Dans le secret des débats au Secrétariat exécutif Le Front populaire ivoirien n’a pas voulu laisser pourrir la situation de confusion créée par la sortie de son troisième vice-président, le Pr. Mamadou Koulibaly. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, un Secrétariat exécutif extraordinaire a longuement planché sur ce qui était considéré comme “un conflit ouvert” à l’intérieur du parti. “Palabre est fini”, comme le dirait l’autre.
Le président Mamadou Koulibaly a soulevé des problèmes de fond sur lesquels le Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir) reste très mobilisé. Mais en tant que troisième vice-président du parti et n°2 du régime Gbagbo, le lieu choisi pour les poser n’est pas bien indiqué. Le contexte l’est encore moins. D’ailleurs, les cadres du FPI sont désormais invités dans leurs sorties publiques, à tenir compte du fait qu’ils ne sont plus de simples opposants comme par le passé. Leur parti est au pouvoir, leurs déclarations et actes peuvent perturber profondément les populations. De ce fait, ils doivent éviter de servir de la cacophonie dans leurs propos face aux Ivoiriens. Ils doivent également éviter, en cette période cruciale du processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire, de poser des actes qui sèment le doute dans l’esprit de la Communauté nationale et internationale sur la farouche volonté du président de la République et du parti dont il est issu, le FPI, d’aller aux élections, rapidement mais proprement.
Concrètement, à défaut d’un meilleur accord que celui que conduit le Premier ministre Guillaume Soro et qui a donné des résultats indéniables, malgré les difficultés inhérentes à l’application de l’Accord politique de Ouagadougou (APO), le FPI continue de souscrire intégralement à tous les efforts envisagés pour lever les entraves au désarmement, à l’établissement de la liste électorale définitive et à l’organisation des élections libres, justes et transparentes, “conditions sine qua non à la victoire au premier tour du candidat Laurent Gbagbo”. Enfin, sur les questions de gouvernance, le FPI reste attaché à la volonté du président Gbagbo de moraliser la vie publique déjà concrétisée par le traitement des malversations soupçonnées dans la filière café-cacao et invite ses cadres à y souscrire sans se donner en spectacle.
Voici, en quelques lignes, les grandes décisions prises par le Secrétariat exécutif extraordinaire tenu, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 juin 2010 au domicile du président du FPI, le Premier ministre Pascal Affi N’Guessan. Selon nos sources, pour en arriver à ces conclusions et mesures disciplinaires, les débats ont duré huit heures (8) heures d’horloge, de 20h, le jeudi 9 à 04h02 minutes, le vendredi 10 juin. Ils étaient tous ou presque tous là, à cette réunion : le président Affi N’Guessan et ses trois vice-présidents que sont l’Inspecteur général d’Etat Sangaré Abou Drahamane (1er vice-président), la Première dame Simone Ehivet Gbagbo (2ème vice-président) et le président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly (3ème vice-président) ; le Secrétaire général du parti, Sylvain Miaka Ouretto et ses six adjoints ainsi que les cadres du FPI, membres du gouvernement et des autres institutions, admis d’office à cette structure statutaire du parti. La longueur des débats n’est pas due à l’âpreté des échanges : “Comme à leur habitude, le président Affi et ses vice-présidents ont tenu à ne négliger aucun aspect des questions soulevées. Ils ont permis à tous ceux qui avaient quelque chose à dire de s’exprimer librement, même quand certains camarades faisaient des dérapages ou des redites”, expliquent nos sources.
Ainsi, d’entrée de jeu, c’est au professeur Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, que le président Affi a donné la parole. Le 3ème vice-président aurait expliqué en long et en large les circonstances et fondements de sa sortie publique à l’origine des “nombreuses réactions dans l’opinion et au sein des militants du FPI” qui justifiaient le Secrétariat exécutif extraordinaire en cours. L’assemblée a religieusement écouté Mamadou Koulibaly défendre ses positions sur “la Refondation et la responsabilité de la classe politique dans la situation actuelle de notre pays ; sur le processus de sortie de crise par l’Accord de Ouagadougou ; sur le contentieux en cous sur la liste électorale et la question des étrangers ; sur les questions de gouvernance dans l’organisation des concours d’entrée dans les grandes Ecoles de la Police, de la Gendarmerie et de l’Administration”.
Tout a commencé le mercredi 2 juin 2010. Le Pr. Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale et 3ème vice-président du FPI, à un colloque organisé par la Convention de la société civile ivoirienne (CSI) sur le thème :“Le bilan et les perspectives de la démocratie en Côte d’Ivoire après 20 ans de multipartisme”, a dénoncé des fraudes dans l’organisation des concours d’entrée à l’Ecoles de la police et pointé un doigt accusateur vers le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro.
Toujours parlant de ce ministre, le Pr. Koulibaly l’a accusé d’avoir fait signer des textes “illégaux” et un accord inapplicable, l’accord de Ouaga, au président Gbagbo. Le Pr. Koulibaly a enfin annoncé la mort dudit accord, réclamé la démission du ministre Tagro, la distribution massive de la nationalité ivoirienne aux étrangers pour aller vite aux élections parce que, selon lui, “le temps qui passe travaille contre le président Gbagbo”.
Globalement, selon nos sources, le Secrétariat exécutif, a d’abord reconnu au n°2 du régime des Refondateurs d’avoir posé des problèmes de fond.Mais par point par point il lui a été aussi démontré que ses positions, malheureusement, pêchent par leur pertinence ou sont aux antipodes des options du parti. Par exemple, sur les fraudes supposées au concours d’entrée à l’Ecole de police, en l’absence d’une sérieuse enquête, aucun élément tangible n’a pu être fourni pour les corroborer. Concernant le traitement de la liste électorale, le président de la République, la majorité présidentielle et les principaux opposants, en possession des preuves de fraudes et d’irrégularités sur les documents administratifs sont tombés d’accord pour opérer les corrections qui conviennent et cela est en cours. Quant à la question des étrangers qui démontreraient, selon le Pr. Koulibaly, leur amour de la Côte d’Ivoire “par leur détermination à frauder sur la nationalité ivoirienne”, le régime et ses opposants sont arrivés à la conclusion que la question ne peut être réglée que par de sérieux débats après les élections. Enfin, le Secrétariat exécutif a signifié au président du Parlement qu’en proclamant de façon unilatérale la mort de l’accord de Ouaga sans proposer une solution alternative, il contribue à crédibiliser la fausse thèse de l’opposition selon laquelle le président Gbagbo et ses soutiens n’ont pas envie d’aller aux élections.
En tout état de cause, la réunion a déploré que le n°2 du régime n’ait pas choisi de poser ces problèmes dans les instances du parti. Alors, “le Secrétariat exécutif a marqué sa désapprobation quant au lieu, à la forme et au moment de cette prise de position du camarade Mamadou Koulibaly”, comme le souligne le communiqué final publié dans notre parution d’hier.
César Etou
Le président Mamadou Koulibaly a soulevé des problèmes de fond sur lesquels le Front populaire ivoirien (FPI, au pouvoir) reste très mobilisé. Mais en tant que troisième vice-président du parti et n°2 du régime Gbagbo, le lieu choisi pour les poser n’est pas bien indiqué. Le contexte l’est encore moins. D’ailleurs, les cadres du FPI sont désormais invités dans leurs sorties publiques, à tenir compte du fait qu’ils ne sont plus de simples opposants comme par le passé. Leur parti est au pouvoir, leurs déclarations et actes peuvent perturber profondément les populations. De ce fait, ils doivent éviter de servir de la cacophonie dans leurs propos face aux Ivoiriens. Ils doivent également éviter, en cette période cruciale du processus de sortie de crise en Côte d’Ivoire, de poser des actes qui sèment le doute dans l’esprit de la Communauté nationale et internationale sur la farouche volonté du président de la République et du parti dont il est issu, le FPI, d’aller aux élections, rapidement mais proprement.
Concrètement, à défaut d’un meilleur accord que celui que conduit le Premier ministre Guillaume Soro et qui a donné des résultats indéniables, malgré les difficultés inhérentes à l’application de l’Accord politique de Ouagadougou (APO), le FPI continue de souscrire intégralement à tous les efforts envisagés pour lever les entraves au désarmement, à l’établissement de la liste électorale définitive et à l’organisation des élections libres, justes et transparentes, “conditions sine qua non à la victoire au premier tour du candidat Laurent Gbagbo”. Enfin, sur les questions de gouvernance, le FPI reste attaché à la volonté du président Gbagbo de moraliser la vie publique déjà concrétisée par le traitement des malversations soupçonnées dans la filière café-cacao et invite ses cadres à y souscrire sans se donner en spectacle.
Voici, en quelques lignes, les grandes décisions prises par le Secrétariat exécutif extraordinaire tenu, dans la nuit du jeudi 9 au vendredi 10 juin 2010 au domicile du président du FPI, le Premier ministre Pascal Affi N’Guessan. Selon nos sources, pour en arriver à ces conclusions et mesures disciplinaires, les débats ont duré huit heures (8) heures d’horloge, de 20h, le jeudi 9 à 04h02 minutes, le vendredi 10 juin. Ils étaient tous ou presque tous là, à cette réunion : le président Affi N’Guessan et ses trois vice-présidents que sont l’Inspecteur général d’Etat Sangaré Abou Drahamane (1er vice-président), la Première dame Simone Ehivet Gbagbo (2ème vice-président) et le président de l’Assemblée nationale Mamadou Koulibaly (3ème vice-président) ; le Secrétaire général du parti, Sylvain Miaka Ouretto et ses six adjoints ainsi que les cadres du FPI, membres du gouvernement et des autres institutions, admis d’office à cette structure statutaire du parti. La longueur des débats n’est pas due à l’âpreté des échanges : “Comme à leur habitude, le président Affi et ses vice-présidents ont tenu à ne négliger aucun aspect des questions soulevées. Ils ont permis à tous ceux qui avaient quelque chose à dire de s’exprimer librement, même quand certains camarades faisaient des dérapages ou des redites”, expliquent nos sources.
Ainsi, d’entrée de jeu, c’est au professeur Koulibaly, président de l’Assemblée nationale, que le président Affi a donné la parole. Le 3ème vice-président aurait expliqué en long et en large les circonstances et fondements de sa sortie publique à l’origine des “nombreuses réactions dans l’opinion et au sein des militants du FPI” qui justifiaient le Secrétariat exécutif extraordinaire en cours. L’assemblée a religieusement écouté Mamadou Koulibaly défendre ses positions sur “la Refondation et la responsabilité de la classe politique dans la situation actuelle de notre pays ; sur le processus de sortie de crise par l’Accord de Ouagadougou ; sur le contentieux en cous sur la liste électorale et la question des étrangers ; sur les questions de gouvernance dans l’organisation des concours d’entrée dans les grandes Ecoles de la Police, de la Gendarmerie et de l’Administration”.
Tout a commencé le mercredi 2 juin 2010. Le Pr. Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale et 3ème vice-président du FPI, à un colloque organisé par la Convention de la société civile ivoirienne (CSI) sur le thème :“Le bilan et les perspectives de la démocratie en Côte d’Ivoire après 20 ans de multipartisme”, a dénoncé des fraudes dans l’organisation des concours d’entrée à l’Ecoles de la police et pointé un doigt accusateur vers le ministre de l’Intérieur, Désiré Tagro.
Toujours parlant de ce ministre, le Pr. Koulibaly l’a accusé d’avoir fait signer des textes “illégaux” et un accord inapplicable, l’accord de Ouaga, au président Gbagbo. Le Pr. Koulibaly a enfin annoncé la mort dudit accord, réclamé la démission du ministre Tagro, la distribution massive de la nationalité ivoirienne aux étrangers pour aller vite aux élections parce que, selon lui, “le temps qui passe travaille contre le président Gbagbo”.
Globalement, selon nos sources, le Secrétariat exécutif, a d’abord reconnu au n°2 du régime des Refondateurs d’avoir posé des problèmes de fond.Mais par point par point il lui a été aussi démontré que ses positions, malheureusement, pêchent par leur pertinence ou sont aux antipodes des options du parti. Par exemple, sur les fraudes supposées au concours d’entrée à l’Ecole de police, en l’absence d’une sérieuse enquête, aucun élément tangible n’a pu être fourni pour les corroborer. Concernant le traitement de la liste électorale, le président de la République, la majorité présidentielle et les principaux opposants, en possession des preuves de fraudes et d’irrégularités sur les documents administratifs sont tombés d’accord pour opérer les corrections qui conviennent et cela est en cours. Quant à la question des étrangers qui démontreraient, selon le Pr. Koulibaly, leur amour de la Côte d’Ivoire “par leur détermination à frauder sur la nationalité ivoirienne”, le régime et ses opposants sont arrivés à la conclusion que la question ne peut être réglée que par de sérieux débats après les élections. Enfin, le Secrétariat exécutif a signifié au président du Parlement qu’en proclamant de façon unilatérale la mort de l’accord de Ouaga sans proposer une solution alternative, il contribue à crédibiliser la fausse thèse de l’opposition selon laquelle le président Gbagbo et ses soutiens n’ont pas envie d’aller aux élections.
En tout état de cause, la réunion a déploré que le n°2 du régime n’ait pas choisi de poser ces problèmes dans les instances du parti. Alors, “le Secrétariat exécutif a marqué sa désapprobation quant au lieu, à la forme et au moment de cette prise de position du camarade Mamadou Koulibaly”, comme le souligne le communiqué final publié dans notre parution d’hier.
César Etou