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Économie Publié le jeudi 3 juin 2010 | L’expression

Flambée des produits alimentaires - Les ménages dans la tourmente

Depuis quelque temps, les prix des produits alimentaires flambent sur le marché. Une situation difficile pour les Ivoiriens qui de plus en plus voient leurs bourses s’amincir.
« Beaucoup de familles à Abidjan ne se nourrissent aujourd’hui que d’attiéké, (couscous à bas de manioc, Ndlr). Elles le consomment presque matin et soir. Non pas parce qu’elles y trouvent un goût particulier, mais parce que, par ces temps qui courent, c’est le seul aliment que chacun peut avoir dans son assiette ». Cette remarque faite par une ménagère à Yopougon Niangon Sud traduit non seulement un cri du cœur, mais met aussi à nu une réalité que vivent les Ivoiriens depuis un moment. Les prix des denrées alimentaires de première nécessité ont pris l’ascenseur. Ils sont passés du simple au double voire au triple pour certains. Et tout le monde s’en plaint. « Regardez dans mon panier, je viens de dépenser 2.600 Fcfa, là où je ne déboursais que 1.500 Fcfa. Tout a augmenté sur le marché, rien n’a été épargné. On se demande ce qui se passe réellement. En venant au marché, vous avez même peur parce que ce n’est pas sûr que vous repartiez avec tout ce qu’il vous faut », déplore, impuissante, Stéphanie Kouadio. Selon la jeune dame, elle n’utilise plus la tomate quand elle fait la cuisine. « Je suis obligée de prendre le pigment rouge que j’écrase pour remplacer la tomate dans la sauce, parce que quatre boules de tomates sont vendues aujourd’hui à 500 Fcfa. Le piment a augmenté de 50 Fcfa à 100 Fcfa, l’aubergine qui était vendu à 50 Fcfa est passé à 150 Fcfa », regrette-t-elle. Mme Eboué, domiciliée à Yopougon Maroc, est allée faire ses emplettes au marché de la gare Siporex. Elle y est allée, selon elle, dans l’espoir de trouver des prix plus attractifs. Mais elle s’est vite rendu compte que la fièvre des prix était passée par là aussi. « On nous vend trois bananes à 500 Fcfa, le kilo d’oignon qui était à 350 Fcfa est monté à 500 Fcfa. Franchement, nous souffrons avec ces augmentations. Le poisson, on ne peut plus l’acheter », explique la ménagère.
Laissés pour compte
Mais pour Sali Bamba, une vendeuse dans le même marché, elle n’a pas le choix. La commerçante aimerait bien diminuer ses prix, selon elle, c’est même l’idéal afin d’augmenter la clientèle, « mais je dois faire des bénéfices. Tant que les grossistes ne diminuent pas, nous ne pouvons rien faire à notre niveau», regrette-t-elle. En effet, comme pris dans une spirale, les prix grimpent régulièrement. A cette allure, le minimum risque de ne plus être à la portée des petites bourses. Récemment, c’est le prix du riz qui a enregistré une hausse de l’ordre de 1000 Fcfa, au grand désarroi des consommateurs. Et cela sans qu’il n’y ait eu la moindre contestation. Sans repère, les consommateurs, ne savent plus à quel saint se vouer. Et en attendant, ils subissent. « Figurez-vous que vous ayez une famille de cinq personnes ou plus à nourrir, comment vous allez-vous vous y prendre. J’ai eu des discussions avec ma femme parce que j’estimais qu’elle demandait à chaque fois un peu plus pour la popote. Mais j’ai fini par comprendre, quand j’ai constaté que même mes amis, chefs de famille eux aussi en parlaient », a révélé Guy Vincent, un père de famille rencontré au marché Gouro d’Adjamé. Pour ce dernier, il est important que les associations de consommateurs se réveillent. Elles sont absentes, selon lui, sur les questions importantes. « Voici des gens qui passent leur temps à nous défendre sur les plateaux de télés. Et quand les cameras s’éteignent, c’est fini. Nous n’entendons plus rien », a déploré le consommateur. « Je pense que la solution est que les femmes que nous sommes organisent une marche de protestation pacifique. Uniquement que les femmes pour dire aux gouvernants que nous n’en pouvons plus », pense Stéphanie de Yopougon. Comme Guy Vincent, elle dénonce l’indolence des associations de consommateurs. Mais de leur côté, les responsables d’association de consommateurs revendiquent des acquis. Soumahoro Ben Faly, président de l’Association pour la protection des consommateurs actifs de Côte d’Ivoire (Aproca-Ci), dit partager le calvaire des consommateurs. Il tient pour premier responsable le gouvernement ivoirien. Selon le syndicaliste, il n’y a pas de politique agricole en Côte d’Ivoire. « Comment comprendre qu’un pays soit là à toujours attendre de l’extérieur, sans rien entreprendre », s’interroge-t-il. A l’en croire, la tomate qui est devenue un produit de luxe sur le marché est importée du Burkina Faso. Pourtant, rappelle Soumahoro, il y a des personnes en Côte d’Ivoire qui ne demandent qu’un coup de main pour produire en quantité suffisante. « Nous avons toujours demandé aux gouvernants d’asseoir une politique agricole afin de parer à ces flambées de prix. Mais ce sont des séminaires à n’en point finir qu’ils organisent pour dépenser d’importantes sommes d’argent, pour des résultats mitigés. Le bien-être des Ivoiriens importe peu nos dirigeants», a dénoncé le syndicaliste. Une position qu’a partagée récemment Marius Comoé, président de la Fédération nationale des associations de consommateurs en Côte d’Ivoire.
Kuyo Anderson
Légende : La flambée des produits alimentaires a atteint un record sur le marché.


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