Un matin de l’année 2008, un confrère est convié par Lohouès Marcel, chargé de communication de l’Union des socialistes Fpi (Usfpi). Il lui est demandé d’aider la ‘‘Cellule des fondateurs du Fpi en mouvement’’ de Tapé Toussaint à porter à la connaissance des jeunes une opportunité en or à saisir. L’entretien se déroule au bureau d’un des cadres du ministère des Ntic au Postel 2001. En effet, ce mouvement se propose de recruter des jeunes, sans emploi, pour le compte de l’Etat de Côte d’Ivoire à la fonction publique en qualité d’instituteurs adjoint (niveau Bepc), instituteurs ordinaires (Bac) et de professeurs de collège (licence et maîtrise) à l’instar de leurs camarades du Nord. «Ce serait justice faite. Les ’’rebelles du Nord’’ qui ont pillé et détruit ce pays ont gracieusement bénéficié de la fonction publique. Pourquoi les jeunes qui ont défendu la zone sud, les mains nues, ne bénéficieront-ils pas de cette faveur ? On ne peut pas libérer Barabas et condamner Jésus», dixit le parrain des bénévoles, Serge Agnero.
Plus de 5 milliards extorqués aux jeunes
Sur plus de deux années, plus de 10.000 jeunes ont été recensés. Les frais d’inscription varient d’un candidat à l’autre selon ses relations avec ‘‘l’agent recenseur’’ et le réseau. Ils partent de 50.000 Fcfa à 400.000 Fcfa. C’est au bas mot plus de 5 milliards Fcfa que rapportera l’opération de charme. Une dame de la fédération de l’organisation des Femmes Fpi de Dabou est commise, aux environs de la mairie de Yopougon, à recueillir les fonds, avec précaution prise de ne délivrer de reçus d’inscription à personne pour ne pas laisser de trace. Tout se passe sur la base de la confiance. En mai 2009, le ‘’Fpi en mouvement’’ organise au complexe de Yopougon une journée d’hommage et de reconnaissance des enseignants bénévoles à Laurent Gbagbo. Là encore, il est demandé à chaque souscripteur le dépôt de la somme de 31.000 Fcfa. Soit 3.000F pour le tee-shirt et 28.000F pour une visite médicale qui n’aura jamais lieu. Mamadou Koulibaly, le parrain annoncé de la cérémonie, ne pointera point du nez. Il sera très vite représenté par Serge Meledje Agnero, président de l’Usfpi qui promet aux milliers de jeunes venus l’écouter leur prise insertion à la fonction publique en tant qu’enseignant. Ce coup raté, les promoteurs du recrutement, décident de solliciter l’aide du président Gbagbo, leur camarade de parti. Alors en visite d’Etat à Issia, la coordination des bénévoles s’y invite avec sous les manteaux des pots de vin qui vont sillonner dans l’entourage du PR en vue de le rencontrer et solliciter son implication dans cette affaire à visée électoraliste. En vain. Laurent Gbagbo ne donnera pas de possibilité de rencontre à ses camarades du parti. Ils repartent bredouilles de la cité. Ayant senti l’étau se resserrer autour du réseau, le Fpi en mouvement initie plusieurs rencontres au cabinet Hubert Oulaye (24 septembre 2009), alors ministre de la Fonction publique et au cabinet de Bleu Lainé de l’Education nationale (octobre 2009). Une forte délégation est même dépêchée à la rencontre du Dnca de Gbagbo chargé de la jeunesse, Charles Blé Goudé, et le président au complexe de Yopougon sans que cela ne touche le cœur du camarade de lutte. Quelques mois après, en avril dernier, la coordination des bénévoles tente d’afficher à l’antenne de la fonction publique à Adjamé la liste des candidats retenus. Les vigiles commis à la sécurité des lieux les chassent. Au lever du jour, la liste est affichée, mais, à la mairie de Yopougon, chez le camarade de parti Gbamnan Djidan Felicien. Les bénévoles sont invités à s’acquitter de leurs droits de participation à la prochaine formation de recyclage au Plateau. Et, c’est dans les locaux des bureaux des handicapés physiques, non loin du consulat de France, à Abidjan, qu’ils se bousculent pour retirer les quittances de 25.000 Fcfa. Plus de 8.000 bénévoles s’acquittent de ce droit. En mai 2010, un culte d’action de grâce et d’hommage au ministre Bleu Lainé, officié par le Pasteur Zouané Koudou Samuel de la Mesi, est même organisé par la coordination dans les locaux du cours secondaire méthodiste uni de Yopougon camp militaire. Plusieurs fois annoncé, le ministre ne viendra point. Il s’en suit des échauffourées entre les bénévoles qui se disent floués et les organisateurs.
Le communiqué d’Emile Guiriéoulou qui a tout gâté
C’est alors pour mettre fin aux pratiques du réseau que le nouveau ministre de la Fonction publique avec son collègue de l’Education nationale pondent un communiqué conjoint largement diffusé par la presse ivoirienne. Dans ce communiqué lu à la télévision nationale le mardi 11 mai 2010, les deux ministres disent n’avoir commis personne pour recruter des bénévoles dans la zone sud du pays. Ainsi, ils mettent en garde les promoteurs d’un tel recrutement à qui ils demandent de mettre fin à la pratique et appellent les Ivoiriens à doubler de vigilance face à ce recrutement. Pour eux, le recrutement des enseignants bénévoles relève de l’Etat seul et non d’individus isolés.
Le 13 mai 2010, au cinéma Dialogue de Yopougon, Lohouès Marcel, secrétaire général des bénévoles zone sud, apporte une réplique à ce communiqué. Pour lui, le Fpi en mouvement ne se sent pas concerné par le communiqué, car leur recensement des bénévoles a l’adhésion du pouvoir en place. Sur cette lancée, il organisera une journée de lancement officiel de la formation de recyclage de ses enseignants, mardi dernier, au collège Notre Dame du Plateau. A cette cérémonie, Serge Agnero, représentant le parrain annoncé, Lida Kouassi Moïse, qualifie les 8.000 enseignants bénévoles de potentiels électeurs du candidat Laurent Gbagbo à la présidentielle. Pour le ministre Bleu Lainé, trop c’est trop. Le conseil juridique du ministère convoque à son cabinet les promoteurs du recensement ou recrutement des bénévoles zone sud qui sont directement conduits à la préfecture de police, pour escroquerie, abus de confiance et recrutement illicite d’enseignants bénévoles.
Dossier réalisé par
Sam-Wakouboué
Plus de 5 milliards extorqués aux jeunes
Sur plus de deux années, plus de 10.000 jeunes ont été recensés. Les frais d’inscription varient d’un candidat à l’autre selon ses relations avec ‘‘l’agent recenseur’’ et le réseau. Ils partent de 50.000 Fcfa à 400.000 Fcfa. C’est au bas mot plus de 5 milliards Fcfa que rapportera l’opération de charme. Une dame de la fédération de l’organisation des Femmes Fpi de Dabou est commise, aux environs de la mairie de Yopougon, à recueillir les fonds, avec précaution prise de ne délivrer de reçus d’inscription à personne pour ne pas laisser de trace. Tout se passe sur la base de la confiance. En mai 2009, le ‘’Fpi en mouvement’’ organise au complexe de Yopougon une journée d’hommage et de reconnaissance des enseignants bénévoles à Laurent Gbagbo. Là encore, il est demandé à chaque souscripteur le dépôt de la somme de 31.000 Fcfa. Soit 3.000F pour le tee-shirt et 28.000F pour une visite médicale qui n’aura jamais lieu. Mamadou Koulibaly, le parrain annoncé de la cérémonie, ne pointera point du nez. Il sera très vite représenté par Serge Meledje Agnero, président de l’Usfpi qui promet aux milliers de jeunes venus l’écouter leur prise insertion à la fonction publique en tant qu’enseignant. Ce coup raté, les promoteurs du recrutement, décident de solliciter l’aide du président Gbagbo, leur camarade de parti. Alors en visite d’Etat à Issia, la coordination des bénévoles s’y invite avec sous les manteaux des pots de vin qui vont sillonner dans l’entourage du PR en vue de le rencontrer et solliciter son implication dans cette affaire à visée électoraliste. En vain. Laurent Gbagbo ne donnera pas de possibilité de rencontre à ses camarades du parti. Ils repartent bredouilles de la cité. Ayant senti l’étau se resserrer autour du réseau, le Fpi en mouvement initie plusieurs rencontres au cabinet Hubert Oulaye (24 septembre 2009), alors ministre de la Fonction publique et au cabinet de Bleu Lainé de l’Education nationale (octobre 2009). Une forte délégation est même dépêchée à la rencontre du Dnca de Gbagbo chargé de la jeunesse, Charles Blé Goudé, et le président au complexe de Yopougon sans que cela ne touche le cœur du camarade de lutte. Quelques mois après, en avril dernier, la coordination des bénévoles tente d’afficher à l’antenne de la fonction publique à Adjamé la liste des candidats retenus. Les vigiles commis à la sécurité des lieux les chassent. Au lever du jour, la liste est affichée, mais, à la mairie de Yopougon, chez le camarade de parti Gbamnan Djidan Felicien. Les bénévoles sont invités à s’acquitter de leurs droits de participation à la prochaine formation de recyclage au Plateau. Et, c’est dans les locaux des bureaux des handicapés physiques, non loin du consulat de France, à Abidjan, qu’ils se bousculent pour retirer les quittances de 25.000 Fcfa. Plus de 8.000 bénévoles s’acquittent de ce droit. En mai 2010, un culte d’action de grâce et d’hommage au ministre Bleu Lainé, officié par le Pasteur Zouané Koudou Samuel de la Mesi, est même organisé par la coordination dans les locaux du cours secondaire méthodiste uni de Yopougon camp militaire. Plusieurs fois annoncé, le ministre ne viendra point. Il s’en suit des échauffourées entre les bénévoles qui se disent floués et les organisateurs.
Le communiqué d’Emile Guiriéoulou qui a tout gâté
C’est alors pour mettre fin aux pratiques du réseau que le nouveau ministre de la Fonction publique avec son collègue de l’Education nationale pondent un communiqué conjoint largement diffusé par la presse ivoirienne. Dans ce communiqué lu à la télévision nationale le mardi 11 mai 2010, les deux ministres disent n’avoir commis personne pour recruter des bénévoles dans la zone sud du pays. Ainsi, ils mettent en garde les promoteurs d’un tel recrutement à qui ils demandent de mettre fin à la pratique et appellent les Ivoiriens à doubler de vigilance face à ce recrutement. Pour eux, le recrutement des enseignants bénévoles relève de l’Etat seul et non d’individus isolés.
Le 13 mai 2010, au cinéma Dialogue de Yopougon, Lohouès Marcel, secrétaire général des bénévoles zone sud, apporte une réplique à ce communiqué. Pour lui, le Fpi en mouvement ne se sent pas concerné par le communiqué, car leur recensement des bénévoles a l’adhésion du pouvoir en place. Sur cette lancée, il organisera une journée de lancement officiel de la formation de recyclage de ses enseignants, mardi dernier, au collège Notre Dame du Plateau. A cette cérémonie, Serge Agnero, représentant le parrain annoncé, Lida Kouassi Moïse, qualifie les 8.000 enseignants bénévoles de potentiels électeurs du candidat Laurent Gbagbo à la présidentielle. Pour le ministre Bleu Lainé, trop c’est trop. Le conseil juridique du ministère convoque à son cabinet les promoteurs du recensement ou recrutement des bénévoles zone sud qui sont directement conduits à la préfecture de police, pour escroquerie, abus de confiance et recrutement illicite d’enseignants bénévoles.
Dossier réalisé par
Sam-Wakouboué
