La sortie sulfureuse de Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, deuxième vice-président du FPI, mercredi dernier devant la Coordination de la société civile ivoirienne continue de faire des vagues. Face à la corruption devenue endémique dans les concours d’entrée à l’ENA, aux Ecoles de la gendarmerie et de la police nationale, Mamadou Koulibaly propose la création d’une commission parlementaire pour tirer au clair cette affaire. Dans cette interview qu’il nous a accordée, Koné Ousmane, président du groupe parlementaire Solidarité, juge noble cette idée.
Quel commentaire faites-vous de la déclaration du président de l’Assemblée nationale, il y a quelques jours devant la coordination de la société civile ivoirienne?
Koné Ousmane: Comme tout Ivoirien, j’ai pris connaissance de la déclaration du président de notre institution, à travers la presse. A mon sens, le président Koulibaly n’a dit que ce qui est. Aussi, dirai-je qu’il a parfaitement raison de la critique qu’il porte sur certains compartiments de l’administration ivoirienne telles que l’ENA, l’Ecole de la gendarmerie, l’école de la Police. En tant que président du groupe parlementaire, j’adhère totalement à sa position aux fins de diligenter une enquête parlementaire sur les pratiques qui ont cours dans ces institutions. Je ne doute point que les groupes parlementaires proches du RHDP sauront répondre favorablement à notre appel, que dis-je, à l’appel du président de notre institution, l’Assemblée nationale.
LP: Cette sortie de Mamadou Koulibaly dans la presse, vous a-t-elle surpris?
KO : Pas du tout ! Pas plus qu’elle n’est pas anodine. Depuis les années 99, quand nous suivons l’homme dans ses prises de position, il est resté constant sur les grands maux qui minent la société ivoirienne. Rappelez-vous qu’il a fait une grande contribution en 1999 sur la corruption dans nos Etats africains dans une revue internationale dénommée le courrier ACP-UE.
LP : D’aucuns pensent qu’étant un des hommes du sérail de la refondation, il est aussi responsable de ce qui se passe et devrait en conséquence démissionner du FPI. Qu’en pensez-vous ?
KO : Voyez-vous, nous sommes dans un pays, j’allais dire d’inconséquence, d’impunité totale. Nous dénonçons ou voyons les maux sans en tirer la conséquence. Toutefois, dans le cadre de Mamadou Koulibaly, je dirai que sa démarche est salutaire, il doit pouvoir rester dans le système et le combattre de l’intérieur afin qu’il se redresse. Il donne ainsi de l’eau au moulin de tous ceux qui pensent que la refondation a dévié, donc échoué. A mon humble avis, je ne pense pas que la démission de Mamadou Koulibaly du FPI réglera le problème. Car pour mieux gérer une situation, il faut être de l’intérieur. Je l’encourage à rester à l’intérieur du système FPI et à le critiquer au nom du débat démocratique qui doit prévaloir dans tous les partis politiques. Il le fait pour les Ivoiriens.
LP : Ne pensez-vous pas qu’il soit le porte-voix d’un certain nombre de cadres au FPI, qui n’ont pas son courage ?
KO : C’est possible qu’il soit le porte-parole comme l’a dit un analyste, le porte-parole d’une source «autorisée». J’en suis d’autant plus convaincu qu’aucune instance du FPI n’a blâmé Mamadou Koulibaly pour ses prises de position dérangeante, souvent en contradiction avec la ligne politique du parti.
LP : Alors, c’est une question de jeu de rôle partagé au sein du FPI ?
KO : Il ne fait pas de doute qu’au FPI, les rôles sont partagés entre colombes et faucons. Nous sommes arrivés à une phase où le temps joue contre le régime FPI. Voyant toutes ces situations de dégradation à tous les niveaux de la société ivoirienne, le FPI est capable de susciter en son sein ces genres de réaction, de critiques parfois acerbes contre son propre système. Ainsi il pourrait donner l’illusion au peuple, à l’orée de ces élections, qu’il est capable de bonnes choses. Et que la situation qui prévaut n’est qu’un accident de parcours. Je constate simplement que c’est une suite de déclaration depuis Sokouri Bohui, Affi N’Guessan, Simone Gbagbo.... Vu sous cet angle d’analyse, on pourrait dire que tous ces discours sortent du laboratoire du FPI.
LP : En dénonçant la corruption dans les concours d’entrée dans les écoles telles l’ENA, la gendarmerie, la police, etc. Mamadou Koulibaly encourage la mise en place d’une commission parlementaire. En tant que président du groupe parlementaire, comment réagissez-vous à cette idée de Koulibaly Mamadou ?
KO : J’approuve cette idée. Je la trouve noble. Dans toute société organisée, c’est le moindre souci d’intérêt général. Je pourrais aller loin en disant l’avenir d’un pays dépend de la formation de ses cadres. L’ENA est une école d’élite, la Police, c’est la sécurité, la gendarmerie, c’est la défense. La sécurité et la défense sont des points stratégiques de tout pays, appuyées par une administration de qualité. C’est l’ensemble de tous ces points qui constituent le socle de la souveraineté nationale. Si au début ce socle de l’Etat est fragilisé, c’est la catastrophe. C’est ce qui se passe dans ces grandes écoles où il y a la corruption. Je suis donc d’accord avec le président Koulibaly qu’il y ait une commission parlementaire pour tirer au clair ces questions-là. En effet, comment comprenez-vous que chaque année, au terme d’un concours national, tel que celui de la Police, c’est toute une région ou un village d’où est originaire le ministre ou son directeur de cabinet qui se taille la part du lion. Subitement, les enfants de ce village deviennent plus intelligents que ceux des villages environnants, cela frustre beaucoup et met à mal l’unité nationale, en évidence, le tribalisme rampant. Si à l’ENA, une ethnie, un clan, une région est privilégiée, que diront les ethnies des autres régions du pays ?
LP : Le ministre de l’Intérieur Tagro est pointé du doigt par Mamadou Koulibaly. En tant que parlementaire, allez-vous le convoquer pour l’entendre ?
KO : Bien sûr ! D’abord l’appel a été lancé par Koulibaly Mamadou, président de l’Assemblée nationale et membre influent du FPI auquel appartient également le ministre Tagro. Donc, il ne fait aucun doute que le président Mamadou Koulibaly ayant déclenché cette affaire prendra le devant des choses. Et que le groupe Solidarité par ma voix se ralliera à cette position. Nous souhaitons que le président Koulibaly ne s’arrête pas seulement à une simple déclaration. En un mot, nous inviterons le ministre Tagro à venir s’expliquer devant les représentants du peuple. Il est de notre rôle en tant que représentants du peuple de permettre au ministre Tagro de venir s’expliquer. Cela y va, de toute façon, de son honorabilité. L’accusation est tellement grave que nous demandons au ministre Tagro de venir s’expliquer devant la représentation nationale. Nous sommes passés du stade de rumeur larvée à celui des rumeurs persistantes et aujourd’hui le deuxième personnage de l’Etat (le président de l’Assemblée nationale) pointe un doigt accusateur vers un ministre. Le Président Gbagbo a même lancé un appel à l’ENA, l’année passée, à l’occasion d’une sortie de promotion, au ministre de la Fonction publique d’alors Hubert Oulaye. Il avait dit ceci : «monsieur le ministre, on nous dit que les concours de l’ENA sont truqués, qu’en dîtes-vous ? Apportez-nous la preuve contraire ou le doute persiste». Donc, c’est un fait que ce problème est reconnu au sommet de l’Etat. En ce qui concerne Tagro, c’est au Président de la République d’en tirer les conséquences ou c’est la commission parlementaire d’enquête qui situera les responsabilités. Lorsqu’il va s’expliquer devant le Parlement, nous en tirerons les conséquences.
LP : Quelle possibilité vous offre la loi pour le faire convoquer devant votre institution ?
KO : Selon nos textes, le président de l’Assemblée nationale peut convoquer la conférence des présidents du Parlement. C’est la conférence des présidents qui décide par un vote majoritaire de faire venir un membre du gouvernement pour s’expliquer sur tel ou tel problème. Heureusement, la session ordinaire est ouverte.
LP : Avez-vous confiance que cet appel ne va pas rester lettre morte ?
KO : J’ai confiance en Mamadou Koulibaly et en tous mes collègues épris de justice et de démocratie. Il y a actuellement cinq groupes parlementaires à l’Assemblée nationale dont trois sont proches du RHDP. Pour terminer, je dirai à tous nos collègues que pour défendre la démocratie et l’Etat de droit, socle de l’unité nationale, chacun doit prendre ses responsabilités pour que ce pays puisse avancer. Voyez-vous, la Côte d’Ivoire souffre, le pays est à genou. Il faut que nous allions aux élections pour mettre fin à toutes ces pratiques qui gangrènent notre société et donner espoir au peuple ivoirien dans toute sa diversité.
Interview réalisée par
Ibrahima B. Kamagaté.
Quel commentaire faites-vous de la déclaration du président de l’Assemblée nationale, il y a quelques jours devant la coordination de la société civile ivoirienne?
Koné Ousmane: Comme tout Ivoirien, j’ai pris connaissance de la déclaration du président de notre institution, à travers la presse. A mon sens, le président Koulibaly n’a dit que ce qui est. Aussi, dirai-je qu’il a parfaitement raison de la critique qu’il porte sur certains compartiments de l’administration ivoirienne telles que l’ENA, l’Ecole de la gendarmerie, l’école de la Police. En tant que président du groupe parlementaire, j’adhère totalement à sa position aux fins de diligenter une enquête parlementaire sur les pratiques qui ont cours dans ces institutions. Je ne doute point que les groupes parlementaires proches du RHDP sauront répondre favorablement à notre appel, que dis-je, à l’appel du président de notre institution, l’Assemblée nationale.
LP: Cette sortie de Mamadou Koulibaly dans la presse, vous a-t-elle surpris?
KO : Pas du tout ! Pas plus qu’elle n’est pas anodine. Depuis les années 99, quand nous suivons l’homme dans ses prises de position, il est resté constant sur les grands maux qui minent la société ivoirienne. Rappelez-vous qu’il a fait une grande contribution en 1999 sur la corruption dans nos Etats africains dans une revue internationale dénommée le courrier ACP-UE.
LP : D’aucuns pensent qu’étant un des hommes du sérail de la refondation, il est aussi responsable de ce qui se passe et devrait en conséquence démissionner du FPI. Qu’en pensez-vous ?
KO : Voyez-vous, nous sommes dans un pays, j’allais dire d’inconséquence, d’impunité totale. Nous dénonçons ou voyons les maux sans en tirer la conséquence. Toutefois, dans le cadre de Mamadou Koulibaly, je dirai que sa démarche est salutaire, il doit pouvoir rester dans le système et le combattre de l’intérieur afin qu’il se redresse. Il donne ainsi de l’eau au moulin de tous ceux qui pensent que la refondation a dévié, donc échoué. A mon humble avis, je ne pense pas que la démission de Mamadou Koulibaly du FPI réglera le problème. Car pour mieux gérer une situation, il faut être de l’intérieur. Je l’encourage à rester à l’intérieur du système FPI et à le critiquer au nom du débat démocratique qui doit prévaloir dans tous les partis politiques. Il le fait pour les Ivoiriens.
LP : Ne pensez-vous pas qu’il soit le porte-voix d’un certain nombre de cadres au FPI, qui n’ont pas son courage ?
KO : C’est possible qu’il soit le porte-parole comme l’a dit un analyste, le porte-parole d’une source «autorisée». J’en suis d’autant plus convaincu qu’aucune instance du FPI n’a blâmé Mamadou Koulibaly pour ses prises de position dérangeante, souvent en contradiction avec la ligne politique du parti.
LP : Alors, c’est une question de jeu de rôle partagé au sein du FPI ?
KO : Il ne fait pas de doute qu’au FPI, les rôles sont partagés entre colombes et faucons. Nous sommes arrivés à une phase où le temps joue contre le régime FPI. Voyant toutes ces situations de dégradation à tous les niveaux de la société ivoirienne, le FPI est capable de susciter en son sein ces genres de réaction, de critiques parfois acerbes contre son propre système. Ainsi il pourrait donner l’illusion au peuple, à l’orée de ces élections, qu’il est capable de bonnes choses. Et que la situation qui prévaut n’est qu’un accident de parcours. Je constate simplement que c’est une suite de déclaration depuis Sokouri Bohui, Affi N’Guessan, Simone Gbagbo.... Vu sous cet angle d’analyse, on pourrait dire que tous ces discours sortent du laboratoire du FPI.
LP : En dénonçant la corruption dans les concours d’entrée dans les écoles telles l’ENA, la gendarmerie, la police, etc. Mamadou Koulibaly encourage la mise en place d’une commission parlementaire. En tant que président du groupe parlementaire, comment réagissez-vous à cette idée de Koulibaly Mamadou ?
KO : J’approuve cette idée. Je la trouve noble. Dans toute société organisée, c’est le moindre souci d’intérêt général. Je pourrais aller loin en disant l’avenir d’un pays dépend de la formation de ses cadres. L’ENA est une école d’élite, la Police, c’est la sécurité, la gendarmerie, c’est la défense. La sécurité et la défense sont des points stratégiques de tout pays, appuyées par une administration de qualité. C’est l’ensemble de tous ces points qui constituent le socle de la souveraineté nationale. Si au début ce socle de l’Etat est fragilisé, c’est la catastrophe. C’est ce qui se passe dans ces grandes écoles où il y a la corruption. Je suis donc d’accord avec le président Koulibaly qu’il y ait une commission parlementaire pour tirer au clair ces questions-là. En effet, comment comprenez-vous que chaque année, au terme d’un concours national, tel que celui de la Police, c’est toute une région ou un village d’où est originaire le ministre ou son directeur de cabinet qui se taille la part du lion. Subitement, les enfants de ce village deviennent plus intelligents que ceux des villages environnants, cela frustre beaucoup et met à mal l’unité nationale, en évidence, le tribalisme rampant. Si à l’ENA, une ethnie, un clan, une région est privilégiée, que diront les ethnies des autres régions du pays ?
LP : Le ministre de l’Intérieur Tagro est pointé du doigt par Mamadou Koulibaly. En tant que parlementaire, allez-vous le convoquer pour l’entendre ?
KO : Bien sûr ! D’abord l’appel a été lancé par Koulibaly Mamadou, président de l’Assemblée nationale et membre influent du FPI auquel appartient également le ministre Tagro. Donc, il ne fait aucun doute que le président Mamadou Koulibaly ayant déclenché cette affaire prendra le devant des choses. Et que le groupe Solidarité par ma voix se ralliera à cette position. Nous souhaitons que le président Koulibaly ne s’arrête pas seulement à une simple déclaration. En un mot, nous inviterons le ministre Tagro à venir s’expliquer devant les représentants du peuple. Il est de notre rôle en tant que représentants du peuple de permettre au ministre Tagro de venir s’expliquer. Cela y va, de toute façon, de son honorabilité. L’accusation est tellement grave que nous demandons au ministre Tagro de venir s’expliquer devant la représentation nationale. Nous sommes passés du stade de rumeur larvée à celui des rumeurs persistantes et aujourd’hui le deuxième personnage de l’Etat (le président de l’Assemblée nationale) pointe un doigt accusateur vers un ministre. Le Président Gbagbo a même lancé un appel à l’ENA, l’année passée, à l’occasion d’une sortie de promotion, au ministre de la Fonction publique d’alors Hubert Oulaye. Il avait dit ceci : «monsieur le ministre, on nous dit que les concours de l’ENA sont truqués, qu’en dîtes-vous ? Apportez-nous la preuve contraire ou le doute persiste». Donc, c’est un fait que ce problème est reconnu au sommet de l’Etat. En ce qui concerne Tagro, c’est au Président de la République d’en tirer les conséquences ou c’est la commission parlementaire d’enquête qui situera les responsabilités. Lorsqu’il va s’expliquer devant le Parlement, nous en tirerons les conséquences.
LP : Quelle possibilité vous offre la loi pour le faire convoquer devant votre institution ?
KO : Selon nos textes, le président de l’Assemblée nationale peut convoquer la conférence des présidents du Parlement. C’est la conférence des présidents qui décide par un vote majoritaire de faire venir un membre du gouvernement pour s’expliquer sur tel ou tel problème. Heureusement, la session ordinaire est ouverte.
LP : Avez-vous confiance que cet appel ne va pas rester lettre morte ?
KO : J’ai confiance en Mamadou Koulibaly et en tous mes collègues épris de justice et de démocratie. Il y a actuellement cinq groupes parlementaires à l’Assemblée nationale dont trois sont proches du RHDP. Pour terminer, je dirai à tous nos collègues que pour défendre la démocratie et l’Etat de droit, socle de l’unité nationale, chacun doit prendre ses responsabilités pour que ce pays puisse avancer. Voyez-vous, la Côte d’Ivoire souffre, le pays est à genou. Il faut que nous allions aux élections pour mettre fin à toutes ces pratiques qui gangrènent notre société et donner espoir au peuple ivoirien dans toute sa diversité.
Interview réalisée par
Ibrahima B. Kamagaté.