La crise couve dans le secteur du convoyage depuis le 7 mai 2010. Les deux opérateurs du convoyage des marchandises des pays de l’hinterland (Mali, Bukina Faso, Niger) à savoir le Groupement des affréteurs chargeurs de Côte d’Ivoire (Gacci) et l’Office ivoirien des chargeurs (Oic) se livrent une bataille sans merci.
Par arrêté n°202/MT/CAB du 07 mai 2010, le ministre des Transports, Albert Flindé, a interdit à la société Gacci/Sococib-Transit l’exercice de l’activité de l’escorte groupée du fret des pays de l’hinterland à partir des ports d’Abidjan et de San Pedro. Prenant le contre-pied de celui pris par son prédécesseur, Mabri Toikeusse.
Le nouvel opérateur qui livre depuis le 03 février dernier une rude concurrence à l’Oic depuis l’obtention d’un agrément du ministre Mabri n’est plus autorisée à organiser le convoyage des marchandises à destination de Bamako ou de Ouagadougou. L’actuel ministre des Transports, Dr Albert Flindé, vient de prendre à cet effet l’arrêté n°202/MT/CAB qui casse « la convention de concession pour le financement, l’organisation et l’exploitation de l’escorte groupée et du convoyage des camions de transport de marchandises entre l’Etat de Côte d’Ivoire et le Gacci/Sococib-Transit en date du 02 février 2010 ». Fait surprenant, puisque par mesure de précaution, l’arrêté de Mabri a été bétonné pour éviter de telle mésaventure. Ainsi en son article 8, la convention stipule : « La concession au Gacci dure dix (10) ans et ne peut faire l’objet d’un réexamen qu’au terme d’une période de cinq (5) ans à la demande d’une des deux parties ou d’accord parties ». Au niveau du cabinet du ministre Flindé, sous le couvert de l’anonymat, un responsable explique que la concession de l’Oic court jusqu’en 2011, et c’est après cette date que l’office peut perdre l’exclusivité du convoyage. En d’autres termes, Mabri Toikeusse n’aurait pas dû signer cette concession en faveur de Gacci. De bonnes sources, l’argument retenu par les proches du chef de l’Etat et du ministre Tagro Désiré de la sécurité pour mettre la pression sur Albert Flindé est que la nouvelle société peut menacer la sécurité de l’Etat. « Ils avancent que des armes peuvent être convoyées par cette société « rivale » de l’Oic, en raison de la présence d’Issiaka Sawadogo, qui pourtant a des atomes crochus avec des pontes de la Refondation. De facto, cela remet l’Oic dans sa position de monopole. La version de l’Oic n’est pas loin de la manière officielle. Selon un de ses responsables qui s’est confié au confrère Notre Voie, Lago Jonas, c’est l’office qui, le premier, après une période test, a signé une convention avec l’Etat en 2001. Elle mène cette activité avec le soutien des Forces de défense et de sécurité(Fds). Toujours selon Lago Jonas, lorsqu’à la suite de l’opération « dignité » (offensive des Fds lancée contre les positions des forces nouvelles), les transporteurs des pays voisins ont abandonné la destination Côte d’Ivoire, c’est l’Oic qui a mené une offensive de charme pour les faire revenir. Ainsi, à ses yeux, sa structure, ayant respecté sa part du contrat, il n’était pas opérant qu’une autre organisation concurrente soit encore autorisée. Alors qu’invoquant un manquement des clauses de la concession, Mabri a signé l’agrément du Gac-ci/ Socobib transit. « Nous avions dénoncé cela à l’époque. Nous n’avions pas compris pourquoi le ministre Mabri a signé une décision autorisant une société privée à faire la concurrence à une société de chargeurs ». Pour lui donc, cette mesure est de nature à provoquer du désordre dans le secteur.
Le Gacci et ses 300 travailleurs protestent
Ces arguments, aux yeux des responsables de Gacci et d’autres acteurs du secteur, ne tiennent pas la route. Joint au téléphone, Abdoulaye Sylla, Coordonnateur général du Conseil national des conducteurs professionnels de Côte d’Ivoire (Cnopci), estime que cette mesure est contraire au libéralisme prôné dans le secteur par l’Etat. Pour eux, à partir du moment où le gouvernement a libéralisé le secteur, de tels argument ne doivent prospérer. En outre, il avance que « toutes les dispositions sont prises par les responsables de l’organisation des convois commis par le Gacci pour éviter tout convoyage d’armes pour déstabiliser les institutions républicaines. Mieux, une fois le fret acheminé à Ouagadougou ou à Bamako, les véhicules reviennent vides en Côte d’Ivoire pour regagner les ports d’Abidjan de San Pedro ». Pour lui, cela est d’autant plus curieux que c’est le même procédé utilisé par l’Oic à qui le ministre Flindé concède à nouveau l’exclusivité de l’organisation des escortes groupées. « Nous allons réagir. Et il n’est pas exclu que les activités de convoyage des marchandises à destination du Mali et du Burkina soient paralysées en signe de protestation », a-t-il souligné.
Aussi depuis quelques jours, ceux qui sont les sacrifiés de cette décision protestent devant le ministère des Transports pour être reçus par la tutelle en vain. Ils sont plus de 300 personnes qui se retrouvent de facto sur la touche. Un coût humain lourd. Qui malheureusement n’a pas pesé lourd dans la balance du ministre. Par syndicats de transporteurs interposés, on assiste à un véritable jeu de ping-pong entre ceux qui approuvent la mesure et ceux qui la rejettent. Les derniers bénéficient du soutien d’acteurs de la sous-région. Les routiers burkinabè qui menacent de leur côté de tourner le dos aux ports ivoiriens. Dans une déclaration de protestation adressée le dimanche 09 mai 2010 au Cnopci, l’union des transporteurs routiers du Burkina Faso indique que si la décision reste en l’état, « les acteurs du transport de la sous-région reverraient leur collaboration avec les ports ivoiriens. Et c’est l’accroissement de la compétitivité de ces ports qui prendrait un coup du fait d’une décision impopulaire précipitée et suspecte ». Le ministre reste pour le moment campé sur sa position. Ce qui alimente des supputations sur la nature réelle de cette crise. Est-ce politique ? Une affaire de gros sous ou une simple affaire de droit ?
Mamadou Doumbes
Leg : Les fac-similés des décisions contradictoires de Mabri et Albert Flindé.
Par arrêté n°202/MT/CAB du 07 mai 2010, le ministre des Transports, Albert Flindé, a interdit à la société Gacci/Sococib-Transit l’exercice de l’activité de l’escorte groupée du fret des pays de l’hinterland à partir des ports d’Abidjan et de San Pedro. Prenant le contre-pied de celui pris par son prédécesseur, Mabri Toikeusse.
Le nouvel opérateur qui livre depuis le 03 février dernier une rude concurrence à l’Oic depuis l’obtention d’un agrément du ministre Mabri n’est plus autorisée à organiser le convoyage des marchandises à destination de Bamako ou de Ouagadougou. L’actuel ministre des Transports, Dr Albert Flindé, vient de prendre à cet effet l’arrêté n°202/MT/CAB qui casse « la convention de concession pour le financement, l’organisation et l’exploitation de l’escorte groupée et du convoyage des camions de transport de marchandises entre l’Etat de Côte d’Ivoire et le Gacci/Sococib-Transit en date du 02 février 2010 ». Fait surprenant, puisque par mesure de précaution, l’arrêté de Mabri a été bétonné pour éviter de telle mésaventure. Ainsi en son article 8, la convention stipule : « La concession au Gacci dure dix (10) ans et ne peut faire l’objet d’un réexamen qu’au terme d’une période de cinq (5) ans à la demande d’une des deux parties ou d’accord parties ». Au niveau du cabinet du ministre Flindé, sous le couvert de l’anonymat, un responsable explique que la concession de l’Oic court jusqu’en 2011, et c’est après cette date que l’office peut perdre l’exclusivité du convoyage. En d’autres termes, Mabri Toikeusse n’aurait pas dû signer cette concession en faveur de Gacci. De bonnes sources, l’argument retenu par les proches du chef de l’Etat et du ministre Tagro Désiré de la sécurité pour mettre la pression sur Albert Flindé est que la nouvelle société peut menacer la sécurité de l’Etat. « Ils avancent que des armes peuvent être convoyées par cette société « rivale » de l’Oic, en raison de la présence d’Issiaka Sawadogo, qui pourtant a des atomes crochus avec des pontes de la Refondation. De facto, cela remet l’Oic dans sa position de monopole. La version de l’Oic n’est pas loin de la manière officielle. Selon un de ses responsables qui s’est confié au confrère Notre Voie, Lago Jonas, c’est l’office qui, le premier, après une période test, a signé une convention avec l’Etat en 2001. Elle mène cette activité avec le soutien des Forces de défense et de sécurité(Fds). Toujours selon Lago Jonas, lorsqu’à la suite de l’opération « dignité » (offensive des Fds lancée contre les positions des forces nouvelles), les transporteurs des pays voisins ont abandonné la destination Côte d’Ivoire, c’est l’Oic qui a mené une offensive de charme pour les faire revenir. Ainsi, à ses yeux, sa structure, ayant respecté sa part du contrat, il n’était pas opérant qu’une autre organisation concurrente soit encore autorisée. Alors qu’invoquant un manquement des clauses de la concession, Mabri a signé l’agrément du Gac-ci/ Socobib transit. « Nous avions dénoncé cela à l’époque. Nous n’avions pas compris pourquoi le ministre Mabri a signé une décision autorisant une société privée à faire la concurrence à une société de chargeurs ». Pour lui donc, cette mesure est de nature à provoquer du désordre dans le secteur.
Le Gacci et ses 300 travailleurs protestent
Ces arguments, aux yeux des responsables de Gacci et d’autres acteurs du secteur, ne tiennent pas la route. Joint au téléphone, Abdoulaye Sylla, Coordonnateur général du Conseil national des conducteurs professionnels de Côte d’Ivoire (Cnopci), estime que cette mesure est contraire au libéralisme prôné dans le secteur par l’Etat. Pour eux, à partir du moment où le gouvernement a libéralisé le secteur, de tels argument ne doivent prospérer. En outre, il avance que « toutes les dispositions sont prises par les responsables de l’organisation des convois commis par le Gacci pour éviter tout convoyage d’armes pour déstabiliser les institutions républicaines. Mieux, une fois le fret acheminé à Ouagadougou ou à Bamako, les véhicules reviennent vides en Côte d’Ivoire pour regagner les ports d’Abidjan de San Pedro ». Pour lui, cela est d’autant plus curieux que c’est le même procédé utilisé par l’Oic à qui le ministre Flindé concède à nouveau l’exclusivité de l’organisation des escortes groupées. « Nous allons réagir. Et il n’est pas exclu que les activités de convoyage des marchandises à destination du Mali et du Burkina soient paralysées en signe de protestation », a-t-il souligné.
Aussi depuis quelques jours, ceux qui sont les sacrifiés de cette décision protestent devant le ministère des Transports pour être reçus par la tutelle en vain. Ils sont plus de 300 personnes qui se retrouvent de facto sur la touche. Un coût humain lourd. Qui malheureusement n’a pas pesé lourd dans la balance du ministre. Par syndicats de transporteurs interposés, on assiste à un véritable jeu de ping-pong entre ceux qui approuvent la mesure et ceux qui la rejettent. Les derniers bénéficient du soutien d’acteurs de la sous-région. Les routiers burkinabè qui menacent de leur côté de tourner le dos aux ports ivoiriens. Dans une déclaration de protestation adressée le dimanche 09 mai 2010 au Cnopci, l’union des transporteurs routiers du Burkina Faso indique que si la décision reste en l’état, « les acteurs du transport de la sous-région reverraient leur collaboration avec les ports ivoiriens. Et c’est l’accroissement de la compétitivité de ces ports qui prendrait un coup du fait d’une décision impopulaire précipitée et suspecte ». Le ministre reste pour le moment campé sur sa position. Ce qui alimente des supputations sur la nature réelle de cette crise. Est-ce politique ? Une affaire de gros sous ou une simple affaire de droit ?
Mamadou Doumbes
Leg : Les fac-similés des décisions contradictoires de Mabri et Albert Flindé.