L’Association Nationale des Organisations Professionnelles Agricoles de Côte d’Ivoire (ANOPACI) déroule depuis janvier 2009, le projet dénommé Action de Restructuration et Professionnalisation des OPA de la filière coton.
Cette action est financée par l’Union Européenne. La coordination de ce projet a effectué une mission dans le bassin cotonnier. Cette mission avait pour objet de recueillir l’avis des producteurs, des Autorités sur le Schéma consensuel, mais surtout de les sensibiliser et de les informer du programme.
La crise du coton ivoirien
La privatisation initiée dans la filière coton au cours des années 90, a été marquée par un nouvel élan de développement du mouvement coopératif. Ainsi plusieurs coopératives et unions de coopératives ont été organisées. Mais, ces coopératives vont connaitre très vite des problèmes de fonctionnement plongeant les OPA et leurs producteurs dans une pauvreté croissante.
Entre 2002 et 2008, les charges des producteurs passent de 80 440 FCFA/ha à 115 000 FCFA/ha. Mais le prix d’achat du coton graine chute de 210 FCFA le Kg à 150 FCFA le Kg sur la même période. Afin d’aider les producteurs à sortir du bourbier de dettes et améliorer leurs conditions de vie et de travail, l’Association Nationale des Organisations Professionnelles Agricoles de Côte d’Ivoire (ANOPACI) a initié un projet de restructuration et de professionnalisation des OPA de la filière coton. Ce projet bénéficie du financement de l’Union Européenne à 100%.
Les actions menées dans la mise en œuvre de ce projet et d’autres comme ceux des bœufs de culture attelée et de la reconstitution de schéma de production des semences coton font renaître l’espoir dans le camp des producteurs, qui ont payé le plus lourd tribut à la crise de la filière coton.
Dans l’exécution du projet de restructuration et de professionnalisation des OPA de la filière coton, diverses activités ont été conduites par l’ANOPACI, parmi lesquelles le diagnostic des faîtières et des coopératives, etc. L’atelier de restitutions des résultants du diagnostic a recommandé le regroupement des OPA ; car leur émiettement est l’une des causes majeures de leur contre performance. L’idée de regroupement à été approfondie et traduite dans un schéma lors de l’atelier à Yamoussoukro.
L’appréciation des formations par les coopérateurs
Des coopératives ont bénéficié de plusieurs formations comme celles portant sur la diversification des cultures, la vie coopérative, le fonctionnement d’une coopérative, avec des plans de développement.
Toutes les personnes que nous avons rencontrées ont eu les mêmes langages. Elles ont remercié l’UE et l’ANOPACI pour les différentes formations dispensées. Nous avons constaté qu’il y a une nouvelle génération de jeunes producteurs. La plupart n’a jamais bénéficié de ce type de formation. C’était important et intéressant pour eux. Ils ont souhaité en avoir plus.
M. YEO, Directeur de la coopérative Zone Savane de Bouaflé a exprimé la satisfaction des producteurs à qui les formations sur la diversification des cultures, la vie Coopérative et le fonctionnement d’une coopérative ont fait beaucoup de biens. Il a souhaité que des actions de proximité soient menées comme ce que fait l’ANOPACI. « Il faut rendre visite aux producteurs sur leur lieu de travail, cela les motive ». a-t-il soutenu.
Les administrateurs de la Coopérative des Agriculteurs de PLIKRO, OKOURO et Petessou (COOPAPOP) sur l’axe Bouaké-Mankono ont exprimé eux aussi leur gratitude à l’ANOPACI et à l’UE pour les différentes formations reçues. « Les formations nous ont permis de comprendre notre rôle en tant que coopérateurs et surtout de savoir que nous sommes les patrons des Directeurs. Nous souhaitons que ces formations se multiplient afin que plusieurs autres producteurs puissent en bénéficier », a dit le président de cette coopérative.
Concernant la formation sur la diversification des cultures, ils ont fait le commentaire suivant : « On nous demande de diversifier, c’est une bonne chose; nous le faisions déjà. Nous voulons des appuis pour avoir des acheteurs, des intrants, des financements pour le maïs, le riz… » Nous souhaitons que l’ANOPACI organise ce genre d’appuis. Pour nous c’est l’ANOPACI seule qui dit la vérité sur le terrain.
Le Directeur départemental de l’Agriculture de Makono, M. Konan Benoit a dit que les formations sont le bien venues, car sa circonscription compte un grand nombre de Coopératives (27 sans compter les Groupement Informels) qui ne fonctionnent pas correctement. Selon lui, les difficultés des OPA son liées aux problèmes de personnes en leur sein ; au manque de personnel (seulement 3 personnes), d’outil de contrôle et d’équipement à la Direction départementale de l’agriculture de Mankono.
« Les formations ont réveillé les producteurs qui sommeillaient ; elles ont montré l’importance d’une coopérative et son fonctionnement. Grâce aux formations, les coopérateurs connaissent désormais leurs droits et devoirs. » Ces propos sont du Directeur de l’Union des Coopératives du Département de Mankono (UCOODEP-MA) dont le siège est à Bouaké. Les producteurs de cette union souhaitent que les formations se poursuivent sur trois ans au moins afin que d’autres producteurs en bénéficient. Ils veulent en outre bénéficier d’une formation spécifique sur le classement du coton qui leur échappe et l’encadrement qui est insuffisant. Cela ne leur permet pas d’avoir un juste prix de leurs efforts. Concernant leur siège, le Coordonnateur leur a demandé de l’installer dans leur zone (Mankono).
M. BAMBA Bakari PCA Union des entreprises coopératives de Boundiali (UECB) qui produit plus de 1500 tonnes de coton, a remercié l’ANOPACI et l’UE pour les formations qui selon lui ont permis aux producteurs de comprendre ce qu’est une coopérative. Il pense que le désengagement de l’Etat, qui a entrainé l’arrêt de l’encadrement et des formations et le renouvellement rapide des dirigeants des OPA ont déstabilisé les coopératives. Avec les formations, nous avons beaucoup appris. L’équipe du projet est jeune et disponible, elle se rend jusqu’à nos domiciles.
« Les formateurs engagés par l’ANOPACI se sont mis au niveau des coopérateurs, ce qui a facilité la compréhension des producteurs ». Il souhaite que les formations se multiplient au niveau des sections des coopératives pour permettre à un plus grand nombre de producteurs d’en bénéficier et de faciliter le regroupement. Ce n’est pas facile, on ne pensait pas que l’ANOPACI allait réussir ; nous sommes contents d’eux, nous les félicitons.
Le regroupement des OPA selon le schéma de l’atelier de Yamoussoukro
Si tous, producteurs et responsables du Ministère de l’Agriculture sont d’accord pour le regroupement des OPA, les premiers (producteurs) ont émis certaines inquiètes sur lesquelles le Coordonnateur du projet les a rassurés. « Avant, il y avait une seule coopérative, c’est le comportement des dirigeants qui a fait que nous nous sommes séparés, comment allez-vous résoudre cela ?».
Pour les premiers responsables de la Coopérative Zone Savane de Bouaflé, la question du regroupement des OPA, n’est pas un problème. Les trois Coopératives de producteurs de coton à Bouaflé entretiennent de bonnes relations, elles pourront se mettre facilement ensemble pour former une seule entité. « Le schéma a besoin d’être vulgarisé, il faut donc faire de la sensibilisation à tous les niveaux pour faciliter sa mise en œuvre. » a conclu le Directeur.
Le Coordonnateur de l’action et Secrétaire Exécutif de l’ANOPACI, M. AGNIMOU François les a rassurés et les a encouragés au regroupement, seule voie de sortie des difficultés actuelles. Il leur a dit que l’ANOPACI, l’ONS et l’UE les accompagneront pour faire la situation de chaque Opa avant le regroupement. Elles les aideront dans l’élaboration des textes et la mise en place de leur comptabilité. Elles procéderont au dialogue social pour régler les différends. Il a conseillé aux représentants des coopératives de mettre de côté les questions de personnes pour mettre en place des entités fortes à même de fournir des intrants aux producteurs et de les encadrer. Son souhait est que l’ONS et l’UE n’abandonne pas ce grand travail de référence. Ce type d’initiative est une première, il faut l’appui de tous.
Les responsables de CAM-CI (collectif de 08 GI) à Mankono) disent avoir eu plusieurs séances de travail en vue de former une seule coopérative. Ils pensent que le manque de formation et d’information a tué les premières coopératives. Ils souhaitent que tous les GI soient récencés, sensibilisés au regroupement, car ils sont très nombreux. Ils attendent l’ANOPACI pour les aider à arriver au regroupement avec les autres coopératives. Car l’ANOPACI à un rôle à jouer.
Les coopérateurs de UCOODEP-MA pensent que le regroupement prendra du temps, il faut informer, sensibiliser afin que tous les acteurs y adhèrent. Selon eux, pour arriver au bon regroupement, il faut associer les égreneurs qui favorisent la division des producteurs. « Cela prendra le temps qu’il faut, mais c’est la voie du succès » ont-ils soutenu. Il faut que les usiniers adhèrent. M .AGNIMOU a répondu qu’ils sont membres de la Commission de mise en œuvre du Schéma et que bientôt le Ministre de l’Agriculture sera saisi.
M. Yéo DOMEHIRI PCA de COOPAMINA et ses pairs souhaitent aussi qu’on intègre les égreneurs au processus de regroupement, car ces derniers en l’occurrence la CITD préfère travailler avec les GI. La CITD a donné des intrants à des GI sans passer par coopamina alors que ces GI ont décidé de se joindre à Coopamina.
Mais les dires de certains égreneurs rassurent
M.KONE Directeur de la production de COIC (Compagnie Ivoirienne du Coton), une Société d’égrenage : « les belles époques du coton étaient associées à des OPA fortes. Leur émiettement a donné les GI qui expliquent en partie les difficultés actuelles de la filière coton. La transformation des GI en coopératives fortes sied à COIC, cela facilite le recouvrement des coûts des intrants livrés aux producteurs. Nous soutenons le schéma de restructuration. Seules des Opa fortes peuvent faire des projets de développement et améliorer le quotidien des populations. Nous prenons les dispositions pour la réussite de la mise en œuvre du schéma ». Il demande en outre que tous les acteurs de la filière soient sensibilisés au bien-fondé du schéma, afin de formaliser le statut de GI. « Tout le monde doit faire des concessions dans l’intérêt de la filière coton c’est un pari que l’ANOPACI a pratiquement réussi, il faut l’aider », il-t-il terminé.
Une gestion rigoureuse s’impose pour réussir le regroupement
Selon M. Traoré Seydou un des responsables, UCODAKO (une faitière qui traite le coton, la mangue et l’anacarde), l’ANOPACI a redressé la filière coton sans s’en rendre compte. « Grâce au projet financé par l’UE, les faîtières cherchent à reconquérir les producteurs ». Il pense que les difficultés de la filière coton ont commencé après la libéralisation, quand les coopératives sont entrées dans la commercialisation et la distribution des intrants. Les dirigeants des Opa se sont servis au détriment des producteurs. La gestion patrimoniale des coopératives a aussi contribué à leur déstabilisation. Pour réussir la restructuration par le regroupement, il faut une gestion rigoureuse, une formation à la comptabilité, un plan de développement, un manuel de procédure, une inspection. L’ANOPACI a réussi, il faut une réelle mise en œuvre.
La suite du projet
Le projet pilote de restructuration et professionnalisation des Opa de la filière coton prendra afin en décembre prochain, mais tous les acteurs notamment les producteurs sont unanimes pour dire qu’il doit se poursuivre pour consolider les acquis, se développer et permettre une véritable relance de la filière coton.
Unanimement, des autorités aux producteurs, en passant par les Directeurs Régionaux de l’agriculture, tous veulent la suite du projet. ils veulent voir une fédération réelle avec des OPA de base avec des objets économiques, qui ont une étude de faisabilité basée sur la réalité, des manuels de procédure, des plan cde développement et capables de distribuer des intrants et d’assurer leur encadrement. L’ANOPACI doit convaincre l’UE à cela.
M. BAMBA Bakari PCA Union des entreprises coopératives de Boundiali (UECB) souhaite que les formations se multiplient au niveau des sections des coopératives pour permettre à un plus grand nombre de producteurs d’en bénéficier et de faciliter le regroupement. Il demande que la suite du projet en tienne compte.
M. Granzotro Livio représentant de l’ONS à Bouaké souhaite que le projet se poursuive et prenne en compte l’anacarde, car selon lui, pratiquement tous les producteurs de coton font de l’anacarde. Il pense qu’il faut considérer la filière agricole et non la filière coton seule. Il prône la diversification des activités d’où l’idée de filière agricole. Il soutient que pour mener à bien la restructuration et la professionnalisation, il faut faire un travail de proximité. Il ne comprend donc pas pourquoi ucodepma, une coopérative de Mankono à son siège à Bouaké. « Il faut rapprocher les sièges des OPA des producteurs, pour qu’ils puissent y accéder facilement et s’y exprimer». Il faut sensibiliser les producteurs pour qu’ils reprennent leur pouvoir qu’ils ont laissé à d’autres. Il convient de travailler directement avec les Coopératives de base, les unions favorisent la corruption. Pour lui, vouloir
restructurer la filière coton en deux ans n’est pas réaliste « Il faut trouver les moyens de poursuivre le projet » a-t-il poursuivi. Il a donné de bons conseils au Coordonnateur qui les a appréciés et l’a félicité pour son soutien au projet.
M. YEO Directeur de la Coopérative Zone Savane de Bouaflé a, quant à lui émis le vœu de voir le projet se poursuivre pour le développement de la filière coton et s’étendre à d’autres filières. « Notre souhait est que le projet se poursuive sur 5 ans pour avoir un bon impact ». Il a souhaité que le même travail se fasse dans cacao-café et dans le vivrier.
Les responsables de UCOODEP-MA souhaitent avoir, Pour la suite du projet des appuis leur permettant d’être indépendants des égreneurs et mettre en place une structure de gestion des intrants et d’encadrement. Ils ont promis au Coordonnateur de repartir à Mankono avant la fin de semis.
L’absence de statistiques agricoles au niveau de l’Administration
Dans toutes les localités où la mission est passée, elle a rencontré les Autorités administratives : Préfet, sous-préfet, Directeurs régionaux et départementaux de l’agriculture. Il ressort des rencontres que ces Autorités ne disposent pas de statistiques sur les organisations professionnelles agricoles. Le Sous-préfet de Mankono soutient : « Les Coopératives et les GI échappent à l’Administration, on ne nous sollicite que lorsqu’il y des conflits. »
La mission nous a permis de constater que les producteurs de coton ont traversé des moments difficiles. Certains ont même abandonné la culture du coton qui n’était plus rentable. Le projet de restructuration et de professionnalisation conduit par l’ANOPACI et dont les activités se déroulent correctement sur le terrain suscite beaucoup d’espoirs tant aux niveaux des producteurs que des égreneurs. Cependant ils reconnaissent tous que c’est trop tôt de créer victoire. Le projet doit se poursuivre pour consolider les acquis, se développer et prendre en compte d’autres filières agricoles.
JC Koré
Cette action est financée par l’Union Européenne. La coordination de ce projet a effectué une mission dans le bassin cotonnier. Cette mission avait pour objet de recueillir l’avis des producteurs, des Autorités sur le Schéma consensuel, mais surtout de les sensibiliser et de les informer du programme.
La crise du coton ivoirien
La privatisation initiée dans la filière coton au cours des années 90, a été marquée par un nouvel élan de développement du mouvement coopératif. Ainsi plusieurs coopératives et unions de coopératives ont été organisées. Mais, ces coopératives vont connaitre très vite des problèmes de fonctionnement plongeant les OPA et leurs producteurs dans une pauvreté croissante.
Entre 2002 et 2008, les charges des producteurs passent de 80 440 FCFA/ha à 115 000 FCFA/ha. Mais le prix d’achat du coton graine chute de 210 FCFA le Kg à 150 FCFA le Kg sur la même période. Afin d’aider les producteurs à sortir du bourbier de dettes et améliorer leurs conditions de vie et de travail, l’Association Nationale des Organisations Professionnelles Agricoles de Côte d’Ivoire (ANOPACI) a initié un projet de restructuration et de professionnalisation des OPA de la filière coton. Ce projet bénéficie du financement de l’Union Européenne à 100%.
Les actions menées dans la mise en œuvre de ce projet et d’autres comme ceux des bœufs de culture attelée et de la reconstitution de schéma de production des semences coton font renaître l’espoir dans le camp des producteurs, qui ont payé le plus lourd tribut à la crise de la filière coton.
Dans l’exécution du projet de restructuration et de professionnalisation des OPA de la filière coton, diverses activités ont été conduites par l’ANOPACI, parmi lesquelles le diagnostic des faîtières et des coopératives, etc. L’atelier de restitutions des résultants du diagnostic a recommandé le regroupement des OPA ; car leur émiettement est l’une des causes majeures de leur contre performance. L’idée de regroupement à été approfondie et traduite dans un schéma lors de l’atelier à Yamoussoukro.
L’appréciation des formations par les coopérateurs
Des coopératives ont bénéficié de plusieurs formations comme celles portant sur la diversification des cultures, la vie coopérative, le fonctionnement d’une coopérative, avec des plans de développement.
Toutes les personnes que nous avons rencontrées ont eu les mêmes langages. Elles ont remercié l’UE et l’ANOPACI pour les différentes formations dispensées. Nous avons constaté qu’il y a une nouvelle génération de jeunes producteurs. La plupart n’a jamais bénéficié de ce type de formation. C’était important et intéressant pour eux. Ils ont souhaité en avoir plus.
M. YEO, Directeur de la coopérative Zone Savane de Bouaflé a exprimé la satisfaction des producteurs à qui les formations sur la diversification des cultures, la vie Coopérative et le fonctionnement d’une coopérative ont fait beaucoup de biens. Il a souhaité que des actions de proximité soient menées comme ce que fait l’ANOPACI. « Il faut rendre visite aux producteurs sur leur lieu de travail, cela les motive ». a-t-il soutenu.
Les administrateurs de la Coopérative des Agriculteurs de PLIKRO, OKOURO et Petessou (COOPAPOP) sur l’axe Bouaké-Mankono ont exprimé eux aussi leur gratitude à l’ANOPACI et à l’UE pour les différentes formations reçues. « Les formations nous ont permis de comprendre notre rôle en tant que coopérateurs et surtout de savoir que nous sommes les patrons des Directeurs. Nous souhaitons que ces formations se multiplient afin que plusieurs autres producteurs puissent en bénéficier », a dit le président de cette coopérative.
Concernant la formation sur la diversification des cultures, ils ont fait le commentaire suivant : « On nous demande de diversifier, c’est une bonne chose; nous le faisions déjà. Nous voulons des appuis pour avoir des acheteurs, des intrants, des financements pour le maïs, le riz… » Nous souhaitons que l’ANOPACI organise ce genre d’appuis. Pour nous c’est l’ANOPACI seule qui dit la vérité sur le terrain.
Le Directeur départemental de l’Agriculture de Makono, M. Konan Benoit a dit que les formations sont le bien venues, car sa circonscription compte un grand nombre de Coopératives (27 sans compter les Groupement Informels) qui ne fonctionnent pas correctement. Selon lui, les difficultés des OPA son liées aux problèmes de personnes en leur sein ; au manque de personnel (seulement 3 personnes), d’outil de contrôle et d’équipement à la Direction départementale de l’agriculture de Mankono.
« Les formations ont réveillé les producteurs qui sommeillaient ; elles ont montré l’importance d’une coopérative et son fonctionnement. Grâce aux formations, les coopérateurs connaissent désormais leurs droits et devoirs. » Ces propos sont du Directeur de l’Union des Coopératives du Département de Mankono (UCOODEP-MA) dont le siège est à Bouaké. Les producteurs de cette union souhaitent que les formations se poursuivent sur trois ans au moins afin que d’autres producteurs en bénéficient. Ils veulent en outre bénéficier d’une formation spécifique sur le classement du coton qui leur échappe et l’encadrement qui est insuffisant. Cela ne leur permet pas d’avoir un juste prix de leurs efforts. Concernant leur siège, le Coordonnateur leur a demandé de l’installer dans leur zone (Mankono).
M. BAMBA Bakari PCA Union des entreprises coopératives de Boundiali (UECB) qui produit plus de 1500 tonnes de coton, a remercié l’ANOPACI et l’UE pour les formations qui selon lui ont permis aux producteurs de comprendre ce qu’est une coopérative. Il pense que le désengagement de l’Etat, qui a entrainé l’arrêt de l’encadrement et des formations et le renouvellement rapide des dirigeants des OPA ont déstabilisé les coopératives. Avec les formations, nous avons beaucoup appris. L’équipe du projet est jeune et disponible, elle se rend jusqu’à nos domiciles.
« Les formateurs engagés par l’ANOPACI se sont mis au niveau des coopérateurs, ce qui a facilité la compréhension des producteurs ». Il souhaite que les formations se multiplient au niveau des sections des coopératives pour permettre à un plus grand nombre de producteurs d’en bénéficier et de faciliter le regroupement. Ce n’est pas facile, on ne pensait pas que l’ANOPACI allait réussir ; nous sommes contents d’eux, nous les félicitons.
Le regroupement des OPA selon le schéma de l’atelier de Yamoussoukro
Si tous, producteurs et responsables du Ministère de l’Agriculture sont d’accord pour le regroupement des OPA, les premiers (producteurs) ont émis certaines inquiètes sur lesquelles le Coordonnateur du projet les a rassurés. « Avant, il y avait une seule coopérative, c’est le comportement des dirigeants qui a fait que nous nous sommes séparés, comment allez-vous résoudre cela ?».
Pour les premiers responsables de la Coopérative Zone Savane de Bouaflé, la question du regroupement des OPA, n’est pas un problème. Les trois Coopératives de producteurs de coton à Bouaflé entretiennent de bonnes relations, elles pourront se mettre facilement ensemble pour former une seule entité. « Le schéma a besoin d’être vulgarisé, il faut donc faire de la sensibilisation à tous les niveaux pour faciliter sa mise en œuvre. » a conclu le Directeur.
Le Coordonnateur de l’action et Secrétaire Exécutif de l’ANOPACI, M. AGNIMOU François les a rassurés et les a encouragés au regroupement, seule voie de sortie des difficultés actuelles. Il leur a dit que l’ANOPACI, l’ONS et l’UE les accompagneront pour faire la situation de chaque Opa avant le regroupement. Elles les aideront dans l’élaboration des textes et la mise en place de leur comptabilité. Elles procéderont au dialogue social pour régler les différends. Il a conseillé aux représentants des coopératives de mettre de côté les questions de personnes pour mettre en place des entités fortes à même de fournir des intrants aux producteurs et de les encadrer. Son souhait est que l’ONS et l’UE n’abandonne pas ce grand travail de référence. Ce type d’initiative est une première, il faut l’appui de tous.
Les responsables de CAM-CI (collectif de 08 GI) à Mankono) disent avoir eu plusieurs séances de travail en vue de former une seule coopérative. Ils pensent que le manque de formation et d’information a tué les premières coopératives. Ils souhaitent que tous les GI soient récencés, sensibilisés au regroupement, car ils sont très nombreux. Ils attendent l’ANOPACI pour les aider à arriver au regroupement avec les autres coopératives. Car l’ANOPACI à un rôle à jouer.
Les coopérateurs de UCOODEP-MA pensent que le regroupement prendra du temps, il faut informer, sensibiliser afin que tous les acteurs y adhèrent. Selon eux, pour arriver au bon regroupement, il faut associer les égreneurs qui favorisent la division des producteurs. « Cela prendra le temps qu’il faut, mais c’est la voie du succès » ont-ils soutenu. Il faut que les usiniers adhèrent. M .AGNIMOU a répondu qu’ils sont membres de la Commission de mise en œuvre du Schéma et que bientôt le Ministre de l’Agriculture sera saisi.
M. Yéo DOMEHIRI PCA de COOPAMINA et ses pairs souhaitent aussi qu’on intègre les égreneurs au processus de regroupement, car ces derniers en l’occurrence la CITD préfère travailler avec les GI. La CITD a donné des intrants à des GI sans passer par coopamina alors que ces GI ont décidé de se joindre à Coopamina.
Mais les dires de certains égreneurs rassurent
M.KONE Directeur de la production de COIC (Compagnie Ivoirienne du Coton), une Société d’égrenage : « les belles époques du coton étaient associées à des OPA fortes. Leur émiettement a donné les GI qui expliquent en partie les difficultés actuelles de la filière coton. La transformation des GI en coopératives fortes sied à COIC, cela facilite le recouvrement des coûts des intrants livrés aux producteurs. Nous soutenons le schéma de restructuration. Seules des Opa fortes peuvent faire des projets de développement et améliorer le quotidien des populations. Nous prenons les dispositions pour la réussite de la mise en œuvre du schéma ». Il demande en outre que tous les acteurs de la filière soient sensibilisés au bien-fondé du schéma, afin de formaliser le statut de GI. « Tout le monde doit faire des concessions dans l’intérêt de la filière coton c’est un pari que l’ANOPACI a pratiquement réussi, il faut l’aider », il-t-il terminé.
Une gestion rigoureuse s’impose pour réussir le regroupement
Selon M. Traoré Seydou un des responsables, UCODAKO (une faitière qui traite le coton, la mangue et l’anacarde), l’ANOPACI a redressé la filière coton sans s’en rendre compte. « Grâce au projet financé par l’UE, les faîtières cherchent à reconquérir les producteurs ». Il pense que les difficultés de la filière coton ont commencé après la libéralisation, quand les coopératives sont entrées dans la commercialisation et la distribution des intrants. Les dirigeants des Opa se sont servis au détriment des producteurs. La gestion patrimoniale des coopératives a aussi contribué à leur déstabilisation. Pour réussir la restructuration par le regroupement, il faut une gestion rigoureuse, une formation à la comptabilité, un plan de développement, un manuel de procédure, une inspection. L’ANOPACI a réussi, il faut une réelle mise en œuvre.
La suite du projet
Le projet pilote de restructuration et professionnalisation des Opa de la filière coton prendra afin en décembre prochain, mais tous les acteurs notamment les producteurs sont unanimes pour dire qu’il doit se poursuivre pour consolider les acquis, se développer et permettre une véritable relance de la filière coton.
Unanimement, des autorités aux producteurs, en passant par les Directeurs Régionaux de l’agriculture, tous veulent la suite du projet. ils veulent voir une fédération réelle avec des OPA de base avec des objets économiques, qui ont une étude de faisabilité basée sur la réalité, des manuels de procédure, des plan cde développement et capables de distribuer des intrants et d’assurer leur encadrement. L’ANOPACI doit convaincre l’UE à cela.
M. BAMBA Bakari PCA Union des entreprises coopératives de Boundiali (UECB) souhaite que les formations se multiplient au niveau des sections des coopératives pour permettre à un plus grand nombre de producteurs d’en bénéficier et de faciliter le regroupement. Il demande que la suite du projet en tienne compte.
M. Granzotro Livio représentant de l’ONS à Bouaké souhaite que le projet se poursuive et prenne en compte l’anacarde, car selon lui, pratiquement tous les producteurs de coton font de l’anacarde. Il pense qu’il faut considérer la filière agricole et non la filière coton seule. Il prône la diversification des activités d’où l’idée de filière agricole. Il soutient que pour mener à bien la restructuration et la professionnalisation, il faut faire un travail de proximité. Il ne comprend donc pas pourquoi ucodepma, une coopérative de Mankono à son siège à Bouaké. « Il faut rapprocher les sièges des OPA des producteurs, pour qu’ils puissent y accéder facilement et s’y exprimer». Il faut sensibiliser les producteurs pour qu’ils reprennent leur pouvoir qu’ils ont laissé à d’autres. Il convient de travailler directement avec les Coopératives de base, les unions favorisent la corruption. Pour lui, vouloir
restructurer la filière coton en deux ans n’est pas réaliste « Il faut trouver les moyens de poursuivre le projet » a-t-il poursuivi. Il a donné de bons conseils au Coordonnateur qui les a appréciés et l’a félicité pour son soutien au projet.
M. YEO Directeur de la Coopérative Zone Savane de Bouaflé a, quant à lui émis le vœu de voir le projet se poursuivre pour le développement de la filière coton et s’étendre à d’autres filières. « Notre souhait est que le projet se poursuive sur 5 ans pour avoir un bon impact ». Il a souhaité que le même travail se fasse dans cacao-café et dans le vivrier.
Les responsables de UCOODEP-MA souhaitent avoir, Pour la suite du projet des appuis leur permettant d’être indépendants des égreneurs et mettre en place une structure de gestion des intrants et d’encadrement. Ils ont promis au Coordonnateur de repartir à Mankono avant la fin de semis.
L’absence de statistiques agricoles au niveau de l’Administration
Dans toutes les localités où la mission est passée, elle a rencontré les Autorités administratives : Préfet, sous-préfet, Directeurs régionaux et départementaux de l’agriculture. Il ressort des rencontres que ces Autorités ne disposent pas de statistiques sur les organisations professionnelles agricoles. Le Sous-préfet de Mankono soutient : « Les Coopératives et les GI échappent à l’Administration, on ne nous sollicite que lorsqu’il y des conflits. »
La mission nous a permis de constater que les producteurs de coton ont traversé des moments difficiles. Certains ont même abandonné la culture du coton qui n’était plus rentable. Le projet de restructuration et de professionnalisation conduit par l’ANOPACI et dont les activités se déroulent correctement sur le terrain suscite beaucoup d’espoirs tant aux niveaux des producteurs que des égreneurs. Cependant ils reconnaissent tous que c’est trop tôt de créer victoire. Le projet doit se poursuivre pour consolider les acquis, se développer et prendre en compte d’autres filières agricoles.
JC Koré