Le président Laurent Gbagbo, contrairement à ses déclarations spectaculaires, a une peur bleue du duo Henri Konan Bédié-Alassane Ouattara. Il est à la manœuvre pour séparer « les héritiers d’Houphouët ».
«Bédié s’est allié à celui qui est soupçonné d’avoir voulu cette guerre. Vous savez quel est le plus beau cadeau que Bédié m`ait fait? C`est de s`être allié avec Ouattara. Il s’est tiré une balle dans le pied ! (…) Je doute fort que le report des voix de l’un sur l’autre au second tour se fasse ne serait-ce qu`à peu près correctement. Les sondages sont clairs à ce sujet. Le Rassemblement des Houphouetistes n’est qu’une alliance d`états-majors minés par leurs arrière-pensées contradictoires». Qui ne se souvient de ces propos tenus par Laurent Gbagbo lors d’une interview accordée à Jeune Afrique le 28 décembre 2009 ? Rien que du bluff. Laurent Gbagbo craint le rassemblement des Houphouetistes. Il ne reste pas inactif. Il se donne les moyens de briser cette belle alliance. A la veille de la marche organisée par la jeunesse du Rhdp, il s’est rendu, le 10 mai dernier, au domicile du président du Pdci, officiellement pour demander le report de la marche, mais officieusement pour tenter de l’éloigner de Ouattara qui séjournait sur les bords de la Seine. Un ministre de la République nous a mis la puce à l’oreille. « Gbagbo tente de diviser Bédié et Ouattara. Il se rend chez Bédié sans informer au préalable son allié Alassane Ouattara. Vous devez ouvrir les yeux et observer le déroulement des choses », nous a-t-il informé. Hélas, après cette rencontre, rien n’a filtré qui indique que Gbagbo était à la tâche pour diviser ses opposants. Nous en étions là lorsqu’au cours de son interview, dimanche sur Rfi, Bédié a fait le déballage. Question : « Avant cette marche, vous aviez eu un entretien avec le président Gbagbo. De quoi avez-vous parlé ? ». Réponse : « Il est venu me voir pour se plaindre qu’avant les prochaines élections, certains organisaient une fraude massive. Il a fait état d’un paquet volumineux de ces plaintes. C’était l’essentiel de notre conversation(…) Il accusait bien entendu un parti de l’opposition ». Bédié dit bien que c’était là, l’essentiel de l’entretien. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute, c’est du Rdr que parlait le chef de l’Etat. Il est ainsi facile de reconstituer tous les propos de Gbagbo, puisqu’il est maintenant connu, tout comme son discours. « Tu vois mon frère Bédié, tu suis Alassane. Pendant qu’on se bat sur le terrain, lui, il est en train de frauder sur la liste électorale pour nous battre tous les deux. C’est pour cela qu’il dit toujours qu’il est majoritaire. Faut dormir seulement, à ton réveil, tu vas voir qu’il est devenu président. Toi et moi, on restera dans l’opposition. Si tu ne crois à ce que je dis, voici un gros paquet de preuves que je t’ai apporté, tu peux vérifier. C’est authentique », paroles de Gbagbo.
Et l’histoire se répète
Pourquoi changer une formule qui fait gagner ? Serait-on tenté de se demander ? Les preuves de fraude sur la nationalité que le Fpi apporte au Pdci ne relèvent pas d’un fait nouveau. Cela a été expérimenté avec brio sous la transition militaire.
Comme si c’était hier, on a en mémoire les circonstances de la naissance du fameux Front patriotique regroupant le Fpi du même Laurent Gbagbo et le Pdci, alors géré par Laurent Dona Fologo, Bédié étant en exil à Paris. Feed-back. Le 20 mars 2000 à l`ex-Aitaci, dans la commune de Treichville, est né un Front patriotique à l’initiative de Laurent Gbagbo. Celui-ci a indiqué au cours de son intervention qu’il a convoqué cette réunion en faisant du porte-à-porte. Cette réunion supposée porter sur la fraude de la nationalité s’est vite transformée en une audience foraine sur la question de l`éligibilité de Ouattara. Laurent Gbagbo a brandi un sac de cartes d’identité supposées fausses qui seraient des électeurs d’Alassane Ouattara. Exactement comme il l’a fait le 10 mai au domicile de Bédié. En 2000, cette stratégie a bien marché. Au lendemain de la naissance du Front patriotique, le chef de la junte a mis en branle sa machine répressive contre le Rdr et son président. La suite est connue de tous. On est passé de l`ivoirité à la défense de la patrie. Le discours était qu’il ne fallait pas brader la Côte d`Ivoire, le pays allait disparaître. Selon le Dr Fahé Maurice, « le sous-entendu était direct. C`est-à-dire que s`il y a plus de descendants d`étrangers, nous, Ivoiriens d`origine, serions réduits à la portion congrue, les étrangers vont commander. Donc on a ameuté les gens ».
Eh bien, en révélant dimanche le contenu de son entretien avec Gbagbo sur les ondes de Rfi, Nzueba lui envoie implicitement le message selon lequel le disque de la nationalité qu’il utilise comme fonds de commerce est rayé. Seulement s’il pouvait le comprendre…
Traoré M. Ahmed
Laurent Gbagbo est décidé à briser la bonne entente entre Bédié et Ouattara.
«Bédié s’est allié à celui qui est soupçonné d’avoir voulu cette guerre. Vous savez quel est le plus beau cadeau que Bédié m`ait fait? C`est de s`être allié avec Ouattara. Il s’est tiré une balle dans le pied ! (…) Je doute fort que le report des voix de l’un sur l’autre au second tour se fasse ne serait-ce qu`à peu près correctement. Les sondages sont clairs à ce sujet. Le Rassemblement des Houphouetistes n’est qu’une alliance d`états-majors minés par leurs arrière-pensées contradictoires». Qui ne se souvient de ces propos tenus par Laurent Gbagbo lors d’une interview accordée à Jeune Afrique le 28 décembre 2009 ? Rien que du bluff. Laurent Gbagbo craint le rassemblement des Houphouetistes. Il ne reste pas inactif. Il se donne les moyens de briser cette belle alliance. A la veille de la marche organisée par la jeunesse du Rhdp, il s’est rendu, le 10 mai dernier, au domicile du président du Pdci, officiellement pour demander le report de la marche, mais officieusement pour tenter de l’éloigner de Ouattara qui séjournait sur les bords de la Seine. Un ministre de la République nous a mis la puce à l’oreille. « Gbagbo tente de diviser Bédié et Ouattara. Il se rend chez Bédié sans informer au préalable son allié Alassane Ouattara. Vous devez ouvrir les yeux et observer le déroulement des choses », nous a-t-il informé. Hélas, après cette rencontre, rien n’a filtré qui indique que Gbagbo était à la tâche pour diviser ses opposants. Nous en étions là lorsqu’au cours de son interview, dimanche sur Rfi, Bédié a fait le déballage. Question : « Avant cette marche, vous aviez eu un entretien avec le président Gbagbo. De quoi avez-vous parlé ? ». Réponse : « Il est venu me voir pour se plaindre qu’avant les prochaines élections, certains organisaient une fraude massive. Il a fait état d’un paquet volumineux de ces plaintes. C’était l’essentiel de notre conversation(…) Il accusait bien entendu un parti de l’opposition ». Bédié dit bien que c’était là, l’essentiel de l’entretien. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute, c’est du Rdr que parlait le chef de l’Etat. Il est ainsi facile de reconstituer tous les propos de Gbagbo, puisqu’il est maintenant connu, tout comme son discours. « Tu vois mon frère Bédié, tu suis Alassane. Pendant qu’on se bat sur le terrain, lui, il est en train de frauder sur la liste électorale pour nous battre tous les deux. C’est pour cela qu’il dit toujours qu’il est majoritaire. Faut dormir seulement, à ton réveil, tu vas voir qu’il est devenu président. Toi et moi, on restera dans l’opposition. Si tu ne crois à ce que je dis, voici un gros paquet de preuves que je t’ai apporté, tu peux vérifier. C’est authentique », paroles de Gbagbo.
Et l’histoire se répète
Pourquoi changer une formule qui fait gagner ? Serait-on tenté de se demander ? Les preuves de fraude sur la nationalité que le Fpi apporte au Pdci ne relèvent pas d’un fait nouveau. Cela a été expérimenté avec brio sous la transition militaire.
Comme si c’était hier, on a en mémoire les circonstances de la naissance du fameux Front patriotique regroupant le Fpi du même Laurent Gbagbo et le Pdci, alors géré par Laurent Dona Fologo, Bédié étant en exil à Paris. Feed-back. Le 20 mars 2000 à l`ex-Aitaci, dans la commune de Treichville, est né un Front patriotique à l’initiative de Laurent Gbagbo. Celui-ci a indiqué au cours de son intervention qu’il a convoqué cette réunion en faisant du porte-à-porte. Cette réunion supposée porter sur la fraude de la nationalité s’est vite transformée en une audience foraine sur la question de l`éligibilité de Ouattara. Laurent Gbagbo a brandi un sac de cartes d’identité supposées fausses qui seraient des électeurs d’Alassane Ouattara. Exactement comme il l’a fait le 10 mai au domicile de Bédié. En 2000, cette stratégie a bien marché. Au lendemain de la naissance du Front patriotique, le chef de la junte a mis en branle sa machine répressive contre le Rdr et son président. La suite est connue de tous. On est passé de l`ivoirité à la défense de la patrie. Le discours était qu’il ne fallait pas brader la Côte d`Ivoire, le pays allait disparaître. Selon le Dr Fahé Maurice, « le sous-entendu était direct. C`est-à-dire que s`il y a plus de descendants d`étrangers, nous, Ivoiriens d`origine, serions réduits à la portion congrue, les étrangers vont commander. Donc on a ameuté les gens ».
Eh bien, en révélant dimanche le contenu de son entretien avec Gbagbo sur les ondes de Rfi, Nzueba lui envoie implicitement le message selon lequel le disque de la nationalité qu’il utilise comme fonds de commerce est rayé. Seulement s’il pouvait le comprendre…
Traoré M. Ahmed
Laurent Gbagbo est décidé à briser la bonne entente entre Bédié et Ouattara.
