Le président de l’Assemblée nationale a remis le couvert. Hier, dans les colonnes de Fraternité Matin, l’homme est revenu sur les cas de présomptions de corruption dans l’administration et à l’Ecole de police.
« La Côte d’Ivoire négocie sa sortie d’une crise politico-militaire résultant de la tentative de coup d’Etat muée en rébellion le 19 septembre 2002. Les Ivoiriens accompagnent cette quête de paix, en même temps qu’ils attendent des gouvernants, une attention plus accrue et une gestion plus rigoureuse des affaires publiques ainsi que des ressources publiques.
Le Président Laurent Gbagbo, à l’écoute des populations ivoiriennes, a entrepris dans le secteur de la filière café-cacao, un vaste mouvement de moralisation qui l’a conduit à solliciter le Parquet d’Abidjan en vue de diligenter une enquête sur les soupçons de malversation de tous ordres dont les Ivoiriens se faisaient l’écho, et le cas échéant, en vue d’engager des poursuites contre les mis en cause.
L’enquête suit son cours et a déjà vu l’arrestation de plusieurs dirigeants des entreprises de cette filière, épargnant pour combien de temps encore les fonctionnaires de l’Etat ?
En cinquante années d’indépendance, cette courageuse initiative est la deuxième du genre en Côte d’Ivoire, après, notamment, la grande opération de moralisation de la vie publique jamais menée, qui a emporté, en 1977, des ministres de la République et non des moindres.
Elle a été saluée par les Ivoiriens, qui attendent que cette volonté de moralisation s’étende à tous les secteurs de la vie publique.
Là encore, le Président de la République a suivi les populations et a pointé du doigt, de la façon la plus officielle possible, les cas de fraudes présumées dans le cadre du concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration.
Le tout nouveau ministre de la Fonction publique, nommé quelques semaines après, a obtenu le limogeage de la direction de l’Ecole nationale d’administration ainsi que des premiers responsables des concours de la Fonction publique. D’autres actions et mesures sont attendues pour achever ce nouveau dispositif qui doit redonner espoir aux jeunes candidats et aux usages de l’administration ivoirienne.
Ces initiatives conjuguées du Président de la République et du tout nouveau ministre de la Fonction publique, ne doivent pas être isolées, c’est pourquoi, des Ivoiriens ont entrepris de dénoncer avec force et fermeté, les fraudes orchestrées dans le cadre du concours d’Entrée à l’Ecole de Police, fraudes qui mettent en cause le ministre en charge du département.
Malgré les frustrations que peuvent engendrer de telles accusations, il faut retenir que les fraudes sont avérées et que les responsabilités sont désormais situées. Il reste cependant à diligenter les enquêtes ordinaires, par les structures compétentes de l’Etat, afin de mettre à la disposition de la justice les personnes qui se seront rendus coupables des fraudes dont il s’agit. C’est le lieu d’appeler les Ivoiriens à une réflexion profonde sur leur rapport à l’Etat et à ses biens, ainsi qu’à un sursaut de probité dans la conduite des affaires publiques, pour ceux qui y sont appelés.
Il faut se mobiliser pour faire échec à la fraude ainsi qu’à la corruption, toutes choses qui dénaturent les rapports entre les individus et l’Etat et entre les nationaux d’un même Etat, qui n’ont plus les mêmes droits devant l’administration de cet Etat.
N’est-ce pas que les bénéficiaires de quotas dans les concours d’entrée dans les fonctions publiques font autant de mal à la Côte d’Ivoire que la rébellion qui a décimé nos populations et ruiné les espoirs de milliers d’Ivoiriens, qui n’ont à ce jouir pas encore trouvé leurs marques ?
C’est pourquoi, il faut y mettre fin, ici et maintenant, afin de donner à tous et à chacun, les mêmes chances d’accès aux emplois publics de la police nationale.
Il est préférable de rassembler dix mille candidats reconnus à travers leurs compétences et leur talent, motivés dans l’effort, stimulés par l’égalité des chances, confiants et reconnaissants envers leurs institutions plutôt que 1000 candidats recrutés en toute opacité, potentiellement dangereux pour la République envers laquelle ils ne peuvent avoir aucune reconnaissance puisqu’ils ne doivent leur poste qu’à leurs sponsors.
En attendant que cette affaire soit portée devant le Président de la République, il est temps que les Ivoiriens en général et les Ivoiriens commis à des tâches publiques en particulier, exercent leurs fonctions en toute probité, en gardant à l’esprit qu’ils ont à rendre compte à l’Etat de Côte d’Ivoire du bon et du mauvais fonctionnement des services sous leur autorité. Il convient de veiller à ce que le service public ne se mue pas en un service clanique réservé aux amis d’un groupe influent.
J’ai l’impression de prêcher dans le désert, mais je me dois de dire la vérité, parce qu’elle est porteuse d’espoir : nous pouvons très bien changer le système, il suffit d’en avoir la volonté politique. Et cette volonté ne peut venir que de l’audace du peuple, donc de chacun d’entre nous. Le commun destin de tous les Ivoiriens en dépend.
Que dit Tchimou ?
Désiré Tagro nage pleinement dans la corruption et dans le népotisme en ce qui concerne le concours de police. Ces accusations viennent d’un cacique du pouvoir et non des moindres. Depuis quelques jours, le n° 3 du FPI, Mamadou Koulibaly accuse son camarade de parti, le ministre Désiré Tagro, d’avoir posé des actes qui sont aux antipodes de la bonne gouvernance. Le président de l’Assemblée nationale accuse le ministre de l’Intérieur d’avoir dévoyé « la lutte pour l’instauration du socialisme vraie » en Côte d’Ivoire en favorisant les membres de sa tribu à ce concours. On croyait l’incident clos après le huis clos houleux du jeudi 10 juin dernier chez le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan. Mais que non ! Dans une déclaration parue hier dans le journal progouvernemental « Fraternité Matin », Mamadou Koulibaly persiste et signe dans ses accusations : « Malgré les frustrations que peuvent engendrer de telles accusations, il faut retenir que les fraudes sont avérées et que les responsabilités sont désormais situées. » Pour le président de l’Assemblée nationale, il ne reste qu’à « diligenter les enquêtes ordinaires, par les structures compétentes de l’Etat, afin de mettre à la disposition de la justice les personnes qui se seront rendus coupables des fraudes dont il s’agit. » Ces propos sont un message clair à l’endroit du procureur de la République. Face à ces accusations aussi graves portées par le dauphin constitutionnel, l’avocat de l’Etat de Côte d’Ivoire doit s’autosaisir du dossier. Le procureur Raymond Tchimou, qui a été prompt à le faire dans d’autres cas, ne doit pas hésiter un seul instant. On se le rappelle, le magistrat dans l’affaire des prétendues fraudes à la Commission électorale indépendante n’a pas attendu une plainte des accusateurs, ou qu’on lui en intime l’ordre pour prendre connaissance du dossier. Mieux. Avec célérité, il avait donné en son temps les conclusions de son enquête. Il avait été même question d’entendre l’ancien président Robert Beugré Mambé dans cette affaire montée de toute pièce par le camp présidentiel pour le discréditer. Aujourd’hui, il s’agit d’accusations portées contre le ministre de l’Intérieur au sujet des fraudes qui ont cours dans l’organisation du concours de police. Des fraudes que le n°2 du régime qualifie d’« avérées ». Au procureur de la République donc d’ouvrir une enquête et de chercher à entendre les différentes parties dans cette affaire pour faire éclater la vérité au grand jour. A moins que le juge Raymond Tchimou par son mutisme veuille montrer aux Ivoiriens qu’il est plutôt un procureur au service de la refondation et non de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Jean-Claude Coulibaly
« La Côte d’Ivoire négocie sa sortie d’une crise politico-militaire résultant de la tentative de coup d’Etat muée en rébellion le 19 septembre 2002. Les Ivoiriens accompagnent cette quête de paix, en même temps qu’ils attendent des gouvernants, une attention plus accrue et une gestion plus rigoureuse des affaires publiques ainsi que des ressources publiques.
Le Président Laurent Gbagbo, à l’écoute des populations ivoiriennes, a entrepris dans le secteur de la filière café-cacao, un vaste mouvement de moralisation qui l’a conduit à solliciter le Parquet d’Abidjan en vue de diligenter une enquête sur les soupçons de malversation de tous ordres dont les Ivoiriens se faisaient l’écho, et le cas échéant, en vue d’engager des poursuites contre les mis en cause.
L’enquête suit son cours et a déjà vu l’arrestation de plusieurs dirigeants des entreprises de cette filière, épargnant pour combien de temps encore les fonctionnaires de l’Etat ?
En cinquante années d’indépendance, cette courageuse initiative est la deuxième du genre en Côte d’Ivoire, après, notamment, la grande opération de moralisation de la vie publique jamais menée, qui a emporté, en 1977, des ministres de la République et non des moindres.
Elle a été saluée par les Ivoiriens, qui attendent que cette volonté de moralisation s’étende à tous les secteurs de la vie publique.
Là encore, le Président de la République a suivi les populations et a pointé du doigt, de la façon la plus officielle possible, les cas de fraudes présumées dans le cadre du concours d’entrée à l’Ecole nationale d’administration.
Le tout nouveau ministre de la Fonction publique, nommé quelques semaines après, a obtenu le limogeage de la direction de l’Ecole nationale d’administration ainsi que des premiers responsables des concours de la Fonction publique. D’autres actions et mesures sont attendues pour achever ce nouveau dispositif qui doit redonner espoir aux jeunes candidats et aux usages de l’administration ivoirienne.
Ces initiatives conjuguées du Président de la République et du tout nouveau ministre de la Fonction publique, ne doivent pas être isolées, c’est pourquoi, des Ivoiriens ont entrepris de dénoncer avec force et fermeté, les fraudes orchestrées dans le cadre du concours d’Entrée à l’Ecole de Police, fraudes qui mettent en cause le ministre en charge du département.
Malgré les frustrations que peuvent engendrer de telles accusations, il faut retenir que les fraudes sont avérées et que les responsabilités sont désormais situées. Il reste cependant à diligenter les enquêtes ordinaires, par les structures compétentes de l’Etat, afin de mettre à la disposition de la justice les personnes qui se seront rendus coupables des fraudes dont il s’agit. C’est le lieu d’appeler les Ivoiriens à une réflexion profonde sur leur rapport à l’Etat et à ses biens, ainsi qu’à un sursaut de probité dans la conduite des affaires publiques, pour ceux qui y sont appelés.
Il faut se mobiliser pour faire échec à la fraude ainsi qu’à la corruption, toutes choses qui dénaturent les rapports entre les individus et l’Etat et entre les nationaux d’un même Etat, qui n’ont plus les mêmes droits devant l’administration de cet Etat.
N’est-ce pas que les bénéficiaires de quotas dans les concours d’entrée dans les fonctions publiques font autant de mal à la Côte d’Ivoire que la rébellion qui a décimé nos populations et ruiné les espoirs de milliers d’Ivoiriens, qui n’ont à ce jouir pas encore trouvé leurs marques ?
C’est pourquoi, il faut y mettre fin, ici et maintenant, afin de donner à tous et à chacun, les mêmes chances d’accès aux emplois publics de la police nationale.
Il est préférable de rassembler dix mille candidats reconnus à travers leurs compétences et leur talent, motivés dans l’effort, stimulés par l’égalité des chances, confiants et reconnaissants envers leurs institutions plutôt que 1000 candidats recrutés en toute opacité, potentiellement dangereux pour la République envers laquelle ils ne peuvent avoir aucune reconnaissance puisqu’ils ne doivent leur poste qu’à leurs sponsors.
En attendant que cette affaire soit portée devant le Président de la République, il est temps que les Ivoiriens en général et les Ivoiriens commis à des tâches publiques en particulier, exercent leurs fonctions en toute probité, en gardant à l’esprit qu’ils ont à rendre compte à l’Etat de Côte d’Ivoire du bon et du mauvais fonctionnement des services sous leur autorité. Il convient de veiller à ce que le service public ne se mue pas en un service clanique réservé aux amis d’un groupe influent.
J’ai l’impression de prêcher dans le désert, mais je me dois de dire la vérité, parce qu’elle est porteuse d’espoir : nous pouvons très bien changer le système, il suffit d’en avoir la volonté politique. Et cette volonté ne peut venir que de l’audace du peuple, donc de chacun d’entre nous. Le commun destin de tous les Ivoiriens en dépend.
Que dit Tchimou ?
Désiré Tagro nage pleinement dans la corruption et dans le népotisme en ce qui concerne le concours de police. Ces accusations viennent d’un cacique du pouvoir et non des moindres. Depuis quelques jours, le n° 3 du FPI, Mamadou Koulibaly accuse son camarade de parti, le ministre Désiré Tagro, d’avoir posé des actes qui sont aux antipodes de la bonne gouvernance. Le président de l’Assemblée nationale accuse le ministre de l’Intérieur d’avoir dévoyé « la lutte pour l’instauration du socialisme vraie » en Côte d’Ivoire en favorisant les membres de sa tribu à ce concours. On croyait l’incident clos après le huis clos houleux du jeudi 10 juin dernier chez le président du FPI, Pascal Affi N’Guessan. Mais que non ! Dans une déclaration parue hier dans le journal progouvernemental « Fraternité Matin », Mamadou Koulibaly persiste et signe dans ses accusations : « Malgré les frustrations que peuvent engendrer de telles accusations, il faut retenir que les fraudes sont avérées et que les responsabilités sont désormais situées. » Pour le président de l’Assemblée nationale, il ne reste qu’à « diligenter les enquêtes ordinaires, par les structures compétentes de l’Etat, afin de mettre à la disposition de la justice les personnes qui se seront rendus coupables des fraudes dont il s’agit. » Ces propos sont un message clair à l’endroit du procureur de la République. Face à ces accusations aussi graves portées par le dauphin constitutionnel, l’avocat de l’Etat de Côte d’Ivoire doit s’autosaisir du dossier. Le procureur Raymond Tchimou, qui a été prompt à le faire dans d’autres cas, ne doit pas hésiter un seul instant. On se le rappelle, le magistrat dans l’affaire des prétendues fraudes à la Commission électorale indépendante n’a pas attendu une plainte des accusateurs, ou qu’on lui en intime l’ordre pour prendre connaissance du dossier. Mieux. Avec célérité, il avait donné en son temps les conclusions de son enquête. Il avait été même question d’entendre l’ancien président Robert Beugré Mambé dans cette affaire montée de toute pièce par le camp présidentiel pour le discréditer. Aujourd’hui, il s’agit d’accusations portées contre le ministre de l’Intérieur au sujet des fraudes qui ont cours dans l’organisation du concours de police. Des fraudes que le n°2 du régime qualifie d’« avérées ». Au procureur de la République donc d’ouvrir une enquête et de chercher à entendre les différentes parties dans cette affaire pour faire éclater la vérité au grand jour. A moins que le juge Raymond Tchimou par son mutisme veuille montrer aux Ivoiriens qu’il est plutôt un procureur au service de la refondation et non de l’Etat de Côte d’Ivoire.
Jean-Claude Coulibaly