Le COPACI (Courant de Pensée et d`Action de Côte- d`Ivoire), avec à sa tête son Président Blaise Pascal LOGBO, vient d’effectuer un sit-in ce week-end devant la Cour Pénale Internationale à La Haye. A cette occasion, une motion a été remise au plus proche collaborateur du Procureur, Luis Moreno Ocampo. Dans l’interview que nous vous proposons, le Président LOGBO nous explique les motivations de l’action de son parti politique et ne manque pas de donner la position de celui-ci sur la situation générale du pays.
1- Président LOGBO, vous venez d’effectuer votre deuxième voyage à La Haye ; la première fois c’était pour y déposer une motion, la seconde fois votre parti y a tenu un sit-in, sans toutefois manquer d’y déposer une seconde motion. Alors pourquoi toutes ces actions à la CPI ?
Nous recherchons la paix pour le peuple ivoirien. La Côte d`Ivoire est agonisante et nous pensons que chaque ivoirien doit faire ce qu`il peut pour que notre pays retrouve une paix durable, et au COPACI, nous considérons que ce remède, c`est la justice. Quelle nation voulez vous qu`on bâtisse sans règles applicables à tous. Dans l`impunité, nous n’aurons jamais la paix pour tous, tant que certains citoyens se croiront toujours au dessus des lois républicaines. Nous pensons, par cette démarche, sécuriser la Côte d`Ivoire. Pour y parvenir, il faut mettre fin à la culture de l’impunité, il faut créer les conditions d’un véritable Etat de droit.
2- Pensez-vous que la CPI peut efficacement et impartialement intervenir dans le dossier ivoirien, malgré sa complexité, étant donné qu’en matière de violations graves des droits de l’hommes les responsabilités se situent à plusieurs niveaux, à savoir du côté de la rébellion, de l’armée régulière, des armées étrangères et des pays étrangers ?
Nous pensons que la CPI est une institution sérieuse qui a les moyens d’intervenir efficacement et impartialement dans le dossier ivoirien, quelque soit sa complexité réelle ou supposée. Le COPACI réclame justice pour toutes ces personnes qui ont été martyrisées, massacrées, pillées et humiliées. Il revient à la CPI de trouver le schéma adaptable au cas ivoirien pour rendre la nécessaire justice au peuple de Cote d`ivoire. Quelques soient les responsables et auteurs de toutes les violations graves des droits de l’homme liées aux évènements du 19 septembre 2002, la CPI a le devoir de les juger de façon impartiale et équitable.
3- La CPI est considérée par certains africains comme un instrument occidental de persécution ou d’intimidation de certains gouvernants africains. Partagez-vous le même jugement ou sentiment ?
J’entends les gens le dire, mais nous pensons qu`il faut mettre la CPI à l`épreuve du dossier ivoirien et on verra. Je voudrais aussi ajouter que les quelques africains prisonniers à la CPI que je connais, au nombre desquels Charles Taylor, Jean pierre Bemba, ne sont pas des agneaux, sauf que certains sont encore injustement laissés en liberté. La justice internationale n’épargne pas les dirigeants occidentaux dont les actes sont punissables : les nazis ont été jugés et condamnés par le tribunal militaire international de Nuremberg, et plus récemment Slobodan Milošević, l’ex-président de la République fédérale de Yougoslavie, n’a pu échapper aux griffes du Tribunal pénal international pour l`ex-Yougoslavie. N’oubliez pas que dans les pays occidentaux, l’Etat de droit est si réel et la justice si efficacement et impartialement opérationnelle que personne n’y est au-dessus de la loi, fût-il le président de la République, un ministre ou un citoyen ordinaire. C’est le cas de l’ex-président français, Jacques Chirac qui règle ses comptes avec la justice de son pays. Avez-vous attendu parler de la punition en Côte d’Ivoire d’un seul crime non amnistié commis et lié aux évènements du 19 septembre 2002 ? Nous ne pouvons pas adopter une constitution dans laquelle nous proclamons que la personne humaine est sacrée, et la désacraliser en tolérant, en consacrant l’impunité de tous les crimes et violations des droits de l’homme liés aux évènements de septembre 2002. Quand les justices nationales des Etats africains auront montré leur efficacité opérationnelle et leur impartialité, la CPI ne s’intéressera pas aux gouvernants et autres rebelles africains prospérant par toutes sortes de violations des droits de l’homme.
4- Si la CPI ne donne pas une suite favorable à votre saisine, que compte faire le COPACI ?
(Rire), nous ne sommes qu`au début de la lutte, je voudrais vous rassurer que les actions ne nous feront pas défaut. Si la CPI ne donne pas une suite favorable à notre saisine, nous la considérerons comme complice de l’impunité et des violations graves des droits de l’homme à venir. C’est pourquoi nous pensons que la CPI ne doit ni banaliser ni négliger tous les crimes qui ont été commis en Côte d’Ivoire et dont le jugement relève de sa compétence.
5-Après plusieurs accords pendant plus de sept ans de crise, aucune ombre d’élection ne se laisse percevoir pour une sortie heureuse de la crise ; la véritable date de l’élection continue de demeurer une énigme. Que pense le COPACI de cette situation et quelle sont ses propositions de sortie de crise ?
Tous les accords signés n`étaient pas faits pour nous donner la paix, mais pour permettre à une minorité de profiter de la situation, de s`enrichir dans le dos du peuple déjà trop pauvre. Rappelez vous que le 20 juin 2009, à l`hôtel Pullman d`Abidjan Plateau, lors de la sortie officielle du COPACI aujourd`hui baptisé "le parti rouge de cote d`ivoire"(PRCI), j`avais dis que les élections n`auraient pas lieu tant que les politiques ivoiriens ne renonceront pas à leurs intérêts égoïstes, tant que Soro, le premier ministre, ne demandera pas à ses amis de déposer les armes. Quelles élections démocratiques voulez vous qu`on organise avec des com-zones en lieu et place des préfets et sous-préfet. Aussi, vu les intérêts en jeu, 600 milliards investis dans le processus de sortie de crise, dans les accords de Ouaga, qui ont sans doute profité à certains individus, alors que le désarmement n’a pas lieu, comment voulez vous que les gens organisent des élections pour mettre fin à leurs propres privilèges ? Ce que nous proposons, c`est un dialogue réel en terre ivoirienne ouvert à tous, pour créer les véritables conditions d’une sortie de crise. Nous proposons aussi le départ de l’ONUCI et de toutes forces étrangères de la Côte d’Ivoire. Ces forces qui n`ont pu nous donner la véritable paix dont nous avons besoin.
6-Il y a quelques mois que le Copaci proposais le dialogue inter-ivoirien, précisément dans votre déclaration parue dans le quotidien Le jour du 26 janvier 2010. Depuis un certain temps nous remarquons que le président Gbagbo montre un certain engagement dans un dialogue en terre ivoirienne. Qu`en pensez-vous ?
Le COPACI l`a proposé depuis bientôt 6 mois et lors d`un plateau organisé par la chaîne de télévision 3A Télésud nous avons eu à le répéter. Il ne s`agissait pas pour nous d`un dialogue entre seulement 3 personnes, les "3 grands" qui dialoguent en vain depuis 8 ans. Nous pensons qu`il faut donner la parole à d`autres ivoiriens. Quand une méthode montre ses limites et son inefficacité, nous disons qu’il faut la changer pour ne pas tourner en rond. La nation est diversement représentée, il faut dialoguer, discuter avec cette diversité, pour trouver une issue salutaire à la crise.
7-Croyez-vous comme certains que la crise ivoirienne perdure, parce qu’il y a trop d’intérêts égoïstes en jeu, à préserver ou à reconquérir, au détriment de l’intérêt général, ou parce que le peuple se rend complice de cette situation par sa passivité et sa résignation?
Les deux causes que vous évoquez sont comptables parmi celles qui font perdurer la crise. Mais je tiens à préciser qu’elles ne sont pas les seules, vu la complexité de la crise ivoirienne. D’une part, des intérêts égoïstes sont véritablement en jeu, qu’il faut protéger ou reconquérir par tous les moyens, étant donné que les uns et les autres conçoivent le pouvoir comme une source principale d’enrichissement et de jouissance de biens matériels. Par ailleurs la rébellion, qui prospère par ses armes, n’est pas prête à se sevrer, même si on peut la considérée comme prise en otage par ses commanditaires. D’autre part, le peuple semble manifester un certain masochisme, de la passivité et de la résignation. Il ne peut en être autrement, quand on a en face un peuple fragmenté, immergé et perdu dans l’idolâtrie politique, un peuple qui continue de se prosterner devant des idoles politiques, qui depuis Marcoussis se partagent le pouvoir à travers le gouvernement de réconciliation nationale, et qui feignent de compatir à sa souffrance. Dans ce jeu trouble de la politique ivoirienne c’est malheureusement le peuple qui ressent les douleurs des coups que se donnent leurs idoles. Le salut du peuple débutera quand il aura pris conscience de ce fait pour s’engager dans un changement radical, comme le COPACI s’y est engagé.
8- Les médias d’Etat sont souvent critiqués de faire la part belle au camp présidentiel et à ses alliés ou partis satellites et ne semble pas prêts à garantir leurs accès équitable à tous les partis politiques. Etes-vous du même avis ?
Je suis du même avis. Le COPACI est victime de cette pratique injuste, frustrante, révoltante honteuse et rétrograde. Je voudrais rappeler que la loi portant régime juridique de la communication audiovisuelle, stipule clairement dans l’une des dispositions de son article 3 que « La communication audiovisuelle du service public a une mission d’intérêt général. A ce titre, les services de radiodiffusion contribuent à assurer une expression équilibrée des différents courants politiques, religieux, syndicaux, artistiques, philosophiques et culturels ». Par ailleurs, l’article 4 de cette loi donne mission au conseil national de la communication audiovisuelle de « garantir l’accès, le traitement équitable des institutions de la République, des partis politiques, des associations et des citoyens aux organes officiels d’information et de communication ; de favoriser et de garantir le pluralisme dans l’espace audiovisuel. ». Le COPACI est un parti politique légalement constitué. Alors nous nous posons la question de savoir de quel droit le Directeur général de la RTI nous interdit de passage à l’émission « En toute franchise » animée par Issa Sangaré Yeresso ; une émission à laquelle passent des personnes qui, pour la plupart, parlent de leurs convictions, engagements et actions politiques. Le COPACI dénonce et condamne énergiquement cette gestion de la chaîne de télévision publique comme une affaire privée, et demande vivement que de telles pratiques cessent dans un pays qui se veut démocratique et où règne le pluralisme politique. Les journalistes qui proclament et revendiquent tout temps leur la liberté professionnelle ne doivent pas se donner pour mission le musellement d’autres citoyens dont la liberté de pensée et d’expression est garantie par la constitution.
9-Quel commentaire faites-vous de la dernière sortie du Président de l’Assemblée nationale, monsieur Mamadou Koulibaly ?
Le président Mamadou Koulibaly n’a fait que dire la vérité et dénoncer les pratiques qui humiliaient le socialisme en Côte-d’Ivoire. Il a dénoncé ce fourvoiement qui consiste à vouloir faire du socialisme sans socialistes.
10-Le président Gbagbo a limogé certains responsables de l’Ecole Normale d’Administration(ENA). Pensez-vous que cela pourrait mettre un terme à la grande corruption qui règne dans l’organisation de ce concours?
Depuis des décennies l’on fait la promotion de la médiocrité, en entretenant la corruption dans l’organisation des concours d’accès à la fonction publique. On ne peut pas créer le développement par l’action des médiocres. La première arme du développent c’est la qualité des ressources humaines. Mais l’on semble être très loin de faire la promotion de cette qualité, en admettant la corruption dans le mode de gestion des examens et concours. Je tiens à préciser qu’il ne suffit pas de changer les hommes pour espérer obtenir un résultat satisfaisant. Il faut mettre fin au système de la corruption. Si la corruption prospère, c’est parce qu’il y a des failles dans l’organisation des examens et concours. Alors ce sont ces failles qu’il faut d’abord liquider, puis changer les hommes qui animent le système de la corruption. Il faut instaurer un système rigoureux de contrôle et de surveillance des examens et concours pour que les plus méritants soient aux places qu’il faut, afin d’œuvrer dans le sens du développement de la Côte d’Ivoire. Nous demandons au président de la république d’engager des poursuites judiciaires contre tous ces responsables véreux pour qu`ils répondent de leurs actes, car l`essentiel n`est pas de les limoger, pour tout le mal qu`ils ont fait à notre administration, gage de toute émergence.
Source: Copaci_infomail
1- Président LOGBO, vous venez d’effectuer votre deuxième voyage à La Haye ; la première fois c’était pour y déposer une motion, la seconde fois votre parti y a tenu un sit-in, sans toutefois manquer d’y déposer une seconde motion. Alors pourquoi toutes ces actions à la CPI ?
Nous recherchons la paix pour le peuple ivoirien. La Côte d`Ivoire est agonisante et nous pensons que chaque ivoirien doit faire ce qu`il peut pour que notre pays retrouve une paix durable, et au COPACI, nous considérons que ce remède, c`est la justice. Quelle nation voulez vous qu`on bâtisse sans règles applicables à tous. Dans l`impunité, nous n’aurons jamais la paix pour tous, tant que certains citoyens se croiront toujours au dessus des lois républicaines. Nous pensons, par cette démarche, sécuriser la Côte d`Ivoire. Pour y parvenir, il faut mettre fin à la culture de l’impunité, il faut créer les conditions d’un véritable Etat de droit.
2- Pensez-vous que la CPI peut efficacement et impartialement intervenir dans le dossier ivoirien, malgré sa complexité, étant donné qu’en matière de violations graves des droits de l’hommes les responsabilités se situent à plusieurs niveaux, à savoir du côté de la rébellion, de l’armée régulière, des armées étrangères et des pays étrangers ?
Nous pensons que la CPI est une institution sérieuse qui a les moyens d’intervenir efficacement et impartialement dans le dossier ivoirien, quelque soit sa complexité réelle ou supposée. Le COPACI réclame justice pour toutes ces personnes qui ont été martyrisées, massacrées, pillées et humiliées. Il revient à la CPI de trouver le schéma adaptable au cas ivoirien pour rendre la nécessaire justice au peuple de Cote d`ivoire. Quelques soient les responsables et auteurs de toutes les violations graves des droits de l’homme liées aux évènements du 19 septembre 2002, la CPI a le devoir de les juger de façon impartiale et équitable.
3- La CPI est considérée par certains africains comme un instrument occidental de persécution ou d’intimidation de certains gouvernants africains. Partagez-vous le même jugement ou sentiment ?
J’entends les gens le dire, mais nous pensons qu`il faut mettre la CPI à l`épreuve du dossier ivoirien et on verra. Je voudrais aussi ajouter que les quelques africains prisonniers à la CPI que je connais, au nombre desquels Charles Taylor, Jean pierre Bemba, ne sont pas des agneaux, sauf que certains sont encore injustement laissés en liberté. La justice internationale n’épargne pas les dirigeants occidentaux dont les actes sont punissables : les nazis ont été jugés et condamnés par le tribunal militaire international de Nuremberg, et plus récemment Slobodan Milošević, l’ex-président de la République fédérale de Yougoslavie, n’a pu échapper aux griffes du Tribunal pénal international pour l`ex-Yougoslavie. N’oubliez pas que dans les pays occidentaux, l’Etat de droit est si réel et la justice si efficacement et impartialement opérationnelle que personne n’y est au-dessus de la loi, fût-il le président de la République, un ministre ou un citoyen ordinaire. C’est le cas de l’ex-président français, Jacques Chirac qui règle ses comptes avec la justice de son pays. Avez-vous attendu parler de la punition en Côte d’Ivoire d’un seul crime non amnistié commis et lié aux évènements du 19 septembre 2002 ? Nous ne pouvons pas adopter une constitution dans laquelle nous proclamons que la personne humaine est sacrée, et la désacraliser en tolérant, en consacrant l’impunité de tous les crimes et violations des droits de l’homme liés aux évènements de septembre 2002. Quand les justices nationales des Etats africains auront montré leur efficacité opérationnelle et leur impartialité, la CPI ne s’intéressera pas aux gouvernants et autres rebelles africains prospérant par toutes sortes de violations des droits de l’homme.
4- Si la CPI ne donne pas une suite favorable à votre saisine, que compte faire le COPACI ?
(Rire), nous ne sommes qu`au début de la lutte, je voudrais vous rassurer que les actions ne nous feront pas défaut. Si la CPI ne donne pas une suite favorable à notre saisine, nous la considérerons comme complice de l’impunité et des violations graves des droits de l’homme à venir. C’est pourquoi nous pensons que la CPI ne doit ni banaliser ni négliger tous les crimes qui ont été commis en Côte d’Ivoire et dont le jugement relève de sa compétence.
5-Après plusieurs accords pendant plus de sept ans de crise, aucune ombre d’élection ne se laisse percevoir pour une sortie heureuse de la crise ; la véritable date de l’élection continue de demeurer une énigme. Que pense le COPACI de cette situation et quelle sont ses propositions de sortie de crise ?
Tous les accords signés n`étaient pas faits pour nous donner la paix, mais pour permettre à une minorité de profiter de la situation, de s`enrichir dans le dos du peuple déjà trop pauvre. Rappelez vous que le 20 juin 2009, à l`hôtel Pullman d`Abidjan Plateau, lors de la sortie officielle du COPACI aujourd`hui baptisé "le parti rouge de cote d`ivoire"(PRCI), j`avais dis que les élections n`auraient pas lieu tant que les politiques ivoiriens ne renonceront pas à leurs intérêts égoïstes, tant que Soro, le premier ministre, ne demandera pas à ses amis de déposer les armes. Quelles élections démocratiques voulez vous qu`on organise avec des com-zones en lieu et place des préfets et sous-préfet. Aussi, vu les intérêts en jeu, 600 milliards investis dans le processus de sortie de crise, dans les accords de Ouaga, qui ont sans doute profité à certains individus, alors que le désarmement n’a pas lieu, comment voulez vous que les gens organisent des élections pour mettre fin à leurs propres privilèges ? Ce que nous proposons, c`est un dialogue réel en terre ivoirienne ouvert à tous, pour créer les véritables conditions d’une sortie de crise. Nous proposons aussi le départ de l’ONUCI et de toutes forces étrangères de la Côte d’Ivoire. Ces forces qui n`ont pu nous donner la véritable paix dont nous avons besoin.
6-Il y a quelques mois que le Copaci proposais le dialogue inter-ivoirien, précisément dans votre déclaration parue dans le quotidien Le jour du 26 janvier 2010. Depuis un certain temps nous remarquons que le président Gbagbo montre un certain engagement dans un dialogue en terre ivoirienne. Qu`en pensez-vous ?
Le COPACI l`a proposé depuis bientôt 6 mois et lors d`un plateau organisé par la chaîne de télévision 3A Télésud nous avons eu à le répéter. Il ne s`agissait pas pour nous d`un dialogue entre seulement 3 personnes, les "3 grands" qui dialoguent en vain depuis 8 ans. Nous pensons qu`il faut donner la parole à d`autres ivoiriens. Quand une méthode montre ses limites et son inefficacité, nous disons qu’il faut la changer pour ne pas tourner en rond. La nation est diversement représentée, il faut dialoguer, discuter avec cette diversité, pour trouver une issue salutaire à la crise.
7-Croyez-vous comme certains que la crise ivoirienne perdure, parce qu’il y a trop d’intérêts égoïstes en jeu, à préserver ou à reconquérir, au détriment de l’intérêt général, ou parce que le peuple se rend complice de cette situation par sa passivité et sa résignation?
Les deux causes que vous évoquez sont comptables parmi celles qui font perdurer la crise. Mais je tiens à préciser qu’elles ne sont pas les seules, vu la complexité de la crise ivoirienne. D’une part, des intérêts égoïstes sont véritablement en jeu, qu’il faut protéger ou reconquérir par tous les moyens, étant donné que les uns et les autres conçoivent le pouvoir comme une source principale d’enrichissement et de jouissance de biens matériels. Par ailleurs la rébellion, qui prospère par ses armes, n’est pas prête à se sevrer, même si on peut la considérée comme prise en otage par ses commanditaires. D’autre part, le peuple semble manifester un certain masochisme, de la passivité et de la résignation. Il ne peut en être autrement, quand on a en face un peuple fragmenté, immergé et perdu dans l’idolâtrie politique, un peuple qui continue de se prosterner devant des idoles politiques, qui depuis Marcoussis se partagent le pouvoir à travers le gouvernement de réconciliation nationale, et qui feignent de compatir à sa souffrance. Dans ce jeu trouble de la politique ivoirienne c’est malheureusement le peuple qui ressent les douleurs des coups que se donnent leurs idoles. Le salut du peuple débutera quand il aura pris conscience de ce fait pour s’engager dans un changement radical, comme le COPACI s’y est engagé.
8- Les médias d’Etat sont souvent critiqués de faire la part belle au camp présidentiel et à ses alliés ou partis satellites et ne semble pas prêts à garantir leurs accès équitable à tous les partis politiques. Etes-vous du même avis ?
Je suis du même avis. Le COPACI est victime de cette pratique injuste, frustrante, révoltante honteuse et rétrograde. Je voudrais rappeler que la loi portant régime juridique de la communication audiovisuelle, stipule clairement dans l’une des dispositions de son article 3 que « La communication audiovisuelle du service public a une mission d’intérêt général. A ce titre, les services de radiodiffusion contribuent à assurer une expression équilibrée des différents courants politiques, religieux, syndicaux, artistiques, philosophiques et culturels ». Par ailleurs, l’article 4 de cette loi donne mission au conseil national de la communication audiovisuelle de « garantir l’accès, le traitement équitable des institutions de la République, des partis politiques, des associations et des citoyens aux organes officiels d’information et de communication ; de favoriser et de garantir le pluralisme dans l’espace audiovisuel. ». Le COPACI est un parti politique légalement constitué. Alors nous nous posons la question de savoir de quel droit le Directeur général de la RTI nous interdit de passage à l’émission « En toute franchise » animée par Issa Sangaré Yeresso ; une émission à laquelle passent des personnes qui, pour la plupart, parlent de leurs convictions, engagements et actions politiques. Le COPACI dénonce et condamne énergiquement cette gestion de la chaîne de télévision publique comme une affaire privée, et demande vivement que de telles pratiques cessent dans un pays qui se veut démocratique et où règne le pluralisme politique. Les journalistes qui proclament et revendiquent tout temps leur la liberté professionnelle ne doivent pas se donner pour mission le musellement d’autres citoyens dont la liberté de pensée et d’expression est garantie par la constitution.
9-Quel commentaire faites-vous de la dernière sortie du Président de l’Assemblée nationale, monsieur Mamadou Koulibaly ?
Le président Mamadou Koulibaly n’a fait que dire la vérité et dénoncer les pratiques qui humiliaient le socialisme en Côte-d’Ivoire. Il a dénoncé ce fourvoiement qui consiste à vouloir faire du socialisme sans socialistes.
10-Le président Gbagbo a limogé certains responsables de l’Ecole Normale d’Administration(ENA). Pensez-vous que cela pourrait mettre un terme à la grande corruption qui règne dans l’organisation de ce concours?
Depuis des décennies l’on fait la promotion de la médiocrité, en entretenant la corruption dans l’organisation des concours d’accès à la fonction publique. On ne peut pas créer le développement par l’action des médiocres. La première arme du développent c’est la qualité des ressources humaines. Mais l’on semble être très loin de faire la promotion de cette qualité, en admettant la corruption dans le mode de gestion des examens et concours. Je tiens à préciser qu’il ne suffit pas de changer les hommes pour espérer obtenir un résultat satisfaisant. Il faut mettre fin au système de la corruption. Si la corruption prospère, c’est parce qu’il y a des failles dans l’organisation des examens et concours. Alors ce sont ces failles qu’il faut d’abord liquider, puis changer les hommes qui animent le système de la corruption. Il faut instaurer un système rigoureux de contrôle et de surveillance des examens et concours pour que les plus méritants soient aux places qu’il faut, afin d’œuvrer dans le sens du développement de la Côte d’Ivoire. Nous demandons au président de la république d’engager des poursuites judiciaires contre tous ces responsables véreux pour qu`ils répondent de leurs actes, car l`essentiel n`est pas de les limoger, pour tout le mal qu`ils ont fait à notre administration, gage de toute émergence.
Source: Copaci_infomail