Le processus de relance de la filière coton en Côte d’Ivoire qui passe par la restructuration et la professionnalisation des organisations professionnelles agricoles (OPA) est en cours. Cette relance soutenue par les résolutions et recommandations de l’atelier de réflexion qui s’est tenu du 3 au 5 mars dernier à Manhattan Hôtel, et qui a porté sur le schéma de restructuration, est effective. La supervision faite par le coordinateur national sur le terrain a permis de se rendre compte de l’état d’avancement des activités et de l’appréhension de la question du regroupement par les producteurs. L’Association nationale des organisations professionnelles agricoles de Côte d’Ivoire (Anopaci) déroule depuis janvier 2009, un programme dénommé Action de restructuration et professionnalisation des organisations professionnelles agricoles (OPA) de la filière coton. Cette action financée par l’Union européenne s’inscrit dans le cadre global de la relance de la filière coton en Côte d’Ivoire. L’or blanc broie du noir En effet, depuis plusieurs années, la filière coton ivoirienne connaît de graves difficultés visibles dans la chute drastique de la production qui est passée de 400.000 tonnes au cours de la campagne 1999/2002 à 123 tonnes pour la campagne 2008/2009. Les plus grandes victimes de cette situation sont les producteurs dont le compte d’exploitation est passé au rouge. Aussi croulent-ils sous le poids des dettes et des préjudices que leur causent les impayés dus par certains égreneurs. La baisse de la production est liée notamment à la crise sociopolitique, l’effondrement des prix sur le marché international, la dépréciation du dollar américain par rapport à l’euro et par la suite le franc CFA. Il y a, en outre, l’augmentation rapide des coûts des engrais, la baisse du rendement qui est passé de 1400 kg/ha en 2000 à 800 kg/ha à ce jour. Cette chute de la production est également due au désordre qui règne au sein des organisations de producteurs. En plus de ces facteurs, la crise sociopolitique que traverse le pays depuis septembre 2002 a déstabilisé tout le dispositif fragile que l’on avait mis en place. Cette crise que traverse la filière coton a affecté non seulement le revenu des producteurs, mais également les autres acteurs parmi lesquels les OPA. Le dispositif organisationnel et fonctionnel de ces coopératives a perdu de son efficacité. Il ne permet plus de sécuriser le revenu des producteurs et les autres et ne rend plus de services efficaces. Il est important cependant de signifier que le secteur coton joue un rôle important dans l’économie agricole en Côte d’Ivoire. Il constitue le poumon de l’économie rurale de toute la zone cotonnière et un puissant facteur de lutte contre la pauvreté. Au fil du temps, l’environnement de la filière coton a connu une importante mutation marquée par la libéralisation du secteur qui est mal maîtrisée par les acteurs et l’effondrement des cours mondiaux sur le marché international. Les prix des intrants ont flambé tandis que les prix d’achat du coton aux producteurs ne cessent de diminuer. Les actions de restructuration et professionnalisation des Organisations professionnelles agricoles Pour redresser la filière, l’Etat de Côte d’Ivoire a initié des projets que finance l’Union européenne. L’exécution de l’un de ces projets, celui portant sur la restructuration et la professionnalisation des OPA de la filière coton est confiée à l’Anopaci. C’est ainsi que dans le cadre de l’exécution de cette action de restructuration et professionnalisation des organisations professionnelles agricoles (OPA) de la filière coton, l’Anopaci a réalisé plusieurs activités dont la plus importante est l’analyse diagnostic des coopératives de base. Cette activité qui s’est déroulée durant la période d’avril à octobre 2009, avait pour objectif d’évaluer le dispositif organisationnel et le fonctionnement des coopératives. Celle-ci a permis non seulement de dénombrer 287 coopératives et 25 unions interrégionales (les faîtières) et de déceler leurs forces et leurs faiblesses, mais aussi de formuler des propositions en vue de leur amélioration. Sur la base de cette analyse et selon des critères définis par la coordination, un certain nombre d’OPA ont été identifiées pour bénéficier d’appuis divers. Un certain nombre d’appuis tels que l’élaboration de plan de développement de 40 coopératives, la validation et la reconstruction des comptes des faîtières et de celles de 50 coopératives de base ont été réalisés. En termes de renforcement des capacités, il a été réalisé la formation de 500 leaders d’OPA, la formation à la problématique de diversification des activités des membres de 100 OPA de bases et la formation des membres de 100 OPA à la méthodologie de l’organisation et du fonctionnement interne d’une coopérative. D’autres sont en cours de réalisation, notamment la formation des groupements informels (GI), la réhabilitation des sièges de 50 coopératives de base, l’équipement de 50 coopératives de base en matériels informatiques et la restructuration de l’activité de validation et/ou reconstitution des comptes coopératives. En outre, dans le déroulement de l’action, un schéma de regroupement des OPA a été adopté et diverses consultations sont en cours sur le terrain. Il revient donc à la coordination d’évaluer l’impact des actions réalisées, de suivre le déroulement des actions en cours et de préparer les activités futures. L’objectif de cette mission d’évaluation de l’impact des actions réalisées, qui s’est déroulée du 17 au 25 mars dernier, a été de suivre les activités réalisées et de superviser les actions en cours de réalisation. Durant environ une dizaine de jours, cette mission de d’évaluation pilotée par le coordinateur national du projet, Agnimou François, par ailleurs secrétaire exécutif de l’Anopaci, et ses plus proches collaborateurs, ont parcouru les OPA du bassin cotonnier qui se compose des départements de Bouaflé, Mankono, Niakara, Korhogo et Boundiali. Cette tournée a permis d’avoir des séances de travail avec les autorités administratives, les directeurs départementaux de l’agriculture, les partenaires de service présents sur le terrain et les responsables des OPA desdits départements, qui ont été informés de l’état d’avancement du programme. Principalement, la mission a été l’occasion d’évaluer l’impact des différentes formations reçues par les coopératives, de s’assurer du bon déroulement des actions en cours et de préparer les actions futures. Ainsi, ont été visités la Coopérative de la zone sud de Bouaflé (CZSB), la Coopérative des agriculteurs de Bouakaman (Coopapop), l’Unickor de Tieningboué, le Groupement des collectifs de GI, l’Union des coopératives du département de Mankono (UCODEPMA), la Coopérative des agriculteurs Abayo Mipiéré de Niakara (Coopamina), l’Union des entreprises de coopératives de Boundiali (UECB), la Compagnie ivoirienne de coton de Korhogo (COIC) et l’UCONAKo de Korhogo. Les échanges avec ces différents acteurs ont permis de réaffirmer la nécessité pour les coopératives de se regrouper, d’avoir un plan de développement et d’être proches des producteurs. Ce qui, au dire des acteurs, peut être une source de motivation pour la suite du projet qui s’avère cruciale pour la relance de la filière coton. «Nous sommes beaucoup intéressés par le regroupement. Il faut dire que la filière coton a connu de belles époques, mais avec la chute des grosses coopératives et le foisonnement des GI, il y a problème. Le regroupement de ces organisations en grande coopérative est une bonne initiative que nous apprécions et que nous soutenons. Les objectifs sont bons aussi bien que le schéma élaboré. Cependant, nous constatons un retard dans la mise en œuvre, car il faut indiquer que nous sommes dans un environnement dynamique qui nécessite que les choses soient faites avec diligence pour atteindre les objectifs souhaités. Quant au schéma, le regroupement devra permettre d’améliorer le quotidien des producteurs et de développer les régions cotonnières. La filière du coton n’est pas facile, il faudrait donc expliquer et faire comprendre aux acteurs le bien fondé du regroupement. Il faut que les uns et les autres réfléchissent à l’objectif commun et dépassent leurs intérêts personnels. C’est à cela que les acteurs devront être sensibilisés. Nous en tant qu’égraineurs, rien ne fait obstacle à la mise en place du schéma et nous sommes prêts à faire des concessions», a indiqué le directeur de la promotion agricole des OPA, M. Koné, de la Compagnie ivoirienne de coton (COIC). Djè Abel
Économie Publié le vendredi 4 juin 2010 | Notre Voie