Le projet de création d’un pôle aéroportuaire moderne est hypothéqué. L’espace réservé à cette fin a été cédé à une société immobilière qui s’apprête à édifier des bâtiments.
C’est un scandale qui plane sur l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny d’Abidjan. La parcelle de terrain, allant du carrefour Akwaba au périmètre de la zone aéroportuaire, mise à la disposition de la société Aeria en 1996, a été vendue à un prix dérisoire à une entreprise privée. C’est un arrêté signé de l’ancien ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Marcel Amon-Tanoh, qui a matérialisé la transaction. Le document de concession a été paraphé le 11 février 2010. Dans tous les cas, 81.300 mètres carrés, soit 813 hectares, ont été distraits du titre foncier n°127.988 de Bingerville et cédés à 250 Fcfa le m2.
Une opération bien suspecte
Sans pour autant épiloguer sur la légalité ou l’illégalité de l’acte posé, des experts immobiliers observent que, dans cette zone, le mètre carré s’échange aujourd’hui à 150. 000 Fcfa voire 200.000 Fcfa. Autant dire que les caisses de l’Etat auraient dû s’attendre à des recettes minimales de l’ordre de 13 à 17 milliards Fcfa. Malheureusement, le trésor public n’a reçu que 20,325 millions de Fcfa, à raison de 250 Fcfa, le mètre carré. L’acquéreur de cette «aubaine» se trouve être la société civile immobilière Malak, dont la gérante n’est autre que Mme Marchese Lisa Marie. Cette femme, détentrice d’un passeport américain mais qui défendrait des intérêts orientaux, doit y ériger un complexe hôtelier et des bureaux. Selon certaines sources, le dossier traînait dans les tiroirs depuis des mois. Sans doute à cause du fait que les espaces proposés se trouvaient dans une zone aéroportuaire relevant du domaine public. Et que, pour des raisons techniques et de sécurité évidentes, cet espace pouvait être récupéré par l’Etat à tout moment. Depuis la vente, les dirigeants d’Aeria ont perdu le sommeil. Ils ont vu des pans entiers de «leur patrimoine foncier » arrachés de force. Mais, ils ne veulent pas avaler la couleuvre et comptent porter l’affaire devant les tribunaux. Certains responsables de cette structure de gestion de l’aéroport ont fait une descente sur les lieux pour se rendre compte que la propriété traditionnelle de l’aéroport a été liquidée. Pour eux, le domaine public ne peut faire l’objet d’une appropriation privée. A les entendre parler, les dirigeants ont le dos au mur et s’insurgent contre le ministre qui a vendu leurs terres « non pour cause d’utilité publique mais pour des motivations individuelles ».
Effet boule de neige
On se souvient qu’il y a quelques mois, un scandale similaire sur les terrains aux encablures du palais de la culture a éclaté. Ce dossier a déjà pris le chemin du palais de Justice. Contactés, des proches du ministre ont refusé de commenter l’information. «L’administration est une continuité. S’ils estiment que l’arrêté n’est pas bon, les nouveaux responsables ont la latitude de le rapporter », s’est contenté de lancer l’un d’eux. Les nouvelles autorités du ministère de la Construction et de l’Urbanisme promettent de mettre de l’ordre dans la maison. Avec ce scandale, le brouillard va, peut-être, se lever enfin sur le mystère de brume qui enveloppe la gestion du domaine urbain abidjanais.
Lanciné Bakayoko
C’est un scandale qui plane sur l’aéroport international Félix Houphouet-Boigny d’Abidjan. La parcelle de terrain, allant du carrefour Akwaba au périmètre de la zone aéroportuaire, mise à la disposition de la société Aeria en 1996, a été vendue à un prix dérisoire à une entreprise privée. C’est un arrêté signé de l’ancien ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, Marcel Amon-Tanoh, qui a matérialisé la transaction. Le document de concession a été paraphé le 11 février 2010. Dans tous les cas, 81.300 mètres carrés, soit 813 hectares, ont été distraits du titre foncier n°127.988 de Bingerville et cédés à 250 Fcfa le m2.
Une opération bien suspecte
Sans pour autant épiloguer sur la légalité ou l’illégalité de l’acte posé, des experts immobiliers observent que, dans cette zone, le mètre carré s’échange aujourd’hui à 150. 000 Fcfa voire 200.000 Fcfa. Autant dire que les caisses de l’Etat auraient dû s’attendre à des recettes minimales de l’ordre de 13 à 17 milliards Fcfa. Malheureusement, le trésor public n’a reçu que 20,325 millions de Fcfa, à raison de 250 Fcfa, le mètre carré. L’acquéreur de cette «aubaine» se trouve être la société civile immobilière Malak, dont la gérante n’est autre que Mme Marchese Lisa Marie. Cette femme, détentrice d’un passeport américain mais qui défendrait des intérêts orientaux, doit y ériger un complexe hôtelier et des bureaux. Selon certaines sources, le dossier traînait dans les tiroirs depuis des mois. Sans doute à cause du fait que les espaces proposés se trouvaient dans une zone aéroportuaire relevant du domaine public. Et que, pour des raisons techniques et de sécurité évidentes, cet espace pouvait être récupéré par l’Etat à tout moment. Depuis la vente, les dirigeants d’Aeria ont perdu le sommeil. Ils ont vu des pans entiers de «leur patrimoine foncier » arrachés de force. Mais, ils ne veulent pas avaler la couleuvre et comptent porter l’affaire devant les tribunaux. Certains responsables de cette structure de gestion de l’aéroport ont fait une descente sur les lieux pour se rendre compte que la propriété traditionnelle de l’aéroport a été liquidée. Pour eux, le domaine public ne peut faire l’objet d’une appropriation privée. A les entendre parler, les dirigeants ont le dos au mur et s’insurgent contre le ministre qui a vendu leurs terres « non pour cause d’utilité publique mais pour des motivations individuelles ».
Effet boule de neige
On se souvient qu’il y a quelques mois, un scandale similaire sur les terrains aux encablures du palais de la culture a éclaté. Ce dossier a déjà pris le chemin du palais de Justice. Contactés, des proches du ministre ont refusé de commenter l’information. «L’administration est une continuité. S’ils estiment que l’arrêté n’est pas bon, les nouveaux responsables ont la latitude de le rapporter », s’est contenté de lancer l’un d’eux. Les nouvelles autorités du ministère de la Construction et de l’Urbanisme promettent de mettre de l’ordre dans la maison. Avec ce scandale, le brouillard va, peut-être, se lever enfin sur le mystère de brume qui enveloppe la gestion du domaine urbain abidjanais.
Lanciné Bakayoko