Son absence provoque de nombreux morts. Mais, selon les spécialistes, la Côte d’Ivoire peut parvenir à l’autosuffisance en produits sanguins.
On le savait drépanocytaire. Ses parents étaient toujours parvenus à maîtriser ses crises.
Personne n’avait imaginé que cette énième crise emporterait Marcel. Et pourtant, après avoir passé deux jours au Chu de Cocody, K. Marcel est décédé parce qu’on n’avait pu lui trouver ce liquide qui aurait pu le maintenir en vie : le sang. «Il fait quelquefois de petites crises que les médecins parviennent à arrêter grâce à des injections. Mais d’autres fois, on est obligé de lui trouver du sang. Malheureusement ce 6 janvier, nous n’avons pas pu avoir du sang au Centre national de transfusion sanguine(Cnts). A notre arrivée, l’infirmière de garde nous a demandé de patienter. C’est dans cette attente que ma mère, qui était auprès du malade à l’hôpital, m’a appelé plus de 3 h plus tard pour me demander de rentrer. Le malade n’avait pas survécu à ce manque de sang», explique la sœur de Marcel qui ne parvenait pas à comprendre cette situation.
Comment cet élément aussi important dans la vie de l’être humain pouvait manquer ? Une préoccupation qui est certainement celle de bons nombres d’Ivoiriens. Pourquoi le sang n’est pas toujours accessible ? Pourquoi jusqu’à présent, la Côte d’Ivoire n’est pas autosuffisante en éléments sanguins ? Mais au-delà, quelles sont les fonctions du sang ?
Un élément aux multiples fonctions
Le sang dispose de nombreuses fonctions. Selon les spécialistes de l’hématologie, ce liquide protège les cellules de la famine, de l’asphyxie, de l’intoxication et de la déshydratation. «Le sang protège les cellules de la famine en permettant aux différents nutriments absorbés au niveau du tube digestif d'être acheminés à chacune des cellules de l'organisme. IL protège les cellules de l’asphyxie en assurant un approvisionnement en oxygène adapté aux différents besoins des cellules. En recevant tout l'oxygène nécessaire, les cellules peuvent produire toute l'énergie essentielle pour assumer leur fonction spécifique. Le sang protège les cellules de l’intoxication en assurant l'élimination des différents déchets produits constamment par les cellules. Ainsi, débarrassées des déchets toxiques pouvant interférer avec différents processus métaboliques importants pour leur survie, les cellules peuvent assumer leur fonction spécifique. Mais également ce liquide protège les cellules de la déshydratation en assurant un équilibre de la quantité d'eau dans les différents compartiments. Avec une présence d'eau adéquate, les échanges entre les trois compartiments sont possibles, de même que les différentes réactions moléculaires essentielles aux cellules pour assumer leur fonction spécifique», explique sous le sceau de l’anonymat un hématologue du Chu de Cocody. Mais si malgré ses nombreuses fonctions dans l’organisme, ce liquide parvient à manquer, cela est dû non pas à une mauvaise politique, mais aux spécificités du sang. Selon Dr Konaté Seidou, directeur du Centre national de transfusion sanguine (Cnts), c’est le sang reçu des donneurs qui permet de constituer un stock dans la banque ‘’pour qu’en cas de besoin, on puisse le fournir aux formations sanitaires ou aux demandeurs’’. «Mais il faut dire que la durée de vie du sang n’est que de 35 à 42 jours après le prélèvement. Au délà, le sang est périmé», précise le spécialiste. Toute chose qui signifie que l’on ne peut pas stocker le sang en trop grande quantité au risque de le jeter plus tard. «En matière de sang, on ne fait pas de calcul. On ne peut pas se permettre de dire par exemple que pour l’année, il faut 200.000 poches de sang de satisfaire les besoin des populations.
La fidélisation des donneurs, une solution palliative
Et donc je fais un stock de 200.000 poches dès le mois de janvier, et je me croise les bras. Mais non, il ne s’agit pas de cela, parce qu’au-delà de 42 jours, nous serons obligés de mettre tout le reste du stock à la poubelle», explique Dr Konaté. C’est compte tenu de toutes ces exigences que ce spécialiste a opté pour l’appel régulier du don de sang. «Avec tout ce qui précède, le Cnts est obligé d’appeler régulièrement au don de sang pour reconstituer le stock. Pour dire que lorsque nous lançons l’appel, ce n’est pas parce qu’il y a pénurie, mais c’est en vue de reconstituer le stock qui s’est épuisé », soutient le responsable du Cnts. Mais également, les journées mondiales, selon le spécialiste, permettent de constituer un bon stock de sang. D’où cette 10ème édition dont les festivités se dérouleront le 14 juin au Palais de la culture de Treichville, sur le thème : «Du sang jeune pour les populations ». Mais au-delà, la solution définitive serait que la Côte d’Ivoire soit autosuffisante en élément sanguin, car précise-t-il, ‘’La Côte d’Ivoire a gagné la bataille du sang propre par la bataille de l’autosuffisance en produits sanguins’’. Le Cnts a déjà, pour y parvenir, fait des progrès en ce sens en rapprochant les centres des populations, et à travers la mise en place d’équipes mobiles de recueil de sang. Mais au-delà, d’autres actions restent à mener. Selon l’Oms, pour parvenir à l’autosuffisance en produits sanguin, 1% de la population d’un pays doit être donneur de sang. «Mais je dirais qu’en Côte d’Ivoire, si nous avons 200.000 donneurs de sang réguliers, nous parviendrons à l’autosuffisance», révèle Dr Konaté. Et cela est possible, si les Ivoiriens le veulent. Les populations bien portantes dont l’âge varie entre 18 et 60 ans sont appelées. C’est le sacrifice à faire pour que la Côte d’Ivoire parvienne à l’autosuffisance en sang. «Et cela est possible si les Ivoiriens le veulent», insiste le patron du Cnts.
Touré Yelly
On le savait drépanocytaire. Ses parents étaient toujours parvenus à maîtriser ses crises.
Personne n’avait imaginé que cette énième crise emporterait Marcel. Et pourtant, après avoir passé deux jours au Chu de Cocody, K. Marcel est décédé parce qu’on n’avait pu lui trouver ce liquide qui aurait pu le maintenir en vie : le sang. «Il fait quelquefois de petites crises que les médecins parviennent à arrêter grâce à des injections. Mais d’autres fois, on est obligé de lui trouver du sang. Malheureusement ce 6 janvier, nous n’avons pas pu avoir du sang au Centre national de transfusion sanguine(Cnts). A notre arrivée, l’infirmière de garde nous a demandé de patienter. C’est dans cette attente que ma mère, qui était auprès du malade à l’hôpital, m’a appelé plus de 3 h plus tard pour me demander de rentrer. Le malade n’avait pas survécu à ce manque de sang», explique la sœur de Marcel qui ne parvenait pas à comprendre cette situation.
Comment cet élément aussi important dans la vie de l’être humain pouvait manquer ? Une préoccupation qui est certainement celle de bons nombres d’Ivoiriens. Pourquoi le sang n’est pas toujours accessible ? Pourquoi jusqu’à présent, la Côte d’Ivoire n’est pas autosuffisante en éléments sanguins ? Mais au-delà, quelles sont les fonctions du sang ?
Un élément aux multiples fonctions
Le sang dispose de nombreuses fonctions. Selon les spécialistes de l’hématologie, ce liquide protège les cellules de la famine, de l’asphyxie, de l’intoxication et de la déshydratation. «Le sang protège les cellules de la famine en permettant aux différents nutriments absorbés au niveau du tube digestif d'être acheminés à chacune des cellules de l'organisme. IL protège les cellules de l’asphyxie en assurant un approvisionnement en oxygène adapté aux différents besoins des cellules. En recevant tout l'oxygène nécessaire, les cellules peuvent produire toute l'énergie essentielle pour assumer leur fonction spécifique. Le sang protège les cellules de l’intoxication en assurant l'élimination des différents déchets produits constamment par les cellules. Ainsi, débarrassées des déchets toxiques pouvant interférer avec différents processus métaboliques importants pour leur survie, les cellules peuvent assumer leur fonction spécifique. Mais également ce liquide protège les cellules de la déshydratation en assurant un équilibre de la quantité d'eau dans les différents compartiments. Avec une présence d'eau adéquate, les échanges entre les trois compartiments sont possibles, de même que les différentes réactions moléculaires essentielles aux cellules pour assumer leur fonction spécifique», explique sous le sceau de l’anonymat un hématologue du Chu de Cocody. Mais si malgré ses nombreuses fonctions dans l’organisme, ce liquide parvient à manquer, cela est dû non pas à une mauvaise politique, mais aux spécificités du sang. Selon Dr Konaté Seidou, directeur du Centre national de transfusion sanguine (Cnts), c’est le sang reçu des donneurs qui permet de constituer un stock dans la banque ‘’pour qu’en cas de besoin, on puisse le fournir aux formations sanitaires ou aux demandeurs’’. «Mais il faut dire que la durée de vie du sang n’est que de 35 à 42 jours après le prélèvement. Au délà, le sang est périmé», précise le spécialiste. Toute chose qui signifie que l’on ne peut pas stocker le sang en trop grande quantité au risque de le jeter plus tard. «En matière de sang, on ne fait pas de calcul. On ne peut pas se permettre de dire par exemple que pour l’année, il faut 200.000 poches de sang de satisfaire les besoin des populations.
La fidélisation des donneurs, une solution palliative
Et donc je fais un stock de 200.000 poches dès le mois de janvier, et je me croise les bras. Mais non, il ne s’agit pas de cela, parce qu’au-delà de 42 jours, nous serons obligés de mettre tout le reste du stock à la poubelle», explique Dr Konaté. C’est compte tenu de toutes ces exigences que ce spécialiste a opté pour l’appel régulier du don de sang. «Avec tout ce qui précède, le Cnts est obligé d’appeler régulièrement au don de sang pour reconstituer le stock. Pour dire que lorsque nous lançons l’appel, ce n’est pas parce qu’il y a pénurie, mais c’est en vue de reconstituer le stock qui s’est épuisé », soutient le responsable du Cnts. Mais également, les journées mondiales, selon le spécialiste, permettent de constituer un bon stock de sang. D’où cette 10ème édition dont les festivités se dérouleront le 14 juin au Palais de la culture de Treichville, sur le thème : «Du sang jeune pour les populations ». Mais au-delà, la solution définitive serait que la Côte d’Ivoire soit autosuffisante en élément sanguin, car précise-t-il, ‘’La Côte d’Ivoire a gagné la bataille du sang propre par la bataille de l’autosuffisance en produits sanguins’’. Le Cnts a déjà, pour y parvenir, fait des progrès en ce sens en rapprochant les centres des populations, et à travers la mise en place d’équipes mobiles de recueil de sang. Mais au-delà, d’autres actions restent à mener. Selon l’Oms, pour parvenir à l’autosuffisance en produits sanguin, 1% de la population d’un pays doit être donneur de sang. «Mais je dirais qu’en Côte d’Ivoire, si nous avons 200.000 donneurs de sang réguliers, nous parviendrons à l’autosuffisance», révèle Dr Konaté. Et cela est possible, si les Ivoiriens le veulent. Les populations bien portantes dont l’âge varie entre 18 et 60 ans sont appelées. C’est le sacrifice à faire pour que la Côte d’Ivoire parvienne à l’autosuffisance en sang. «Et cela est possible si les Ivoiriens le veulent», insiste le patron du Cnts.
Touré Yelly