois plaisir aux africains eux-mêmes et à ceux qui sont ‘’commanditaires’’ d’une Afrique déstabilisée, mais qui savent que le Ghana, l’Afrique du Sud, le Maroc, l’Egypte, le Zimbabwé n’ont rien à envier à l’Europe en matière d’infrastructures universitaires. Ils savent aussi, que l’Angola, le Nigeria, la Guinée-Equatoriale sont dans le peloton de tête des pays fournisseurs de pétrole à l’Europe. C’est cet eldorado que la presse étrangère, transforme en Eldorado mortel, où le continent africain est devenu un marché aux faits divers, où les gens ont du mal à faire la différence entre une information vraie et une information juste. C’est dans ce drame du savoir, du spectacle, et du mensonge que se promènent correspondants et envoyés spéciaux de la presse étrangère. Je suis aussi déçu des dirigeants africains, incapables d’offrir à leur continent, une agence de presse crédible, des radios dynamiques, capables de faire l’image véritable de l’Afrique économique, culturelle et sociale. Mais les chefs d’Etat d’Afrique préfèrent se confier à Radio France internationale pour s’expliquer sur la débâcle de la coopération française en Afrique, et le bilan des indépendances africaines. Cette sympathie drôle, ne peut se faire qu’en Afrique, par les africains et pour africains. Et la presse étrangère peut amplifier une simple réforme constitutionnelle au Mali, un gouvernement dissout en Côte d’Ivoire, un militant politique tué en Afrique du Sud. A l’arrivée, les médias étrangers ont su faire de l’Afrique un eldorado mortel de l’information, en s’éloignant de la ‘’ bonne information’’ et de la crédibilité.
Par Ben Ismaël
Par Ben Ismaël