PARIS - La France n`a pu entendre, faute de "base juridique", huit mercenaires biélorusses arrêtés peu après le bombardement en 2004 du camp militaire français de Bouaké (Côte d`Ivoire), dont certains sont soupçonnés d`avoir participé à l`attaque, a dit le ministre de la Défense de l`époque, Michèle Alliot-Marie, devant la juge chargée de l`enquête.
Ces déclarations de l`actuel garde des Sceaux entendu comme témoin le 7 mai
par la juge d`instruction du Tribunal aux armées de Paris, Florence Michon,
figurent dans un procès verbal révélé par Charlie Hebdo et consulté mardi par
l`AFP.
Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes
bombardaient un camp de l`armée française à Bouaké (centre de la Côte
d`Ivoire), tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant
38 soldats.
Devant la juge, Mme Alliot-Marie a souligné que l`audition des huit
mercenaires biélorusses arrêtés à la frontière togolaise quelques jours après,
avait été impossible pour des motifs juridiques, ce que conteste l`avocat de
familles de victimes du bombardement, Me Jean Balan. Selon l`avocat, deux
d`entre eux étaient les pilotes des avions.
"J`ai demandé pourquoi on n`avait pas essayé de les entendre et on m`a
indiqué qu`il n`y avait pas de base juridique puisque pas de mandat d`arrêt
international", selon le procès-verbal de l`audition du ministre.
Les autorités togolaises avaient "mis à la disposition" des services
français ces mercenaires biélorusses, selon l`ancien ministre togolais de
l`Intérieur, François Esso Boko.
"J`ai effectivement appris cette présence un après-midi par un membre de
mon cabinet" et "j`ai demandé que l`on essaye d`en savoir plus", dit le garde
des Sceaux.
"Le lendemain on m`a dit qu`ils avaient été relâchés et de toute façon
qu`il s`agissait de gens qui se présentaient comme des mécaniciens agricoles",
ajoute le ministre.
Le ministre met également en avant "l`impossibilité juridique" pour
justifier d`avoir remis aux autorités russes, sans les entendre, 15 Slaves
arrêtés à l`aéroport d`Abidjan peu après les faits.
"Il pouvait être intéressant de connaître leur statut et leurs activités",
a concédé Mme Alliot-Marie mais "aucune base juridique ne le permettait".
Ces personnes étaient, selon plusieurs témoignages de militaires français
versés au dossier, identifiées dès le début comme les techniciens de
maintenance des appareils.
Interrogée sur sa connaissance de télégrammes diplomatiques décrivant
précisément l`action des forces ivoiriennes les jours précédant l`attaque
contre le camp français, le ministre a répondu avoir été informé avec retard.
"Nous étions effectivement informés des actions qui passaient par les
militaires mais à mon niveau je ne recevais les télégrammes diplomatiques que
24, voire 48 heures après leur émission, le temps qu`ils effectuent le
+parcours officiel+", explique Mme Alliot-Marie.
"A compter de l`attaque du camp (..) je n`ai lu aucun télégramme
diplomatique", a-t-elle ajouté.
Pour l`avocat des familles des victimes, "le pouvoir politique de l`époque
au plus haut niveau a empêché de manière délibérée la justice de faire son
travail" et "cette déposition en est la démonstration parfaite".
Ces déclarations de l`actuel garde des Sceaux entendu comme témoin le 7 mai
par la juge d`instruction du Tribunal aux armées de Paris, Florence Michon,
figurent dans un procès verbal révélé par Charlie Hebdo et consulté mardi par
l`AFP.
Le 6 novembre 2004, deux avions Sukhoï-25 des forces loyalistes ivoiriennes
bombardaient un camp de l`armée française à Bouaké (centre de la Côte
d`Ivoire), tuant neuf militaires français et un civil américain, et blessant
38 soldats.
Devant la juge, Mme Alliot-Marie a souligné que l`audition des huit
mercenaires biélorusses arrêtés à la frontière togolaise quelques jours après,
avait été impossible pour des motifs juridiques, ce que conteste l`avocat de
familles de victimes du bombardement, Me Jean Balan. Selon l`avocat, deux
d`entre eux étaient les pilotes des avions.
"J`ai demandé pourquoi on n`avait pas essayé de les entendre et on m`a
indiqué qu`il n`y avait pas de base juridique puisque pas de mandat d`arrêt
international", selon le procès-verbal de l`audition du ministre.
Les autorités togolaises avaient "mis à la disposition" des services
français ces mercenaires biélorusses, selon l`ancien ministre togolais de
l`Intérieur, François Esso Boko.
"J`ai effectivement appris cette présence un après-midi par un membre de
mon cabinet" et "j`ai demandé que l`on essaye d`en savoir plus", dit le garde
des Sceaux.
"Le lendemain on m`a dit qu`ils avaient été relâchés et de toute façon
qu`il s`agissait de gens qui se présentaient comme des mécaniciens agricoles",
ajoute le ministre.
Le ministre met également en avant "l`impossibilité juridique" pour
justifier d`avoir remis aux autorités russes, sans les entendre, 15 Slaves
arrêtés à l`aéroport d`Abidjan peu après les faits.
"Il pouvait être intéressant de connaître leur statut et leurs activités",
a concédé Mme Alliot-Marie mais "aucune base juridique ne le permettait".
Ces personnes étaient, selon plusieurs témoignages de militaires français
versés au dossier, identifiées dès le début comme les techniciens de
maintenance des appareils.
Interrogée sur sa connaissance de télégrammes diplomatiques décrivant
précisément l`action des forces ivoiriennes les jours précédant l`attaque
contre le camp français, le ministre a répondu avoir été informé avec retard.
"Nous étions effectivement informés des actions qui passaient par les
militaires mais à mon niveau je ne recevais les télégrammes diplomatiques que
24, voire 48 heures après leur émission, le temps qu`ils effectuent le
+parcours officiel+", explique Mme Alliot-Marie.
"A compter de l`attaque du camp (..) je n`ai lu aucun télégramme
diplomatique", a-t-elle ajouté.
Pour l`avocat des familles des victimes, "le pouvoir politique de l`époque
au plus haut niveau a empêché de manière délibérée la justice de faire son
travail" et "cette déposition en est la démonstration parfaite".