Malgré leurs divergences de vue sur la conduite des affaires de l`Etat, les acteurs politiques ivoiriens finissent toujours par se mettre d`accord, surtout quand il y a des espèces sonnantes et trébuchantes en jeu.
L`argent, généralement présenté comme le nerf de la guerre, est en train de se tailler une autre réputation sur les bords de la Lagune Ebrié. En effet, dans une Côte d`Ivoire en quête de paix depuis le coup d`Etat de décembre 1999, les acteurs politiques ont habitué l`opinion à des volte-face, parfois spectaculaires, sur fond d`arrangements à forte odeur financière. Le dernier exemple en date est, sans conteste, la reconstitution, le 25 février 2010, de la Commission électorale indépendante (Cei) qui a permis de comprendre que, devant l`argent, les Ivoiriens, dans leurs différences, finissent toujours par se mettre d`accord. En effet, après s`être accroché à l`ancien président, Robert Beugré Mambé et après avoir tenté de miser sur un autre cadre du Pdci-Rda, en l`occurrence l`actuel ministre des Affaires étrangères, le Rhdp a fini par lâcher du lest. Il en va de même pour le gouvernement dans lequel cette coalition de l`opposition a toujours trouvé des raisons pour continuer de siéger. Mieux, à la faveur du dernier remaniement ministériel intervenu le 4 mars dernier, le Mouvement des Forces d`avenir (Mfa) -qui avait pourtant appelé ses alliés à ne pas siéger- a lorgné le ministère des transports donné à son allié de l`Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d`Ivoire (Udpci), au motif que, selon la clé de répartition arrêtée en janvier 2003 à Marcoussis, c`est ce département qui lui revient. Une situation qui a fait dire à plus d`un observateur que chacun lutte pour ses intérêts, surtout que les cabinets ministériels sont sous le contrôle total des cadres et militants des partis auxquels ils échoient. Même à la primature où le chef du gouvernement est soupçonné d`avoir pactisé avec l`ennemi commun, Laurent Gbagbo, certains cadres du Rhdp et non des moindres, n`hésitent pas à aller proposer leurs services à Guillaume Soro. Invariablement, c`est la même situation qui prévaut dans les institutions de sortie de crise où, facilement, les ``contraires`` laissent de côté leurs chapelles politiques pour ``manger`` ensemble. A la faveur de la fin du mandat de l`Assemblée nationale, constatée en janvier 2006 par le Groupe international de travail (Gti), la solidarité des parlementaires a fini par prendre le dessus sur les appartenances politiques. Le Premier ministre d`alors, Charles Konan Banny, pourtant issu du Pdci-Rda et militant de la non-prorogation du mandat des députés (l`Assemblée nationale étant accusée de bloquer la mise en œuvre diligente des Accords de sortie de crise), a finalement été lâché, y compris par des parlementaires de sa famille politique. Ceux-ci, sans avoir eu besoin de réfléchir, par deux fois, sont retournés siéger à l`Hémicycle, quand Laurent Gbagbo a menacé de mettre fin à leurs indemnités. La cohésion s`est même refaite au point que, récemment, ils ont réclamé en chœur, le paiement de leurs indemnités de session au titre de l`année 2009. N`est-ce pas vrai que l`argent n`aime pas le bruit et qu`il n`a pas d`odeur qui répugne ? Par ailleurs, on dirait aussi que la bouche pleine ne parle pas. Car, personne n`a eu à redire (ou presque), sur la question du financement des partis politiques. C`est d`ailleurs la ``LOI N° 2004-494 DU 10 SEPTEMBRE 2004`` qui définit les modalités d`octroi de ces subventions. Celle-ci stipule notamment au chapitre 2, article 3 que « Le montant de la subvention allouée aux partis et groupements politiques est fixé chaque année par la loi de finances et représente 1/1000ème du budget de l`Etat ». Silence, on mange ensemble, avez-vous dit ? Selon certaines indiscrétions, si le dernier report de la présidentielle a pu passer comme une lettre à la poste, c`est parce qu`il a été réglé à coup de milliards. Les leaders de l`opposition qui ont mis sur la table le manque à gagner, relativement aux fonds déjà engloutis dans la précampagne ont été rassurés, lorsqu`ils ont reçu l`assurance qu`ils seront ``dédommagés``. Ainsi vont les affaires en politique.
Marc Dossa
L`argent, généralement présenté comme le nerf de la guerre, est en train de se tailler une autre réputation sur les bords de la Lagune Ebrié. En effet, dans une Côte d`Ivoire en quête de paix depuis le coup d`Etat de décembre 1999, les acteurs politiques ont habitué l`opinion à des volte-face, parfois spectaculaires, sur fond d`arrangements à forte odeur financière. Le dernier exemple en date est, sans conteste, la reconstitution, le 25 février 2010, de la Commission électorale indépendante (Cei) qui a permis de comprendre que, devant l`argent, les Ivoiriens, dans leurs différences, finissent toujours par se mettre d`accord. En effet, après s`être accroché à l`ancien président, Robert Beugré Mambé et après avoir tenté de miser sur un autre cadre du Pdci-Rda, en l`occurrence l`actuel ministre des Affaires étrangères, le Rhdp a fini par lâcher du lest. Il en va de même pour le gouvernement dans lequel cette coalition de l`opposition a toujours trouvé des raisons pour continuer de siéger. Mieux, à la faveur du dernier remaniement ministériel intervenu le 4 mars dernier, le Mouvement des Forces d`avenir (Mfa) -qui avait pourtant appelé ses alliés à ne pas siéger- a lorgné le ministère des transports donné à son allié de l`Union pour la démocratie et pour la paix en Côte d`Ivoire (Udpci), au motif que, selon la clé de répartition arrêtée en janvier 2003 à Marcoussis, c`est ce département qui lui revient. Une situation qui a fait dire à plus d`un observateur que chacun lutte pour ses intérêts, surtout que les cabinets ministériels sont sous le contrôle total des cadres et militants des partis auxquels ils échoient. Même à la primature où le chef du gouvernement est soupçonné d`avoir pactisé avec l`ennemi commun, Laurent Gbagbo, certains cadres du Rhdp et non des moindres, n`hésitent pas à aller proposer leurs services à Guillaume Soro. Invariablement, c`est la même situation qui prévaut dans les institutions de sortie de crise où, facilement, les ``contraires`` laissent de côté leurs chapelles politiques pour ``manger`` ensemble. A la faveur de la fin du mandat de l`Assemblée nationale, constatée en janvier 2006 par le Groupe international de travail (Gti), la solidarité des parlementaires a fini par prendre le dessus sur les appartenances politiques. Le Premier ministre d`alors, Charles Konan Banny, pourtant issu du Pdci-Rda et militant de la non-prorogation du mandat des députés (l`Assemblée nationale étant accusée de bloquer la mise en œuvre diligente des Accords de sortie de crise), a finalement été lâché, y compris par des parlementaires de sa famille politique. Ceux-ci, sans avoir eu besoin de réfléchir, par deux fois, sont retournés siéger à l`Hémicycle, quand Laurent Gbagbo a menacé de mettre fin à leurs indemnités. La cohésion s`est même refaite au point que, récemment, ils ont réclamé en chœur, le paiement de leurs indemnités de session au titre de l`année 2009. N`est-ce pas vrai que l`argent n`aime pas le bruit et qu`il n`a pas d`odeur qui répugne ? Par ailleurs, on dirait aussi que la bouche pleine ne parle pas. Car, personne n`a eu à redire (ou presque), sur la question du financement des partis politiques. C`est d`ailleurs la ``LOI N° 2004-494 DU 10 SEPTEMBRE 2004`` qui définit les modalités d`octroi de ces subventions. Celle-ci stipule notamment au chapitre 2, article 3 que « Le montant de la subvention allouée aux partis et groupements politiques est fixé chaque année par la loi de finances et représente 1/1000ème du budget de l`Etat ». Silence, on mange ensemble, avez-vous dit ? Selon certaines indiscrétions, si le dernier report de la présidentielle a pu passer comme une lettre à la poste, c`est parce qu`il a été réglé à coup de milliards. Les leaders de l`opposition qui ont mis sur la table le manque à gagner, relativement aux fonds déjà engloutis dans la précampagne ont été rassurés, lorsqu`ils ont reçu l`assurance qu`ils seront ``dédommagés``. Ainsi vont les affaires en politique.
Marc Dossa